Lors du séisme de Tohoku, de magnitude M9,1, survenu le 11 mars 2011 au large des côtes nord-est de l’île de Honshū, les volcanologues japonais ont craint que la forte sismicité déstabilise le mont Fuji et déclenche une éruption. En fait, aucun événement éruptif n’a été observé sur le volcan depuis 2011. Le mont Fuji est fréquenté par un très grand nombre de touristes et des quotas ont dû être mis en place pour en réguler la visite et l’ascension.

Le mont Fuji vu par Hokusai
Le site internet de RFI nous apprend que les volcanologues japonais viennent de lancer une mise en garde solennelle à la population qui doit se préparer à une éruption du mont Fuji,. Celle-ci peut survenir à tout moment. Une telle catastrophe aurait un impact profond sur la population japonaise et sur l’économie du pays. .
Le mont Fuji ne se situe qu’à 90 kilomètres de l’agglomération de Tokyo,et ses quelque 40 millions d’habitants. La Protection Civile japonaise avertit que si le volcan devait entrer en éruption, plus de 800 000 personnes vivant à proximité de la montagne devraient impérativement évacuer. Parmi elles, les 120 000 habitants des localités situées au pied du volcan n’auraient que trois heures pour se mettre à l’abri.

Dans le pire des cas, la région de Tokyo dans son ensemble sera plongée dans la pénombre par près de 500 millions de mètres cubes de cendres volcaniques qui poseront d’énormes problèmes. Le trafic routier, les trains et les métros seront paralysés. On pourrait même assister à une panne de courant générale. Les autorités insistent qu’il ne faut pas exclure ce risque ; il faut donc s’y préparer.
Elles ont donné à la population la consigne de faire des provisions afin d’avoir de quoi manger et boire pendant 15 jours, autrement dit le temps que durera vraisemblablement cette éruption. En effet, avec les mouvements de panique, les rayons des magasins se videront en quelques heures et ne pourront pas être réapprovisionnés étant donné la paralysie des transports.
Un confinement obligatoire sera probablement décrété car la qualité de l’air sera très mauvaise en raison des cendres. Les autorités sanitaires estiment que 12 millions de personnes souffriront de problèmes, surtout respiratoires et oculaires.
C’est bien de prévoir, mais les volcanologues japonais ne sont pas mieux lotis que leurs collègues ailleurs dans le monde : ils ne savent pas prévoir une éruption volcanique, que ce soit sa date ou son ampleur, mais les experts expliquent que chaque jour qui passe accroît le risque.
Dans le passé, 180 éruptions du Mont Fuji se sont produites à raison d’une tous les trente ou quarante ans environ. La dernière en date, l’éruption Hōei, avec un VEI 5, a eu lieu entre le 16 décembre 1707 et vers le 1er janvier 1708.

