Islande : le Jökulsárlón victime du tourisme de masse ? // Iceland : will Jökulsárlón be a victim of mass tourism ?

Le Jökulsárlón est l’un de mes endroits préférés en Islande et l’un des plus populaires auprès des touristes. En 2023, près d’un million de personnes ont visité le site, et les chiffres indiquent qu’il y en aura encore plus en 2024. L’été dernier, le Parc national a commencé à faire payer le stationnement, mais les installations ne sont pas suffisantes et ne présentent pas les normes requises.

Pour faire face à la popularité croissante du Jökulsárlón, les autorités islandaises souhaiteraient mettre en place une grande infrastructure où il y aurait une exposition et un accueil pour les visiteurs. Il y aurait bien sûr davantage de toilettes, mais aussi des restaurants et des boutiques de souvenirs. Il faudrait aussi que la nouvelle structure prévoit un parking et des installations pour les personnes qui y travaillent. Un tel projet serait extrêmement coûteux et est évalué à plusieurs milliards de couronnes islandaises.

Un certain nombre d’entreprises ont manifesté leur intérêt pour un tel projet. Il faudra voir si l’État ou des organismes privés peuvent prendre en charge le développement ou le gérer en coopération. Les ministères compétents ont désormais confié l’affaire au Parc national ; le conseil régional et l’administration examineront la question cet automne.
Au niveau local, des pressions sont faites pour signer un contrat avec une société immobilière sous l’égide de l’association touristique régionale. Un certain nombre de personnes et d’entreprises de la région ont promis d’investir des capitaux dans le projet et souhaitent que les profits réalisés par les activités sur le site restent dans la région. Selon la loi, le Parc national doit donner la priorité aux intérêts locaux.
Source  : médias d’information locaux.

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Bien sûr, des mesures sont nécessaires sur le site du Jökulsárlón pour accueillir les foules de touristes dans de bonnes conditions. Davantage de toilettes et de parkings sont nécessaires, mais est-il vraiment nécessaire d’implanter des structures qui gâcheront inévitablement la beauté du site ? On peut craindre qu’une fois les premières structures construites, d’autres suivront, avec leur cortège d’hôtels et de restaurants. Je pense personnellement qu’il serait dommage de détruire l’aspect sauvage du Jökulsárlón.

Je suis surpris de constater que personne ne parle de la fonte des glaciers. J’ai écrit plusieurs articles expliquant que le Vatnajökull fond très rapidement sous les coups de boutoir du réchauffement climatique. Il suit une tendance générale en Islande où la surface totale des glaciers a diminué en moyenne d’environ 40 km2 par an ces dernières années. Le Jökulsarlon n’aura probablement plus le même aspect dans 4 ou 5 ans. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer l’Esjufjallarönd, une moraine qui longe le glacier Breiðamerkurjökull et le sépare d’une autre langue glaciaire, le Norðlingalægðarjökull qui vient finir sa course dans les eaux du Jökulsarlon en donnant naissance à une foule de petits icebergs. En le parcourant, on se rend vite compte d’une année sur l’autre que le Breiðamerkurjökull est en train de reculer rapidement sous l’effet du réchauffement climatique. Les statistiques révèlent que le glacier perd actuellement 600 mètres par an. Au fur et à mesure que le Norðlingalægðarjökull déverse ses icebergs dans le lagon, le niveau de la glace diminue et le glacier voisin a tendance à se déplacer vers la dépression ainsi créée. Il en résulte que la moraine de Esjufjallarönd se déplace régulièrement vers l’est et cet amas de débris va probablement atteindre le Jökulsarlon d’ici 3 à 5 ans. Un jour ou l’autre, le front du glacier reposera sur le substrat rocheux et il ne fera plus vêler les célèbres icebergs dans le lagon. Ce ne sera pas une bonne nouvelle pour les infrastructures construites sur le site…

Photos: C. Grandpey

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Jökulsárlón is one of my favorite places in Iceland and one of the most popular among tourists. In 2023, almost a million people visited the site, and figures indicate that there will be even more in 2024. Last summer, the National Park started charging for parking, but the facilities are not considered up to the standard required.

To face Jökulsárlón’s growing popularity, Icelandic authorities would like to set up a large structure where there would be both an exhibition and a reception for visitors. There would of course be enough toilets, facilities for restaurants and souvenir shops. The new structure would also need parking and facilities for people who work in the area. The project would be extremely large and costly and surely run into several billions of Icelandic crowns.

