Éruption du Marapi  (Sumatra / Indonésie) : le bilan s’alourdit // Eruption of Marapi (Sumatra / Indonesia): the death toll rises

Selon l’agence Associated Press, les sauveteurs ont trouvé d’autres corps de randonneurs sur le pentes du Marapi où ils ont été surpris par une éruption soudaine du volcan. A l’heure actuelle, le bilan s’élève donc à 23 morts.
Une cinquantaine de randonneurs avaient été secourus après l’éruption du 3 décembre 2023, et 11 autres avaient été déclarés morts. Les derniers corps ont été retrouvés non loin du site de l’éruption. Cinq d’entre eux étaient sans vie, et 18 autres sont présumés morts car ils étaient très proches de l’éruption et des coulées pyroclastiques. Les secouristes vont les conduire à l’hôpital pour être identifiés. Les secours font face aux intempéries et aux contraintes du terrain, avec la chaleur laissée par les éruptions.
Comme je l’ai déjà dit, le Marapi est en niveau d’alerte 3, sur 4, depuis 2011, interdisant aux visiteurs et aux villageois de s’approcher à moins de 3 kilomètres du sommet. Les randonneurs n’étaient autorisés à s’approcher qu’en dessous de la zone de danger et devaient s’inscrire à deux postes de commandement ou en ligne. Cependant, les autorités locales sont forcées de reconnaître que de nombreuses personnes ont pu grimper plus haut que ce qui était autorisé et que des villageois auraient également pu se trouver dans la zone interdite, ce qui rend impossible de confirmer le nombre de personnes victimes de l’éruption.
Le volcan a vomi d’épaisses colonnes de cendres pouvant atteindre 3 000 mètres de hauteur et des coulées pyroclastiques se sont propagées sur plusieurs kilomètres. Les villages voisins ont été recouverts d’une épaisse couche de cendre, et les autorités ont conseillé aux gens de porter si possible des masques et des lunettes pour se protéger des cendres.
Environ 1 400 personnes vivent sur les pentes de Marapi. Les villages les plus proches se trouvent à environ 5 à 6 kilomètres du sommet. Le Marapi est connu pour avoir des éruptions soudaines difficiles à détecter car leur source est peu profonde et proche du sommet.
Source : Associated press.

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According to the Associated Press agency, rescuers searching the slopes of Mount Marapi found more bodies of climbers caught by a surprise eruption of the volcano, raising the number of confirmed and presumed dead to 23.

Around fifty hikers were rescued after the eruption of December 3rd, 2023, and 11 others were declared dead. The last bodies were found not far from the site of the eruption. Five of them were lifeless, and 18 others are presumed dead because they were very close to the eruption and the pyroclastic flows. The rescuers will take them to the hospital to be identified. Emergency services have to face bad weather and the constraints of the terrain, with the heat left by the eruptions.

As I put it before, Mt Marapi has been at alert level 3, out of 4 levels, since 2011, prohibiting climbers and villagers within 3 kilometers of the summit. Climbers were only allowed below the danger zone, and they had to register at two command posts or online. However, local officials acknowledged many people may have climbed higher than permitted and residents also could have been in the area, making the number of people stranded by the eruption impossible to confirm.

When the eruption occurred, the volcano spewed thick columns of ash as high as 3,000 meters, and pyroclastic flows spread for several kilometers. Nearby villages and towns were blanketed by tons of volcanic debris, and authorities advised people to wear masks and eyeglasses if possible to protect themselves from the ash.

About 1,400 people live on Marapi’s slopes. The nearest villages are about 5 to 6 kilometers from the peak. Marapi is known for having sudden eruptions that are difficult to detect because the source is shallow and near the summit.

Source : Associated Press.

Vue du panache éruptif le 4 décembre 2023 (Source: Jakarta Post)

Ile de la Réunion : le Préfet et l’accès aux éruptions

Le 6 octobre 2023, le préfet de la Réunion, invité du journal télévisé de Réunion La 1ère, a dressé un bilan un an après sa prise de fonction. Il a en particulier abordé la question de l’accès au Piton de la Fournaise en période d’éruption. Voici l’intégralité de sa déclaration :

« Je suis sensible aux remarques des Réunionnais qui disent qu’autrefois on pouvait aller près de l’éruption. C’est un gros travail que le sous-préfet de Saint-Benoît, Michaël Mathaux, est en train de faire en écoutant tous les interlocuteurs et en regardant ce qui se passe ailleurs comme en Islande et à Hawaï. Il peut y avoir une évolution sur la réglementation mais ça ne sera pas la grande révolution. Je pense à l’accès aux tunnels de lave en partie basse qui est aujourd’hui interdit, ou encore à la possibilité d’être accompagné dans certaines parties de l’Enclos lorsque l’éruption est ailleurs. Mais je ne ferai rien qui mette la vie d’une personne en jeu ».

Source : Réunion La 1ère.

La déclaration du Préfet appelle plusieurs remarques. Le problème de l’accès au volcan se pose essentiellement en période d’éruption. Le reste du temps, des sentiers bien balisés permettent de déambuler dans l’Enclos et même d’atteindre la lèvre du célèbre cratère Dolomieu. Par contre, dès que le volcan se manifeste, le portail de l’Enclos est systématiquement fermé. Jusqu’à présent, toutes les solutions d’accompagnement de potentiels visiteurs auprès des coulées de lave ont été refusées par la Préfecture.

