Kilauea (Hawaï) : Épisode 38 ! Encore du grand spectacle ! // Again a great show !

Comme prévu par l’Observatoire volcanologique d’Hawaï (HVO), l’Épisode 38 de l’éruption du Kilauea a débuté le 6 décembre 2025 à 8h45 (heure locale), avec une hausse rapide du tremor et une chute de l’inflation sommitale.

Des fontaines de lave d’environ 15 à 30 mètres de hauteur ont été observées au début de l’Épisode au niveau de la bouche éruptive nord.

La hauteur des fontaines a rapidement augmenté et elles jaillissent désormais des deux bouches du cône nord.

C’est toujours aussi spectaculaire quand le volcan révèle toute sa puissance…

Les fontaines et coulées de lave provenant de la bouche sud ont débuté à 8h49. Les trois bouches éruptives produisent actuellement des fontaines. Celles de la bouche sud atteignent près de 370 mètres de hauteur, tandis que celles de la bouche nord sont bien en deçà de leur hauteur du début qui était d’environ 150 mètres. Les projections de lave et de pierre ponce provenant de la bouche sud ont détruit l’un des sites de caméras en streaming juste avant 10h00. Avant que la bouche sud ne devienne la plus puissante, on observait trois fontaines de lave d’une hauteur sensiblement égale (environ 150 mètres) : deux provenaient de la bouche nord et une de son homologue sud. Ce triple phénomène est extrêmement rare et c’est la première fois qu’il est observé au cours de cette éruption.

 Il est l’heure d’aller dormir en France. À demain pour la suite du spectacle…

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L’Épisode 38 a pris fin sur le coup des 21 heures (heure locale) le 6 décembre 2025, après quelque 12 heures de fontaines de lave particulièrement puissantes. Le HVO vient de donner quelques informations supplémentaires. La bouche éruptive sud a cessé de fonctionner vers 20h52, marquant la fin de l’épisode. Comme indiqué précédemment, les fontaines de lave ont atteint des hauteurs de 300 à 370 mètres, donc plus haut que la Tour Eiffel à Paris. Elles sont redescendues à environ 120 mètres juste avant la fin de l’éruption (voir image ci-dessous). On estime à 12 millions de mètres cubes le volume de lave produit durant cet épisode. Le débit éruptif moyen a été supérieur à 190 mètres cubes par seconde. Le pic de débit, soit 1 000 mètres cubes par seconde, a été atteint juste avant 10h00, lors du paroxysme de la bouche sud. Elle a produit une très puissante fontaine inclinée (voir capture d’écran ci-dessus) qui a arrosé la paroi sud du cratère de l’Halemaʻumaʻu, détruisant dans le même temps le site de la caméra « V3 » du HVO. La lave de cet épisode a recouvert 50 à 60 % du fond du cratère de l’Halemaʻumaʻu. Des téphras, avec des cheveux de Pélé et de fines cendres, sont tombés sur la ville de Pahala et d’autres localités au sud-ouest de l’éruption. L’inclinomètre sommital a enregistré une déflation d’environ 33,1 microradians durant cet épisode. La fin de l’éruption a coïncidé avec un passage rapide de la déflation à l’inflation au sommet. Cela laisse présager un nouvel épisode éruptif dans les prochains jours.

Images webcam de l’éruption

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Voici une vidéo assez exceptionnelle qui montre en direct la destruction de la caméra « V3 » du HVO, victime des retombées de matériaux au moment du paroxysme de la bouche éruptive sud qui envoyait de puissantes fontaines de lave en oblique. Ça décoiffe !

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As predicted by the HVO, Episode 38 of the Kilauea eruption began on December 6, 2025, at 8:45 a.m. (local time) with steeping increasing tremor and decreasing tilt. Sustained lava fountains approximately 15-30 meters were first observed erupting from the north vent. Fountain heights increased rapidly and are now coming from both the left and right vents within the north cone.

Fountains and flows from the south vent began at 8:49. All three vents are currently producing fountains. South vent fountains are close to 370 meters high while the north vent fountains have dropped well below their maximum height of 150 m.  Hot lava and pumice from the south vent fountained destroyed one od the streaming camera site just before 10:00 a.m.

Prior to the south vent becoming dominant, there were 3 roughly equal sized high (about 150 meters) fountains with 2 from the north vents and 1 from the south vent.  This triple fountain is an extremely rare event, and this is the first time during this eruption it has been observed.

