14 avril 2010, l’Eyjafjallajökull… !

C’est un anniversaire pour lequel l’Europe ne va pas sabrer le champagne. La presse islandaise nous rappelait ces derniers jours que le 14 avril 2025 marquait les 15 ans de l’éruption de l’Eyjafjallajokull dans le sud du pays. On se souvient que l’éruption a projeté un énorme nuage de cendres dans l’atmosphère, paralysant une grande partie du trafic aérien européen.

Crédit photo: Wikipedia

Les scientifiques nous expliquent aujourd’hui que le magma dans le conduit éruptif s’est solidifié et a formé une sorte de bouchon, qui a interrompu l’activité pendant un certain temps. Puis l’éruption a de nouveau repris. De nouveaux bouchons se formaient constamment, ce qui a donné lieu à une activité pulsée, parfaitement visible dans son déroulement.

L’éruption de 2010 a projeté des cendres volcaniques à plus de 9 kilomètres dans le ciel et plus de 100,000 vols ont été annulés, affectant des millions de passagers à travers le monde. En réalité, l’éruption était relativement mineure d’un point de vue volcanique, mais son impact fut considérable en raison des fines cendres et de leur risque d’interaction avec les réacteurs des aéronefs. Elle fut l’un des premiers événements majeurs de l’ère moderne à mettre en évidence la vulnérabilité des infrastructures islandaises face aux catastrophes naturelles et à susciter une révision en profondeur des protocoles aéronautiques.

En Islande, l’éruption est restée également dans les mémoires pour son impact local. Par exemple, les fermes proches du volcan ont été recouvertes de cendres, mais heureusement, aucune victime n’a été à déplorer.

Source : Iceland Review.

Dans les semaines qui ont suivi l’éruption, il s’est dit que l’événement allait servir de leçon et que des systèmes de détection de cendre volcanique seraient installés à bord des avions. Mais ce ne fut qu’un feu de paille et aujourd’hui aucun tel dispositif n’équipe les aéronefs. Les dernières éruptions de volcans émetteurs de cendres en Indonésie, par exemple, ont cloué les avions au sol. Certes, les Volcanic Ash Advisory Centers (VAAC) se sont dotés d’équipements plus performants pour analyser la trajectoire des panaches de cendres, mais ce n’est pas suffisant pour résoudre le problème.

Des volcans sous-glaciaires islandais comme le Grimsvötn et surtout le Katla sont susceptibles de se réveiller et d’entrer en éruption en émettant de volumineux panaches de cendres. Il est fort à craindre que les conséquences seront les mêmes qu’en 2010…

Le jour où le Katla se réveillera… (Google Maps)

Où sont passés les avions renifleurs de cendre volcanique ? // Where are the volcanic ash detecting planes ?

En raison de l’éruption du Ruang, l’aéroport Sam Ratulangi de Manado, en Sulawesi du Nord, sera fermé au moins jusqu’au dimanche 21 avril 2024 à 12h00 (heure locale). La prolongation de l’arrêt d’activité a été décrétée pour des raisons de sécurité. Les autorités locales expliquent qu’il serait très dangereux que des cendres volcaniques entrent en contact avec les avions. En conséquence, des dizaines de vols en provenance et à destination de Manado et d’autres aéroports voisins ont dû être annulés en raison de la présence des cendres volcaniques provoquées par l’éruption du Ruang. Actuellement, des panaches de cendres s’élèvent encore du volcan jusqu’à une altitude de 4 500 mètres, ce qui peut potentiellement endommager les moteurs des avions. Afin de minimiser les pertes pour les passagers, les compagnies aériennes rembourseront tous les billets jusqu’à ce que l’aéroport de Manado soit de nouveau opérationnel.
On remarquera que la situation du trafic aérien ne s’est pas améliorée depuis l’éruption de l’Eyjafjallajökull en Islande en 2010, événement qui a cloué au sol les avions qui devaient voler dans l’espace européen. À l’époque, certaines compagnies avaient promis d’installer à bord des appareils des équipements permettant de détecter les cendres dans le ciel, mais aucune mesure n’a vraiment été prise. On se souvient que des sacs de cendres de l’Etna ont été déversés au-dessus du Golfe de Gascogne et que des avions ont traversé ces cendres, mais quelques mois plus tard, lorsque le volcan sicilien est véritablement entré en éruption, aucun avion ne s’est aventuré à l’intérieur des nuages de cendres ! En 2014, alors que je voyageais vers l’Alaska depuis Londres à bord d’un Boeing 767 de la British Airways, j’ai aperçu la fumée noire de l’éruption dans l’Holuhraun au-dessus du nord de l’Islande. J’ai demandé à un steward d’informer le pilote de l’événement. Le pilote est venu me voir et m’a dit qu’il n’avait jamais entendu parler de cette éruption et que, de toute façon, il n’y avait pas de système de détection de cendres à bord de l’avion… Je pense que ce n’est pas demain que les compagnies aériennes accepteront de mettre en danger la vie de milliers de passagers dans un texte contexte éruptif. C’est une sage décision quand on se souvient des catastrophes aériennes évitées de justesse lors des éruptions du Galunggung (Indonésie) en 1982 et du Redoubt (Alaska) en 1989. Ces deux incidents sont indirectement responsables des perturbations causées au trafic aérien au printemps 2010 par l’éruption de l’Eyjafjallajökull en Islande. En effet, ils ont largement été évoqués pour justifier le principe de précaution et l’annulation de nombreux vols.