Le Préfet actuel fait allusion à l’Islande et à Hawaii qui permettent aux touristes de s’approcher au maximum – lorsque la sécurité le permet – de l’événement éruptif. Il faut reconnaître que la morphologie du Piton de la Fournaise est très différente de celle de la Meradalir ou de la Geldingadalir islandaises qui, comme leur nom l’indique, sont des vallées faciles d’accès, sans difficultés techniques majeures.

A Hawaii, les touristes peuvent admirer l’éruption depuis des belvédères prévus autour du cratère sommital, mais l’autorisation d’approche des coulées de lave est très rare. Par exemple, personne n’a pu les approcher pendant la grande éruption de 2018. L’approche est possible, mais pas trop près, lorsque la lave pénètre dans l’océan mais, là aussi, les autorités assurent au maximum la sécurité des visiteurs. Il faut ajouter que le littoral hawaiien est moins tourmenté et plus facile à parcourir que certains sites éruptifs de la Réunion

A la Réunion, il faut que l’éruption soit visible depuis la lèvre de l’Enclos pour que les gens puissent profiter du spectacle. La seule solution permettant une approche du site éruptif serait l’accompagnement de petits groupes par des guides de montagne accrédités et possédant une formation adéquate, un peu comme cela se faisait avec les guides de l’Etna dans les années 1990-2000, ou même sur le Stromboli, avant que le sacro-saint principe de précaution passe par là et ferme les portes un peu partout.

Il faut comprendre la position du Préfet. S’il donne le feu vert aux visites accompagnées et que tout se passe sans accroc, il n’y aura pas de problème. Par contre si un accident se produit avec la blessure grave, voire la mort, d’un touriste, tout le monde se tournera vers le Préfet et on l’accusera d’avoir autorisé l’accès à l’éruption. C’est bien connu, en France dès que quelque chose ne va pas, on fait la chasse aux responsables !

Le cratère Dolomieu (Photo: C. Grandpey)

De belles coulées, mais interdites d’accès (Photo: C. Holveck)

Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) : l’Enclos sera-t-il ouvert un jour pendant les éruptions ?

Le 21avril dernier, le Piton de la Fournaise a fait semblant d’entrer en éruption. Selon l’OVPF, c’était une affaire d’heures ou même de minutes, mais il ne s’est rien passé..A peine lancée l’alerte d’une possible éruption, l’Enclos a tout de suite été verrouillé, comme lors de chaque éruption. Une telle interdiction d’accès aux coulées de lave irrite plus d’un Réunionnais qui a l’impression qu’on lui vole son volcan.

La situation va PEUT-ETRE enfin changer. Des experts du volcan vont se réunir à Sainte-Rose ce samedi 10 juin 2023 pour tenter de rendre les éruptions du Piton de la Fournaise accessibles au public. Le symposium est intitulé « Piton de la Fournaise : gestion des flux humains en période éruptive ».

Des experts de tous les domaines sont attendus pour échanger sur le domaine du droit, de la sociologie, de la géographie, mais aussi de la géologie. Un expert islandais sera présent. Il est vrai que l’Islande est un exemple en matière d’organisation touristique d’une éruption. Nous sommes très loin de la décision systématique de la préfecture réunionnaise de fermer l’Enclos ! Lors de la dernière éruption du Fagradalsfjall en Islande en août 2022, près de 80 000 personnes se sont approchées de la lave en fusion, sans aucun incident !! Selon l’expert islandais, « le secret est d’avoir un bon sentier bien balisé avec peu d’entrées à surveiller. Chez nous, chacun peut aller sur le volcan en éruption. […] On comptabilise le nombre de personnes sur le site et on les prévient qu’il faut être un bon marcheur. Les jeunes enfants et les personnes qui ne sont pas en bonne forme physique ne sont pas autorisés à y aller. »

C’est donc, aussi, une affaire de mentalité et de discipline, un mot qu’ont adopté depuis longtemps les populations nordiques. Reste à savoir si c’est applicable en France..et son côté latin désobéissant !

Source : Réunion la 1ère.

Photo: C. Grandpey

Stromboli (Sicile) : une restriction de plus // One more restriction

Suite à la récente activité du Stromboli avec coulées pyroclastiques jusque sur la surface de la mer, l’interdiction de navigation dans la zone devant la Sciara del Fuoco, entre Punta delle Chiappe et Punta Labronzo, a été étendue d’un à deux milles marins (1 mille marin = 1852 m). L’ordonnance a été émise par l’Autorité Portuaire de Milazzo suite à une note reçue du Département National de Protection Civile demandant cette extension de la zone. L »interdiction est émis pour des raisons de sécurité, liées au risque de nouveaux paroxysmes et de possibles glissements de terrain.

Source : Giornale di Sicilia.

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Following Stromboli’s recent activity, with pyroclastic flows travelling down onto the surface of the sea, the navigation ban in the area in front of the Sciara del Fuoco, between Punta delle Chiappe and Punta Labronzo, has been extended from one to two nautical miles (1 nautical mile = 1852 m). The ordinance was issued by the Port Authority of Milazzo following a note received from the National Department of Civil Protection requesting this extension of the area. The ban is issued for security reasons, related to the risk of new paroxysms and possible landslides.
Source: Giornale di Sicilia.

Photo: C. Grandpey