Vous avez froid? Allez au Pôle Nord! // Feeling cold? Just go to the North Pole!

Si vous avez trop froid ces jours-ci en Europe continentale, il vous suffit d’aller au pôle Nord! Un phénomène de réchauffement dans cette région envoie un courant d’air froid vers l’Europe. En effet, la vague de froid en Europe est causée par un «brusque réchauffement stratosphérique» au-dessus du Pôle Nord, avec pour conséquence une scission et une déviation du vortex polaire.
À la pointe nord du Groenland, le site météorologique du cap Morris Jesup a connu pendant 61 heures d’affilée – un record! – des températures au-dessus de zéro en 2018. Le phénomène est lié à un remarquable recul de la banquise. Les climatologues indiquent que la chaleur qui est arrivée en Arctique provenait à la fois de l’Atlantique et du Détroit de Béring. Dans toute la région arctique, les températures sont restées à une vingtaine de degrés Celsius au-dessus de la normale, avec une moyenne de -8°C. Plus près de nous, sur l’archipel norvégien du Svalbard, les températures se situaient à peine au-dessus de zéro avec de la pluie le 25 février 2018; c’est environ 13,4°C au-dessus de la moyenne.
Selon le National Snow and Ice Data Center, la glace de mer dans l’Océan Arctique a connu le point le plus bas jamais enregistré à la fin du mois de février, avec 14,1 millions de kilomètres carrés. C’est environ un million de km2 de moins que la normale, l’équivalent de la taille de l’Egypte. Les météorologues affirment que les conditions météorologiques en ce moment dans l’Arctique correspondent à une tendance plus générale provoquée par l’accumulation de gaz à effet de serre. Ce qui était autrefois considéré comme une anomalie devient la nouvelle norme. Le climat de la Terre change sous nos yeux, et il est grand temps que nous empêchions cette situation d’empirer encore davantage.
Le risque de voir l’ Arctique sans glace a été estimé à environ 50% ou plus – avec un réchauffement compris entre 1,5 et 2 degrés Celsius – par un groupe de scientifiques des Nations Unies. Comme je l’ai écrit dans les notes précédentes, les conséquences d’un Arctique sans glace sont faciles à imaginer: exploitation des ressources minérales de la région, ouverture à la navigation des passages maritimes du NE et du NO, etc.
Source: Agence Reuters.

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If you are too cold in continental Europe, you just need to go to the North Pole! A warming phenomenon in this region is sending a blast of Arctic cold over Europe. Indeed, the cold snap in Europe is caused by a « Sudden Stratospheric Warming » above the North Pole that led to a split in the polar vortex.
On the northern tip of Greenland, the Cape Morris Jesup meteorological site has had a record-smashing 61 hours of temperatures above freezing so far in 2018, linked to a rare retreat of sea ice in the Arctic winter darkness. Local climate scientists indicate that the warmth was coming into the Arctic both up from the Atlantic and through the Bering Strait. Around the entire Arctic region, temperatures were about 20 degrees Celsius above normal, at -8°C. Closer to us, on the Norwegian archipelago of Svalbard, temperatures were just above freezing, with rain, and about 13.4C above the long-term average on February 25th 2018.
Arctic Ocean sea ice is at a record low for late February at 14.1 million square kilometres, according to the U.S. National Snow and Ice Data Center. That is about a million less than normal, or roughly the size of Egypt. Meteorologists say that the current weather in the Arctic fits a wider pattern driven by a build-up of human-related greenhouse gases. What was once considered as anomalies is becoming the new normal. The Earth’s climate is changing right in front of our eyes, and it is high time we stopped this from getting significantly worse.
A major consequence is the risk of an ice-free Arctic in summer which has been estimated about 50 percent or higher, with warming of between 1.5 and 2.0 degrees Celsius, by a United Nations panel of scientists. As I put it in previous posts, the consequences of an ice-free arctic are easy to imagine: exploitation of mineral resources in the region, opening odf the NE and NW shipping passages, etc.
Source: Reuters press agency.

Analyse de la différence de température par rapport à la normale (en degrés Celsius) le 25 février 2018 sur l’Arctique. La température était au-dessus de zéro au pôle Nord. (Source: Université du Maine)

Analysis of temperature difference from normal (in Celsius) on February 25th, 2018 over the Arctic. The temperature was above freezing at the North Pole. (Source: University of Maine)

Nouvelles images de la fonte de l’Antarctique // New images of the melting of Antarctica

