Pérou : la fonte des glaciers et ses conséquences // Peru : glacier melting and its consequences

Au cours de ma conférence « Glaciers en péril – Les effets du réchauffement climatique », j’explique que le Pérou est l’un des pays les plus touchés par la hausse des températures. Les glaciers fondent très vite, avec des conséquences sur les populations qui en dépendent pour leur approvisionnement en eau, leur hydroélectricité et l’irrigation de leurs cultures. Si ces personnes ne disposent plus de cette eau essentielle, elles devront partir.
Un nouvel article de l’agence Associated Press confirme que le Pérou a perdu plus de la moitié de sa surface glaciaire au cours des 60 dernières années et que 175 glaciers ont disparu en raison du réchauffement climatique entre 2016 et 2020.Les glaciologues font remarquer qu’en 58 ans, 56,22 % de la couverture glaciaire enregistrée en 1962 a disparu. Ils confirment que le facteur qui a le plus grand impact est la hausse de la température moyenne à l’échelle de la planète ; cela provoque une accélération du recul des glaciers, notamment dans les zones tropicales.
Le Pérou dispose encore de 1 050 kilomètres carrés de couverture glaciaire, soit une superficie représentant environ 44 % de celle enregistrée en 1962, lorsque le premier inventaire des glaciers a été réalisé.
Sur certaines chaînes de montagnes au Pérou, les glaciers ont presque disparu, notamment le Chila, qui a perdu 99 % de sa surface glaciaire depuis 1962. Le Chila est symbolique car les premières eaux qui donnent naissance au fleuve Amazone descendent de ce glacier.
Comme je l’ai écrit plus haut, la fonte des glaciers va devenir un véritable problème pour les populations qui dépendent de leur eau, sans oublier le risque que peut engendrer leur fonte. Comme on peut le voir sur la chaîne himalayenne, l’eau de fonte forme des lacs retenus par des moraines fragiles qui peuvent s’éventrer, comme ce fut le cas en mai 1970 lorsqu’une immense masse de glace s’est détachée du glacier Huascarán, dans le nord des Andes, sous l’effet d’un séisme de magnitude 7,9. La masse de glace a terminé sa course dans le lac de fonte, déclenchant une avalanche de boue qui a détruit la ville de Yungay et fait plus de 20 000 morts.
Source : Associated Press.

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During my conference « Glaciers at risk – The effects of global warming », I explain that Peru is onr of the countries most affected by rising temperatures. Glaciers are melting very fasyt, with consequences for the populations that depend on them for thir water supply, hydroelectricity and irrigation of their cultures. If these people no longer have this essential water, they will have to leave.

A newAssociated Press article confirms that Peru has lost more than half of its glacier surface in the last six decades, and 175 glaciers became extinct due to global warming between 2016 and 2020. Glaciologistswarn that in 58 years, 56.22% of the glacial coverage recorded in 1962 has been lost. They confirm that the factor that causes the greatest impact is the increase in the average global temperature, causing an accelerated retreat of glaciers, especially those in tropical areas.

Peru has 1,050 square kilometers of glacial coverage left, an area representing about 44% of what was recorded in 1962, when the first glacier inventory was carried out.

There are some mountain ranges in Peru where glaciers have almost disappeared, namely Chila, which has lost 99% of its glacial surface since 1962. Chila is key because the first waters that give rise to the Amazon River descend from the glacier.

As I put it above, the loss of glaciers will become a real problem for the people who depend on their water, without forgetting the risk their melting may cause. Meltwater forms lakes which are held by fragile moraines that may break open as was the case in May 1970 when a huge sheet of ice from the snow-capped Huascarán Glacier, in the northern Andes, broke off after an M 7.9 earthquake. The mass of ice fell in sucha lake, causing a mud avalanche that destroyed the city of Yungay and left more than 20,000 dead.

Source : Associayed Press.

 

Le 31 mai 1970, à 15 h 23, alors que la plupart des habitants de Yungay écoutaient sur leurs radios le match de coupe du monde Brésil-Italie, un décrochement de faille s’est produite dans la zone de subduction au large du Pérou, provoquant un séisme de M 7,9. La secousse a déstabilisé des millions de tonnes de neige, de roche et de glace qui ont ensuite parcouru 15 km jusqu’à Yungay, avant de détruire la ville, ne laissant rien d’autre que le cimetière sur une petite colline à la périphérie. Il s’agit de l’avalanche la plus meurtrière du Pérou. La ville a été reconstruite à proximité et le site d’origine a été déclaré cimetière national.

