Mont St Helens (États Unis) : ne pas oublier

Le 18 mai 2025 marquait le 45ème anniversaire de l’éruption du 18 mai 1980 du Mont St. Helens, dans l’État de Washington, aux États Unis.

Photo: C. Grandpey

Après être resté endormi pendant plus d’un siècle, les premiers signes d’activité sont apparus au mois de mars 1980, avec un premier essaim sismique et des événements qui indiquaient que le magma et les gaz volcaniques se frayaient un chemin vers la surface. Au fil des semaines, la pression s’est accumulée à l’intérieur de l’édifice volcanique, provoquant un gonflement inquiétant du flanc nord.

Le matin du 18 mai, un important glissement de terrain, suivi instantanément d’une explosion latérale dévastatrice a marqué le début de l’éruption. Voyageant à plus de 650 km/h, le blast a dévasté 600 km2 de nature sauvage du Pacifique Nord-Ouest. Des lahars, ont déferlé dans les vallées, transportant des débris jusqu’au fleuve Columbia. Les cendres de l’éruption sont montées haut dans l’atmosphère et ont dérivé vers l’est, jusqu’au Minnesota.

Crédit photo: USGS

 En tout, 57 personnes ont perdu la vie, dont le scientifique de l’USGS David A. Johnston, et des milliards de dollars de dégâts ont été constatés dans la région. Quand l’éruption s’est calmée, le Mont St. Helens avait perdu quelque 390 mètres d’altitude.

Stèle à la mémoire des personnes disparues (Photo: C. Grandpey)

Aujourd’hui, l’USGS indique dans ses derniers bulletins que « tous les volcans de la chaîne des Cascades, dans l’Oregon et l’État de Washington, présentent une activité normale, que ce soit le Mont Baker, Glacier Peak, le Mont Rainier, le Mont St. Helens ou le Mont Adams dans l’État de Washington, ainsi que des monts Hood, Jefferson, Three Sisters, Newberry et Crater Lake dans l’Oregon. »

Quand j’ai survolé le Mt St Helens en 2008, on se trouvait à la fin d’un cycle éruptif (2004-2008) marqué par l’extrusion d’un dôme de lave d’où s’échappaient encore des gaz volcaniques. On remarquera la présence du glacier en écharpe autour du dôme.

Photo: C. Grandpey

Début mai 2025, quelques faibles séismes ont été détectés aux monts Rainier, St. Helens et Hood. Au cours du premier semestre de l’année 2024, des séismes de faible magnitude avaient été détectés au mont St. Helens, mais l’activité du volcan e été jugée normale et rien ne justifiait une modification de son niveau d’alerte.

Source : USGS.

Menace d’une répétition du séisme de Tohoku au Japon ? // Threat of a repeat of the Tohoku earthquake in Japan?

L’être humain a un grave défaut : il a tendance à oublier. Pourtant certains événements du passé doivent rester présents dans notre esprit. Ainsi, personne ne devrait oublier le très puissant séisme de Tohoku qui a secoué le Japon le 11 mars 2011 et déclenché un tsunami ravageur.

Le 11 mars 2025 marquait le 14ème anniversaire de ces événements qui ont fait près de 16 000 morts et 2 526 disparus. La catastrophe a été déclenchée par un méga-séisme de magnitude M9,0 qui a généré un tsunami de près de 15 mètres de haut, provoquant la catastrophe nucléaire de Fukushima, le deuxième accident nucléaire le plus grave au monde après celui de Tchernobyl en 1986. Le séisme de Tohoku est le quatrième plus puissant jamais enregistré au monde ; c’est aussi le plus puissant à frapper le Japon depuis l’avènement de la sismologie moderne. Le séisme a été ressenti jusqu’au Kamchatka, à Taïwan et en Chine.
Des chercheurs des universités de Tohoku et d’Hokkaido et de l’Agence japonaise pour les sciences et technologies marines et terrestres (JAMSTEC) ont publié les résultats d’une étude sur cinq ans de la fosse de Chishima (Chishima Trench), au large d’Hokkaido.

Les résultats de cette étude indiquent que l’accumulation de contraintes due aux mouvements des plaques tectoniques pourrait entraîner un méga-séisme dans un avenir proche. Grâce à des stations GPS installées en 2019 au fond de la mer, l’équipe scientifique a observé que, dans un phénomène de subduction, la plaque Pacifique glisse sous la plaque d’Okhotsk à un rythme d’environ 8 centimètres par an. Une station installée sur la plaque continentale confirme ce mouvement. Cela montre que les plaques sont verrouillées et que la tension monte.