Panaches de cendres sur l’Etna (Photo: C. Grandpey)

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Because of the Mt Ruang eruption the Sam Ratulangi Airport in Manado, North Sulawesi, will be closed at least until Sunday at 12:00 p.m. local time. The extension was made considering safety concerns. Local authorities explain that it would be very dangerous if volcanic ash were attached to the aircraft. As a consequence, dozens of flights from and to Manado and other nearby airports had to be canceled due to the spread of volcanic ash from the eruption of Mount Ruang. Currently, ash clouds are still observed at an altitude of 4,500 meters, which has the potential to damage aircraft engines during flight. To minimize the losses for the passengers, the airlines have refunded all tickets until Manado Airport resumes operations.

It should be noticed that the situation of air traffic has not improved since the 2010 eruption of Eyjafjallajökull in Iceland that brought planes to a standstill in the European airspace. At the time, there were promises by some air companies that equipment would be installed aboard the aircraft to detect ash in the sky, but nothing has really happened since that time. One can remember that bags of ash from Mt Etna were poured above the Bay of Biscay with planes flying across it, but a few months later, when the Sicilian volcano really erupted, no plane ventured inside the ash clouds ! In 2014, while travelling to Alaska on board a British Airways Boeing 767, I could see the dark smoke from the Holuhraun eruption over northern Iceland. I asked a steward to inform the pilot about the vent. The pilot came to me and told me he had never heard about the eruption and that there was no ash detection system aboard the plane… I think air companies are not ready to endanger the lives of thousands of passengers during an eruptive period.  It is a wise decision when we remember the air disasters narrowly avoided during the eruptions of Galunggung (Indonesia) in 1982 and Redoubt (Alaska) in 1989. These two incidents are indirectly responsible for the disruptions caused to air traffic in spring 2010 by the eruption of Eyjafjallajökull in Iceland. Indeed, they have been widely cited to justify the precautionary principle and the cancellation of numerous flights.

Il y a 10 ans, l’Eyjafjallajökull… // Ten years ago, Eyjafjallajökull…

Aujourd’hui, les avions sont cloués au sol à cause de la pandémie de COVID-19. Il y a dix ans à la même époque, ils ne pouvaient pas voler à cause d’une éruption volcanique. Elle s’est produite sous Eyjafjallajökull, un glacier qui recouvre un volcan – l’Eyjafjöl – dans le sud de l’Islande. Avant cela, le 20 mars; 2010, une activité éruptive avait commencé à proximité, dans le Fimmvörðuháls, entre les glaciers Eyjafjallajökull et Mýrdalsjökull. L’éruption sous l’Eyjafjallajökull s’est poursuivie jusqu’au 22 mai et a connu un succès planétaire.
Pendant des jours, tout le trafic aérien en Europe a été réduit à néant, avec des milliers de passagers en perdition. Après l’événement, des promesses ont été faites concernant le contrôle de la cendre dans le ciel afin d’éviter que se reproduise un tel chaos. Plusieurs expériences ont même été réalisées ; certains systèmes ‘renifleurs de cendre’ ont été testés sur certains avions, mais aujourd’hui la situation ne s’est guère améliorée et elle reste plus ou moins au point mort. Si une nouvelle éruption du même type que celle de 2010 se produit en Islande, le problème sera le même pour les compagnies aériennes. Lorsque le mont Agung est entré récemment en éruption sur l’île de Bali (Indonésie), le trafic aérien a été sévèrement perturbé par les nuages ​​de cendre vomis par le volcan. En particulier, de nombreux vols ont été annulés en provenance et à destination de l’Australie.
En 2014, au moment de l’éruption islandaise dans Holuhraun, je voyageais vers l’ouest des États-Unis à bord d’un Boeing de la British Airways et l’avion est passé à proximité des côtes islandaises. Je pouvais voir au loin la couche noirâtre de fumée causée par l’éruption. J’ai demandé au steward si le pilote savait qu’il y avait une éruption en cours en Islande. Quelques minutes plus tard, le pilote (ou copilote?) est venu me voir et m’a demandé ce qui se passait. Il avait vu le nuage sombre au loin mais ne savait pas qu’une éruption avait lieu en Islande. Il m’a également dit qu’il n’y avait pas de système de détection de cendre à bord de son aéronef.
L’activité éruptive de 2010 en Islande a certainement permis aux compagnies aériennes de comprendre comment la cendre volcanique se propage à haute altitude et comment elle affecte le trafic aérien, mais ça s’arrête là!
L’éruption de 2010 a profondément affecté le tourisme en Islande. L’année précédant l’éruption, le pays avait accueilli 500 000 touristes étrangers et, afin d’empêcher un déclin dans ce secteur, un projet baptisé Inspired by Iceland a été mis sur pied. Son objectif était de profiter de l’engouement que l’éruption avait suscité. Fin 2010, 488 000 touristes étrangers avaient voyagé en Islande. Les années qui ont suivi ont vu une explosion importante du tourisme. Malheureusement, la pandémie de COVID-19 a brutalement mis un frein à cette tendance.
Source: Islande Review.