After a number of companies expressed interest, it was examined whether the state or private parties should take care of the development or in cooperation. The relevant ministries have now put the matter in the hands of the National Park, and the regional council and administration will deal with the issue this autumn.
Locally, there is pressure to sign a contract with a real estate company under the umbrella of the regional tourist association. A number of people and companies in the area have pledged capital to the company, and want profits from activities at the site to remain in the local area. According to the law, the National Park has to keep the interests of the local community in mind.
Source : Local news media.

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Sure, something needs to be done at Jökulsárlón to welcome the crowds of people who come to visit the site. More toilets and parking facilities are necessary, but is it really necessary to implant structures that will spoil the beauty of the site ? One may fear that once the first structures are built, more will follow, with more hotels and restaurants. I personally think it would be a pity to destroy the wild aspect of Jökulsárlón.

I’m surprised to see that nobody mentions glacier melting. I have written several posts explaining that Vatnajökull is melting very fast because of global warming. Jökulsarlon will probably not look the same in 4 or 5 years. To realize this, you just need to observe Esjufjallarönd, a moraine which runs along the Breiðamerkurjökull glacier and separates it from another glacial tongue, Norðlingalægðarjökull, which ends up in the waters of Jökulsarlon, giving birth to a crowd of small icebergs. One quickly realizes from one year to the next that Breiðamerkurjökull is rapidly retreating under the effect of global warming. Statistics reveal that the glacier is currently losing 600 meters per year. As Norðlingalægðarjökull dumps its icebergs into the lagoon, the ice level decreases and the neighboring glacier tends to move towards the depression thus created. As a result, the Esjufjallarönd moraine is moving regularly eastwards and this pile of debris will probably reach Jökulsarlon within 3 to 5 years. One day or another, the front of the glacier will rest on the bedrock and it will no longer calve the famous icebergs in the lagoon. This will not be good news for the infrastructure built on the site…

La fonte des glaciers islandais (suite) // The melting of Icelandic glaciers (continued)

En raison du réchauffement climatique, les quelque 220 000 glaciers recensés dans le monde fondent à un rythme toujours plus rapide, que ce soit dans l’Himalaya, dans les Alpes ou en Alaska. Une étude publiée dans la revue Nature en avril 2021 nous rappelle que la fonte des glaciers contribuera à plus d’un cinquième de l’élévation du niveau de la mer au cours de ce siècle.
L’Islande est l’une des régions où le recul glaciaire est le plus spectaculaire. Cependant, l’histoire des glaciers islandais n’est pas faite que de périodes de recul.

Lorsque les premiers colons sont arrivés en Islande, les glaciers étaient beaucoup plus petits qu’aujourd’hui. On peut retracer leur croissance au cours du Petit Age glaciaire (vers 1450-1900) et leur ancienne morphologie en observant les moraines, à partir de données provenant de sédiments lacustres, mais aussi de descriptions dans les écrits du passé.
Les glaciers ont ensuite progressé, notamment aux 17ème et 18ème siècles.
Ils ont reculé légèrement au cours des premières décennies du 19ème siècle, avant de reculer légèrement puis d’avancer de nouveau. Ils ont atteint leur taille maximale vers 1890.
Après 1890, la plupart des glaciers ont commencé à battre en retraite. Ils ont reculé rapidement dans les années 1930 et 1940 et ont continué, mais plus lentement, jusqu’aux années 1960 qui ont marqué le début d’un ralentissement provisoire.
Dans les années 1970 et 1980, certains glaciers ont avancé ou sont restés stationnaires. Les glaciers émissaires* entre Skaftafell et Höfn ont reculé de 1 à 8 km, selon leur situation géographique, depuis la fin du 19ème siècle jusqu’en 2017. Au total, ils ont perdu une superficie de 340 km2, et 140 km³ ou 20 % de leur volume. La perte de glace correspond à une élévation de 0,3 mm du niveau mondial de la mer. [ On appelle ‘glacier émissaire’ – outlet glacier en anglais – une langue d’ablation issue d’un inlandsis ou d’une calotte glaciaire.]

