Glaciers en péril (1ère partie)// Glaciers at risk (part 1)

Les glaciers du monde entier fondent à un rythme très inquiétant, et les conséquences ne se limitent pas à la montée du niveau des océans ; cela modifie aussi en temps réel les cartes et les paysages. Les glaciers ne sont pas de simples blocs de glace immobiles ; la réalité est tout autre : ce sont des rivières de glace extrêmement sensibles aux variations de température. Dans mon livre Glaciers en Péril (2018), j’avais déjà alerté sur la situation des glaciers et du pergélisol à travers le monde. Un article publié sur le site Bolde a sélectionné 14 glaciers en voie de disparition. Voici quelques observations personnelles à propos de certains d’entre eux que j’ai survolés ou visités

Glacier Jakobshavn, Groenland
Le glacier Jakobshavn recule extrêmement vite et contribue de manière significative à la montée du niveau de la mer. Selon une étude du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le Jakobshavn perd environ 35 milliards de tonnes de glace chaque année. Cette perte d’eau contribue largement à l’élévation du niveau des océans. Le recul du glacier est si important qu’il modifie les cartes. En survolant le Groenland en 2017, j’ai rapidement compris les conséquences d’une fonte massive de la calotte glaciaire et des glaciers de l’île. Ce serait une catastrophe de grande ampleur.
L’une des causes de la fonte du glacier est l’infiltration d’eau océanique plus chaude sous la langue de glace, ce qui érode sa base, déstabilise la calotte glaciaire et accélère le processus de fonte. Ce phénomène est également observé en Antarctique, comme le montre le schéma ci-dessous.

Photo: C. Grandpey

Source: BAS

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Glacier Columbia, Alaska
En Alaska, j’ai visité le glacier Columbia à trois reprises et j’ai été impressionné à chaque fois par la rapidité de sa fonte. Elle est plus rapide que prévu. Situé dans la baie du Prince-William, ce glacier recule depuis les années 1980 et a perdu plus de la moitié de son épaisseur. Son recul modifie profondément le paysage et crée même de nouveaux chenaux dans le fjord, comme on peut le voir sur les images satellite de la NASA ci-dessous.
Ce qui rend le glacier Columbia particulièrement intéressant, c’est l’accélération de sa fonte durant les mois d’été. La hausse des températures entraîne une augmentation de la quantité d’eau de fonte, ce qui lubrifie la base du glacier et accélère son recul. Le glacier Columbia montre parfaitement que le réchauffement climatique n’est pas un problème futur ; c’est déjà une réalité.

Source: NASA

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Mer de Glace, France
J’ai écrit plusieurs articles sur la Mer de Glace, le plus grand glacier de France, car il rétrécit à un rythme alarmant, comme le confirment les indicateurs de niveau le long de l’escalier qui descend vers la grotte creusée chaque année dans la glace. La Mer de Glace a perdu plus de 120 mètres d’épaisseur au cours du siècle dernier.
Le réchauffement climatique et la diminution des chutes de neige expliquent le recul du glacier. La zone d’accumulation n’est plus suffisamment alimentée. De plus, la fonte du glacier expose davantage de roche, qui absorbe la chaleur et accélère le processus de fonte.

Photos C & G Grandpey

La Mer de Glace vue par la webcam

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Glacier Pasterze, Autriche
La route du Grossglockner menant au glacier Pasterze est l’une des plus belles d’Autriche. Le Pasterze est le plus grand glacier du pays. Je l’ai visité à deux reprises, dans les années 1980 et en 2020. Le changement du paysage y est à la fois spectaculaire et impressionnant. Le glacier a connu un recul considérable au cours des dernières décennies. Situé au pied du Grossglockner, le plus haut sommet d’Autriche, le Pasterze est une attraction touristique populaire. De ce fait, il permet de sensibiliser les visiteurs à l’accélération du réchauffement climatique. Des panneaux pédagogiques ont été installés sur la plateforme d’observation. Ils montrent où se trouvait le glacier par le passé.
Comme à la Mer de Glace, la hausse des températures et la diminution des chutes de neige expliquent le recul de Pasterze, la zone d’accumulation n’étant plus alimentée.