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Today, planes are grounded because of the COVID-19 pandemic. Ten years ago they could not fly because of a volcanic eruption. It began in a crater under the ice cap of Eyjafjallajökull glacier, South Iceland. Prior to that, on March 20th; 2010, an eruption had begun in the nearby Fimmvörðuháls, between Eyjafjallajökull glacier and Mýrdalsjökull glacier. The eruption in Eyjafjallajökull continued until May 22nd, attracting world attention.

For days, all air traffic in Europe was cancelled, affecting passengers worldwide. After the event, promises were made about ash control in the sky in order to avoid a similar air traffic mess in the future. Some experiments were made, some systems were tested on some planes, but today the situation has not much improved. Should a new dirty eruption occur in Iceland, the problem will be the same for air companies. When Mount Agung recently erupted on the island of Bali (Indonesia), air traffic was severely disrupted by the ash clouds spewed by the volcano. In particular, many flights were cancelled to and from Australia.

In 2014, during another Icelandic eruption in Holuhraun, I was travelling to western USA with British Airways and the plane was flying close to Iceland. I could see in the distance a black layer of smoke caused by the eruption. I asked the steward if the pilot knew there was an eruption under way in this country. A few minutes later, the pilot (or co-pilot?) came to see me and asked me what was happening in Iceland. He had seen the dark layer in the distance but had not been warned about the eruption. He also told me that there was no ash detection system on board his plane.

The 2010 eruptive activity in Iceland certainly taught air companies about how volcanic ash spreads at high altitudes and how it impacts air traffic and modern society, but this is all!

The 2010 eruption affected tourism in Iceland in a major way. The year prior to the eruption, the country had received half a million foreign tourists, and in an effort to prevent a decline in that sector, a project called Inspired by Iceland was launched. Its aim was to take advantage of the attention the eruption had created. By the end of 2010, 488,000 foreign tourists had travelled to Iceland. The years that followed saw a major explosion in terms of tourist numbers. Unfortunately, the COVID-19 pandemic has suddenly stopped this tendency.

Source : Iceland Review.

Vue du nuage de cendre islandais en 2010 (Crédit photo: Wikipedia)

Pour mieux comprendre les noms islandais… // To better understand Icelandic names…

On peut lire sur le site web Iceland Monitor un article intéressant qui explique la signification des noms de certains lieux et volcans d’Islande.

Le mont Hekla (1491m) est l’un des volcans les plus connus et les plus actifs d’Islande. Ses éruptions sont fréquentes et commencent en général par des explosions accompagnées de panaches de cendre, suivies par des fontaines et de grandes coulées de lave. Les dernières éruptions ont eu lieu en 1980, 1981, 1991 et 2000.
Le mot Hekla fait référence à un manteau ou une cape. L’origine du nom tient peut-être au fait que l’Hekla se couvre d’un manteau de neige plus tôt que la plupart des montagnes islandaises, avant de s’en débarrasser au printemps lorsque le temps le permet.

Lakagígar est une fissure éruptive longue de 27 km jalonnée de 130 cratères au sud-ouest du Vatnajökull. Une éruption de 8 mois, entre juin 1783 et février 1784, a tué 50% à 80% du bétail et 25% de la population islandaise.
L’origine du mot Lakagígar est assez surprenante. Il désigne les cratères du Laki, la montagne en leur centre. Le mot Laki désigne, quant à lui, le feuillet*, l’un des compartiments de l’estomac d’un ruminant. On pense que le nom vient du fait que la forme de la montagne rappelait aux gens celle du feuillet.