It’s high time to go to bed in France. See you tomorrow for the next part of the show…

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Episode 38 ended at 9 PM (local time) on December 6, 2025 after approximately 12 hours of powerful lava fountains. The HVO has just given some more details.The south vent stopped erupting at approximately 8:52 p.m., marking the end of the episode. As I put it before, the lava fountains reached heights of up to 300-370 m, thus higher than the Eiffel Tower in Paris. They were down to about120 meters high just before the end of the eruption (see image below). An estimated 12 million cubic meters of lava was produced during the episode. The global average eruption rate was over 190 cubic meters per second. The highest peak or instantaneous effusion rate of 1,000 cubic meters per second occurred just before 10 a.m. when the south vent exploded. The enlarged south vent produced an inclined fountain that sprayed the south wall of Halemaʻumaʻu crater where the HVO « V3 » streaming camera site was destroyed. Lava from this episode covered 50-60% of the floor of Halemaʻumaʻu crater. Tephra including Pele’s hair and fine ash fell in the town of Pahala and other communities southwest of the eruption. The summit tiltmeter recorded about 33.1 microradians of deflationary tilt during this episode. The end of the eruption was coincident with a rapid change from deflation to inflation at the summit. This means another eruptive episode is likely in a few days.

Source : HVO.

 

Une douceur anormale sur la France

La France est en passe de connaître des températures hors norme pour un mois de décembre au cours des prochains jours. C’est ce que vient d’écrire Météo France. Il est prévu entre 15 et 16°C à Limoges et jusqu’à 20°C du côté de Biarritz. Le constat est sans appel, 13 mois de décembre sur 15 ont été plus doux que la normale depuis le mois de décembre 2010 qui avait été marqué par un temps très froid, correspondant au dernier Noël blanc sur de nombreuses régions.

Météo France constate qu’avec le réchauffement climatique, les épisodes de grande douceur sont de plus en plus fréquents en décembre. L’année dernière on relevait 24°C le 1er décembre en Haute-Garonne. En décembre 2023, on observait à la mi-décembre 24°C à Cannes et 25°C en Corse. Le mois de décembre 2015 a été le plus doux jamais observé depuis 1900 avec un excédent de +3,5°C en moyenne sur la France. A Paris, la barre des 10°C a été dépassée 27 jours sur 31 avec 4 jours où la barre des 15°C a été atteinte.

L’agence météorologique a également remarqué que le nombre de jours de gelées diminue tandis que les vagues de froid sont de plus en plus rares. Il faut remonter à 2010 pour avoir de sévères gelées avec -13°C à Clermont-Ferrand, -16°C à Nancy et -18°C à Strasbourg. Depuis cet épisode de grand froid, on observe que de brefs coups de froid.

Ce mois de décembre 2025 est bien parti pour être très doux. C’est d’ailleurs ce que l’on pouvait lire dans les prévisions saisonnières de Météo France. Avec des températures supérieures de 5 à 6°C aux normales de saison à partir de dimanche et pour le début de semaine prochaine, cette période de grande douceur va peser lourd dans la balance… Ce mois de décembre pourrait finir avec un excédent d’au moins +1,5°C à l’échelle nationale. Il ne faudrait pas oublier que le niveau de référence des normales saisonnières a été relevé en juin 2022. Sur la période 1991-2020, la nouvelle normale de température moyenne annuelle en France est de près de 12,97°C, en hausse d’un peu plus de 0,4°C par rapport à 1981-2010 (12,55°C).

Dans le même temps, plusieurs régions des États Unis connaissent des épisodes hivernaux sévères dus à des ruptures du vortex polaire qui envoient des langues d’air froid sur le Nouveau Continent. Les températures ont fortement chuté (parfois jusqu’à -25°C) et la neige est tombée en abondance sur le Midwest et le nord-est du pays.

Sale temps pour les Alpes et la zone d’accumulation des glaciers (Photo: C. Grandpey)

L’Islande anticipe l’effondrement de l’AMOC // Iceland anticipates the collapse of the AMOC

J’ai écrit plusieurs notes sur ce blog expliquant quelles seraient les conséquences pour l’Europe de l’arrêt de la circulation méridienne de retournement de l’océan Atlantique (AMOC) dans un contexte de réchauffement climatique. Notre continent connaîtrait des hivers bien plus rigoureux qu’aujourd’hui. L’Islande, en particulier, se retrouverait alors encerclée par les glaces et frappée par de violentes tempêtes. Le gouvernement islandais vient de confirmer qu’un tel événement serait une « menace » pour sa sécurité nationale.

