Le Vésuve à Cahors (Lot) le 6 novembre 2025 !

J’aurai le plaisir de présenter à CAHORS (Lot) – dans le cadre de l’Université pour Tous Cahors Quercy – une conférence intitulée « La Campanie, des Champs Phlégréens à Pompéi »  le jeudi 6 novembre à 14h30 au Centre Universitaire Maurice-Faure, 273 avenue Henri Martin .

Au départ de Pouzzoles, je conduirai le spectateur à travers la Campanie avec une première étape dans la Solfatara, une cocotte-minute prête à exploser. Puis, nous escaladerons les pentes du Vésuve dont la prochaine éruption pourrait être dévastatrice. Nous déambulerons ensuite dans les rues de Herculanum, Pompéi, mais aussi Oplontis et Stabies, détruites par le volcan en l’an 79.

Mon exposé se poursuivra avec un diaporama d’une vingtaine de minutes, en fondu-enchaîné sonorisé, intitulé « La Java des Volcans». Il fait voyager à travers l’île indonésienne de Java qui héberge plusieurs volcans aussi explosifs que le Vésuve.

A l’issue de la conférence, le public pourra se procurer le dernier livre « Histoires de Volcans – Chroniques d’éruptions » que j’ai écrit avec Dominique Decobecq, ainsi que des CD d’images de volcans.

Photos: C. Grandpey

La situation volcanique en Campanie (Italie)

Je rentre de la Campanie avec une première escale à Pouzzoles. Je me suis rendu auprès de la Solfatara où l’activité ressemble à celle observée lors de ma dernière visite en avril 2022. Les mesures effectuées par l’INGV confirment la stabilité de la situation.

 Vue de la Solfatara (Photo : C. Grandpey)

Dans son bulletin du 16 septembre 2025 qui couvre la période de mon séjour, l’Institut fait état de 32 secousses sismiques dans les Champs Phlégréens, avec un magnitude maximale de M2.1± 0.3.

A noter qu’à Pouzzoles, surtout dans la vieille ville, certaines maisons portent les stigmates des dernières secousses sismiques, avec fissures sur les murs et effondrement des pignons.

 Photo : C. Grandpey

S’agissant des états d’âme de la population, les personnes que j’ai rencontrées et interrogées à Pouzzoles font peu de cas de la sismicité ressentie ces derniers temps. Les dégâts ont été mineurs. Selon ces habitants, la presse rend compte d’un sentiment d’angoisse qui n’existe pas vraiment au sein de la population. Les gens savent que les séismes sont liés au bradyséisme et ont toujours existé, de même que les mouvements de soulèvement et d’affaissement du sol. Les propriétaires de mon hôtel (sur le site d’un ancien établissement de bains romains) ont 2 puits contrôlés régulièrement par l’INGV. Leur température est très stable à 45°C. Tant que les mesures sur les différents sites (Solfatara, par exemple) ne varieront pas de manière significative, il n’y aura pas lieu de s’inquiéter.

Comme je l’ai indiqué précédemment, la déformation actuelle du sol dans les Champs Phlégréens connaît un tendance au soulèvement. Les données recueillies après l’essaim sismique du 15 au 19 février 2025 montrent une augmentation du soulèvement du sol, avec une valeur moyenne mensuelle d’environ 30 ± 5 mm/mois. Depuis début avril, le soulèvement du sol s’est calmé et atteint une valeur moyenne mensuelle d’environ 15 ± 3 mm/mois. Le soulèvement total est d’environ 33 cm depuis janvier 2024.

Mouvements du sol sur le site de Rione Terra (Pouzzoles du 1er janvier 2024 au 21 septembre 2025 (Source: INGV).

Il est intéressant des se rendre sur le port de Pouzzoles où les bittes d’amarrage des embarcations sont beaucoup plus hautes qu’auparavant.

Photo : C. Grandpey

La température de la fumerolle de Pisciarelli reste stable à 94°C. Celle de la Bocca Grande dans la Solfatara reste stable à 165°C. Cependant, cette dernière température a montré une hausse au cours des dernières années, comme on peut le voir ci-dessous. Mon thermomètre indiquait 140°C dans les années 1990.

 Évolution de la température de la Bocca Grande dans la Solfatara (Source : INGV.)