 

Skaftafell en juillet 2021

Dans une note 24 juillet 2021, j’expliquais que Solheimajökull, l’un des glaciers émissaires du Myrdalsjökull, reculait à un rythme incroyable. Il a perdu plusieurs centaines de mètres au cours des deux dernières décennies.

Myrdalsjökull en juillet 2021


Une étude publiée en mai 2021 a révélé que les glaciers islandais dans leur ensemble ont perdu environ 750 kilomètres carrés, soit sept pour cent de leur surface, depuis le début du millénaire en raison du réchauffement climatique. Ces mêmes glaciers, qui couvrent plus de 10 % de la masse continentale du pays, ont diminué en 2019 et couvrent actuellement moins de 10 400 kilomètres carrés. Depuis 1890, la superficie couverte par les glaciers islandais a diminué de près de 2 200 kilomètres carrés, soit 18 %. Il est important de noter que près d’un tiers de ce déclin s’est produit depuis 2000.

En effet, depuis 2000, les glaciers émissaires d’Islande ont reculé particulièrement vite, et leur perte de masse par unité de surface est parmi les plus élevées au monde. Ils ont perdu 15 à 50 % de leur volume de glace au cours de cette période. Selon les glaciologues, les glaciers continueront de fondre et de reculer et pourraient perdre la moitié de leur volume d’ici 2100. Après 200 ans, seules de petites calottes glaciaires subsisteront sur les plus hautes montagnes.
En 2014, les glaciologues ont dépouillé l’Okjokull de son statut de glacier après avoir constaté qu’il était constitué de glace inerte et qu’il n’avançait plus comme le font normalement les glaciers. Une plaque commémorative en lettres d’or écrite en islandais et en anglais a été inaugurée le 18 août. 2019 sur le site du glacier.


Les glaciologues ont découvert que la vitesse de fonte des glaciers islandais s’est fortement accélérée au cours de la période 2000-2019. Entre 2000 et 2004, les glaciers ont perdu 227 milliards de tonnes de glace par an. Mais entre 2015-2019, ils ont perdu en moyenne 298 milliards de tonnes chaque année.

De la même façon, le célèbre Jökulsarlon n’aura probablement plus le même aspect dans une dizaine d’années. Pour s’en rendre compte, il suffit d’observer l’Esjufjallarönd, une moraine qui longe le glacier Breiðamerkurjökull et le sépare d’une autre langue glaciaire, le Norðlingalægðarjökull qui vient finir sa course dans les eaux du Jökulsarlon en donnant naissance à une foule de petits icebergs. En le parcourant, on se rend vite compte d’une année sur l’autre que le Breiðamerkurjökull est en train de reculer rapidement sous l’effet du réchauffement climatique. Au fur et à mesure que le Norðlingalægðarjökull déverse ses icebergs dans le lagon, le niveau de la glace diminue et le glacier voisin a tendance à se déplacer vers la dépression ainsi créée. Il en résulte que la moraine de Esjufjallarönd se déplace régulièrement vers l’est et cet amas de débris va probablement atteindre le Jökulsarlon d’ici 3 à 5 ans.

Les statistiques révèlent que le glacier Breiðamerkurjökull perd actuellement 600 mètres par an. Dans l’une des grottes qui se trouvent à l’intérieur, la glace a reculé tellement que la chute d’eau qui était autrefois à l’intérieur de la grotte est maintenant en dehors. Dans une autre grotte à proximité, un gros rocher qui était à 100 mètres à l’intérieur de la cavité se trouve maintenant à l’extérieur, à 500 mètres devant le glacier.

Lors de ma dernière visite au Vatnajökull en juillet 2021, j’ai pu me rendre compte que le glacier fondait très vite. Son front est beaucoup plus mince qu’en 2001 lorsque je l’ai observé pour la dernière fois et il vêle maintenant moins d’icebergs.

Source : Vatnajökull / Melting glaciers.

Vous verrez ci-dessous quelques photos prises en juillet 2021. Mes enfants et petits-enfants vous diront ce qui se passera dans les 50 prochaines années

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Because of global warming, all of the world’s 220,000 glaciers are melting at an ever increasing pace, whether in the Himalayas, in the Alps or in Alaska. A study published in the journal Nature in April 2021 reminds us that glacial melting will contribute to more than a fifth of global sea level rise this century.

Iceland is one of the regions where glacial retreat is the most dramatic. However, the history of Icelandic glaciers does not only consist in periods of retreat.