Une nouvelle étude de la NASA basée sur une technique innovante d’analyse de données satellitaires vient de fournir une image encore plus révélatrice des changements intervenus dans la fonte de l’Antarctique et l’écoulement de la glace dans l’océan. Les résultats confirment l’accélération de la fonte en Antarctique de l’Ouest et révèlent des vitesses d’avancement des glaciers remarquablement stables en Antarctique de l’Est.
La nouvelle technique informatique a permis d’analyser des centaines de milliers d’images fournies par le satellite Landsat et de générer une image de haute précision des changements intervenus dans les mouvements de la calotte glaciaire. La nouvelle étude représente une base de référence pour les futures mesures des variations de la glace en Antarctique et pourra être utilisée pour valider les modèles informatiques nécessaires en matière de prévision du niveau des océans. Cette étude ouvre également la porte à un traitement plus rapide de quantités importantes de données. Désormais, les chercheurs pourront cartographier chaque année l’évolution de la glace sur presque tout le continent. Grâce à ces nouvelles données, ils pourront mieux interpréter les mécanismes qui déterminent l’accélération ou le ralentissement du déplacement de la glace vers l’océan en fonction des conditions environnementales.
Cette approche novatrice confirme en grande partie les résultats obtenus précédemment, mais avec quelques surprises. Parmi les faits les plus significatifs, on observe une accélération, non mesurée jusqu’à présent, de l’écoulement des glaciers de la Barrière de glace de Getz, dans la partie sud-ouest du continent, probablement en raison de l’amincissement de la glace dans la région.
L’étude, publiée dans la revue The Cryosphere, a également confirmé l’accélération ultra rapide des glaciers antarctiques au cours de la période d’étude de sept ans. Les glaciers alimentant la Baie Marguerite, dans l’ouest de la péninsule antarctique, ont reculé de 400 à 800 mètres par an, probablement à cause du réchauffement des océans.
Cependant, la découverte la plus significative a peut-être été la stabilité d’écoulement dans l’Antarctique de l’Est. Au cours de la période d’étude, entre 2008 et 2015, la calotte glaciaire n’a pratiquement pas connu d’évolution dans son écoulement vers l’océan. Alors que des recherches antérieures avaient conclu à une grande stabilité de la calotte glaciaire en se basant sur des mesures de volume et de changement gravitationnel, l’absence de tout changement significatif dans le déplacement de la glace n’avait encore jamais été mesurée directement.
L’étude a également confirmé que l’écoulement des glaciers Thwaites et Pine Island dans l’Océan Antarctique de l’Ouest continue de s’accélérer, même si cette accélération a tendance à ralentir.
D’une manière générale, l’étude a révélé une perte de glace de 1 929 gigatonnes par an pour l’ensemble du continent antarctique en 2015, avec une marge d’erreur de plus ou moins 40 gigatonnes. Cela représente une augmentation de 36 (+ ou – 15 gigatonnes par an depuis 2008. Une gigatonne équivaut à un milliard (109) de tonnes.
L’étude montre que la glace de l’Antarctique de l’Ouest – le secteur de la mer d’Amundsen, la Barrière de glace de Getz et la Baie Marguerite – représente 89% de l’augmentation de la perte de glace.
Source: Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la NASA.

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A new NASA study based on an innovative technique for analysing satellite data provides the clearest picture yet of changes in Antarctic ice flow into the ocean. The findings confirm accelerating ice losses from the West Antarctic Ice Sheet and reveal surprisingly steady rates of flow from East Antarctica.

The computer-vision technique analysed data from hundreds of thousands of Landsat satellite images to produce a high-precision picture of changes in ice-sheet motion. The new work provides a baseline for future measurement of Antarctic ice changes and can be used to validate numerical ice sheet models that are necessary to make projections of sea level. It also opens the door to faster processing of massive amounts of data.  Now researchers can map ice flow over nearly the entire continent, every year. With these new data, they can begin to unravel the mechanisms by which the ice flow is speeding up or slowing down in response to changing environmental conditions.

This innovative approach largely confirms earlier findings, though with a few unexpected twists. Among the most significant: a previously unmeasured acceleration of glacier flow into Antarctica’s Getz Ice Shelf, on the southwestern part of the continent, likely a result of ice-shelf thinning.

The research, published in the journal The Cryosphere, also identified the fastest speed-up of Antarctic glaciers during the seven-year study period. The glaciers feeding Marguerite Bay, on the western Antarctic Peninsula, increased their rate of flow by 400 to 800 metres per year, probably in response to ocean warming.

Perhaps the research team’s biggest discovery, however, was the steady flow of the East Antarctic Ice Sheet. During the study period, from 2008 to 2015, the sheet had essentially no change in its rate of ice discharge, namely ice flow into the ocean. While previous research inferred a high level of stability for the ice sheet based on measurements of volume and gravitational change, the lack of any significant change in ice discharge had never been measured directly.

The study also confirmed that the flow of West Antarctica’s Thwaites and Pine Island glaciers into the ocean continues to accelerate, though the rate of acceleration is slowing.

In all, the study found an overall ice discharge for the Antarctic continent of 1,929 gigatons per year in 2015, with an uncertainty of plus or minus 40 gigatons. That represents an increase of 36 gigatons per year, plus or minus 15, since 2008. A gigaton is one billion tons.

The study found that ice flow from West Antarctica – the Amundsen Sea sector, the Getz Ice Shelf and Marguerite Bay on the western Antarctic Peninsula – accounted for 89 percent of the increase.

Source : NASA’s Jet Propulsion Laboratory (JPL).

Vue de l’écoulement de l’Antarctique dans l’océan, d’après les images fournies par le satellite Landsat (Source : NASA Earth Observatory)

Vue de  l’Antarctique de l’Ouest (Source: USGS)