Comme à l’intérieur de l’agglomération de Pouzzoles, les habitants que j’ai rencontrés autour de la fumerolle de Pisciarelli sourient quand on leur demande s’ils ont peur quand la terre tremble et s’ils redoutent une éruption des Champs Phlégréens. C’est toujours le même refrain : ça dure depuis des siècles et ça durera encore des siècles.

 Vue de la fumerolle de Pisciarelli (Photo : C. Grandpey)

De son côté, l’INGV ne s’attend pas à des variations significatives de l’activité dans les Champs Phlégréens au cours des prochains mois.

Source : INGV.

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La visite du Vésuve est toujours aussi intéressante, ne serait-ce que par les vues sur la baie de Naples et la conurbation napolitaine qui serait en grand danger si le volcan décidait de se réveiller. Ce n’est heureusement pas la cas pour le moment. Le dernier bulletin de l’INGV sur l’activité du Vésuve au cours du mois d’août 2025 se veut rassurant car aucun élément ne montre une évolution significative à court terme.

Photo: C. Grandpey

D’un point de vue sismique, 80 événements d’une magnitude maximale de M1,5 ± 0,3 ont été enregistrés sur le Vésuve au  mois d’août 2025.

À gauche les événements sismiques des 12 derniers mois ; à droite ceux du mois d’août 2025 (Source : INGV)

Des fumerolles sont visibles à l’intérieur du Gran Cono, mais ces émissions de vapeur blanche ne sont pas annonciatrices d’un phénomène à venir, mais plutôt d’éruptions passées. Comme me l’expliquait un scientifique de l’INGV,  il s’agit d’un phénomène très superficiel. Le sous-sol est encore chaud suite aux dernières éruptions. La température de la fumerolle principale oscille entre 70 et 80°C.

Photo: C. Grandpey

 Quand on regarde les flancs et les abords du Vésuve depuis le sommet ou depuis la Villa San Marco à Stabies, on comprend très vite qu’une éruption aujourd’hui serait une catastrophe de très grande ampleur. La zone actuellement couverte par les plans d’évacuation en cas d’éruption comprend quelque 600 000 personnes, mais cela ne correspond pas à la réalité.  L’histoire du Vésuve nous montre clairement qu’en cas d’éruption plinienne, la zone à risque serait beaucoup plus vaste et engloberait environ 3 millions de personnes. Soyons clairs : aujourd’hui il n’existe aucun plan d’évacuation applicable, et convaincre les Napolitains de fuir dans l’urgence ne sera pas chose facile. Je m’en suis vite rendu comte en discutant avec des habitants de Pompéi, Boscoreale ou Scafati…

 Le Vésuve, Torre Annunziata, Torre del Greco et Stabies vus depuis la Villa San Marco à Stabies (Photo : C. Grandpey)

C’est dans la région de Boscoreale et Boscotrecase que se trouvent les vignobles produisant le fameux Lacryma Christi. Certaines vignes ont été détruites par l’incendie d’août 2025, mais il est toujours possible de visiter plusieurs chais et de déguster leurs breuvages…

Photo: C. Grandpey

Nouveau séisme dans les Champs Phlégréens (Italie)

Un séisme relativement intense a été ressenti vers 1h25 le 13 mars 2025 dans les Champs Phlégréens et à Naples. Il a déclenché un mouvement de panique au sein de la population et beaucoup de personnes sont descendues dans la rue. La magnitude du séisme a été évaluée à M4,4, avec l’épicentre à Pouzzoles où les habitants ont quitté leurs maisons au milieu de la nuit pour se rassembler dehors sous une pluie battante. La première secousse a été suivie de six répliques ; la plus forte, d’une magnitude de M1,6, a été enregistrée à 1h40 du matin, toujours avec son épicentre dans la région des Campi Flegrei. Le dernier événement, à 3h26, avait une magnitude de M1,1.