Photos: C. Grandpey

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Glacier Athabasca, Canada
Dans les Rocheuses canadiennes, le glacier Athabasca est – ou plutôt était – l’un des glaciers les plus accessibles d’Amérique du Nord. C’est aussi l’un de ceux qui reculent le plus rapidement, perdant plus de 5 mètres de glace chaque année. L’Athabasca a perdu plus de la moitié de son volume au cours du siècle dernier. Les repères le long de la route d’accès témoignent de la rapidité de son recul ces dernières années. Lors de ma première visite en 2006, j’ai pu marcher directement sur la glace. En 2014, cela n’était plus possible, une rivière de fonte empêchant d’aller plus loin.

Photos: C. Grandpey

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Glaciers around the globe are melting at an alarming rate, and it is not just causing sea levels to rise, it is actually changing the maps in real time and the landscapes too. Glaciers are not just massive, unmovable ice blocks ; the reality isdifferent : they are incredibly sensitive to temperature changes. In my book Glaciers en Péril (2018), I have already alerted to the situation of glaciers and the permafrost around the world. An article published on the website Bolde has chosen 14 glaciers that are disappearing. I have visited them and I am able to make some comments.

Jakobshavn Glacier, Greenland

Jakobshavn Glacier has been receding at an alarming pace, contributing significantly to global sea-level rise. According to a study by the National Snow and Ice Data Center (NSIDC), Jakobshavn has been losing around 35 billion tons of ice each year. This water has largely contributed to rising sea levels. The glacier’s retreat is so significant that it is altering maps. When I flew above Greenland in 2017, I quickly realised what would happen if the icecap and the glaciers on the island happened to melt. It would be a large-scale disaster.

One cause of the glacier’s melting is the warmer ocean water that is creeping underneath the glacier, eating away at its base. This makes the ice sheet unstable and speeds up the melting process.

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Columbia Glacier, Alaska

In Alaska, I have visited the Columbia Glacier three times and each time I was impressed at the rapidity of its melting. It is faster than anyone anticipated. Located in Prince William Sound, this glacier has been retreating since the 1980s and has lost over half its thickness. As the glacier recedes, it leaves behind a drastically altered landscape and even opens up new channels in the fjord. This not only affects the local ecosystem but also has broader implications for sea-level rise.

What makes Columbia Glacier particularly interesting is how its melting accelerates during the summer months. Warmer temperatures lead to more meltwater, which in turn lubricates the glacier’s base and speeds up its retreat. The Columbia Glacier is a vivid indicator that global warming is not a future problem; it is happening now.

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Mer de Glace, France

I have written several posts about Mer de Glace, France’s largest glacier because it is is shrinking at an alarming rate, as shown by the level indicators posted along the staircase that goes down to the ice cave. Mer de Glace has lost over 120 meters in thickness in the last century.

Warmer temperatures and reduced snowfall account for the glacier’s retreat. Moreover, as the glacier melts, it exposes more rock, which absorbs heat and accelerates the melting process.

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Pasterze Glacier, Austria

The Grossglockner Road road leading to Pasterze Glacier is one of the most beautiful in Austria. Pasterze is the largest glacier of the country. I visited twice, in the 1980s and in 2020. The change in the landscape was both spectacular and impressive. The glacier has been retreating dramatically over the past several decades. Situated at the foot of the Grossglockner, Austria’s highest mountain, Pasterze is a popular tourist attraction. As such, it can alert visitors to the racceleration of global warming. The glacier’s retreat is so significant that it’s altering the maps of the area. Educational panels have been set up on the viewing platform that allows to see where the glacier was in the past.

Like at Mer de Glace, rising temperatures and less snowfall account for Pasterze’s retreat as the accumulation zone is no longer fed.

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Athabasca Glacier, Canada

In the Canadian Rockies, Athabasca Glacier is one of the most accessible glaciers in North America. Iy is also one of the fastest-receding, losing more than 5 meters of ice each year. Athabasca has lost over half its volume in the last century. The landmarks along the access road show how fast the glacier has been retreating in the past years. When I fist visited it in 2006, one could walk directly on the ice. In 2014, this was no longer possible as a melt river prevented me from going any further.