Représentation d’artiste de l’éruption de 1707
Le volcan a émis quelque 800 millions de mètres cubes de cendres volcaniques. Plus que l’éruption proprement dite, ce sont les effets secondaires qui ont été les plus meurtriers. De nombreuses personnes furent victimes des inondations, des glissements de terrain et de la famine qui suivit. Les récoltes commencèrent à se dégrader lorsque les cendres s’abattirent sur les champs, provoquant une famine généralisée dans la région de Tokyo (Edo à l’époque).
Il est intéressant de comparer la politique conduite par le Japon face à l’aléa volcanique du mont Fuji et celle menée par les autorités italiennes face au risque volcanique dans les Champs Phlégréens. Au Japon, tout est préétabli avec précision. On anticipe tout en imaginant le pire, étant donné que l’on ne sait pas de quoi sera faite la prochaine colère du volcan.
En Campanie, la situation est beaucoup plus désordonnée. Pourtant, l’aléa volcanique doit être pris au sérieux. On sait qu’une éruption majeure dans les Champs Phlégréens pourrait être catastrophique à cause de la densité très forte de la population. Les dernières alertes sismiques n’ont pourtant pas incité les autorités locales à prendre des mesures aussi urgentes et aussi précises que celles qui viennent d’être décrites au Japon.
Dans une note publiée le 12 décembre 2024, j’ai expliqué que, sur son site web, la Protection Civile de Pouzzoles donne, dans deux opuscules, une foule d’explications sur les zones à risques et sur les procédures à suivre en cas d’éruption :
https://www.halleyweb.com/c063060/zf/index.php/servizi-aggiuntivi/index/index/idtesto/318
C’est intéressant, mais je ne suis pas certain que la majorité de la population de la région ait consulté avec la plus grande attention cette littérature. En observant les situations au Japon et en Italie, on se rend rapidement compte des différences de mentalité entre les deux pays.
—————————————————
During the M9.1 magnitude Tohoku earthquake on March 11th, 2011, off the northeast coast of Honshu Island, Japanese volcanologists feared that the strong seismic activity would destabilize Mount Fuji and trigger an eruption. In fact, no eruptive event has been observed at the volcano since 2011. Mount Fuji is frequented by a very large number of tourists, and quotas had to be put in place to regulate visits and climbing.
The RFI website informs us that Japanese volcanologists have just issued a solemn warning to the public, who should prepare for an eruption of Mount Fuji. One could occur at any time. Such a catastrophe would have a profound impact on the Japanese population and the country’s economy.
Mount Fuji is located only 90 kilometers from the Tokyo metropolitan area, and its approximately 40 million inhabitants. Japan’s Civil Defense Agency warns that if the volcano were to erupt, more than 800,000 people living near the mountain would be required to evacuate. Among them, the 120,000 residents of the towns at the foot of the volcano would have only three hours to reach safety.
In a worst-case scenario, the entire Tokyo region would be plunged into darkness by nearly 500 million cubic meters of volcanic ash, causing enormous problems. Road traffic, trains, and subways would be paralyzed. There could even be a widespread power outage. Authorities insist that this risk cannot be ruled out; therefore, preparations must be made.
They have instructed the public to stock up on supplies to ensure they have enough food and water for 15 days, the length of time this eruption is likely to last. Indeed, with the panic, store shelves will empty within hours and will not be able to be restocked given the paralysis of transportation.
A mandatory lockdown will likely be imposed because the air quality will be so poor due to the ash. Health authorities estimate that 12 million people will suffer problems, especially respiratory and eye problems.
It’s good to be proactive, but Japanese volcanologists are no better off than their colleagues elsewhere in the world: they don’t know how to predict a volcanic eruption, either in terms of its date or magnitude, but experts explain that each day that passes increases the risk.
In the past, 180 eruptions of Mount Fuji have occurred, at a rate of one approximately every thirty or forty years. The most recent eruption, the Hoei eruption, with a VEI 5, occurred between December 16, 1707, and around January 1, 1708. The volcano emitted some 800 million cubic meters of volcanic ash. More than the eruption itself, it was the aftereffects that were the most deadly. Many people were victims of flooding, landslides, and the subsequent famine. Crops began to fail when the ash fell on the fields, causing widespread famine in the Tokyo (then Edo) area.
It is interesting to compare the policy used by Japan in the face of the volcanic hazard of Mount Fuji with that used by the Italian authorities in the face of the volcanic risk in the Phlegraean Fields. In Japan, everything is precisely pre-established. Everything is anticipated, imagining the worst, given that we don’t know what the next eruption will be like.
In Campania, the situation is much more chaotic. However, the volcanic hazard must be taken seriously. We know that a major eruption in the Phlegraean Fields could be disastrous due to the very high population density. However, the latest seismic alerts have not prompted local authorities to take measures as urgent and precise as those just described in Japan. In a post published on December 12, 2024, I explained that, on its website, the Civil Protection of Pozzuoli provides, in two booklets, a wealth of explanations about risk areas and the procedures to follow in the event of an eruption:
https://www.halleyweb.com/c063060/zf/index.php/servizi-aggiuntivi/index/index/idtesto/318
This is interesting, but I’m not sure that the majority of the region’s population has read this literature with the greatest attention. Observing the situations in Japan and Italy, one quickly realizes the differences in mentalities between the two countries.

L’éruption du 18 décembre 2023 en Islande nous a montré que la prévision volcanique est loin d’être parfaite. La lave a percé la surface quelques heures après que le Blue Lagoon ait été autorisé à rouvrir et après que la Protection civile ait déclaré que les habitants de Grindavik seraient autorisés à rentrer chez eux pour Noël.
The 18 December 2023 eruption in Iceland showed us that volcanic prediction is far from perfect. Lava pierced the surface a few hours after the Blue Lagoon had been allowed to reopen and after the Civil Defense said Grindavik residents would be allowed to go baxk home for Christmas.