Tempête et galère sur l’Everest // A snowstorm and hard times on Mount Everest

Il n’y a pas eu de morts, mais l’événement était spectaculaire, si bien que les médias se sont empressés de le décrire.
Ce qui avait commencé comme une randonnée classique sur les pentes du versant tibétain de l’Everest a viré au cauchemar pour les participants après qu’une tempête de neige extrêmement rare en octobre a bloqué des centaines d’entre eux et les a laissés dans des conditions très inconfortables, voire dangereuses.
La plupart des randonneurs étaient partis du village de Youpa, dans la préfecture de Shigatze au Tibet, le 1er octobre 2025. Mais trois jours plus tard, une tempête de neige exceptionnelle a frappé la région. Des centaines de randonneurs se sont retrouvés dans des conditions périlleuses lorsque les chutes de neige ont fait s’effondrer les tentes à environ 5 000 mètres d’altitude. Environ 350 randonneurs ont été évacués sains et saufs vers la petite commune de Qudang, tandis que plus de 200 autres avaient été contactés et attendaient l’aide des autorités. On ne possédait que très peu d’informations sur l’état d’avancement de l’évacuation de la part des autorités chinoises. En effet, l’information est étroitement contrôlée au Tibet, une région autonome de Chine gouvernée par le Parti communiste chinois.
Près d’un mètre de neige est tombé au sommet de l’Everest, soit près de trois fois la moyenne hebdomadaire pour cette période de l’année. Les guides ont affirmé n’avoir jamais rencontré un tel temps en octobre. Et la tempête est arrivée très soudainement. Il faisait très humide et froid, et le risque d’hypothermie était réel. Ces fortes chutes de neige ont fait suite à une semaine de conditions météorologiques extrêmes dans toute la région himalayenne. Les inondations et les glissements de terrain provoqués par de fortes pluies au Népal et autour de Darjeeling, dans le nord-est de l’Inde, ont fait plus de 70 morts.

Dans un article publié le 28 décembre 2020, j’ai expliqué l’impact du réchauffement climatique sur l’Himalaya et l’Everest :
https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2020/12/28/leverest-et-le-rechauffement-climatique-mt-everest-and-global-warming/

Octobre est une saison très prisée pour la randonnée autour de l’Everest car le ciel a tendance à se dégager après la mousson. Le trek coïncidait également avec la Semaine d’Or en Chine, ce qui explique le grand nombre de personnes présentes.
Après la tempête, les randonneurs ont commencé à descendre seuls, abandonnant tente et équipement pour avoir des sacs plus légers. Ils ont atteint le pied de la montagne où les attendaient les représentants du gouvernement et les habitants.
Source : Médias internationaux.

Le secteur de l’Everest est de plus en plus fréquenté. Avec le réchauffement climatique, les glaciers ont reculé, rendant certains accès plus faciles. Cette popularité de la montagne pose des problèmes environnementaux car beaucoup d’alpinistes oublient de redescendre leurs déchets.

Source : presse internationale

Voici une vidéo intéressante (en anglais) à propos du dernier événement :

https://youtu.be/7NozsVY7bYw

Crédit photo: Wikipedia

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There were no deaths but the event was spectacular, so the media rushed to describe it.

What began as a hiking trip on the slopes of the Tibetan side of Mount Everest turned into a nightmare for the trekkers after a rare October blizzard left hundreds of them stranded in treacherous conditions.

Most hilers had set off from Youpa Village, in Tibet’s Shigatze prefecture on October 1. But three days in, a freak blizzard struck. Hundreds of them had to evacuate after unusually high snowfall collapsed tents and covered trails, leaving hikers stranded at roughly 5,000 metres above sea level.

About 350 trekkers were safely evacuated to the small township of Qudang, while over 200 others had been contacted and were awaiting help from authorities. Updates on the status of the evacuation from Chinese authorities were limited. Indeed, information is tightly controlled in Tibet, which is an autonomous region of China governed by the Chinese Communist Party.

