L’eau chaude de la Martinique

La plupart des gens qui visitent des volcans aimeraient pouvoir assister à une éruption. Pour cela, il faut se trouver au bon endroit au bon moment et beaucoup de volcans ne sont pas disposés à entrer en éruption pour faire plaisir aux touristes. En revanche, on peut observer des manifestations hydrothermales avec geysers et sources chaudes sur de nombreux sites de notre planète. Il y a quelques années, j’ai rédigé un mémoire pour le compte de L’Association Volcanologique Européenne dans lequel je vantais les qualités thérapeutiques des bains de boue sur l’île éolienne de Vulcano. L’un des endroits les plus remarquables pour admirer des geysers et des sources chaudes aux belles couleurs est incontestablement le Parc National de Yellowstone aux Etats Unis.

A la Martinique, où je me trouvais il y a quelques semaines, les manifestations hydrothermales ne sont pas très nombreuses. Selon les documents que j’ai pu consulter, les sources thermales de la Montagne Pelée sont localisées sur son flanc ouest, autrement dit le versant caraïbe. Les principales sont celles des Rivière Chaude, Mitan et Picodo, et du bord de mer à proximité de la carrière de Fond Canonville. Le sentier qui conduit aux sources thermales à l’amont de la Rivière Chaude est un véritable parcours du combattant au sein d’une végétation exubérante et difficilement franchissable. Personnellement, je n’ai jamais osé entreprendre une telle expédition! J’ai lu que le chemin repose sur les dépôts des nuées ardentes historiques de la vallée de la Rivière Blanche. Ces formations comblent une dépression probablement formée par un effondrement d’un flanc de la Montagne Pelée, il y a  9 000 ans.

Les rapports scientifiques précisent que les eaux des sources thermales du massif de la Montagne Pelée se caractérisent par des minéralisations relativement faibles (inférieures à 2 grammes par litre) et un chimisme assez homogène. Ces fluides sont essentiellement constitués, à leur origine, d’eaux superficielles d’origine météorique qui s’infiltrent ensuite dans le sous-sol. Certaines  de ces eaux peuvent être portées, en profondeur, à des températures relativement élevées. Les fluides qui jaillissent à  l’amont de la Rivière Chaude à moins d’un kilomètre du sommet de la Montagne Pelée ont une température variant de 28 à 65°C.

Les sources thermales des rivières Mitan et Picodo indiquent, quant à elles, des températures allant de 25 à 38°C. Dans l’état actuel des connaissances, l’origine des eaux thermales du bord de mer est incertaine. Ces fluides pourraient provenir des sources thermales de la Rivière Chaude et atteindre leurs exutoires en empruntant des cheminements superficiels. Ou bien, ces eaux thermales pourraient être issues directement d’un réservoir profond.

Une source thermale martiniquaise plus accessible se trouve sur le site de « Dio Ferré » aux Anses d’Arlet, petite commune du sud ouest de l’île. Plus précisément, la source se situe non loin de la plage de Petite Anse, au pied du Morne Jacqueline, un volcan éteint. L’eau proviendrait d’un réservoir dont la température serait de l’ordre de 180°C. Le site est classé patrimoine protégé. L’eau de cette source est dite miraculeuse car elle possèderait de nombreuses vertus médicinales. C’est pourquoi les riverains ont décidé de construire un petit bassin autour de la plus grande source qui avait été détruite après le passage du cyclone Dean en août 2007. Le bassin fut rénové en mai 2012 grâce à un partenariat entre la commune des Anses d’Arlet et l’Office National des Eaux et Forêts. Ce bassin, où l’eau a une température d’environ 35°C, ne peut accueillir que deux personnes au maximum. Il faut souvent attendre son tour, surtout quand les occupants, comme ce fut mon cas, se livrent à une longue séance de selfies… On profitera de l’attente  pour admirer la vue imprenable sur la baie de Petite Anse.

Il se dit que l’eau de Dio Ferré possède de nombreuses propriétés grâce au soufre quelle contient. D’ailleurs, une légère odeur de soufre se dégage du sol le long du sentier littoral qui conduit au bassin. C’est également une eau ferrugineuse qui contient de la calcite et de l’hydroxyde de fer.

Cette eau est censée soulager de nombreux maux, comme les rhumatismes et autres douleurs. Ne souffrant pas de ces problèmes, je ne peux formuler un avis. En revanche, j’ai lu le témoignage d’une femme des Anses d’Arlet qui a déclaré: « Devant me faire opérer des yeux j’ai pu éviter cette intervention après avoir écouté les conseils d’une personne de mon entourage qui me suggéra de les tremper dans cette eau  ferrugineuse, ce que je fis. Lors de la visite suivante chez mon médecin, il me dit que l’intervention n’était plus nécessaire puisque j’étais déjà guérie. Cette eau m’a permis de faire un grand pas dans ma vie en m’évitant cette rude opération qui aurait pu s’avérer fatale.»