Source : Bolde via Yahoo News.

Le Canada contre la Chine dans l’Arctique // Canada vs. China in the Arctic

Avec le réchauffement climatique, l’Arctique canadien fond à une vitesse incroyable, révélant des réserves minérales et de nouvelles voies de navigation. D’autres pays que la Canada, comme la Chine, ont compris les nouvelles opportunités offertes par cette situation et posent plus ou moins discrètement des jalons pour de futures explorations, voire des implantations dans la région. C’est pourquoi le Canada a récemment envoyé et déployé des soldats, des navires et des avions dans le cadre d’un exercice annuel appelé Opération Nanook, dans l’une des régions les plus reculées du pays.
Aujourd’hui, des navires étrangers naviguent régulièrement dans le Nord, transpondeurs éteints, parfaitement invisibles pour les autres navires et difficilement repérables par les satellites et les systèmes de surveillance canadiens.
L’Opération Nanook revêt une importance particulière cette année, face à la conjonction de plusieurs changements géopolitiques. D’une part, il y a l’ambition croissante de la Chine dans l’Arctique. D’autre part, il y a les projets du premier ministre canadien Mark Carney d’accroître considérablement les capacités militaires et la valeur nouvellement reconnue des minéraux dans le Grand Nord. Sans parler de l’ouverture de nouvelles routes maritimes plus courtes entre l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe par le passage du Nord-Ouest. On sait que le réchauffement climatique entraîne une augmentation du nombre de jours sans glace.

La Russie, et surtout la Chine, ont un plan ambitieux visant à contrôler une grande partie des terres rares et l’exploitation minière, et souhaitent investir dans l’Arctique canadien. Certains gisements de minéraux essentiels comme le cuivre, le nickel, le lithium, le graphite et le cobalt se trouvent dans le Nord.

Source: Gouvernement canadien

L’intérêt de la Chine pour l’Arctique est surveillé de près par l’armée et la garde côtière canadiennes.
Au début de l’été 2025, l’armée de l’air a repéré un navire de recherche chinois qui revenait dans les eaux arctiques pour la deuxième année consécutive. En 2024, la frégate NCSM Regina a suivi ce même navire dans les eaux internationales. Le navire chinois est considéré comme à double usage. Autrement dit, les données qu’il recueille en surface et sous l’eau pourraient être utilisées à des fins de recherche ou militaire.
Le prédécesseur de ce navire a transité par le passage du Nord-Ouest canadien en 1999 et a attiré l’attention des responsables de la sécurité nationale. Ces navires ne sont pas des navires de guerre à proprement parler, mais ils sont capables de recueillir toutes sortes d’informations qui pourront ultérieurement être utilisées par des navires de guerre. Grâce aux informations ainsi recueillies, la Chine dispose probablement de cartes permettant à ses sous-marins de traverser les eaux canadiennes. La Chine et la Russie sont connues pour utiliser des navires « fantômes », qui ont l’apparence de navires marchands parfaitement inoffensifs, mais qui sont en réalité utilisés à des fins d’espionnage ou autres activités néfastes.
La géopolitique du Nord a changé. On observe un regain d’intérêt pour l’Arctique, non seulement en raison de son abondance de ressources, mais aussi pour des raisons territoriales. Le gouvernement fédéral canadien vient d’identifier un corridor économique et de sécurité arctique parmi une longue liste de projets d’importance nationale. Un tel projet de corridor pourrait donner lieu à un engagement financier important et à une simplification des approbations réglementaires.
Les récents achats de matériel de défense par le Canada changeront certainement la donne. L’épine dorsale de la surveillance maritime repose sur des CP-140, dont certains datent des années 1980. Ils devraient être remplacés par des P-8 Orion, plus grands et dotés d’un système de surveillance plus sophistiqué permettant à la force aérienne d’observer plus en détail sur de plus longues distances. Le Canada a également conclu un partenariat avec l’Australie pour développer un nouveau système radar transhorizon pour l’Arctique. Il remplacera le système de l’époque de la Guerre froide utilisé pour détecter les menaces maritimes et les missiles.
Source : CBC via Yahoo News.