Nearly one meter of snow fell at the summit of Mount Everest, nearly three times the average weekly snowfall for this time of year. The guides said they had never encountered such weather in October. And it happened all too suddenly, It was so wet and cold in the mountains, and hypothermia was a real risk. The heavy snowfall follows a week of extreme weather across the Himalayan region. Floods and landslides triggered by severe rain in Nepal and around Darjeeling in northeast India killed more than 70 people. In a post published on 28 December 2020, I had explained the impact of global warming on the Himalayas and Mount Everest :

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2020/12/28/leverest-et-le-rechauffement-climatique-mt-everest-and-global-warming/

October is a busy season for hiking around Everest, when skies tend to clear after the monsoon season. The moment of the trek also coincided with China’s Golden Week holiday, which accounts for the high number of people. .

After the storm, the hikers began walking down the mountain on their own, ditching their tent and gear for lighter packs. They reached the foot of the mountain where government officials and locals awaited them.

Source : International news media.

Mount Everest is increasingly popular. With global warming, glaciers have retreated, making some access points easier. This popularity of the mountain poses environmental problems because many climbers forget to bring their waste back down.

Here is an interesting videao about the last event :

https://youtu.be/7NozsVY7bYw

La croissance de l’Everest, une histoire de rebond isostatique // Isostatic rebound is causing Mt Everest to grow

L’Everest (8849 mètres) est la plus haute montagne sur Terre. Depuis longtemps, les scientifiques se demandent pourquoi il se détache autant de la chaîne himalayenne, culminant presque 250 mètres au-dessus du K2, le deuxième plus haut sommet de l’Himalaya. C’est une anomalie car les deux plus hauts sommets suivants, le Kangchenjunga et le Lhotse, se tiennent en 120 mètres seulement.

Des chercheurs de l’University College London en Angleterre pensent avoir éclairci ce mystère. Dans la revue Nature Geoscience, ils attribuent cette situation au rebond isostatique. Ce phénomène survient lorsqu’une partie de la croûte terrestre perd de la masse et s’élève parce que la pression du manteau liquide en dessous d’elle est supérieure à celle de la force de gravité. Je l’ai expliqué à propos de l’Islande où l’allègement de la masse glaciaire fait se soulever le substrat rocheux. Certains scientifiques pensent que ce rebond isostatique pourrait favoriser l’ascension du magma sous les volcans, avec des éruptions plus fréquentes, mais nous ne disposons pas de suffisamment de recul pour l’affirmer. Le processus est, bien sûr, très lent, à raison de quelques millimètres par an mais, selon les scientifiques, il a fait grandir l’Everest de 15 à 50 mètres au cours des 89 000 dernières années.

La perte de masse à l’origine de ce rebond isostatique est à chercher du côté de la rivière Arun qui coule à environ 75 kilomètres l’est de l’Everest et se jette dans le système fluvial Kosi. Au fil des millénaires, l’Arun a creusé une gorge considérable le long de ses rives, emportant des milliards de tonnes de terre et de sédiments. Cela s’explique par sa topographie. En amont, la rivière coule vers l’est à haute altitude dans une vallée plate. Elle s’oriente ensuite brusquement vers le sud en prenant le nom de rivière Kosi. Elle perd alors de l’altitude et la pente devient plus abrupte. Cette topographie unique, révélatrice d’un état instable, est probablement liée à la hauteur extrême de l’Everest. Au final, le rebond isostatique soulève les montagnes plus vite que l’érosion les élime.

Le phénomène ne touche pas uniquement l’Everest, mais aussi notamment le Lhotse et le Makalu, respectivement quatrième et cinquième plus hauts sommets du monde. Les GPS montrent que tous grandissent d’environ deux millimètres par an.

Source : Daily Telegraph, Futura Science.