Vue de Pouzzoles (Photo: C. Grandpey)

Le maire de Pouzzoles a décidé de fermer les écoles, de la ville. Une décision identique a été prise à Bagnoli et Fuorigrotta. Le séisme le plus puissant a été ressenti dans une vaste zone, et pour la première fois dans toute la ville de Naples, ainsi que dans plusieurs zones de Campanie.
Le séisme du 13 mars avait la même intensité que celui enregistré le 20 mai 2024, considéré comme le plus fort des 40 dernières années dans la région phlégréenne. Ce fut également le plus important en termes de magnitude depuis que le bradyséisme a recommencé à se faire sentir de manière significative dans la zone entre Pouzzoles et Naples.
Les pompiers sont intervenus à Bagnoli où un faux plafond s’est effondré à l’intérieur d’un appartement et une personne s’est retrouvée piégée dans la maison. Selon les pompiers, inondés d’appels téléphoniques de la population, les seuls cas recensés concernent principalement de chutes de débris et quelques cas de panique. Il n’est fait état d’aucun blessé.
Le préfet de Naples a convoqué tous les responsables des services d’urgence à la préfecture pour faire le point sur la situation. Le maire de Pouzzoles. a invité les citoyens à signaler tout dommage ou inconvénient,

Le séisme du 13 mars ressemble aux ceux qui ont secoué cette région de Campanie au cours des derniers mois. Il devrait, une fois encore, servir de piqûre de rappel à la population et montrer aux habitants des Champs Phlégréens qu’ils habitent au-dessus d’une cocote-minute prête à exploser. Les derniers séismes sont des événements « pour rire » avec une magnitude somme toute raisonnable. Un jour ou l’autre, les autorités seront confrontées à une situation beaucoup plus sérieuses qui obligera à des évacuations. Des plans existent, mais le fossé est énorme entre la théorie et la pratique. Connaissant les infrastructures urbaines à Pouzzones et dans les autres localités des Champs Phlégréens, je me dis que les opérations d’évacuation se feront forcément dans le douleur. Croisons les doigts pour que les Campi Flegrei ne décident pas d’entrer en éruption… !

Source : presse italienne.

Carte des zones à risques dans les Champs Phlégréens (Source: Protection Civile)

Champs Phlégréens (Campanie / Italie) : pas de panique !

Dans la série Science Grand Format, la Cinq rediffusait ces jours-ci un documentaire datant de 2022 et intitulé Baie de Naples, la colère des volcans. S’il est intéressant d’un point de vue volcanique et humain, le film contient quelques inexactitudes et prend par moment des allures de film-catastrophe à l’américaine. Il donne l’impression qu’une éruption majeure ou un tsunami dévastateur va s’abattre sur la région dans les tout prochains jours.

On nous explique à plusieurs reprises que les Champs Phlégréens sont un super volcan, ce qui est inexact. L’éruption de l’Ignimbrite Campana il y a 39 000 ans à laquelle le documentaire fait référence n’a reçu qu’un VEI 7, contrairement au Yellowstone, par exemple, qui a atteint un VEI 8 et qui, à ce titre, peut être qualifié de super volcan. De son côté, l’éruption du Vésuve en octobre 79 a reçu un VEI 5-6.

Le film insiste sur les dangers que générerait une éruption des Campi Flegrei car la région est densément peuplée. C’est indéniable. Elle poserait forcément de sérieux problèmes d’évacuation de la population, d’autant plus qu’il faudrait faire vite. Il faudrait prendre en compte les humeurs des personnes – y compris de la Protection Civile – qui, pour beaucoup, seront peu disposées à quitter une région à laquelle elles sont très attachées.

Heureusement, nous n’en sommes pas encore là ! Les chercheurs ont découvert que les explosions des Campi Flegrei ne sont pas toujours aussi cataclysmiques. Ils ont en particulier découvert qu’un centième seulement du magma accumulé à l’intérieur du volcan avant l’éruption du Monte Nuovo (1538) était remonté à la surface, ce qui signifie que les éruptions peuvent arriver à leur terme sans que le volcan n’exploite toute sa puissance destructrice.

Le documentaire a été réalisé en 2022. Hormis quelques épisodes de sismicité fréquents dans la région (qui est étroitement surveillée), aucun événement inquiétant n’a été observé ces dernières années.

Le 4 juillet 2023, j’ai publié une note intitulée « Étude des Champs Phlégréens en regardant la passé » qui explique les différents phénomènes observés dans la région:

https://claudegrandpeyvolcansetglaciers.com/2023/07/04/etude-des-champs-phlegreens-en-regardant-le-passe-studying-the-phlegrean-fields-while-looking-at-the-past/

Vue du Monte Nuovo, siège de l’éruption de 1538 (Photo: C. Grandpey)

Vue de la Solfatara l’une des zones les plus actives des Champs Phlégréens (Photo: C; Grandpey)