At 1523 on May 31st, 1970, while most of the inhabitants of Yungay were listening to the Brazil-Italy world cup match on their radios, a fault ruptured in the subduction zone off Peru atriggered an M 7.9 earthquake. The quake dislodged millions of tons of snow, rock and ice that travelled the 15 km to Yungay, obliterating the city, leaving nothing but the cemetery on a small hill at the edge of town. It was the country’s deadliest known avalanche in Peru. The town was rebuilt nearby, and the original site has been declared a national cemetery.

La fonte des glaciers et son impact sur la religion// Glacier melting has an impact on religion

Avec le réchauffement climatique et la hausse des températures, les glaciers fondent partout dans le monde. J’ai expliqué à plusieurs reprises les conséquences de la fonte des glaciers, notamment en ce qui concerne l’alimentation en eau de certaines régions de la planète. La fonte des glaciers peut également avoir un impact sur les pratiques religieuses dans l’Himalaya ou dans les Andes. On peut donner l’exemple du festival annuel Qoyllur Rit’i – Neige et Etoiles – au Pérou qui a lieu chaque année depuis 1783. Il attire des dizaines de milliers de pèlerins andins et de régions plus lointaines qui viennent célébrer le lien de l’Homme avec la Nature. Selon la tradition, ceux qui participent au Qoyllur Rit’i entrent dans un monde différent d’où ils ressortent transformés. Ils sont purifiés et ont l’impression de renaître.
Dans le passé, les croyants entamaient le voyage de nuit et se laissaient guider par le reflet de la lune sur les sommets enneigés, avant d’atteindre le glacier sacré de Colque Punku. Aujourd’hui, les pèlerins partent à l’aube. Lorsque le soleil se lève sur les montagnes andines, on peut voir une longue file de danseurs vêtus de costumes colorés qui serpente à travers le paysage. Mais ce paysage est en train de changer rapidement, et certains accès à ce monde naturel ne sont plus possibles. Les rituels du festival se déroulaient autrefois sur les glaciers, considérés comme sacrés par les habitants. Des blocs de glace censés avoir des propriétés curatives étaient découpés dans le glacier et descendus dans les villages. Aujourd’hui, avec la hausse des températures liée au réchauffement climatique, la glace sacrée se fait rare. En 2004, les organisateurs ont interdit la découpe des blocs de glace à partager avec la communauté. On a dit aux pèlerins que la glace devait être protégée à tout prix. Les autorités péruviennes avertissent que d’ici 40 ans, tous les glaciers du pays pourraient avoir disparu. Leur taille a diminué d’environ 30 % ces dernières années. J’ai insisté dans des notes précédentes sur les conséquences de cette disparition des glaciers pour les populations andines et les inévitables migrations vers les villes, notamment Lima, la capitale, dont l’eau dépend largement des glaciers andins.
Le festival Qoyllur Rit’i annonce les prochaines récoltes ; c’est un événement saisonnier célébré depuis des milliers d’années. Depuis le 18ème siècle, les religions se mélangent, christianisme et paganisme, pour créer cet événement coloré de trois jours. Le clou du du pèlerinage est un sanctuaire au pied de la montagne où un rocher présente une image de Jésus-Christ connu sous le nom de Seigneur de Qoyllur Rit’i. Les croyants dansent et prient jusque tard dans la nuit, recherchant santé, paix et prospérité.
Le festival est entré sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO en 2011. Pourtant, avec la fonte des glaciers andins, les peuples autochtones risquent bientôt de perdre l’accès à une partie sacrée de leur culture. Il feront, eux aussi, partie de ceux qui souffrent de la destruction. causé par le réchauffement climatique. Un participant au festival a déclaré qu’il était triste de savoir que la fonte des glaciers signifie que les générations futures ne connaîtront pas le même nettoyage de l’esprit par la neige, comme il a eu la chance de le connaître en grandissant. « Si le glacier devait disparaître, je ne perdrais pas ma foi en ne pouvant plus aller au Qoyllur Rit’i, mais j’aurais le cœur brisé. Une partie de moi disparaîtrait. »
Source : médias d’information sud-américains.