When the first settlers came to Iceland, the glaciers were much smaller than today. Their advance during the Little Ice Age (1450–1900 or so) and former size can be traced from their glacial moraines, or from data from lake sediments, and descriptions in written historical accounts.

The glaciers later advanced, especially during the 17th and 18th centuries.

In the first decades of the 19th century, they retreated slightly and then re-advanced. Around 1890 nearly all of them had reached their maximum size in historical times.

After 1890, most glaciers began to retreat. They receded fast in the 1930s and 1940s, and continued retreating, albeit more slowly, until the 1960s, after which the rate of retreat slowed further.

In the 1970s and 1980s some of the glaciers re-advanced or remained stationary. The outlet glaciers from Skaftafell to Höfn have retreated 1–8 km, depending on location, since the end of the 19th century until 2017. Altogether, they have lost an area of 340 km2, and 140 km³ or 20% of their volume. The ice loss corresponds to a 0.3 mm rise in global sea level.

In a post released on July 24th, 2021, I explained that Solheimajökull, one of the branches of Myrdalsjökull was melting at an incredible pace. It has retreated by several hundred metres in the past two decades.

A study published in May 2021 revealed that Iceland’s glaciers have together lost around 750 square kilometres, or seven percent of their surface, since the turn of the millennium due to global warming. Icelandic glaciers, which cover more than 10 percent of the country’s land mass, shrank in 2019 to 10,400 square kilometres. Since 1890, the land covered by glaciers has decreased by almost 2,200 square kilometres, or 18 percent. What is important to notice is that almost a third of this decline has occurred since 2000.

Indeed, since 2000, Iceland’s outlet glaciers have retreated exceptionally fast, and their mass loss per unit area is among the highest recorded in the world. Individual outlet glaciers have lost 15–50% of their ice volume during this period. According to glaciologists, the glaciers will continue to melt and retreat and could lose half of their volume by 2100. After 200 years, only small ice caps will remain on the highest mountains.

In 2014, glaciologists stripped the Okjokull glacier of its status as a glacier after determining that it was made up of dead ice and was no longer moving as glaciers do.A commemorative plaque in gold letters written in Icelandic and English was inaugurated on August 18th, 2019 on the site of the glacier.

Glaciologists have found that the rate of glacier melt accelerated sharply durong the period 2000-2019. Between 2000 and 2004, glaciers lost 227 billion tonnes of ice per year. But between 2015-2019, they lost an average of 298 billion tonnes each year.

In the same way, the very popularJökulsarlon will probably not look the same in 10 years. To realize this, one just needs to observe the Esjufjallarönd, a moraine that runs along the Breiðamerkurjökull glacier and separates it from the Norðlingalægðarjökull, another glacial branch which ends up in the waters of the Jökulsarlon by giving birth to a crowd of small icebergs. It is easy to see that year after year that the Breiðamerkurjökull is rapidly receding under the effect of global warming. As the Norðlingalægðarjökull dumps its icebergs into the lagoon, the ice level decreases and the nearby glacier tends to move towards the depression that has been created. As a result, the Esjufjallarönd Moraine is moving steadily eastward and this debris pile is likely to reach Jökulsarlon within 3 to 5 years.

Statistics show that the Breiðamerkurjökull glacier is currently losing 600 metres per year. In one of the caves inside the glacier, the ice has receded so much that the waterfall that was once inside the cave is now outside. In another cave nearby, a large boulder that was 100 metress inside the cavity is now outside, 500 metres in front of the glacier.

During my last visit to Iceland’s Vatnajökull in July 2021, I could realise that the glacier was melting very fast. Its front is much thinner than in 2001 when I observed it for the last time and it is now calving fewer icebergs.

You’ll see below some photos taken in July 2021. My children and grandchildren will tell you what happens in the next 50 years

Source: Vatnajökull / Melting glaciers.


Carte montrant le recul du glacier Breiðamerkurjökull et l’agrandissement du lac glaciaire du Jökulsárlón. (Source: Glaciological Group of the Institute of Earth Sciences of University of Iceland)

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Photos : C. Grandpey

Le recul glaciaire en Islande // Glacial retreat in Iceland

Le site Internet « Iceland Review » a publié le dernier numéro de la newsletter Melting Glaciers qui dresse un bilan de la situation glaciaire en Islande. Ce bulletin est le fruit d’une collaboration entre l’Icelandic Met Office, l’Institut des Sciences de la Terre de l’Université d’Islande, la Iceland Glaciological Society, le Southeast Iceland Nature Center et le parc national du Vatnajökull. Il est publié avec le soutien du Ministère Islandais de l’Environnement et des Ressources Naturelles.