Crédit photo: Wikipedia

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Mount Everest (8,849 meters) is the tallest mountain on Earth. Scientists have long wondered why it stands out so much from the Himalayan range, towering almost 250 meters above K2, the second highest peak in the Himalayas. This is an anomaly because the next two highest peaks, Kangchenjunga and Lhotse, are only 120 meters away.
Researchers at University College London in England think they have solved this mystery. In the journal Nature Geoscience, they attribute this situation to isostatic rebound. This phenomenon occurs when a part of the Earth’s crust loses mass and rises because the pressure of the liquid mantle below it is greater than that of the force of gravity. I explained this in relation to Iceland, where the lightening of the glacial mass causes the bedrock to rise. Some scientists say it might favour the rise of magma in volcanoes, but this has not been proved yet. The process is, of course, very slow, at a rate of a few millimeters per year, but scientists estimate that it has caused Everest to grow by 15 to 50 meters over the past 89,000 years.
The mass loss that caused this isostatic rebound is the Arun River, which flows about 75 kilometers east of Everest and turns into the Kosi River system. Over the millennia, the Arun has carved a considerable gorge along its banks, carrying billions of tons of soil and sediment. This is due to its topography. Upstream, the river flows east at high altitude in a flat valley. It then turns sharply south, taking the name of Kosi River. It then loses altitude and becomes steeper. This unique topography, indicative of an unstable state, is probably linked to Everest’s extreme height. Ultimately, isostatic rebound lifts mountains faster than erosion wears them away.
The phenomenon does not only affect Mt Everest, but also notably Lhotse and Makalu, respectively the fourth and fifth highest peaks in the world. GPS shows that all are growing by about two millimeters per year.
Source: Daily Telegraph, Futura Science.

Bouchons et morts sur l’Everest // Overcrowding and deaths on Mount Everest

Les mauvaises conditions météorologiques, les difficultés d’escalade et les désordres mentaux à très haute altitude ne sont plus les seuls problèmes que doivent affronter ceux qui se lancent à l’assaut de l’Everest, la plus haute montagne du monde. Le trop grand nombre d’alpinistes est également responsable des nombreux décès survenus au début de la saison 2024.

Il faut faire la queue pour atteindre le toit du monde (Crédit photo: presse internationale)

Un alpiniste britannique et son guide, un banquier kényan et un alpiniste népalais sont morts, et un autre guide était toujours porté disparu le 24 mai, à la suite de multiples accidents survenus sur la montagne, parmi lesquels un effondrement de blocs de glace dans la zone la plus dangereuse. Plusieurs vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux montrant le trop grand nombre de personnes sur le tronçon menant au sommet de l’Everest avant l’effondrement. Ce secteur est considéré comme la « zone de la mort », car la faible teneur en oxygène et la pression atmosphérique peuvent y être mortels sur de longues périodes.
Ce ne sont pas les seuls décès qui ont frappé les expéditions sur l’Everest cette année. Selon The Himalayan Times, un alpiniste roumain a été retrouvé mort dans sa tente le 21 mai et deux alpinistes mongols sont également morts sur Hillary Step au cours de la descente depuis le sommet.
La surpopulation sur l’Everest est devenue un véritable problème. Au lendemain de la semaine la plus meurtrière, plusieurs vidéos ont circulé sur les réseaux sociaux le 20 mai, montrant la zone baptisée « Yellow Band » avec une longue file d’alpinistes. La vidéo montrait des personnes faisant la queue dans une zone qui semblait être The Hillary Step juste avant que l’effondrement tragique de blocs de glace se produise.

https://twitter.com/i/status/1660896985602306049

Le pic de la saison pour gravir l’Everest côté népalais se situe entre mars et mai, puis de septembre à novembre, lorsque la météo est acceptable. Même dans ce cas, des tempêtes de neige peuvent se produire sans prévenir, interrompant les communications et perturbant fortement la visibilité. Ensuite, il y a le problème du mal aigu des montagnes (AMS), qui peut survenir bien avant d’atteindre les zones dangereuses de l’Everest.
En 2024, la saison a commencé tardivement – presque fin avril – en raison de l’instabilité de la glace sur le glacier Khumbu, à cause du réchauffement climatique.