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With global warming and rising temperatures, glaciers are melting around the world. I have insisted several times on the consequences of glacier melting, especially as far as the water supply of some regions is concerned. Glacier melting can also have an impact on religious practices in the Himalayas or in the Andes. There is the example of the annual Qoyllur Rit’i – or Snow and Star – festival in Peru which has occurred every year since 1783. It draws tens of thousands of indigenous pilgrims from the Andes and beyond who come to celebrate mankind’s connection with nature. It is said that when you go to Qoyllur Rit’i, you are in a different space ; you rare transformed. Then you return purified ; up there, you are reborn.

In the past, the believers would start at night and use the reflection from the moon that cascaded atop snow-capped peaks as a guide to make their way up the sacred Colque Punku glacier. Today, they leave at dawn. As the sun rises over the Andean mountains, a chain of dancers wrapped in colorful costumes snakes across the landscape. But this landscape is changing rapidly, with no more access to some parts of the natural world. Indeed, the festival rituals once took place on the mountain glaciers, which are seen as sacred by locals. Ice blocks believed to hold healing properties were carved out and carried back down the slope. Today, increasing temperatures linked to global warming mean the sacred ice is now scarce. In 2004, festival organizers banned the practice of cutting blocks of ice to share with the community, believing the melted water had healing powers. They said the ice was in urgent need of protection. Peruvian authorities warn that within 40 years, all the glaciers in Peru may have disappeared. They have decreased in size by about 30 percent in recent years. I have insisted in previous posts on the conszquences of this disappearance for the populations in the Andes ansd inevitable migrations toward the cities, especially Lima, the capital, whose water summply largely depends on Andean glaciers.

The Qoyllur Rit’i festival marks the upcoming harvest, a seasonal event that has been celebrated for thousands of years. Since the 18th century, a medley of faiths, including Christianity and paganism, have blended to create the unique and colorful three-day event. A central part of the pilgrimage is a sanctuary at the base of the mountain where a boulder features an image of Jesus Christ known as the Lord of Qoyllur Rit’i. Believers dance and pray long into the night, seeking health, peace and prosperity.

The festival was added to the UNESCO Intangible Cultural Heritage Lists in 2011. Yet the loss of Andean ice caps means that the indigenous people are soon likely to lose access to a sacred part of their culture, making them yet another group to suffer from the destruction caused by global warming. One participant in the festival said he was saddened by the knowledge that the melting ice means future generations will not experience the same kind of cleansing from the snow he was blessed with growing up.“If the glacier were to disappear, I wouldn’t lose my faith if I couldn’t go to Qoyllur Rit’i, but I would be heartbroken. A part of me would disappear.”

Source : South American news media.

 

Image du festival Qoyllur Rit’i au pied du glacier Colque Punku (Crédit photo : Wikipedia)

Populations sous la menace de crues glaciaires // Populations under the threat of glacial outburst floods

Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature le 7 février 2023, 15 millions de personnes dans le monde vivent sous la menace d’une crue soudaine et meurtrière provoquée par la fonte des glaciers. Les principaux pays concernés par un tel événement sont l’Inde, le Pakistan, le Pérou et la Chine. Plus de 150 crues glaciaires ont déjà été répertoriés dans l’histoire récente. De plus, un million de personnes vivent à moins de 10 kilomètres de lacs potentiellement instables alimentés par la fonte des glaciers.
L’une des crues glaciaires les plus dévastatrices s’est produite au Pérou en 1941 ; elle a tué entre 1 800 et 6 000 personnes. Une crue semblable en 2020 en Colombie-Britannique (Canada) a déclenché un tsunami d’environ 100 mètres de haut, mais personne n’a été blessé. Une crue glaciaire en 2017 au Népal, provoquée par un glissement de terrain, a été filmée par des alpinistes allemands. En Alaska, le glacier Mendenhall, près de Juneau, connaît chaque année de petites inondations glaciaires depuis 2011. En 2013, de fortes pluies et le débordement d’un lac glaciaire se sont ajoutés en Inde pour tuer des milliers de personnes.
Les scientifiques expliquent que, jusqu’à présent, il ne semble pas que le réchauffement climatique ait rendu ces crues glaciaires plus fréquentes. Toutefois, à mesure que les glaciers rétrécissent avec des températures plus élevées, la quantité d’eau qui se déverse dans les lacs augmente, ce qui fragilise les barrages morainiques qui risquent davantage de s’éventrer.
Une grande partie de la menace dépend du nombre de personnes qui vivent dans une zone exposée aux crues glaciaires. La nouvelle étude est la première à examiner le climat, la géographie, la population, la vulnérabilité et tous les autres facteurs. Cela permet d’avoir un bon aperçu des endroits dans le monde qui sont sous la menace des 1 089 bassins glaciaires répertoriés.
En tête de liste des endroits dangereux se trouve le bassin glaciaire de Khyber Pakhtunkhwa au Pakistan, au nord d’Islamabad. De nombreuses personnes sont sous la menace d’une catastrophe car elles vivent dans une vallée juste en-dessous du lac glaciaire.
De nombreuses études scientifiques se focalisent sur le Pakistan, l’Inde, la Chine et l’Himalaya, et laissent de côté les Andes. En Amérique du Sud, les deuxième et troisième zones les plus à risque se trouvent dans le bassin glaciaire de Santa au Pérou et celui de Beni en Bolivie. Après la crue meurtrière dans les Andes dans les années 1940, cette région a fait de gros efforts pour faire face aux menaces de crues glaciaires. L’Inde est très exposée en raison du grand nombre de personnes qui vivent en aval des lacs glaciaires. Aux États-Unis et au Canada, trois bassins lacustres sont très menacés, entre le nord-ouest du Pacifique et l’Alaska, mais la menace est moins élevée qu’en Asie et dans les Andes car peu de personnes vivent dans la zone de danger. Ces secteurs sensibles se trouvent dans la péninsule de Kenai en Alaska, au nord-est de l’Etat de Washington, dans le centre-ouest de la Colombie-Britannique et, dans une moindre mesure, dans le bassin du glacier Mendenhall près de Juneau. .
Source : Anchorage Daily News.

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According to a new study published in the journal Nature on February 7th, 2023, 15 million people around the world live under the threat of a sudden and deadly outburst flood caused by the melting of glaciers. The main countries concerned by such an event are India, Pakistan, Peru and China. More than 150 glacial flood outbursts in history and recent times have already been cataloged. Moreover, one million people live within just 10 kilometers of potentially unstable glacial-fed lakes.

One of the most devastating floods occurred in Peru in 1941 ; it killed between 1,800 and 6,000 people. A 2020 glacial lake outburst flood in British Columbia (Canada) caused a tsunami of water about 100 meters high, but no one was hurt. A 2017 glacial outburst flood in Nepal, triggered by a landslide, was captured on video by German climbers. Alaska’s Mendenhall Glacier near Juneau has had annual small glacial outburst floods since 2011. In 2013, heavy rains and a glacial lake outburst flood combined in India to kill thousands of people.

Scientists say so far it does not seem global warming has made those floods more frequent, but as glaciers shrink with higher temperatures, the amount of water in the lakes grows, making them more dangerous with the moraine dams more likely to break open.

Much of the threat depends on how many people live in a glacial flood zone. The new study is the first to look at the climate, geography, population, vulnerability and all these factors, which allows to get a good overview of where in the world are the most dangerous places for all 1,089 glacial basins.

At the top of the list of dangerous places is Khyber Pakhtunkhwa basin in Pakistan, north of Islamabad, where lots of people are very vulnerable because they live in a valley below the glacial lake.

Scientists are focusing a lot of attention on Pakistan, India, China and the Himalayas, and somewhat ignoring the Andes. In South America, the second and third highest risk basins are in Peru’s Santa basin, and Bolivia’s Beni basin. After the deadly Andes flood in the 1940s that region was a leader in working on glacial flood outburst threats. India ranks high in the threat list because of a huge number of people live downstream of glacial lakes. Three lake basins in the United States and Canada rank high for threats, from the Pacific Northwest to Alaska, but the threat is less high than in Asia and the Andes because few people live in the danger zone. They are in Alaska’s Kenai Peninsula, northeast Washington, west central British Columbia and , to a lesser extent, Mendenhall Glacier near Juneau. .

