Réchauffement climatique : délocalisation d’un village en Alaska // Global warming : relocation of a village in Alaska

À cause du réchauffement climatique qui provoque la fonte des glaces dans l’Arctique, notamment en Alaska, les côtes ne sont plus protégées contre les vagues lors des tempêtes. En hiver, au lieu d’être arrêtées par l’habituel rempart de glace, elles viennent s’écraser sur le rivage, accélérant ainsi l’érosion et devenant une menace pour les villages côtiers.
C’est ce qui est arrivé à Newtok, un village côtier d’Alaska dont les habitants n’ont d’autre solution que de partir et de recommencer à zéro sur un nouveau site. L’érosion et le dégel du pergélisol ont presque détruit le village en grignotant une vingtaine de mètres de terre chaque année. Les 71 derniers habitants ont fait leurs bagages et vont les charger sur des bateaux pour se rendre à Mertarvik, sur le sol volcanique beaucoup plus stable de l’île Nelson dans le détroit de Béring. Ils rejoindront 230 habitants qui ont déménagé en 2019. Newtok devient l’un des premiers villages autochtones d’Alaska à effectuer une relocalisation à grande échelle en raison du réchauffement climatique.
Les dirigeants du village de Newtok ont ​​commencé à chercher un nouveau site d’implantation il y a plus de vingt ans. Ils ont finalement échangé des terres avec le gouvernement fédéral et obtenu l’autorisation de s’installer sur l’île Nelson, à une quinzaine de kilomètres de là.
Cependant, le déménagement a été lent et a fait de Newtok un village divisé. En effet, après l’installation de la plus grande partie des habitants à Mertarvik, l’épicerie et l’école sont restées à Newtok, laissant certains enseignants et élèves séparés de leurs familles pendant l’année scolaire.
Les dernières tempêtes ont causé de nouveaux dégâts au village et il faut que les habitants qui y vivent encore partent sans tarder. L’érosion fait pencher les poteaux électriques de manière inquiétante, et une tempête pourrait couper définitivement l’électricité. Pour l’instant, le plus urgent est de mettre sur pied avant l’hiver les 18 maisons temporaires arrivées sur une barge à Mertarvik.
Comme tout l’Arctique, l’Alaska se réchauffe deux à trois fois plus vite que le reste du monde. Certains villages de la province de North Slope, le principal champ pétrolier de l’Alaska, ont connu les températures les plus chaudes jamais enregistrées en août. Certaines personnes ont même enfilé des maillots de bain pour aller se baigner sur les plages de l’océan Arctique.
C’est la même histoire dans tout l’Arctique où la dégradation du pergélisol endommage les routes, les voies ferrées, les canalisations et les bâtiments où vivent 4 millions de personnes dans la région. Dans l’Arctique russe, les populations autochtones sont déplacées vers les villes au lieu de voir leurs villages relocalisés comme cela se fait en Alaska. Dans toute la Scandinavie, les éleveurs de rennes constatent que le territoire se modifie constamment, avec l’apparition de plus en plus fréquente de nouvelles zones humides.
Environ 85 % de la superficie de l’Alaska repose sur du pergélisol. Lorsque celui-ci dégèle ou que des eaux côtières plus chaudes viennent le frapper, son dégel provoque une érosion supplémentaire. C’est ce qui s’est produit à Newtok en s’ajoutant à la disparition de la glace de mer.
Selon un rapport du Alaska Native Health Tribal Consortium, 114 communautés autochtones d’Alaska sont confrontées à des dégâts plus ou moins importants aux infrastructures dus à l’érosion, aux inondations ou au dégel du pergélisol. Six d’entre elles ont été jugées menacées de façon imminente dans un rapport gouvernemental il y a plus de deux décennies.
Après cinq ans de séparation et de vies séparées, les habitants de Newtok et Mertarvik ne feront plus qu’un. L’école de Newtok a fermée et les cours ont commencé en août pour la première fois dans un local temporaire à Mertarvik. Un nouveau bâtiment scolaire devrait être prêt en 2026. L’épicerie de Newtok a récemment déménagé à Mertarvik, et il existe des projets pour une deuxième épicerie et une église.
Le nouveau site du village présente d’énormes avantages, notamment au niveau sanitaire. Les nouvelles maisons de Mertarvik n’ont plus la moisissure noire qui envahissait certaines maisons de Newtok. On parle de renommer un jour la ville relocalisée Newtok. Quel que soit le nom, le déménagement offre l’assurance que la culture et les traditions de l’ancien lieu perdureront. Un groupe de bélugas passe chaque automne au large de Mertarvik et devrait bientôt arriver; cette chasse aidera les habitants à remplir leurs congélateurs pour l’hiver à venir.
Source : Associated Press via Yahoo Actualités.