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With global warming, the Canadian Arctic is melting at an incredible speed, uncovering mineral reserves and opening new shipping. Other countries like China have understood the new opportunities ofered by this new situation and are discreetly planting milestones dor future explorations or even settlements.This is the reason why Canada has recently sent soldiers, ships and aircraft in an annual exercise known as Operation Nanook to one of the most remote areas of the country.

Today, foreign vessels are running routinely through the north with their transponders switched off, largely invisible to other ships, and not necessarily seen by Canada’s satellite and surveillance systems.

Operation Nanook takes on a particular significance this year with a collision of geopolitical changes: China’s growing ambition in the Arctic versus Prime Minister Mark Carney’s plans to substantially increase the capabilities of the military and the newly recognized value of minerals in the North. Not to mention the opening of new, shorter shipping routes between Asia, North America and Europe through the Northwest Passage as global warming makes for an increasing number of ice-free days.

Russia and, increasingly, China have an ambitious plan to basically control a lot of the rare-earth elements and mining and wants to invest in the Canadian Arctic. Those elements and some of the world’s richest deposits of critical minerals like copper, nickel, lithium, graphite and cobalt are found in the North.

China’s interest in the Arctic has been closely monitored by Canada’s military and coast guard.

Earlier this summer, the air force kept watch over a Chinese research vessel as it returned to Arctic waters for the second year in a row. In 2024, the frigate HMCS Regina deployed on short notice to follow  the same vessel in international waters. The Chinese ship is considered dual purpose, meaning the data it gathers above and underwater could be used for research or military ends.

That vessel’s predecessor transited Canada’s Northwest Passage in 1999, sending alarm bells through national security officials. These are not warships per se, but they are capable of taking all sorts of information that can ultimately be utilized by warships in the future. Thanks to the information collected in this way, China may now have maps allowing its submarines to run through Canadian waters. Both China and Russia are known to use « shadow » or « ghost » vessels, which appear to be merchant or other inoffensive vessels, but are actually used for espionage or other nefarious activities.

The geopolitics of the North have changed. There has really been a renewed interest in the Arctic, not only for its abundance of resources, but for territorial reasons. The federal government has just identified an Arctic economic and security corridor on a long list of projects of national significance, which could ultimately see a significant funding commitment and the streamlining of regulatory approvals.

Canada’s raft of recent defence purchases will certainly change the dynamic. The backbone of maritime surveillance are the CP-140s, some of which date from the 1980s. They are set to be replaced by the P-8 Orion which is larger, with a more sophisticated surveillance system, allowing the air force to see in greater detail over longer distances. Canada has also partnered with Australia to develop a new Arctic over-the-horizon radar system, replacing the Cold War-era system used to detect missile and maritime threats.

Source : CBC via Yahoo News.

Accélération de la fonte des glaciers (suite) // Acceleration of glacier melting (continued)

Selon un article publié sur le site web de Tula, une fondation caritative indépendante implantée en Colombie-Britannique, des Rocheuses canadiennes aux Alpes suisses, l’accélération de la fonte des glaciers est spectaculaire partout.
L’article s’appuie sur une étude publiée dans les Geophysical Research Letters le 25 juin 2025. Elle révèle que les glaciers de l’ouest du Canada, des États-Unis et de la Suisse ont perdu environ 12 % de leur glace entre 2021 et 2024. Une étude de 2021 publiée dans la revue Nature avait déjà montré que la fonte des glaciers a doublé entre 2010 et 2019 par rapport à la première décennie du 21ème siècle. Cette nouvelle étude montre que, depuis cette époque, la perte de masse  des glaciers s’est poursuivie à un rythme alarmant.

 

Schémas issus de la nouvelle étude et illustrant la perte de masse glaciaire.

Au cours des quatre dernières années, les glaciers ont perdu deux fois plus de glace que pendant la décennie précédente. Les conditions climatiques plus chaudes et plus sèches sont une cause majeure des pertes de glace dans les zones étudiées, tout comme les impuretés envoyées dans l’atmosphère qui ont entraîné un assombrissement des glaciers et une accélération de leur fonte. En Suisse, la principale cause d’assombrissement ces derniers temps a été la poussière en provenance du désert désert du Sahara ; en Amérique du Nord, ce sont les cendres, ou le carbone noir,générés par les gigantesques incendies de forêts qui ont impacté les glaciers.