Source : Anchorage Daily News.

Vue du glacier Mendenhall (Photo: C. Grandpey)

Crue glaciaire du Mendenhall en 2006 (Archives Visitor Center)

Réchauffement climatique : le Pérou fait de la résistance // Global warming: Peru is resisting

Le réchauffement climatique affecte tous les pays du monde. J’ai écrit plusieurs notes (décembre 2017, mai 2018, juin 2020, par exemple) sur son impact dans les Andes en Amérique du Sud et plus particulièrement au Pérou où les glaciers fondent à une vitesse incroyable. Dans ce pays, la disparition des glaciers signifie qu’il n’y aura plus d’eau potable, plus d’électricité et plus d’irrigation pour les cultures. Du coup, les villageois seront obligés d’aller vivre en ville, notamment à Lima qui dépend aussi des glaciers des Andes pour son approvisionnement en eau.
Un article du Washington Post donne l’exemple d’un glacier péruvien près du Nevado Palcaraju qui a presque disparu. La hausse des températures a fait fondre la glace et donné naissance à un grand lac baptisé Laguna Palcacocha, retenu par une moraine fragile. À tout moment, une avalanche ou un effondrement de la montagne pourrait faire déborder l’eau de fonte par dessus ses berges. Près de 2 millions de mètres cubes d’eau dévaleraient le flanc de montagne et submergeraient la ville de Huaraz, où vivent quelque 120 000 personnes. Un système d’alerte précoce récemment installé au bord du lac est censé déclencher des sirènes dans toute la ville, donnant aux gens environ 20 minutes pour s’enfuir.
En 1941, une crue glaciaire de la Laguna Palcacocha a tué quelque 1 800 personnes – environ un tiers des habitants de Huaraz à l’époque. Les effets de la crue se sont fait sentir jusqu’à la côte, à 160 kilomètres de distance. Quelques années plus tard, une crue semblable au-dessus du site archéologique de Chavín de Huántar a tué 500 personnes. Une autre crue glaciaire a détruit une centrale hydroélectrique nouvellement construite. En 1970, un séisme a déstabilisé le glacier au pied de la plus haute montagne du Pérou, déclenchant une avalanche qui a englouti toute la ville de Yungay. Quelque 20 000 personnes ont été impactées. Seuls 400 habitants ont survécu.
Ces catastrophes ont incité le gouvernement péruvien à mettre en place une unité fédérale de glaciologie afin de surveiller les lacs glaciaires les plus dangereux du pays. On a creusé des canaux pour évacuer une partie de l’eau du lac Palcacocha et renforcé la moraine. Après des décennies sans autre crue meurtrière, le Pérou a dissous son unité fédérale de glaciologie et les responsabilités ont été transférées aux régions. À l’époque, peu de gens à Huaraz ont remarqué le changement. Ils croyaient que la Laguna Palcacocha était toujours sous contrôle. Ils pensaient qu’ils étaient en sécurité.
En 2009, des scientifiques qui travaillaient sur une nouvelle carte de la Laguna Palcacocha ont fait une découverte très inquiétante : depuis l’installation du système d’alerte, le lac avait augmenté son volume de 34 fois. Il était maintenant plus grand qu’avant la catastrophe de 1941. Bien que le système de vidange ait empêché le niveau de l’eau de monter trop haut, le recul du glacier avait permis au lac de s’étendre. Si une avalanche majeure se produisait, la moraine ne pourrait pas retenir le lac. Le président du Pérou a alors déclaré l’état d’urgence. Le gouvernement régional a fait installer plusieurs grandes buses pour évacuer le trop-plein d’eau et abaisser le niveau du lac. Des « gardiens » officiels ont été payés pour surveiller le lac 24 heures sur 24, et un système d’alerte précoce a été installé pour permettre l’évacuation des zones habitées en aval.
À partir de 2014, plusieurs habitants de la région, appuyés par des militants de l’association écologiste Germanwatch, ont décidé de faire de la résistance et ont intenté une action en justice contre la compagnie d’électricité allemande RWE qui tirait profit de la combustion de combustibles fossiles sans jamais rien donner en retour. Citant des études scientifiques qui établissent un lien entre la pollution des centrales électriques et le recul du glacier Palcaraju, les militants ont estimé que la compagnie d’électricité devrait participer au financement des mesures visant à prévenir une crue glaciaire catastrophique. Ils ont demandé à la compagnie de payer environ 20 000 dollars, soit environ 0,47 % du coût du projet de vidange du lac Palcacocha. Les avocats de la société ont rétorqué que toutes les opérations effectuées par RWE étaient légales et que le lien entre les émissions de gaz à effet de serre et l’impact climatique est trop complexe pour qu’une seule entité puisse être tenue responsable.
Après un premier rejet de la demande des militants par le tribunal allemand, l’appel a été couronné de succès et le tribunal s’est déplacé au Pérou pour recueillir des preuves sur le terrain, une première mondiale pour un procès autour du climat. Dans les prochains jours, des juges et des experts allemands parcourront les rues de Huaraz et pourront voir les maisons susceptibles d’être inondées. Ils monteront la route de Palcaraju et examineront le glacier