Dans l’introduction de la newsletter, on peut lire que « les glaciers islandais reculent rapidement depuis un quart de siècle. Ce phénomène est l’une des conséquences les plus visibles du réchauffement climatique dans le pays. »

Voici quelques extraits de la newsletter:

Evolution des glaciers :
Depuis l’an 2000, la superficie des glaciers islandais a diminué d’environ. 800 km2 et elle a perdu près de 2200 km2 depuis la fin du 19ème siècle, époque les glaciers ont atteint leur extension maximale depuis la colonisation du pays au 9ème siècle. La surface des glaciers a en moyenne diminué d’environ. 40 km2 par an ces dernières années et les glaciers ont reculé de plusieurs dizaines de mètres en 2019. Le Hagafellsjökull, qui appartient à la calotte glaciaire du Langjökull, ainsi que le Síðujökull et le Tungnárjökull qui font partie de la calotte glaciaire du Vatnajökull, détiennent le record de recul pour 2019 avec 150 mètres de retrait au cours de cette seule année. Le glacier Breiðamerkurjökull, issu de la calotte glaciaire du Vatnajökull recule encore plus rapidement au moment de son vêlage dans le Jökulsárlón. Le recul du front de vêlage a atteint entre 150 et 400 mètres en 2019.

Lagon glaciaire du Jökulsárlón :
Le lagon glaciaire du Jökulsárlón montre à quel point le vêlage dans l’océan ou dans un lac peut être important pour le bilan massique des glaciers. Le Jökulsárlón a commencé à se former au milieu des années 1930. Les lagons situés devant le front des glaciers Breiðamerkurjökull, Jökulsárlón et Breiðárlón, ainsi que quelques lagons plus petits, présentent actuellement une superficie totale de plus de 30 km2. En moyenne, la surface de ces lagons glaciaires a augmenté de 0,5 à 1 km2 par an au cours des dernières années. Le glacier Breiðamerkurjökull recule et s’amincit en raison d’un bilan massique de surface négatif dû au réchauffement climatique, mais également en raison du vêlage dans le lagon du Jökulsárlón. Le vêlage représente actuellement environ un tiers de la perte de masse du Breiðamerkurjökull.

Rebond isostatique :
La fonte rapide des glaciers entraîne un soulèvement de la croûte terrestre en bordure de la glace en raison de la faible viscosité du manteau sous l’Islande. A Höfn, dans le Hornafjörður au sud-est de l’Islande, le sol se soulève actuellement d’environ 10 à 15 mm par an et la vitesse de soulèvement a considérablement varié au cours des deux dernières décennies en raison des fluctuations de perte de masse du glacier. La vitesse de soulèvement la plus importante a été observée sur la bordure ouest du Vatnajökull où elle atteint environ 40 mm par an.

Le Hoffellsjökull :
Le glacier Hoffellsjökull a reculé et s’est considérablement aminci depuis la fin du 19ème siècle, période où le glacier a atteint son extension maximale. La zone située à l’avant du Hoffellsjökull permet d’observer les effets géomorphologiques du retrait des glaciers. Le recul du glacier a conduit à la formation, devant sa partie frontale, d’un lac qui s’est agrandi rapidement depuis le début du 21ème siècle. La superficie du Hoffellsjökull a diminué d’environ. 40 km2 depuis la fin du 19ème siècle et de plus de 0,5 km2 par an au cours des dernières années.

Bilan massique des glaciers :
Le bilan massique des plus grands glaciers islandais est négatif depuis 1995, à l’exception de l’année 2015 où il est devenu positif pour la première fois en 20 ans. Le bilan massique en 2016 a de nouveau été négatif, avec une ampleur semblable à celle des années précédentes. Le bilan massique du Langjökull et de l’Hofsjökull a de nouveau été nouveau négatif en 2017, alors que le Vatnajökull a été pratiquement en équilibre. Ces trois calottes glaciaires ont été presque à l’équilibre en 2018. L’été 2019 a été chaud et le bilan massique des trois glaciers a été négatif. Ils ont perdu environ. 250 km3 de glace depuis 1995, ce qui correspond à environ 7% de leur volume total.