Avec le contexte volcanique et sismique dans lequel baigne leur vie quotidienne, les Islandais ne se montrent jamais inutilement alarmistes. Habitués à consulter les sites d’information gouvernementaux, prêts à agir en cas de SMS d’alerte reçu sur leur téléphone et confiants dans le travail du Met Office islandais, les habitants restent fidèles à leur devise non-officielle : « tout ira bien ! »

C’est dans ce contexte qu’au mois de septembre, le Conseil national de sécurité islandais a classé l’arrêt potentiel de l’AMOC comme une « menace pour la sécurité nationale ». Selon le ministre islandais de l’Environnement, de l’Énergie et du Climat, cette décision »témoigne de la gravité du problème et garantit qu’il reçoive l’attention qu’il mérite. »

Comme je l’ai déjà expliqué, l’AMOC est un système de courants marins qui achemine les eaux chaudes de l’hémisphère Sud et des tropiques vers l’hémisphère Nord, où celles-ci se refroidissent, plongent et retournent vers le sud, d’où son nom. Or, la hausse des températures mondiales perturbe le fragile équilibre entre chaleur et salinité sur lequel il repose, même si certains de ses sous-systèmes, comme le Gulf Stream, tiennent leur puissance de celle du vent.

De plus en plus d’études semblent indiquer un ralentissement de l’AMOC, bien que la probabilité et le calendrier d’un éventuel arrêt du tapis roulant restent incertains. Une chose est certaine : un basculement de ce système soumettrait l’Europe à des hivers bien plus rigoureux. L’Islande, en particulier, se retrouverait alors « au cœur d’un refroidissement régional majeur », à la fois encerclée par les glaces et frappée par de violentes tempêtes. En conséquence, un arrêt de l’AMOC ne peut plus être considéré comme un risque faible compte tenu des avancées scientifiques de ces dernières années.

Le ministre de l’Environnement, de l’Énergie et du Climat ajoute que la perte du système qui régule aujourd’hui le climat islandais conduirait en effet à dévaster les infrastructures, les transports et des secteurs économiques vitaux comme la pêche. »Le climat actuel pourrait changer si radicalement qu’il nous deviendrait impossible de nous adapter. » Concrètement, la désignation comme « menace pour la sécurité nationale » se traduira par une réponse gouvernementale « coordonnée de haut niveau » afin de déterminer comment prévenir et atténuer les pires conséquences.

D’autres pays auraient intérêt à suivre l’exemple de l’Islande en matière d’anticipation. En effet, les répercussions d’un effondrement de l’AMOC se feraient sentir dans le monde entier. Outre d’importants bouleversements climatiques et météorologiques, une élévation supplémentaire du niveau de la mer serait également à craindre, ainsi que la perturbation des moussons asiatique et africaine.

Source : Geo et presse islandaise.

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I have written several posts on this blog explaining the consequences for Europe of a collapse of the Atlantic Meridional Overturning Circulation (AMOC) in a context of global warming. Our continent would experience much harsher winters than we do today. Iceland, in particular, would find itself surrounded by ice and battered by violent storms. The Icelandic government has just confirmed that such an event would be a « threat » to its national security.
Given the volcanic and seismic context in which their daily lives unfold, Icelanders are never unnecessarily alarmist. Accustomed to consulting government news websites, ready to act upon receiving alert text messages on their phones, and confident in the work of the Icelandic Met Office, the inhabitants remain true to their unofficial motto: « Everything will be alright! »
It is in this context that, in September, the Icelandic National Security Council classified the potential collapse of the AMOC as a « threat to national security. » According to the Icelandic Minister for the Environment, Energy and Climate, this decision « demonstrates the seriousness of the problem and ensures that it receives the attention it deserves. »
As I have already explained, the AMOC is a system of ocean currents that carries warm waters from the Southern Hemisphere and the tropics to the Northern Hemisphere, where they cool, sink, and return south, hence its name. However, rising global temperatures are disrupting the delicate balance between heat and salinity on which it relies, even though some of its subsystems, such as the Gulf Stream, derive their power from the wind.
More and more studies seem to indicate a slowdown of the AMOC, although the probability and timing of a potential collapse remain uncertain. One thing is certain: a shift in this system would subject Europe to much harsher winters. Iceland, in particular, would then find itself « at the heart of a major regional cooling event, » both surrounded by ice and battered by violent storms. Consequently, a shutdown of the AMOC can no longer be considered a low risk given the scientific advances of recent years.
The Minister for the Environment, Energy and Climate adds that the loss of the system that currently regulates Iceland’s climate would indeed lead to devastating infrastructure, transportation, and vital economic sectors such as fishing. « The current climate could change so radically that it would become impossible for us to adapt. » In practical terms, the designation as a « national security threat » will result in a « high-level, coordinated government response » to determine how to prevent and mitigate the worst consequences.
Other countries should Iceland’s example in terms of preparedness. Indeed, the repercussions of an AMOC collapse would be felt worldwide. In addition to significant climate and weather disruptions, further sea-level rise is also a concern, as is the disruption of the Asian and African monsoons.
Source: Geo and Icelandic press.