Si les juges sont convaincus par les affirmations des militants, cela ouvrira la porte aux procès climatiques. Un succès à Huaraz signifierait que les principaux pollueurs, où qu’ils se trouvent, peuvent être tenus pour responsables des conséquences de plus en plus désastreuses des émissions de gaz à effet de serre. Cela pourrait ouvrir la voie à de nouvelles poursuites judiciaires de la part de pays en voie de développement qui n’ont pas contribué au réchauffement climatique, mais qui en supportent les conséquences. Cela pourrait forcer les pays riches et les grandes entreprises à reconsidérer les risques liés à la dépendance aux combustibles fossiles et permettre à ceux qui sont en première ligne du réchauffement climatique de demander réparation. Le Pérou a contribué à moins de 0,4 % des émissions globales de gaz à effet de serre en 2019, mais il se trouve parmi les pays les plus exposés aux conséquences du réchauffement climatique.
Il faudra plusieurs mois avant que les experts nommés par le tribunal allemand achèvent leur évaluation de la menace qui pèse sur Huaraz. Les juges ne devraient pas se prononcer avant au moins 2023. Quel que soit le verdict, ce sera un succès pour les militants écologistes qui ont fait se déplacer les juges allemands pour leur montrer ce qui se passe réellement au Pérou : les risques liés au recul des glaciers, Comme l’a dit un Péruvien : « Ils ont les informations et les preuves pour comprendre le problème. Et peut-être qu’ils changeront d’avis. »

Depuis que les militants péruviens et le groupe allemand Germanwatch ont déposé leur plainte, plus de 2 000 autres procès en matière de climat ont été intentés contre des entreprises et des gouvernements dans le monde. Plus de la moitié ont abouti à des résultats positifs pour le climat. En 2021, un tribunal néerlandais a jugé que le géant pétrolier Shell devait augmenter considérablement ses engagements climatiques. L’État français a été reconnu coupable de ne pas avoir réussi à réduire les gaz à effet de serre et la Cour suprême allemande a décidé que le pays était constitutionnellement obligé de « faire sa part » pour éviter un réchauffement catastrophique.
Source : Le Washington Post via Yahoo Actualités.

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Global warming is affecting all countries of the world. I have written several posts (December 2017, May 2018, June 2020, for instance) about its impact in South America’s Andes and more particularly on Peru where glaciers are melting at an inredible speed. In this country, no more glaciers means no more drinking water, no more electricity and no more irrigation for the cultures. As a result, villagers will go and live in town, especially in Lima which also depends on the glaciers of the Andes for its water. supply

An article in The Washington Post gives the example of a Peruvian glacier close to Nevado Palcaraju which is almost gone, transformed by rising temperatures from solid ice into a large, unstable lake dubbed Palcacocha held back by a fragile moraine. At any moment, an avalanche or rockslide could cause the meltwater to surge over its banks. Nearly 2 million cubic meters of water would go crashing down the mountainside and deluge the city of Huaraz, where some 120,000 people are living. A newly installed early warning system at the lake is supposed to set off sirens around the city, giving people about 20 minutes to evacuate.