 

Noircissement de la glace dans l’Arctique (Crédit photo: USGS)

Les scientifiques ont combiné les relevés aériens précis avec les observations au sol de trois glaciers de l’ouest canadien, de quatre glaciers du nord-ouest des États-Unis et de 20 glaciers suisses. Tous ont un rôle important pour la culture, le tourisme et l’alimentation en eau, et ils fondent tous rapidement.
Lorsqu’elles ne sont pas masquées par des particules sombres, la neige et la glace réfléchissent l’énergie du soleil par l’effet d’albédo. Les chercheurs ont utilisé l’imagerie satellitaire et des données de réanalyse pour analyser les baisses d’albédo. Ils ont constaté que l’albédo a diminué en 2021, 2023 et 2024, mais que les baisses les plus importantes ont eu lieu en 2023, la pire saison de feux de forêt de l’histoire du Canada. Contrairement à la neige dont la blancheur réfléchit la lumière du soleil, un glacier recouvert de carbone noir absorbe davantage de rayonnement solaire. Cela réchauffe les glaciers et accélère leur fonte, comme sur le glacier Haig, dans les Rocheuses canadiennes où l’assombrissement de la glace a été responsable de près de 40 % de la fonte entre 2022 et 2023. Pourtant, malgré ces preuves, les processus physiques comme l’albédo ne sont actuellement pas intégrés aux prévisions climatiques relatives à la fonte des glaciers. Cela signifie que ces masses de glace fondent probablement plus vite qu’on ne le pense.

Vue du glacier Haig (Crédit photo : Radio Canada)

Dans les zones couvertes par la nouvelle étude, l’impact de la perte de glace sur l’élévation du niveau de la mer est faible, mais une diminution à long terme du ruissellement glaciaire pourrait avoir des répercussions sur les écosystèmes humains et aquatiques, notamment en période de sécheresse. À court terme, l’accélération de la fonte augmente certains risques géologiques tels que les crues soudaines provenant de la vidange de lacs glaciaires nouvellement formés. J’ai rédigé plusieurs notes sur ce phénomène dans les Alpes françaises. Cette situation glaciaire préoccupante soulève des questions sur la manière dont les autorités locales doivent réagir et planifier un avenir avec moins de glace.
L’étude complète est disponible à cette adresse:

https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2025GL115235

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According to an article published on the website of Tula, an independent charitable foundation, rooted in British Columbia, from the Canadian Rockies to the Swiss Alps, the acceleration of glacial melt is observed everywhere, due to warm, dry conditions and the phenomenon of glacial darkening.

The article is based on a study published in Geophysical Research Letters on 25 June 2025. It reveals that glaciers in western Canada, the United States, and Switzerland lost around 12 percent of their ice between 2021 and 2024. A 2021 study in Nature showed that glacial melt doubled between 2010 and 2019 compared with the first decade of the twenty-first century. This new study shows that in the years since, glacial melt continued at an alarming pace.

Over the last four years, glaciers lost twice as much ice compared to the previous decade. Warm, dry conditions were a major cause of loss across the study areas, as were impurities from the environment that led to glacial darkening and accelerated melt. In Switzerland, the main cause of darkening was dust blown north from the Sahara Desert; in North America, it was ash, or black carbon, from wildfires.

The research combined extensive aerial surveys with ground-based observations of three glaciers in western Canada, four glaciers in the US Pacific Northwest, and 20 glaciers in Switzerland, all of which are important for culture, tourism, and cool fresh water, and all of which are melting rapidly.

Snow and ice, when not obscured by dark particles, reflect back energy from the sun in the albedo effect. The researchers used satellite imagery and reanalysis data to look at declines in albedo. They found that albedo dropped in 2021, 2023, and 2024, but the biggest declines occurred in 2023, the worst wildfire season in Canadian history.