Le franchissement du glacier Khumbu est rendu difficile par le réchauffement climatique qui accroît son instabilité (Crédit photo: presse internationale)

Maintenant que le mois de mai se termine, la saison d’escalade de l’Everest est sur le point de se terminer elle aussi. Selon la base de données Himalayan Data Base, les avalanches ont été responsables de 40 % des décès sur l’Everest ces dernières années. En 2016, une avalanche a tué 16 personnes ; c’est le pire accident survenu en montagne.
Malgré les dangers, la perspective de pouvoir gravir la plus haute montagne du monde a contribué à une augmentation du nombre de voyageurs dans l’Himalaya. Il y a eu une augmentation de 28,9 % en 2024 par rapport à 2023. ExplorersWeb estime qu’entre 150 et 200 personnes ont gravi l’Everest les 19 et 20 mai 2024. L’Himalayan Times a indiqué que 100 personnes avaient atteint le sommet rien que le 19 mai.
Plusieurs sherpas ont déclaré que l’Everest était désormais « trop fréquenté et sale » et que le nombre d’alpinistes devrait être réduit. Ils ont également souligné le problème des alpinistes qui saccagent la montagne en abandonnant détritus et autres équipements d’escalade.
Les expéditions sur l’Everest sont une source de revenus majeure pour le Népal, et le gouvernement est souvent critiqué par les occidentaux pour délivrer des autorisations à toute personne pouvant payer 11 000 dollars (10 120 euros) pour obtenir un permis. Selon un rapport de la BBC de 2023, le gouvernement népalais nie cela, bien qu’il ait délivré un nombre record de 454 permis au printemps 2023. Selon les sherpas, chaque alpiniste dépense plus de 20 000 $ (18 400 €) pour une expédition au Népal, avec les frais de permis, la nourriture, les guides, les déplacements locaux et l’essence.
La saison de l’Everest du côté nord (côté chinois) se termine le 1er juin et les autorités chinoises ont limité le nombre de permis à 300 cette année. De plus, les ascensions sans bouteille d’oxygène sont interdites au-dessus de 7 000 mètres d’altitude.
Source : The Indian Times.

Cette image d’alpinistes essayant de gravir l’Everest (Crédit photo: presse internationale) me rappelle celle des chercheurs d’or s’efforçant d’escalader le Chilkoot Pass à la frontière entre l’Alaska (États-Unis) et la Colombie-Britannique (Canada) pour des motivations bien différentes.

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Inclement weather, steep peaks and mental problems are no longer the only challenges while scaling Mount Everest. Overcrowding on the world’s tallest mountain has also been responsible for the numerous deaths that occurred at the start of the 2024 climbing season.

A British climber and his guide, a Kenyan banker and a Nepalese climber have died, and another guide remained missing on May 24th, following multiple incidents on the mountain, including an ice collapse at the most dangerous zone. Several videos circulated in social networks showing overcrowding on the stretch leading to the peak of Mount Everest before the collapse happened. The region is considered to be Everest’s « death zone » because oxygen levels and air pressure can be fatal there over extended periods of time.

These are not the only deaths that have plagued the Everest expeditions. According to The Himalayan Times, a Romanian climber was found dead in his tent on May 21st and two Mongolian climbers also died on the Hillary Step while descending.

Overcrowding on Mount Everest has become a real problem. In the aftermath of a lethal week, several videos have surfaced on social media, showing the ‘Yellow Band’ area on the mountain lined by a long queue of climbers on May 20th. A video showed climbers waiting in a queue, in an area which appeared to be the Hillary Step, to move forward before the deadly ice collapse happened.

The peak seasons for hiking up Mount Everest in Nepal are between March and May, and again from September to November, when the weather is moderate. Even then, snowstorms can strike without caution, axing communication and disrupting visibility. Then, there is the issue of mountain sickness, which can kick in much earlier than reaching the dangerous zones of Everest.

This year, the season started late – almost the end of April – due to crumbling ice on the Khumbu Glacier, brcause of global warming. Now, with May ending, the season is about to wind up. According to The Himalayan Database, avalanches have accounted for 40 per cent of deaths on Mount Everest in recent years. In 2016, an avalanche killed 16 people, in what is considered to be the worst accident on the mountain.

