Le contexte de la rencontre Trump – Poutine en Alaska

Le choix de l’Alaska pour la rencontre du 15 août 2025 entre Donald Trump et Vladimir Poutine n’a pas été fait par hasard. L’Alaska est séparée de la Russie uniquement par le détroit de Béring. Pour Vladimir Poutine qui est inculpé par la Cour pénale internationale, pas besoin de survoler d’autres pays. De plus, une rencontre dans un lieu loin de tout élimine les problèmes de sécurité ; on est certain qu’il n’y aura pas de manifestations !

 

Le Détroit de Béring est dans le cercle rouge. Plus au sud, on voit la chaîne des Îles Aléoutiennes

Le lieu de la rencontre n’a pas été précisé, mais le Détroit de Béring est particulièrement symbolique de la proximité entre la Russie et les États Unis. Deux îles se font face dans le détroit :. la Grande Diomède, à l’ouest, est russe ; la Petite Diomède, habitée par quelques dizaines de personnes, est américaine. Chose assez amusante, entre les deux îles passe la ligne de changement de date, de sorte qu’elles présentent un écart de 20 heures malgré les quelque 4 kilomètres qui les séparent. En raison de ce décalage horaire, Little Diomede est parfois appelée l’île d’hier et Big Diomede l’île de demain.

 

Big Diomede et Little Diomede, avec la ligne de changement de date  

Depuis des années, l’armée américaine annonce intercepter régulièrement des avions russes s’approchant un peu trop de son espace aérien dans la région. Toutefois, si Trump rêve d’acquérir le Groenland, Poutine n’est pas intéressé par une reprise de l’Alaska, où « il fait froid aussi », avait-il déclaré en 2014.

Par ailleurs, le choix de l’Alaska symbolise les relations entre les États Unis et la Russie. C’est pour le compte de la Russie des tsars que le Danois Vitus Béring a découvert au 18ème siècle le détroit séparant l’Asie des Amériques, révélant à l’Occident l’existence de l’Alaska.

En 1867, Moscou a vendu à Washington le territoire pour 7,2 millions de dollars. L’Alaska n’est cependant devenu le 49ème État de l’Union que le 3 janvier 1959, juste avant qu’Hawaï devienne le 50ème le 21 août de cette même année.

On trouve de nombreuses églises orthodoxes russes en Alaska, en particulier dans la péninsule du Kenai (Photo : C. Grandpey)

À noter que le Détroit de Béring a été une route de liaison pour la coopération militaire entre les deux pays après 1941 et l’entrée en guerre de l’URSS pendant la Seconde Guerre mondiale.

Enfin, le choix de l’Alaska pour cette rencontre pourrait contribuer à renforcer les liens entre les États Unis et la Russie. L’importance de l’Arctique va grandir dans les prochaines années. Avec le réchauffement climatique et la fonte de la banquise, de nouvelles voies de navigation vont s’ouvrir dans l’océan Arctique. Les deux pays auront tout intérêt à coopérer pour tirer le maximum de profit de cette nouvelle situation. La Russie est actuellement en avance sur les États Unis quant au nombre de brise-glace.

On ne sait pas où la rencontre entre Trump et Poutine aura lieu. Dans l’aéroport international Ted Stevens d’Anchorage ? Le président Ronald Reagan et le pape Jean-Paul II se sont rencontrés dans un salon de l’aéroport international de Fairbanks en mai 1984 lors d’une escale de deux heures du pontife en Alaska, En septembre 1971, le président Richard Nixon a rencontré Hirohito, empereur du Japon, à la base aérienne d’Elmendorf à proximité d’Anchorage.

L’Alaska dispose d’un nombre limité de pistes d’atterrissage pouvant accueillir à la fois Air Force One et l’avion présidentiel russe, et très peu d’entre elles se trouvent à proximité d’infrastructures pouvant accueillir un grand nombre de dignitaires, de diplomates et de personnels de sécurité. Personnellement, je mise sur la base militaire d’Elmendorf car elle est à l’écart de tout et la sécurité sera facilement assurée.

Dernières nouvelles : Comme je le pressentais, c’est la base militaire Elmendorf-Richardson qui a été choisie pour la rencontre Trump -Poutine. Située à quelques kilomètres au nord d’Anchorage, c’est la plus grande base militaire d’Alaska. Ses 5 200 hectares abritent plus de 800 bâtiments, deux pistes d’atterrissage et plus de 240 kilomètres de routes. Plus de 6 000 militaires sont affectés à Elmendorf. La population de la base,, familles comprises, dépasse les 10 000 personnes. C’est donc une véritable petite ville mais où la sécurité est maximale, donc un site idéal pour une rencontre entre les deux chefs d’états.