* Ceux qui, comme moi, ont passé le certificat d’études primaires, se souviennent que la vache et plus généralement les ruminants ont un système digestif composé d’un estomac (la caillette) et de trois pré-estomacs (la panse, le bonnet et le feuillet).

L’Esja est une montagne au sommet plat située à environ 10 kilomètres de Reykjavík. En fait, ce n’est pas vraiment une montagne ; c’est davantage une chaîne volcanique dont le plus haut sommet culmine à 914 mètres. L’origine du nom est intéressante. Il existe de vieilles histoires sur une femme irlandaise appelée Esja, qui vivait à Esjuberg. C’est pourquoi certaines personnes sont persuadées que le nom est irlandais. Cependant, il s’agit plus probablement d’un prénom féminin scandinave, comme il en existe dans toute la Scandinavie. Il signifie à la fois l’âtre et un type de roche de couleur claire que l’on trouve sur la montagne.

Fnjóskadalur est une vallée du nord de l’Islande; c’est aussi le site de la forêt de Vaglaskógur. Le nom est composé des mots fnjóskur qui désigne un morceau de bois sec, et dalur, qui signifie ‘vallée’. Des découvertes archéologiques dans la vallée montrent qu’il y a très longtemps, on fabriquait du charbon à partir du bois sec de la forêt.

Eyjafjallajökull est le célèbre volcan qui est entré en éruption en 2010, menntant des voyageurs en détresse et bloquant des aéroports dans de nombreuses régions du monde. La prononciation du nom a posé bien des problèmes aux étrangers, alors qu’il est assez facile de le comprendre. Le mot est dérivé de deux mots: Eyjafjöll et jökull. ‘Jökull’ signifie glacier et ‘Eyjafjöll’ les montagnes de l‘île. L’Eyjafjöll est la montagne sous la calotte glaciaire de l’Eyjafjallajökull. Les îles en question sont peut-être les îles Vestmann, au sud, ou Landeyjar, la région située à l’ouest des montagnes.

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One can read on the website Iceland Monitor an interesting article that explains the meaning of the names of some of Iceland’s places and volcanoes.

Mount Hekla (1491m) is one of Iceland’s best known and most active volcanoes. It has frequent eruptions that start with explosions producing eruption plumes, and followed by lava fountains and large lava flows. The last eruptions occurred in 1980, 1981, 1991 and 2000.

The word Hekla can mean coat or outer garment. The origin of the name may have to do with the fact that Hekla puts on a coat of snow earlier than most mountains, only to throw it off in spring when weather allows.

Lakagígar is a 27-km long eruptive fissure consisting of 130 giant craters on the southwest side of Vatnajökull. An 8-month long eruption, which lasted from June 1783 until February 1784 killed 50%- 80% of the livestock and 25% of the Icelandic population died.

The origin of the word Lakagígar  comes as a surprise. It means the craters of Laki, which is the mountain at their center. Laki is the word for one of the compartments of a ruminant’s stomach, more precisely the omasum. The name is believed to stem from the fact that the shape of the mountain reminded people of that of an omasum.

 

Esja, is a flat-topped mountain about 10 kilometres from Reykjavík. Actually, it is not a true mountain in itself, but a volcanic range, the highest peak of which reaches 914 metres tall. It has an interesting name. Old stories exist of an Irish woman by the name of Esja, who lived in Esjuberg. Therefore, some believe the name is Irish. More likely, though, it is a Scandinavian female name, as it exists all over Scandinavia, meaning both fireplace and a type of rock. It may refer to a light-colored rock type, found in the mountain.

 

Fnjóskadalur is a valley in North Iceland; it is also the site of Vaglaskógur forest. The name is made from the words fnjóskur, meaning a dry piece of wood, and dalur, meaning valley. Archaeological finds in the valley suggest that ages ago, coal was made from dry wood in the forest.

 

Eyjafjallajökull is the volcano which famously erupted in 2010, stranding passengers and blocking airports in many parts of the world. Pronouncing the word proved difficult for many foreigners, whereas understanding it is quite easy. The word is derived from two words: Eyjafjöll and jökull. Jökull means glacier and Eyjafjöll means island mountains. Eyjafjöll is the name of the mountain under the Eyjafjallajökull ice cap. The islands referred to may be Vestmannaeyjar islands, to the south, or Landeyjar, the area to the west of the mountains.

Vue de l’Hekla (Crédit photo: Wikipedia)

Lakagigar (Photo: C. Grandpey)

Eruption de l’Eyjafjallajökull en 2010 (Crédit photo: Wikipedia)