Despite the challenges, the sheer thrill of summitting the world’s tallest mountain, has contributed to an increase in the number of travellers to the Himalayas. There has been a 28.9 % increase in 2024, compared with 2023. ExplorersWeb estimated that between 150 and 200 people scaled Mount Everest on May 19th and 20th, 2024. The Himalayan Times reported that 100 people reached the top on May 19th alone.

Several sherpas said that Mount Everest is now « too crowded and dirty » and that the number of climbers should be reduced. They also pointed out the issue of climbers trashing the mountain with their leftovers and other hiking equipment.

Expeditions to Mount Everest are a major source of income for Nepal, and the government is often criticised by Western climbers for allowing any individual who can pay an $11,000 fee for a permit to climb the mountain. According to a 2023 BBC report, the Nepalese government denied this, although it issued a record 454 permits during the spring 2023. Furthermore, according to sherpas, each climber spends over $20,000 on an expedition to Nepal, including permit fees, food, guides, local travel and gas.

The Everest season on the north side ends on June 1st, and Chinese authorities have limited the number of permits to 300 this year. Additionally, climbs without bottled oxygen are banned above an altitude of 7,000 metres.

Source : synthèse de plusieurs articles de presse dont The Indian Times.

L’Everest et le réchauffement climatique (suite) // Mount Everest and global warming (continued)

Un numéro spécial (février-mars 2024) du National Geographic France est consacré à l’Everest. Comme je l’ai expliqué dans des articles précédents, les glaciers de l’Himalaya fondent rapidement, ce qui pourrait virer au cauchemar pour les populations qui en dépendent pour leur approvisionnement en eau. L’Himalaya est un véritable château d’eau pour une grande partie de l’Asie du Sud-Est.

La chaîne himalayenne vue depuis l’espace (Source: NASA)

Voici ce qu’un sherpa a déclaré dans le National Geographic à propos du réchauffement climatique sur l’Everest : « Je vois que les couleurs de la cascade de glace du Khumbu changent. Jusqu’en 2010, il faisait très froid à la mi-mars et l’eau ne coulait pas. Aujourd’hui il y a une rivière et un pont serait nécessaire pour la traverser. Depuis 2005, les avalanches se multiplient et les grands glaciers à proximité du camp de base, à 8000 m d’altitude, ont reculé ou même disparu. Leur glace est perdue. […] Tout devient de plus en plus instable et la situation évolue très rapidement. Certaines zones deviennent de plus en plus dangereuses et la situation va empirer. »

Crédit photo: Wikipedia

L’ascension de l’Everest est l’un des exploits les plus difficiles à réaliser pour l’Homme, mais il devient encore plus difficile en raison du réchauffement climatique. La hausse des températures rend la topographie des glaciers de l’Himalaya plus incertaine, et les conditions météorologiques plus imprévisibles.
Un nombre record de personnes sont mortes en tentant de gravir l’Everest en 2023. Le gouvernement népalais a imputé le grand nombre de décès au réchauffement climatique, mais les scientifiques affirment que le réchauffement climatique n’est pas entièrement responsable, même si ses conséquences sont indéniables.
A cause du réchauffement climatique et de la modification de la topographie des glaciers, les montagnes himalayennes sont moins fiables. Les glaciers s’amincissent et reculent et le permafrost de roche dégèle. Plusieurs itinéraires empruntés par les alpinistes pour accéder aux plus hauts sommets dépendent de la stabilité des glaciers, comme la cascade de glace du Khumbu, à proximité du camp de base de l’Everest et escaladée pour atteindre le Camp 1. Cette cascade de glace, déjà très difficile à franchir, devient de moins en moins fiable. Des chercheurs ont foré le glacier Khumbu et ont découvert qu’il était très proche du point de fonte. Il suffira d’une légère hausse des températures pour que le glacier se mette à fondre rapidement.