 

Source ; city-data.com

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Because of global warming that causes the melting of sea ice in the Arctic, especially in Alaska, the coasts are no longer protected angainst the waves during the storms. In winter, instead of being stopped by the ice, they come crashing on the seashore, accelarating erosion and becoming a threat to coastal villages.

This is what happened to Newtok, an Alaskan coastal village whose residents have no other solution than going away and starting over on a new site. Erosion and melting permafrost have just about destroyed the village, eating about 21 meters of land every year. The last 71 residents have packed their belongings and will load them onto boats to move to Mertarvik, on the stable volcanic underpinnings of Nelson Island in the Bering Strait. They will rejoin 230 residents who began moving away in 2019. Newtok will become one of the first Alaska Native villages to complete a large-scale relocation because of global warming.

Newtok village leaders began searching for a new townsite more than twenty years ago, ultimately swapping land with the federal government for a place about 15 kilometers away on Nelson Island.

However, the move has been slow, leaving Newtok a split village. Even after most residents shifted to Mertarvik, the grocery store and school remained in Newtok, leaving some teachers and students separated from their families for the school year.

Recent storms have caused more damage to the village and the remaining residents need to leave rapidly. Erosion has tilted power poles precariously, and a single good storm might knock out power for good. For now, the rush is on to get 18 temporary homes that arrived in Mertarvik on a barge set up before winter sets in.

Like all the Arctic, Alaska is warming two to three times faster than the global average. Some villages of North Slope, Alaska’s major oil field, had their warmest temperatures on record in August, prompting some people living there to don swimsuits and head to Arctic Ocean beaches.

It’s the same story across the Arctic, with permafrost degradation damaging roads, railroad tracks, pipes and buildings for 4 million people living in the region. In the Russian Arctic, Indigenous people are being moved to cities instead of having their eroding villages relocated and across Scandinavia, reindeer herders are finding the land constantly shifting and new bodies of water appearing.

About 85% of Alaska’s land area lies atop permafrost. When it thaws or when warmer coastal water hits it, its melting causes further erosion. This is what happened at Newtok together with the melting of the sea ice.

There are 114 Alaska Native communities that face some degree of infrastructure damage from erosion, flooding or permafrost thawing, according to a report from the Alaska Native Health Tribal Consortium. Six of them were deemed imminently threatened in a governmeny report more than two decades ago.

After five years of separation and split lives, the residents of Newtok and Mertarvik will be one again. The school in Newtok closed and classes started in August for the first time in a temporary location in Mertarvik. A new school building should be ready in 2026. The Newtok grocery recently moved to Mertarvik, and there are plans for a second grocery and a church.

The new village site has huge benefits, including better health. The new homes in Mertarvik are free of black mold that crept into some Newtok homes. There’s talk of someday renaming the relocated town Newtok. Whatever the name, the relocation offers assurance that culture and traditions from the old place will continue. A pod of belugas that comes by every fall should arrive soon, and that hunt will help residents fill their freezers for the winter ahead.

Source : Associated Press via Yahoo News.

La capitale indonésienne bientôt à Bornéo // Indonesian capital soon in Borneo

Avec le réchauffement climatique, la fonte des calottes glaciaires et des glaciers, on sait que le niveau des océans va s’élever dans les années à venir. De nombreuses zones côtières seront menacées par la montée des eaux, ce qui conduira inévitablement à des migrations de population. J’ai déjà attiré l’attention à plusieurs reprises sur la situation en Alaska où des villages côtiers ont subi les assauts des vagues et ont dû être déplacés.
En Indonésie, Jakarta est menacée par la montée des eaux et ne sera bientôt plus la capitale politique de l’Indonésie. Le président Joko Widodo a annoncé le 26 août 2019 qu’elle sera transférée sur un site à l’est de l’île de Bornéo. Bornéo est la 4ème plus grande île du monde (743 330 km2) ; elle est partagée entre 3 pays : la Malaisie, le Sultanat de Brunei et l’Indonésie. Avec 73% de l’île, la partie indonésienne, Kalimantan, en occupe la majeure partie. Le site proposé, entre les villes de Balikpapan et Samarinda, est situé dans une zone de forêt tropicale à forte biodiversité. Le site a été initialement sélectionné en raison du faible risque de catastrophe naturelle, qu’il s’agisse d’inondation, de tremblement de terre, de tsunami ou d’éruption volcanique, bien qu’une grande partie de l’archipel indonésien soit située sur la Ceinture de feu du Pacifique.
Les autorités indonésiennes affirment que la nouvelle métropole sera une « ville forestière durable » qui place l’environnement au cœur du développement et vise à être neutre en carbone d’ici 2045.
Toutefois, les écologistes avertissent que la capitale provoquera une déforestation massive, menacera l’habitat d’espèces menacées telles que les orangs-outans et mettra en péril les habitations des communautés autochtones.
Il y a environ 10 millions d’habitants à Jakarta et trois fois plus dans toute la métropole. C’est la ville du monde qui s’enfonce le plus rapidement et, au train où vont les choses, on estime qu’un tiers de la ville pourrait être submergé d’ici 2050. La principale cause est l’extraction incontrôlée des eaux souterraines. A cela s’ajoute la montée du niveau de la mer de Java due au réchauffement climatique.