Bilan massique des glaciers islandais négatif en 2019 :
Les glaciers islandais ont reculé rapidement après le milieu des années 1990 en raison du réchauffement climatique. La perte de masse a été équivalente à environ 1 m d’eau par an en moyenne sur la période 1997-2010. Après 2010, certains étés ont été frais et humides, ce qui s’est reflété dans la perte de masse des glaciers. Pendant la période 2011-2018, elle se situait entre le tiers et la moitié de la moyenne des décennies précédentes. L’été 2019 a été chaud et ensoleillé. Par conséquent, l’ablation glaciaire a considérablement augmenté et la perte de masse a été équivalente à environ 1,5 m d’eau par an, ce qui est l’une des valeurs les plus élevées jamais enregistrées.

L’intégralité de la newsletter Melting Glaciers se trouve (en islandais et en anglais) à cette adresse:
https://www.vedur.is/media/loftslag/frettabref-joklar-newsletter-glaciers-iceland-2019-1-.pdf

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The “Iceland Review” website has released that latest issue of the newsletter Melting Glaciers which describes the situation of glaciers in Iceland. The newsletter is a collaborative effort between the Icelandic Met Office, the Institute of Earth Sciences at the University of Iceland, the Iceland Glaciological Society, the Southeast Iceland Nature Centre, and Vatnajökull National Park. It is published with support from the Icelandic Ministry for the Environment and Natural Resources.

In the introduction of the newsletter, one can read that “glaciers in Iceland have retreated rapidly for a quarter of a century, and glacier downwasting is one of the most obvious consequences of a warming climate in the country.”

Here are some excerpts from the newsletter :

Glacier changes.:

Since 2000, the area of Iceland’s glaciers has decreased by about. 800 km2 and by almost 2200 km2 since the end of the 19th century when the glaciers reached their maximum extent since the country’s settlement in the 9th century. The glacier area has on average shrunk by about. 40 km2 annually in recent years. Glaciers typically retreated by tens of metres in Hagafellsjökull in Langjökull ice cap and Síðujökull and Tungnárjökull in Vatnajökull ice cap hold the 2019 record, retreating by 150 m in this single year. The Breiða-merkurjökull outlet glacier of the Vatnajökull ice cap retreats even faster, where it calves into Jökulsárlón lagoon. The retreat of the calving front measured 150–400 m in 2019.

The Jökulsárlón glacier lagoon :

The Jökulsárlón glacier lagoon demonstrates how important calving into the ocean or terminal lakes can be for the mass balance of glaciers. Jökulsárlón lagoon started to form in the mid-1930s because of the retreat of the glacier. The lagoons by the terminus of Breiðamerkurjökull, Jökulsárlón and Breiðárlón, as well as some smaller lagoons, now have a combined area of over 30 km2. On average, the lagoons have grown by 0.5–1 km2 annually in recent years. The Breiðamerkurjökull glacier retreats and thins due to negative surface mass balance in a warming climate but also due to calving into Jökulsárlón lagoon. Calving currently causes about 1/3 of the mass loss of Breiðamerkurjökull.

Crustal movements :

Rapid melting of glaciers leads to crustal uplift near the ice margins because of the low viscosity of the mantle under Iceland. The land at Höfn in Hornafjörður in SE-Iceland currently rises by about 10–15 mm per year and the rate of uplift has varied substantially over the last two decades due to variations in the rate of mass loss of the glacier. The rate of uplift is even larger near the western margin of Vatnajökull where it has been measured at about 40 mm per year.

The Hoffellsjökull outlet glacier :

The Hoffellsjökull outlet glacier has retreated and thinned greatly since the end of the 19th century, when the glacier reached its maximum extent in recent times. The foreland of Hoffellsjökull provides unique opportunities to observe the geomorphological effects of glacier retreat. The retreat of the glacier has led to the formation of a terminus lake that has grown rapidly since the turn of the 21st century. The area of Hoffellsjökull has descreased by about 40 km2 since the end of the19th century and by more than 0.5 km2 annually in recent years.