Camp de base de l’Everest (Crédit photo: Wikipedia)

Le réchauffement climatique peut également accentuer d’autres risques tels que les chutes de pierres, en particulier dans les zones de haute montagne, car la cohésion de nombreuses formations rocheuses aux niveaux les plus élevés est assurée par le pergélisol qui dégèle aujourd’hui. Avant que la région ne commence à se réchauffer rapidement, les alpinistes pouvaient traverser avec une certaine sécurité certaines des zones les plus dangereuses car tout était gelé et beaucoup plus stable qu’aujourd’hui. De nombreuses pentes se retrouvent à nu pour la première fois et les avalanches de pierres deviennent de plus en plus imprévisibles. Une étude publiée par l’Union européenne des géosciences en juillet 2023 a révélé que le risque d’avalanches de neige et de glace dans l’Himalaya augmente avec la hausse des températures.
Les conditions météorologiques dans la région deviennent également de plus en plus irrégulières, ce qui rend difficile à plus de quelques jours la planification des expéditions. Les spécialistes de l’Everest savent qu’il existe une fenêtre « magique » en mai au cours de laquelle les vents tombent en dessous de 50 km/h. La fenêtre a tendance à apparaître à l’approche de la mousson, époque où le jet stream est repoussé, permettant aux vents de chuter considérablement et d’améliorer les conditions d’ascension. Mais ce calendrier a changé : en 2019, il n’y avait que trois jours propices à l’ascension de l’Everest, contre 11 à 14 jours auparavant. En mai 2022, presque tout le mois a bénéficié de conditions de vent favorables, ce qui n’était encore jamais arrivé.

Station météo sur l’Everest (Crédit photo: National Geographic)

La plupart des régions montagneuses possédant des glaciers dans le monde montrent qu’elles sont affectées par le réchauffement climatique. Les recherches montrent que si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas drastiquement réduites, les glaciers continueront à perdre de la masse et à reculer considérablement. Ceux qui étudient l’Himalaya depuis des années ont constaté des changements visibles à l’œil nu, notamment les pentes mises à nu sur les flancs des montagnes et des lacs de plus en plus nombreux à la surface des glaciers.
Cependant, le réchauffement climatique n’est probablement pas responsable de la majorité des décès sur l’Everest au cours des dernières années. Dix-sept alpinistes sont morts sur l’Everest en 2023, un chiffre très élevé comparé à la moyenne de quatre à six alpinistes par saison dans le passé. Le gouvernement népalais a imputé la forte augmentation du nombre de décès sur l’Everest au réchauffement climatique, mais ce sont davantage les guides inexpérimentés, mal équipés ou non qualifiés qui sont responsables de la majorité des décès. Selon les sherpas, sur les 17 décès constatés, 11 auraient pu être évités. La seule année où il y a eu autant de morts a été 2014, où 17 personnes sont également mortes, mais la majorité des décès étaient des sherpas tués dans une avalanche. Il y a eu un nombre record d’alpinistes en 2023, ce qui a accru la probabilité de décès supplémentaires.

Il faut parfois faire la queue pour essayer d’atteindre le sommet (Crédit photo: National Geographic)

Le Népal a délivré un nombre record de 478 permis d’escalade à des étrangers en 2023. Si l’on tient compte du nombre de sherpas les accompagnant, ce nombre grimpe à environ 1 200 personnes en quête du sommet de l’Everest au printemps. L’imprévisibilité des conditions météorologiques est susceptible d’entraîner une surpopulation au sommet. Les prévisionnistes ne peuvent prédire les conditions avec certitude que quatre ou cinq jours à l’avance, ce qui oblige tout le monde à se limiter à une fenêtre plus réduite. En conséquence, au lieu d’être réparties sur cinq jours, 400 personnes se retrouvent entassées dans une fenêtre d’un ou deux jours, avec une queue sans fin pour atteindre le sommet. .

Source : presse internationale.

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A special issue (February-March 2024) of the National Geographic France is dedicated to Mount Everest. As I explained in previous posts, the glaciers in the Himalays are melting rapidly, which may turn into a nightmare for the populations that depend on them for their water supply. The Himalayas are a real water tower for a large part of southeast Asia.