Chute mortelle dans le cratère du Rinjani (Indonésie) // Deadly fall into the Rinjani Crater (Indonesia)

Une ressortissante brésilienne de 26 ans a chuté d’un sentier près du bord du cratère du mont Rinjani, sur l’île de Lombok, le 21 juin 2025. Elle a fait une chute d’environ 500 m depuis le bord d’une ravine étroite et est restée coincée sur une corniche, au cœur des parois abruptes du volcan.
L’accident s’est produit sur le sentier reliant Cemara Nunggal au lac de cratère Segara Anak, un sentier populaire mais dangereuse qui permet de randonner dans la caldeira du Rinjani.

Les premières recherches par drone ont montré qu’elle se déplaçait, et les responsables du parc ont indiqué l’avoir entendue appeler à l’aide depuis une petite vire rocheuse. De la nourriture et de l’eau, ont ensuite été larguées par drone. Les équipes de secours ont tenté à plusieurs reprises d’atteindre le site de l’accident. Cependant, leurs efforts ont été entravés par l’extrême verticalité du terrain et l’épais brouillard. L’accès par hélicoptère a été jugé impossible en raison du vent et de la couverture nuageuse. Les autorités du parc national ont confirmé que le 24 juin, les équipes de secours n’avaient descendu qu’environ 300 m avant d’être contraintes de suspendre leurs opérations. Les sauveteurs prévoient de reprendre leurs tentatives en utilisant du matériel supplémentaire.
La famille a publiquement critiqué l’accès au parcours pour les touristes et exprimé ses inquiétudes quant à la compétence des secours. La touriste est maintenant dans le cratère depuis plus de 72 heures. Le froid et le brouillard restent présents, ce qui complique les opérations de secours. La sœur de la touriste a expliqué que la femme avait été abandonnée par son guide sur le sentier plus d’une heure avant sa chute.
Comme d’habitude, c’est toujours la faute des autres.

Dernière minute : On apprend aujourd’hui que la touriste brésilienne n’a pas survécu à sa chute. Là encore, il faut espérer qu’un accident isolé ne va pas entraîner un renforcement des restrictions d’accès à un volcan.
Source : presse indonésienne.

Cratère du Rinjani (Crédit photo: Wikipedia)

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A 26-year-old Brazilian national fell from a trail near the crater rim of Mount Rinjani, on the island of Lombok, on June 21st, 2025. The tourist plunged around 500 m down a narrow ravine and remains trapped on a ledge within the volcano’s steep inner walls. The incident occurred on the trail between Cemara Nunggal and the Segara Anak crater lake, a popular but hazardous section of the Rinjani caldera trekking route.

Initial drone searches showed her moving, and park officials reported hearing her calling for help from a small rocky outcrop. Supplies such as food and water were later air-dropped via drone. Rescue teams made repeated attempts to reach the location. However, efforts have been hindered by the extreme verticality of the terrain, dense fog. Helicopter access was deemed unfeasible due to the wind and cloud cover.

The Mount Rinjani National Park authority confirmed that as of June 24th, teams had only descended approximately 300 m before being forced to suspend operations. Rescue climbers plan to resume attempts using additional rigging equipment.

The family has publicly criticized the ongoing tourist access to the route and expressed concerns about rescue capacity. The tourist has now been in the crater for more than 72 hours without shelter. Conditions remain cold and foggy, making rescue efforts challenging. The tourist’s sister explained that the woman was abandoned by her guide on the trail more than an hour before she fell.

As usual, it’s always the others’ fault.

Breaking News: The Brazilian tourist did not survive her fall. Here again, let’shope that an isolated accident won’t lead to tighter access restrictions to a volcano.

Source : Indonesian newspapers..

Les Champs Phlégréens vus par la presse locale

Quand se produisent des événements comme les essaims sismiques dans les Champs Phlégréens les 13 et 14 mai 2025, il est toujours intéressant de lire la presse locale qui fournit des témoignages complémentaires. Ainsi, au lendemain de l’événement , par souci d’objectivité, le journal Cronaca Flegrea – Rione Terra News a interviewé un responsable scientifique et un responsable administratif.

Selon Mauro Di Vito, directeur de l’Osservatorio Vesuviano, «le phénomène se poursuit. Le sol continue de se soulever, l’émission de gaz est intense. Nous avons fait le point sur la situation et avons mis en évidence les émissions de gaz à raison de 5 mille tonnes par jour. C’est un paramètre très élevé que nous mesurons pour comprendre l’énergie libérée pendant cette crise. Le sol continue de se soulever d’environ 1,5 cm par mois. Cependant, l’accélération s’est ralentie. Nous devons continuer à faire de la prévention, comme nous l’avons fait ces derniers mois. Cela signifie des comportements corrects, le signalement de tout problème de dommages aux bâtiments. Nous avons mis en évidence quelques glissements de terrain sur certaines pentes, il faut continuer les vérifications ».