Sur l’île de Bornéo, la nouvelle ville de Nusantara – vieux terme javanais signifiant « archipel » – va bientôt sortir de terre, avec des bâtiments gouvernementaux et des logements. Selon les premières estimations, plus de 1,5 million de fonctionnaires seront transférés dans la nouvelle ville qui se trouve à quelque 2 000 kilomètres au nord-est de Jakarta. Elle devrait être inaugurée le 17 août 2024, pour coïncider avec le jour de l’indépendance de l’Indonésie. Cependant, il est probable que les derniers travaux ne seront pas achevés avant 2045, marquant le centième anniversaire de la nation indonésienne.

Les écologistes s’inquiètent de l’impact de la construction d’une ville tentaculaire de 256 000 hectares dans la province du Kalimantan qui abrite des orangs-outans, des léopards et un large éventail d’autres espèces sauvages. Forest Watch Indonesia, une organisation non gouvernementale indonésienne qui surveille les forêts, a expliqué dans un rapport paru en novembre 2022 que la plupart des zones boisées où sera implantée la nouvelle capitale sont des «forêts de production», ce qui signifie que des permis pourraient être accordés pour des activités forestières et extractives qui entraîneraient une déforestation supplémentaire.

Les communautés indigènes locales seront inévitablement impactées par le projet. Au moins cinq villages avec plus de 100 indigènes Balik sont déjà déplacés en raison de la construction de la nouvelle capitale, et d’autres villages devraient être déracinés avec l’extension du chantier. Le gouvernement a déclaré que la nouvelle capitale avait reçu le soutien des chefs des communautés locales et avait indemnisé les personnes dont les terres sont utilisées pour construire la ville. Cependant, un chef autochtone qui vit à Sepaku, un quartier très proche de la zone de construction, a déclaré que les membres de sa communauté ont accepté de prendre l’argent proposé par le gouvernement sans savoir comment cette compensation était calculée et si elle était juste.
Source : médias d’information indonésiens et internationaux.

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With global warming, the melting of the ice sheet and glaciers, we know that the level of the oceans will rise in the coming years. Many coastal areas will be threatened by the rising waters, which will inevitably lead to population migrations. I have already drawn attention several times to the situation in Alaska where coastal villages have been hit by waves and have had to be displaced.

In Indonesia, Jakarta is threatened with rising waters and will soon no longer be the political capital of Indonesia. President Joko Widodo announced on August 26th, 2019 that it will be transferred to a site on the east of the island of Borneo. Borneo is the 4th largest island in the world (743,330 km2); it is shared between 3 countries: Malaysia, the Sultanate of Brunei and Indonesia. With 73% of the island, the Indonesian part, called Kalimantan, occupies most of it. The proposed site, between the towns of Balikpapan and Samarinda, is located in a rainforest area with high biodiversity. The site was initially selected because of low risk of natural disaster, whether flood, earthquake, tsunami or volcanic eruption, although a large part of the Indonesian archipelago is located on the Pacific Ring of Fire.

Indonesian officials say the new metropolis will be a “sustainable forest city » that puts the environment at the heart of the development and aims to be carbon-neutral by 2045.

But environmentalists warn that the capital will cause massive deforestation, threaten the habitat of endangered species such as orangutans and imperil the homes of Indigenous communities.

Jakarta is home to about 10 million people and three times that number in the greater metropolitan area. It has been described as the world’s most rapidly sinking city, and at the current rate, it is estimated that one-third of the city could be submerged by 2050. The main cause is uncontrolled ground water extraction, but it has been exacerbated by the rising Java Sea due to climate change.