Here is what a sherpa says in the National Geographic about global warming on Mount Everest : « I can see the colours of the Khumbu Icefall are changing. Until 2010, it was very cold by mid-March and water was not flowing. Today there is a river and a bridge would be necessary to cross it. Since 2005, there have been more and more avalanches and great glaciers close to the base camp at 8000m a.s.l. have been retreating or even disappearing. Their ice is lost. […] Everything is becoming more unstable and the situation is changing very rapidly. Some areas are getting more dangerous and it will be worse and worse. »

Climbing Mount Everest is one of the most difficult feats known to humankind, but the expedition is getting even more challenging due to global warming. Warming temperatures around the globe are making both the topography of the glaciers in the Himalayas and the weather patterns more unpredictable.

A record number of people died while attempting to climb Mount Everest in 2023. While the Nepalese government blamed global warming for the extraordinary number of deaths, experts say global warming may not be entirely responsible, although its consequences are undeniable.

Because of global warming, the topography of the glaciers, mountains are less reliable. Glaciers in the Himalayas are thinning and retreating and rock permafrost is thawing. Several of the routes that climbers use to gain access to higher peaks rely on the stability of glaciers, such as the Khumbu Icefall, located near the Everest base camp and used to trek up to Camp 1. The Khumbu Icefall, which is already really difficult to navigate, that becomes less reliable. Researchers have drilled into the Khumbu Glacier near the Everest base camp and found that it is very close to the melting point. With just a small increase in atmospheric temperatures, the glacier won’t be far from melting rapidly.

Global warming can also exacerbate other risks like rockfall events, especially in the high mountain areas because many of the formations in the highest levels are held together by alpine permafrost which is thawing today. Before the region began to warm rapidly, climbers could have more confidence in passing some of the most treacherous areas because everything was frozen hard and much more stable. Many of the slopes are becoming exposed for the first time, and rock avalanche events are becoming increasingly unpredictable.

A study published in the European Geosciences Union in July 2023 found that snow and ice avalanches in the Himalayas are increasing risks for climbers as global temperatures increase.

Weather patterns in the region are also becoming more erratic, making it difficult for climbers to plan safe expeditions from more than a few days out. Everest experts know that there is a « magical » window in May in which the winds die down below 50 km per hour. The window tends to appear as the monsoon season approaches and the jet stream gets pushed off, allowing the winds in the region to drop dramatically and improving conditions for climbing. But that timing has been changing.In 2019, there were only three days suitable for climbing, as opposed to the typical 11 to 14 days before. However, in May 2022, nearly the entire month had favorable wind conditions, something that has never happened before.

Most glacier mountain regions around the world give evidence thaey are affected by global warming. Research shows that if greenhouse gas emissions are not drastically reduced, glaciers will keep losing mass and retreating drastically. All models predict the same thing : big declines in total glacier volumes and glacier extents. For those who have studied the Himalayas for years, the changes are apparent to the naked eye, including exposed slopes on the flanks of the main glaciers and lakes of water pooling on the ice surfaces.

However, global warming is likely not the culprit for majority of deaths on Everest in the past years.

Seventeen climbers died while trying to Everest in 2023, an extraordinary figure compared to the average of four to six climbers per season in the past. While the Nepalese government blamed the steep increase in Everest fatalities on global warming, inexperienced and ill-equipped or unqualified guides is likely to blame for the majority of the deaths. According to the sherpas, of the 17 people who died, 11 of the deaths were preventable. The only year that saw just as many deaths was in 2014 when 17 people also died, but the majority of the deaths were sherpas who were killed in a single avalanche.

There were a record number of climbers in 2023, which increased the likelihood of more deaths.

Nepal issued a record 478 climbing permits to foreigners for 2023. When accounting for the number of sherpas accompanying the foreigners, the number jumps to about 1,200 climbers pursuing Everest’s summit over the spring. The unpredictability of the weather patterns could also lead to overcrowding on the summit. If forecasters can only predict conditions with certainty four or five days out, it forces everybody into a smaller summit window. As a consequence, instead of being able to spread 400 people out over five days, everybody gets crammed into a one or two-day window.

Source : International news media.