In contrast to reflective white snow, a glacier covered in black carbon will absorb more radiation from the sun. This heats up glaciers and accelerates melting. At Haig Glacier in Canada’s Rocky Mountains, glacial darkening was responsible for nearly 40 percent of the melting between 2022 and 2023. Yet despite such evidence, physical processes like the albedo effect are not currently incorporated into climate predictions for glacier loss, so these masses of ice could be melting faster than we realize.

In the areas covered by the new study, the impact of glacier loss on sea level rise is small, but a longer-term decline in glacial runoff could impact human and aquatic ecosystems, especially in times of drought. In the shorter term, increased melting raises the risk of geohazards like outburst floods from newly formed glacier lakes. I have written several posts about this phenomenon in the French Alps. All of this poses questions around how communities should respond as well as plan for a future with less ice.

The whole study can be found at this address.

https://agupubs.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1029/2025GL115235

La nouvelle vie des ours polaires // The new life of polar bears

Avec la hausse des températures en Arctique, plus rapide qu’ailleurs dans le monde, la banquise disparaît, ce qui affecte le mode de vie des animaux de cette partie du monde. L’ours polaire est l’espèce la plus menacée. Avec le manque de glace, les plantigrades sont de plus en plus souvent obligés de vivre sur terre et de changer leur régime alimentaire. J’ai indiqué dans des articles précédents qu’ils se nourrissent d’oies polaires, par exemple. Une équipe de biologistes canadiens s’est rendue à Churchill, au Manitoba, surnommée la « capitale de l’ours polaire », en novembre 2018, où ils ont commencé une étude sur les ours polaires de la région.

Ours polaire (Photo: C. Grandpey)

Le projet des biologistes canadiens visait à « mieux comprendre comment le réchauffement climatique, la captivité et les altérations alimentaires affectent le microbiome intestinal, le régime alimentaire et la santé globale des plantigrades. » Pour ce faire, ils devaient recueillir, via leurs excréments, le microbiome fécal, c’est-à-dire les microbes qui digèrent la nourriture. Ce sont de bons indicateurs de la santé des ours polaires en captivité et dans leur milieu naturel. Il suffit ensuite de comparer les excréments de ces deux univers.
Les scientifiques ont également recueilli des échantillons d’algues sur le rivage dans les zones fréquentées par les ours. Les animaux se nourrissent avec un régime alimentaire à base de maquereau plus riche en protéines et d’algues qui compensent les changements de nourriture auxquels les ours polaires peuvent être confrontés en raison du réchauffement climatique. En effet, le déclin de la glace de mer arctique les oblige à rester sur terre sans accès à leur régime alimentaire traditionnel à base de mammifères marins.
L’équipe scientifique a constaté que les ours polaires en captivité, qui suivent un régime alimentaire riche en protéines pendant longtemps, présentent un microbiome fécal différent et plus diversifié que leurs homologues sauvages, probablement en raison de changements dans leur régime alimentaire et leur habitat.
L’étude révèle que la diminution de la couverture de glace de mer arctique et l’allongement des saisons sans glace réduisent la zone et la fenêtre de temps pendant laquelle les ours polaires peuvent rester sur les plateformes glaciaires. Cela incite certaines populations d’ours à rester plus longtemps sur terre pour y chasser les animaux, ce qui entraîne le passage d’un régime alimentaire riche en graisse de phoque à un régime pauvre en graisse et riche en protéines pendant une période prolongée. S’ils deviennent contraints de rester sur terre en raison d’un manque de glace de mer et doivent survivre grâce à des sources de nourriture terrestres, le régime alimentaire des ours polaires, et donc leur microbiome intestinal, changeront.
L’étude montre que « s’ils parviennent à s’adapter et à survivre, les ours polaires que nous connaissons aujourd’hui seront des animaux très différents ».
Source : Phys.org.

J’ai également expliqué dans des notes précédentes que les ours polaires qui se nourrissent de carcasses de baleines sur le littoral sont souvent amenés à partager leur nourriture avec les grizzlis et qu’une interaction se produit entre les deux espèces.