On Borneo, the new city of Nusantara — an old Javanese term meaning “archipelago” — will entail constructing government buildings and housing from scratch. Initial estimates were that over 1.5 million civil servants would be relocated to the city, some 2,000 kilometers northeast of Jakarta. The city is expected to be inaugurated on Auguqt 17th, 2024, to coincide with Indonesia’s Independence Day. However, it is likely that the final stages of the city won’t be completed until 2045, marking the nation’s hundredth anniversary.

Environmentalists worry about the impact of building a sprawling 256,000-hectare city down in Borneo’s East Kalimantan province, which is home to orangutans, leopards and a wide array of other wildlife. Forest Watch Indonesia, an Indonesian nongovernmental organization that monitors forestry issues, warned in a November 2022 report that most of the forested areas in the new capital are “production forests” meaning permits could be granted for forestry and extractive activities that would lead to further deforestation.

Local indigenous communities will inevitably be impacted by the project. At least five villages with more than 100 Indigenous Balik people are being relocated because of the construction, with more villages expected to be uprooted as the building site expands.

The government said the new capital has received support from local community leaders, and has provided compensation to people whose land is being used for the city. However, an Indigenous leader who lives in Sepaku, a ward very close to the construction area, said community members felt compelled to take the money they were offered by the government without knowing how compensation is calculated or if it was fair.

Source : Indonesian and international news media.

 

Vue du chantier dans une vidéo sur le site d’Associated Press.

Kilauea (Hawaii) : Délocalisation du Jaggar Museum et du HVO // Relocation of the Jaggar Museum and HVO

Dans une note diffusée le 7 septembre, j’écrivais que le Jaggar Museum ne pourrait pas rouvrir ses portes le 21 septembre comme le Parc National des Volcans d’Hawaii, à cause des dégâts subis lors de la dernière éruption du Kilauea. Le bâtiment a été endommagé par des dizaines de milliers de séismes et les autorités du parc ont annoncé qu’elles prévoyaient de transférer le Jaggar Museum vers un bureau de tourisme situé dans le centre de Paoha.  Il faudra probablement des années et des fonds supplémentaires pour rouvrir le musée sur un nouveau site.
D’autre part, le bâtiment du Hawaiian Volcano Observatory (HVO) sur la lèvre du cratère de l’Halema’uma’u est actuellement vide de ses occupants. Les secousses sismiques ont – comme pour le Jaggar museum – trop endommagé le bâtiment et la sécurité des scientifiques qui y travaillent serait menacée. Dans un premier temps, le personnel (une trentaine de personnes) a été transféré dans les bâtiments de l’Université d’Hawaii à Hilo. Le problème, c’est que l’année universitaire a repris et les locaux (en particulier les laboratoires) ne sont plus disponibles. En conséquence, le personnel du HVO va devoir passer les six prochains mois dans les locaux des douanes (Customs and Border Protection) à proximité du port de Hilo. Il n’est pas du tout certain que l’Observatoire au sommet du Kilauea soit réutilisé car les réparations sont coûteuses et l’argent manque. Les scientifiques continuent à surveiller le volcan, mais depuis Hilo. Ils ont certes les instruments mais pas la vue sur le volcan!

Source : Presse hawaiienne.

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In a post released on September 7th, 2018, I wrote that the Jaggar Museum would not reopen with the rest of the Hawaiian Volcanoes National park because of the damage it sustained during Kilauea’s last eruption, especially the tens of thousands earthquake that shook the volcano’s summit area. Park authorities have announced that they plan to relocate the Jaggar Museum to a proposed visitor center in downtown Pahoa. It will probably take years, plus additional funding, to reopen at a new site.

On the other hand, the Hawaiian Volcano Observatory (HVO) building on the rim of Halema’uma’u Crater is currently empty of its occupants. Earthquakes have – like the Jaggar Museum – damaged the building and the safety of the scientists was threatened. At first, the staff (about thirty people) was transferred to the buildings of the University of Hawaii in Hilo. The problem is that the academic year has resumed and the premises (especially laboratories) are no longer available. As a result, HVO staff will have to spend the next six months in the premises of the Customs and Border Protection near the port of Hilo. It is not at all certain that the Observatory at the summit of Kilauea will be operational again because repairs are expensive and money is missing. Scientists continue to monitor the volcano, but from Hilo. They have the instruments but not the view of the volcano!
Source: Hawaiian Press.

(Photo: C. Grandpey)