Glacier mass balance :

The mass balance of the largest Icelandic glaciers has been negative since 1995, with the exception of the year 2015 when it became positive for the first time in 20 years. The mass balance in 2016 was again negative by a magnitude similar to that in previous years. The mass balance of Langjökull and Hofsjökull was again negative in 2017, whereas Vatnajökull was almost in balance. All three ice caps were near balance in 2018. The summer of 2019 was quite warm and the mass balance of all three ice caps was negative. The glaciers have lost about. 250 km3 of ice since 1995, which corresponds to about 7% of their total volume.

Mass balance of the Icelandic glaciers negative in 2019 :

Glaciers in Iceland retreated rapidly after the mid-1990s as a consequence of warming climate. The mass loss was about 1m water per year on average in the period 1997–2010. After 2010, some summers have been cool and wet and this is reflected in the glacier mass loss, which in the period 2011–2018 was on average only one-third to one-half of the average of the preceding one or two decades. The summer of 2019 was warm and sunny. Consequently, the glacier ablation increased substantially and the mass loss was measured as about 1.5 m water per year which is among the highest values on record.

The entire newsletter Melting Glaciers can be found (in Icelandic and in English) at this address :

https://www.vedur.is/media/loftslag/frettabref-joklar-newsletter-glaciers-iceland-2019-1-.pdf

Source : Wikipedia

Variations du  Breiðamerkurjökull au niveau du vêlage dans le lagon du Jökulsárlón

(Source : Glacier Melting)

Vêlage du Vatnajökull (Photo : C. Grandpey)

Islande, terre des touristes imbéciles // Iceland, the land of stupid tourists

Avec l’afflux massif de touristes étrangers, l’Islande est en train de devenir le pays des imbéciles. Avec un comportement semblable à celui d’autres personnes qui se sont déjà mises en danger et sont parfois décédées, un touriste s’est sérieusement mis en difficulté la semaine dernière sur Diamond Beach, près du Jökulsárlón, après s’être retrouvé coincé sur un iceberg au milieu de fortes vagues. Le touriste était monté sur l’iceberg pour que ses compagnons de voyage puissent le prendre en photo. Il a finalement réussi se sortir de cette situation périlleuse mais c’était un jeu dangereux car les vagues étaient vraiment fortes. Si l’homme était tombé à l’eau, personne n’aurait pu l’aider, car un sauveteur se serait trouvé dans la même situation. De plus, si le touriste était tombé dans l’eau très froide, il aurait pu être heurtéé par un iceberg car les blocs de glace sont sans cesse en mouvement.
Ce genre de comportement irresponsable est devenu quasiment quotidien sur Diamond Beach et sur le Jökulsárlón. Les agences de voyages envoient des touristes à travers l’Islande pour toutes sortes d’excursions, même parfois dans des conditions que les gens ne maîtrisent pas et ces touristes ne se rendent souvent pas compte qu’ils se mettent en danger. Un guide local raconte qu’il a vu un enfant se faire surprendre par les vagues sur Diamond Beach. Les vagues peuvent y être très dangereuses, même si elles le sont moins que celles de Reynisfjara où plusieurs personnes se sont noyées et sont décédées après avoir été emportées par les forts courants.
Source: Iceland Monitor.

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With the afflux of foreign tourists, Iceland is becoming the land of stupidity. With a behaviour similar to that of previous visitors who put themselves at risk and sometimes died, a tourist got into deep trouble last week at  the Diamond Beach near Jökulsárlón glacial lagoon when he became stranded on an iceberg amidst strong waves.  The tourist got onto the iceberg so that his companions could take photos of him. He finally managed to scramble out of the iceberg. It was a dangerous game because there were really strong waves. Had the man fallen in the water, nobody could have helped him as a rescuer would have got into the same trouble. Moreover, if the tourist had fallen into the freezing cold sea, he could have been hit by an iceberg as they are constantly on the move.

This kind of reckless behaviour has become almost a daily occurrence on the Diamond beach and at Jökulsárlón. Travel agencies send tourists out to the countryside to all kinds of trips, even self drive trips into conditions they are unfamiliar with and people often do not realize they are putting themselves at risk. A local guide spotted a child on the beach which got wet when waves hit it. The waves at the beach can be really dangerous although they are not quite as dangerous as those of Reynisfjara beach where several people drowned and died after being swept away by the strong currents.

Source: Iceland Monitor.

Voici l’une des photos qui accompagnent l’article de l’Iceland Monitor sur son site web.