Essaim sismique à Grimsey (suite) // Seismic swarm at Grimsey (continued)

Dans une note publiée le 16 février 2018, l’Icelandic Met Office (IMO) explique que «des essaims sismiques se produisent fréquemment dans les environs de Grímsey. Un tel essaim a débuté à environ 10-12 km au nord-est de Grímsey le 14 février. À midi, le 16 février, plus de 1000 secousses ont été détectés, avec 10 supérieures à M 3.0. L’intensité de l’essaim a tendance à diminuer, mais elle pourrait reprendre de la vigueur dans les prochaines heures. L’événement le plus significatif, avec une magnitude estimée à M 4,1, s’est produit à 19h27 le 15 février. Certaines secousses ont été ressenties à Grímsey. C’est l’essaim le plus intense dans la région depuis 2013, époque où événement de magnitude M 5,5 avait été suivi d’une série de répliques significatives.
La libération d’énergie associée à cet essaim est, pour le moment, inférieure à celle de 2013, bien que cet essaim soit plus constant. Les mesures GPS à Grímsey ne montrent aucune déformation associée à l’essaim, ce qui laisse supposer que l’essaim est de nature tectonique bien que l’activité géothermale dans la zone puisse agir comme déclencheur. Il n’y a aucun signe d’activité magmatique. »
Comme le laissait entendre l’IMO, l’essaim sismique continue en ce moment. Un séisme de magnitude M 3.7 a été enregistré à 06h33 (TU) ce matin à une profondeur de 12 km. Il avait été précédé par deux événements de M 3.0 et M 3.3 à 6h25 et 6h27, avec des profondeurs respectives de 11,9 et 0,3 km.
Source: IMO.

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In a note released on February 16th, 2018, the Icelandic Met Office (IMO) explains that « earthquake swarms are happening frequently in the vicinity of Grímsey. An earthquake swarm about 10-12 km North-East of Grímsey started on February 14th. As of noon on February 16th, over 1000 earthquakes have been detected, with 10 over magnitude 3. As of this time, the intensity of the swarm is diminishing, however the activity could reinvigorate. The largest, with an estimated magnitude of 4.1, occurred at 19:27 on February 15th. Some of the earthquakes have been felt in Grímsey. This is the most intense swarm in the area since 2013, when a magnitude M 5.5 event triggered a significant aftershock sequence.

The energy release associated with this swarm, until noon on February 16th, is significantly less than the 2013 sequence, although this swarm is more steady. Continuous GPS measurements in Grímsey  show no detectable deformation associated with the swarm, suggesting that the swarm is tectonic in nature although geothermal activity in the area may act as a trigger. There is no sign of magmatic activity. »

As suggested by IMO, the seismic swarm is going on right now. An M 3.7 quake was registered at 6:33 (UTC) this morning at a depth of 12 km. It had been preceded by two events of M 3.0 and M 3.3 at 6:25 and 6:27, with depths of 11,9 and 0.3 km, respectively.

Source: IMO.

Sismicité à Grimsey. Les étoiles montrent les séismes d’une magnitude supérieure à M 3,0. (Source: IMO)

Quelques réflexions sur les éruptions de l’Agung et du Mayon (Troisième partie) // Some thoughts about the eruptions of Mt Agung and Mt Mayon (Part 3)

CONCLUSIONS

Les éruptions de l’Agung et du Mayon présentent plusieurs points communs. Comme je l’ai indiqué précédemment, toutes deux se situent sur la Ceinture de Feu du Pacifique, bien connue pour ses volcans explosifs capables d’éruptions dévastatrices.

Agung et Mayon n’ont pas – et c’est tant mieux – provoqué de dégâts majeurs, tant sur le plan matériel qu’humain. A Bali, les différentes séquences éruptives n’ont généré que des panaches de cendre qui ont, il faut le noter, entraîné la fermeture d’aéroports et pénalisé le tourisme dans la région.  Aux Philippines, l’activité du Mayon, plus intense que celle de l’Agung, consiste essentiellement en fontaines et coulées de lave et quelques écoulements pyroclastiques de quelques kilomètres, sans réel danger pour les populations.