Grizzly (Photo: C. Grandpey)

Les os de baleines boréales près du village de Kaktovik sont devenus en automne des lieux de rencontre pour les ours polaires ainsi que pour quelques grizzlis en provenance de North Slope. Les os de baleines et la viande qui y subsiste constituent pour les ours une source de nourriture riche en graisse qui fait défaut sur la banquise.

Un résultat inattendu de cette cohabitation entre ours polaires et grizzlis est l’apparition d’une nouvelle espèce d’ours née de l’accouplement entre deux espèces pourtant séparées par 500 000 ans d’évolution. Son nom est encore incertain car cet animal reste extrêmement rare : pizzly, grolar, nanulak [ours polaire (nanuk) et grizzly (aklak)]. Cela fait longtemps que l’on sait que le grizzly et l’ours polaire sont biologiquement et génétiquement compatibles, cette hybridation s’étant déjà produite dans des zoos. En 2009, on comptait 17 individus connus, dont un frère et une sœur au zoo allemand d’Osnabrück.

 Nanulak (Crédit photo: France Info)

Pour certains scientifiques, cet hybride plus adapté au mode de vie terrestre pourrait remplacer l’ours polaire. Cependant, cette évolution ne se fera pas en quelques années. Selon les chercheurs, il faudra des centaines de générations pour que nous observions un authentique nouveau type d’ours.

Pour mieux connaître l’ours.  Commande du livre à grandpeyc@club-internet.fr

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With temperatures in the Arctic rising faster tah elsewhere in the world, sea ice is disappearing, which affects the way of life of the animals in that part of the world. Polar bears is the most threatened species. With the lack of ice, they are more and more often obliged to live on land and change their food diets. I indicated in previous posts that they feed on polar geese, for instance. A team of Canadian biologists travelled to Churchill, Manitoba, dubbed the « Capital of Polar Bears, »in November 2018 where they started a research on polar bears in the region.

The biologists’ project was aimed at « better understanding how global warming, captivity and food alterations affect the gut microbiome, diet, and overall health of the plantigrades. To do that, they needed to collect the fecal microbiome, i.e. microbes that digest food and are a good indicator of health of captive and wild polar bears and compare them. »

The scientists also needed to gather seaweed samples from the shore in areas frequented by bears. The animals are fed a higher protein mackerel-based diet and the seaweed compensates for the changes polar bears may face due to global warming, particularly as the decline in Arctic Sea ice forces them to remain onshore without access to their traditional marine mammal-based diet.

The scientific team found that the captive polar bears, who had been on a long-term high-protein diet, exhibited a more diverse and distinct fecal microbiome than their wild counterparts, likely due to dietary and habitat shifts.

The study reveals that shrinking Arctic Sea ice coverage and extended ice-free seasons reduce the area and window of time polar bears can spend on the ice platform. That is causing some populations to increase their land use to hunt for terrestrial animals, resulting in a switch from a fat-rich diet of seals to a low-fat, high protein diet for an extended period. Should they become landlocked due to a lack of sea ice and have to survive on terrestrial food sources, their diet and therefore gut microbiome will change.

The study shows that « if they are able to adapt and survive, the polar bears we know now will be very different animals. »

Source : Phys.org.

I also explained in previous posts that polar bears feeding on whale carcasses on the seashore are often led to share the food with grizzlies and that intraction occurs between the two species. The bowhead bone piles near the village of Kaktovik have become autumn gathering spots for polar bears and even some North Slope grizzlies. The piles give the bears a source of high-fat food that they are lacking on the ice.

An unexpected result of this cohabitation between polar bears and grizzlies is the appearance of a new species of bear born from the mating between two species separated by 500,000 years of evolution. Its name is still uncertain because this animal remains extremely rare: pizzly, grolar, nanulak [polar bear (nanuk) and grizzly bear (aklak)] … It has been known for a long time that grizzly and polar bears are biologically and genetically compatible as this hybridization already occurred in zoos. In 2009, there were 17 known individuals, including a brother and a sister in the German zoo of Osnabrück.
For some scientists, this more earth-friendly hybrid could replace the polar bear. However, this evolution will not happen in a few years. Researchers say it will take hundreds of generations to see an authentic new type of bear.