Fumerolle de Pisciarelli (Photo : C. Grandpey)

De son côté, Diego Venanzoni, conseiller régional de Campanie a déclaré : « Sans vouloir créer et diffuser l’alarmisme mais seulement en recourant à la prudence, je constate que malgré les séismes à répétition, avec le dernier ce matin d’une certaine intensité, l’administration municipale de Naples n’a pas organisé les contrôles nécessaires sur les bâtiments scolaires ou du moins rien n’a encore été communiqué. Pour cette raison et dans le cadre de mes responsabilités de conseiller régional, je ferai tout mon possible pour que cela soit fait pour la tranquillité d’esprit des familles et des élèves des quartiers de Naples, en particulier de Fuorigrotta, Bagnoli et Pianura. »

En Campanie, la presse locale donne des informations sur la situation et accompagne ses articles de témoignages, mais l’affolement est beaucoup moins marqué que sur les réseaux sociaux français où les pires scénarios sont évoqués par des personnes qui, pour la plupart, n’ont jamais mis les pieds dans cette région. La vigilance est bien sûr de mise car nous ne savons pas prévoir les éruptions volcaniques. Le problème avec les Champs Phlégréens, c’est que la région est très densément peuplée et il faudra probablement faire très vite pour procéder à des évacuations. Des plans existent, mais le fossé estre la théorie est la pratique est énorme dans cette zone urbaine où les rues sont étroites et souvent encombrées. Des responsables de la Protection Civile italienne m’ont fait part de leurs craintes, pour ne pas dire leurs angoisses, dans la perspective d’une évacuation de Pouzzoles et des localités environnantes.

Carte montrant les zones à risques (Source : Protection Civile)

Le CO2 de La Palma (Îles Canaries) // Carbon dioxide at La Palma (Canary Islands)

L’éruption de la Cumbre Vieja, sur l’île espagnole de La Palma, aux Canaries, a fait la Une des médias pendant plusieurs semaines, entre le 19 septembre et le 13 décembre 2021. Avec 85 jours d’activité, il s’agit de l’éruption volcanique la plus longue et la plus dévastatrice jamais observée à La Palma. Les dégâts causés par le volcan s’élèvent à 843 millions d’euros. La coulée de lave a recouvert plus de 1 000 hectares et entraîné l’évacuation d’environ 7 000 personnes.

Image webcam de l’éruption

Cependant, la lave n’est pas le seul danger lié à l’éruption. Les concentrations de dioxyde de carbone étaient considérables, menaçant la santé des habitants. Des mois après la fin de l’éruption, les scientifiques ont découvert que le volcan avait provoqué une réaction sismique inattendue qui libérait dans l’air de dangereuses quantités de CO2, jusque là piégé dans le sol. Pendant la période d’évacuation, certaines zones de la ville ont connu des concentrations de CO2 atteignant 480 000 parties par million, soit plus de 400 fois la limite acceptable. On a retrouvé des oiseaux et des chats morts près des garages et des caves. Pendant deux ans, la plage de sable noir de Puerto Naos est restée déserte, avec des panneaux où l’on pouvait lire « Peligro !» (« Danger ! »).
En 2022, des scientifiques et les autorités locales ont lancé Alerta CO2, un projet de 4 millions d’euros financé par le gouvernement espagnol pour surveiller les niveaux de ce gaz à grande échelle. Aujourd’hui, Puerto Naos et La Bombilla sont équipés de plus de 1 300 détecteurs de CO2, faisant de ces villages les plus surveillés au monde.
Le projet a non seulement permis à environ 80 % des propriétaires de revenir, mais pourrait également servir d’exemple à d’autres localités confrontées à des catastrophes environnementales. Après l’éruption et l’évacuation de Puerto Naos, on s’est demandé si le majestueux hôtel Meliá La Palma allait pouvoir reprendre ses activités. Trois ans plus tard, il tourne à plein rendement. L’hôtel compte 55 détecteurs de CO2, discrètement placés dans les couloirs, les restaurants et le salon. La plupart des clients ne les remarqueront même pas. Mais si les concentrations deviennent trop élevées, une alerte se déclenche dans les bureaux voisins d’Alerta CO2.
Sur leurs écrans, les experts qui travaillent à Alerta CO2 peuvent surveiller les données de chaque logement de Puerto Naos et de La Bombilla grâce à leurs détecteurs. Les niveaux normaux doivent être inférieurs à 770 ppm. Si les concentrations de CO2 dépassent 1 000 ppm de manière continue pendant 30 minutes, les pompiers du bureau voisin interviennent auprès du domicile ou du commerce concernés où les habitants sont invités à sortir et à aérer l’espace. Cela peut se traduire par une simple ouverture des fenêtres ou, dans certains bâtiments, par l’utilisation de purificateurs d’air conçus par l’équipe d’Alerta CO2.
Personne ne sait combien de temps il faudra pour que le sol cesse de rejeter du CO2, car il n’existe aucun outil scientifique permettant de prédire la fin du problème. Toutefois, les niveaux ont constamment baissé au cours du second semestre 2024, ce qui a permis aux habitants de retourner chez eux et de travailler. Les 139 premières personnes sont rentrées en décembre 2023, et le nombre a progressivement augmenté depuis. Plus de 900 foyers et entreprises de Puerto Naos et de La Bombilla ont désormais été autorisés à rouvrir.
Des zones sont toujours fermées autour de Puerto Naos et de La Bombilla, et plusieurs parkings souterrains et sous-sols sont toujours fermés, avec des panneaux « Danger !». Le long de la promenade, un voyant vert clignote sur les détecteurs de CO2, rappelant constamment que la zone n’est pas encore totalement sûre. Le gouvernement régional de La Palma a créé l’application Smart Island, qui permet de consulter les niveaux de CO2 en temps réel. De leur côté, les commerçants font de leur mieux pour rassurer leurs clients.
Source : The Christian Science Monitor.