Dans les deux cas, on a appliqué – à juste titre selon moi – le principe de précaution et on a rapidement mis à l’abri les populations susceptibles d’être menacées. Il serait faux de dire que ces personnes ont été évacuées pour rien. En cas d’éruption majeure, les pertes auraient été lourdes. Un problème reste toutefois à résoudre : comment dissuader les paysans de revenir surveiller leurs fermes dans la zone d’exclusion. Les déplacements de populations créent, bien sûr, des problèmes (sanitaires, de promiscuité, etc.) dans les centres d’hébergement qui sont souvent des écoles où les classes sont fermées. Malgré tout, tout se passe relativement bien car ces populations sont habituées à affronter des catastrophes naturelles.

S’agissant de la mise en place des périmètres de sécurité, elle se fait progressivement, en fonction des variations du niveau d’alerte. Ne serait-il pas préférable de se référer en premier aux cartes à risques des volcans, comme celles que le PHILVOCS vient de les mettre à jour pour le Mayon, et d’évacuer d’emblée les zones potentiellement menacées ? Il est vrai qu’une telle mesure suppose une évacuation de masse, mais n’en vaut-elle pas la peine ? Il suffit d’imaginer ce qui se passerait si le deuxième scénario évoqué par le PHILVOCS (explosion majeure du volcan) se produisait. Ce scénario est d’ailleurs valable pour l’Agung si l’on se réfère à l’éruption de 1963.

Là où le bât blesse, c’est un niveau de la prévision. Il est clair que nous ne savons pas faire. Aujourd’hui, une éruption de la Montagne Pelée ne tuerait pas 29 000 personnes comme en 1902 car la volcanologie a évolué et nous appliquerions le sacro-saint principe de précaution. La population de Saint Pierre et des environs serait évacuée. Il n’empêche qu’il reste un très long chemin à parcourir pour prévoir le comportement d’un volcan explosif, comme ceux qui jalonnent la Ceinture de Feu du Pacifique.

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En cliquant sur ce lien, vous verrez des images du Mayon prises par les satellites Sentinel-2:
http://www.esa.int/spaceinimages/Images/2018/02/Mayon_lava

On peut voir le volcan en couleurs naturelles puis en fausses couleurs qui, en mettant en évidence la végétation en rouge, montrent les dégâts causés par la lave. Ensuite, deux bandes infrarouges à ondes courtes révèlent la coulée de lave à haute température émise par cône.
Source: ESA.

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CONCLUSIONS

The eruptions of Agung and Mayon have several points in common. As I put it before, both are on the Pacific Ring of Fire, well known for its explosive volcanoes capable of devastating eruptions.
Agung and Mayon have not – and that’s a good thing – caused major damage, both material and human. In Bali, the various eruptive sequences only generated ash plumes that caused the closure of airports and penalized tourism in the region. In the Philippines, the activity of Mt Mayon, more intense than that of Mt Agung, consists mainly of fountains and lava flows and some pyroclastic flows a few kilometers long, without any real danger for the populations.
In both cases, the precautionary principle was applied – and I think it was correct – and people who could be threatened were quickly sheltered. It would be wrong to say that these people were evacuated for nothing. In case of a major eruption, the losses would have been heavy. One problem remains to be solved: how to discourage farmers from returning to control their farms in the exclusion zone. The displacement of populations creates problems (health, promiscuity, etc.) in shelters that are often schools where classes are closed. Nevertheless, everything is going well because these people are used to dealing with natural disasters.
Regarding the implementation of safety perimeters, it is done gradually, depending on changes in the alert levelt. Would not it be better to refer first to the volcanic risk maps, such as those PHILVOCS has just updated for Mt Mayon, and evacuate from the outset potentially threatened areas? It is true that such a measure induces a mass evacuation, but is it not worth it? Just imagine what would happen if the second scenario imagined by PHILVOCS (major explosion of the volcano) occurred. This scenario is also valid for Mt Agung if one refers to the 1963 eruption.
The real problem lies with the prediction. It is clear that we do not know how to predict an eruption. Today, an eruption of Mount Pelee in Martinique would not kill 29,000 people as it did in 1902 because volcanology has made progress and we would apply the sacrosanct precautionary principle. The population of Saint Pierre and the surrounding area would be evacuated. Nevertheless, there is still a long way to go to predict the behaviour of an explosive volcano, such as those that dot the Pacific Ring of Fire.

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By clicking on this link, you will see images of Mayon Volcano taken by the Sentinel-2 satellites:

http://www.esa.int/spaceinimages/Images/2018/02/Mayon_lava

We can see the volcano in natural colour and then in false colour which, by highlighting vegetation in red, shows the damage caused by lava. Then two shortwave infrared bands reveal the hot lava spilling from the cone.

Source: ESA.