Même si l’on ne désire pas profiter des vertus médicinales de Dio Ferré, la visite du site est intéressante. Le chemin d’accès n’est pas facile à trouver (demander aux habitants du coin) mais une fois qu’on l’a découvert, le trajet est bien indiqué. Il faut toutefois être prudent, surtout dans la partie qui longe la mer car les vagues déferlent parfois violemment. Soyez très vigilants si vous venez avec des enfants. A éviter les jours de pluie car la descente peut alors devenir glissante.

Photos: C. Grandpey

Stromboli (Sicile): L’éruption du 28 août 2019 // Stromboli (Sicily) : The August 28th 2019 eruption

Comme je l’ai écrit précédemment, une nouvelle et violente éruption a secoué le Stromboli le 28 août 2019. On a observé trois séquences explosives. L’INGV a donné plus de détails sur l’événement.
Comme on a pu le voir sur les photos diffusées sur les réseauc sociaux, les explosions ont généré une colonne de cendrequi est montée jusqu’à 4 km au-dessus du sommet. Les deux premières explosions ont eu lieu dans la zone cratèrique centre-sud, tandis que la troisième, de moindre intensité, s’est produite vingt secondes plus tard dans le secteur nord. Il s’agissait d’une explosion latérale dont les produits émis ont débordé sur la Sciara del Fuoco. Le moment le plus impressionnant a sans aucun doute été le moment où les matériaux issus de l’effondrement de la colonne éruptive sont retombés sur la Sciara del Fuoco en générant un écoulement pyroclastique qui a ensuite avancé à le surface de la mer sur plusieurs centaines de mètres. Cee nuage de matériaux pyroclastiques en train de glisser à la surface de la mer m’a rappelé un phénomène identique observé lors de l’éruption de Soufrière Hills à Montserrat.
Une fois encore, la morphologie de la terrasse cratèrique a été bouleversée. Comme je l’ai expliqué précédemment, le complexe de petits cônes de scories qui était apparu dans le cratère nord au cours des dernières semaines a été complètement détruit et la lèvre du cratère située du côté de la Sciara s’est affaissée, laissant la porte ouverte à la lave qui a formé une coulée qui a atteint la côte dans la soirée.
À 20 h 43 (GMT), une nouvelle séquence explosive a eu lieu dans la zone centre-sud de la terrasse cratèrique, avec des retombées sur Ginostra. Une autre explosion, de moindre intensité, a été enregistrée à 21:29 (GMTC). Comme je l’ai déjà écrit précédemment, les rues et les toits du village étaient couverts de cendre et de sable suite aux explosions.
Aux premières heures du 30 août, un débordement de lave en provenance du cratère centre-sud a généré une coulée qui a atteint la côte pendant une courte période.
Source: INGV & The Watchers.

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As I put it before, a new, violent eruption occurred at Stromboli on August 28th, 2019. It consisted of three explosions. INGV has given more details about the event.

As could be seen on the photos in the social media, the explosions produced an ash column up to 4 km above the summit area. The first two explosions were located in the central-southern crater area and a third, of lesser intensity, occurred twenty seconds later in the northern area.

The latter was a side explosion whose products spilled out over the Sciara del Fuoco. The most impressive moment was undoubtedly when the material deriving from the collapse of the eruptive column fell back down the Sciara del Fuoco, generating a pyroclastic flow that then propagated in the sea for several hundred metres. This flow sliding on the surface of the sea reminded me of another that propagated over the sea in the same way during the Soufriere Hills eruption in Montserrat.

Once again, the morphology of the crater terrace has changed greatly. As I explained before, the complex of small scoria cones, which had grown around the eruptive vents in the northern crater area during the last few weeks, has been completely destroyed, and the crater rim on the side of the Sciara has subsided, allowing the magma to overflow and form a lava flow which reached the coastline in the evening.

At 20:43 ((UTC), a new explosive sequence took place in the central-southern area of ​​the crater terrace, with the fallout of pyroclastic material on the town of Ginostra. A further explosion, of lesser intensity, was recorded at 21:29 (UTC). As I put it before, the streets and roofs in Ginostra were covered with ash and sand from the explosions.

In the early hours of August 30th, a lava overflow from the central-southern crater area generated a flow which reached the coast for a short time.

Source: INGV, The Watchers.

L’éruption du 28 mai 2019 vue par les sismographes (Source: INGV)