À noter que l’éruption de La Palma figure sur la couverture du livre « Histoire de Volcans – Chroniques d’éruptions ».

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  An eruption at the Cumbre Vieja volcano, on the Spanish island of La Palma in the Canary Islands, took place between 19 September and 13 December 2021. At 85 days, it is the longest known and the most damaging volcanic eruption on La Palma. The total damage caused by the volcano amounts up to 843 million euros. The lava flow covered over 1,000 hectares, prompting the evacuation of around 7,000 people.

However, lava was not the only hazard from the eruption. Concentrations of carbon dioxide spiked as well, threatening locals’ health. Months after the eruption stopped, scientists discovered that the volcano had caused an unexpected seismic reaction that released hazardous levels of CO2, once trapped in the ground, into the air. During the evacuation period, some areas in town had reached air concentrations of CO2 as high as 480,000 parts per million, over 400 times the acceptable limit. There were dead birds and cats on the ground close to garages and basements. For two years, the black sand beach of Puerto Naos on La Palma was deserted, with signs reading “Peligro!” (“Danger!”).

In 2022, scientists and local authorities launched Alerta CO2, a 4 million-euro project funded by Spain’s national government to monitor gas levels on a large scale. Now, there are more than 1,300 CO2 detectors in Puerto Naos and La Bombilla, making the villages the most monitored in the world for the gas.

The project has not only allowed around 80% of homeowners to return, but could also provide lessons for other communities facing environmental disaster going forward. After the volcano erupted and the town was evacuated, there were questions about whether the majestic Meliá La Palma hotel in Puerto Naos would get back on its feet. Three years later, it is at full capacity. There are 55 CO2 detectors spread throughout the hotel, discreetly placed in hallways, inside the restaurants, and in the lounge area. Most guests will never even notice them. But if concentration levels get too high, an alert goes off in the nearby offices of Alerta CO2.

On the computer screens, experts can monitor the data from each of the homes in Puerto Naos and La Bombilla using their detectors. Normal levels should be below 770 ppm. If the CO2 concentrations go above 1,000 ppm continuously for 30 minutes, firefighters in the office next door make a call to the home or business where people are encouraged to go outside and air out the space. That can mean simply opening the windows or, in some buildings, using the air purifiers that the Alerta CO2 team devised.

Nobody knows how long it will take for the ground to stop releasing CO2 because there are no scientific tools to forecast the end of the problem. But levels consistently went down in the last half of 2024, which has allowed people to return to their homes and businesses. The first 139 people returned in December 2023, and returnees have progressively increased since then. Over 900 homes and businesses in Puerto Naos and La Bombilla have now been authorized to reopen.

There are still zones closed off around Puerto Naos and La Bombilla, and several underground parking lots and basements remain sectioned off with “Danger!” signs. Along the boardwalk, a green light flashes on the outdoor CO2 detectors, a constant reminder that the area is not 100% safe yet. The La Palma regional government has created the Smart Island app, where people can see outdoor CO2 levels in real time. Local business owners are doing their best to reassure clients.

Source : The Christian Science Monitor.

https://www.csmonitor.com/