In 1941, a glacial lake outburst flood from Palcacocha killed an estimated 1,800 people – about one third of Huaraz’s residents at the time. The path of destruction extended all the way to the coast, 160 kilometers away. A few years later, a flood above the nearby archaeological site of Chavín de Huántar killed 500 people. Then another outburst wiped out a newly built hydroelectric station. In 1970, an earthquake destabilized the glacier on Peru’s tallest mountain, unleashing an avalanche that engulfed the entire city of Yungay. Some 20,000 people were buried. Just 400 residents survived.

The disasters incited Peru’s government to establish a federal glaciology unit that would monitor the country’s most dangerous glacial lakes. Workers dug drainage channels to empty some of the water from the Palcacocha lake and reinforcred the moraine. As decades passed without another deadly outburst, Peru disbanded its federal glaciology unit and responsibilities were shifted to the regional governments. At the time, few in Huaraz worried about the change. They believed that Palcacocha was already under control. They thought they were safe.

In 2009, scientists working on a new underwater map of Laguna Palcacocha made a terrifying discovery: Since the security system was first installed, the lake had swelled to 34 times its former volume. It was now even bigger than it had been before the 1941 disaster. Although the drainage system prevented the water level from rising too high, the glacier’s retreat allowed the lake to extend. If a major avalanche occurred, the dams would not be able to hold back the swollen lake. Peru’s president declared a state of emergency. The regional government built several large plastic pipes to siphon off extra water and lower the surface level. Official « guardians » were paid to live on the mountain and monitor the lake around-the-clock, and an early warning system was installed to enable evacuations of the communities below.

Starting in 2014, several local residents, together with activists from the environmental nonprofit Germanwatch, have waged a lawsuit against the German energy company RWE that has benefited from burning fossil fuels, but is not paying for the consequences. Citing scientific studies that link pollution from power plants to the retreat of the Palcaraju glacier, the activists argue that the energy giant should help pay for measures to prevent a catastrophic flood. They modestly asked the firm to pay roughly $20,000, about 0.47 percent of the cost of the Palcacocha drainage project. The company’s lawyers countered that all of its operations were legal, and that the link between greenhouse gas emissions and climate impacts is too complex for any single entity to be held responsible.

After the activists’ claim was first rejected by the German court, the appeal was successful and the court travelled to Peru to collect on-the-ground evidence, a global first for any climate case. In the next few days, German judges and technical experts will walk the streets of Huaraz and view the homes that could be inundated. They will ascend the road to Palcaraju and examine the glacier.

If the judges are convinced by the activists’ claims, it will mark a breakthrough in the burgeoning realm of climate litigation. Success in Huaraz would mean that major polluters anywhere may be liable for the increasingly disastrous consequences of greenhouse gas emissions. It could pave the way for more lawsuits from developing nations that did little to cause climate change, but are bearing the brunt of its impacts. It might force rich countries and giant corporations to reconsider the risks of relying on fossil fuels, and allow those on the front lines of global warming to seek restitution for what they have lost. Peru contributed less than 0.4 percent of the world’s greenhouse gas emissions in 2019, yet it consistently ranks among the nations at high risk from climate damages.

It will be many months before the court-appointed experts complete their assessment of the threat to Huaraz. The judges aren’t expected to make a ruling until at least 2023. Whatever the verdict, il will be a success for the activists who brought all the judges from abroad to show them what’s really happening in Peru : the risk of the glacier retreat, As one Peruvian said : « They have the information and the evidence to understand the problem. And maybe they will change their minds. »

Since the Peruvian activists and the German Germanwatch filed their claim, more than 2,000 other climate lawsuits have been launched against companies and governments around the world, More than half have led to positive outcomes for climate. In 2021, a Dutch court ruled that the oil giant Shell had to dramatically boost its climate commitments. The French state was convicted of failing to curb greenhouse gases and the German Supreme Court decided that the country was constitutionally obligated to « do its part » to avoid catastrophic warming.

Source: The Washington Post via Yahoo News.

La Laguna Palacacocha en 1939

La Laguna Palcacocha en 2002

(Source: Wikipedia)