Ces observations font écho à des schémas réalisés avant le séisme qui a secoué la région au 17ème siècle. Les scientifiques craignent une répétition d’un tel scénario.
Alors que le gouvernement estime entre 7 et 40 % la probabilité d’un séisme de magnitude M8,8 ou plus d’ici 30 ans, les chercheurs préviennent qu’une libération soudaine de cette tension entre les plaques tectoniques pourrait déclencher une catastrophe de magnitude M9,0, susceptible de déclencher des tsunamis et de menacer des dizaines de milliers de vies le long des côtes d’Hokkaido.
L’équipe scientifique prévoit de mener des recherches plus approfondies sur un autre site au large d’Hokkaido afin de recueillir des données supplémentaires.
Source : The Japan Times.

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Human beings have a serious flaw: they tend to forget. Yet, some past eventsshould remain fresh in our minds. For example, no one should forget the powerful Tohoku earthquake that shook Japan on March 11th, 2011, triggering a devastating tsunami.

March 11th, 2025 marked the 14th anniversary of these events which claimed nearly 16 000 lives and left 2 526 people missing. The disaster was triggered by an M9.0 mega-quake that generated a nearly 15-meter-high tsunami, causing the Fukushima nuclear disaster, the world’s second-worst nuclear accident after Chernobyl in 1986. It was the fourth most powerful earthquake ever recorded in the world and the strongest to strike Japan since the advent of modern seismology. The quake was felt as far away as Kamchatka,Taiwan; and China.

Researchers from Tohoku and Hokkaido universities and the Japan Agency for Marine-Earth Science and Technology (JAMSTEC) have released the results of their five-year study of the Chishima Trench off Hokkaido.

The results indicate that strain accumulation due to plate movements could lead to a mega-quake in the near future. Using seabed GPS stations installed in 2019, the team observed that the Pacific Plate is sliding toward the Okhotsk Plate at roughly 8 centimeters per year, while a station on the continental plate mirrors this movement. This suggests the plates are locked and building tension.

This echoes patterns seen before the 17th-century quake believed to have rocked the region, raising concerns of a repeat event.

With the government estimating a 7% to 40% chance of an M8.8 or higher quake within 30 years, researchers warn that a sudden release of this strain could trigger an M9.0 disaster, potentially unleashing tsunamis and threatening tens of thousands of lives along Hokkaido’s coast.

The scientific team plans to conduct further research at another location off Hokkaido to collect additional data.

Source : The Japan Times.

La Palma (Iles Canaries) , un an après… // La Palma (Canary Islands), one year after….

La Palma vient de célébrer le premier anniversaire de l’éruption de la Cumbre Vieja qui a plongé l’île dans une grande détresse. L’événement n’a fait aucune victime mais a ravagé la vie de nombreuses personnes.
Alors que les autorités organisaient des cérémonies le 19 septembre 2022 pour commémorer le premier anniversaire du début de l’éruption, l’île espagnole n’est plus la même, géologiquement, économiquement ou socialement.
Quelque 3 000 bâtiments ont été ensevelis sous une épaisse couche de lave qui met du temps à se refroidir après avoir atteint une température de 1 140 °C. De nombreuses bananeraies, des routes et des systèmes d’irrigation ont subi le même sort.
A côté de l’agriculture, le tourisme est essentiel à l’économie de l’île. Cependant, la moitié des 8 000 lieux d’hébergement officiellement répertoriés restent fermés en raison de la présence de gaz toxiques. C’est aussi la raison pour laquelle environ 170 habitants vivent encore dans des chambres d’hôtel.
L’ancien site touristique de Puerto Naos est devenu une ville fantôme. La lave n’a pas atteint la ville, mais la forte concentration de gaz carbonique a entraîné l’évacuation de ses 1 000 habitants. La plupart vivent chez des proches et tous continuent de se demander quand ils seront autorisés à rentrer chez eux.
La Palma, avec une population de 84 790 habitants, a vu la visite de nombreux hommes politiques et autres dignitaires. Des membres du gouvernement, dont le Premier ministre Pedro Sánchez, se sont rendus sur l’île à de nombreuses reprises, principalement pour annoncer de nouveaux programmes d’aide. Des fonds publics d’un montant total de 566 millions d’euros, destinés à aider à la reconstruction, ont été débloqués par le gouvernement.
Pourtant, un groupe de personnes affectées par l’éruption célèbre l’anniversaire en protestant contre la mauvaise gestion des fonds. D’autres expliquent qu’après l’éruption qui a duré 85 jours, la solidarité a disparu. Les producteurs de bananes se plaignent de l’insuffisance des subventions.
Cependant, certains entrepreneurs font des efforts pour faire redémarrer leurs entreprises et essaient de tirer parti de l’éruption. Pendant l’événement, j’ai évoqué un astronome qui proposait des programmes nocturnes d’observation des étoiles sous le ciel clair des îles Canaries. D’autres habitants guident les visiteurs à travers la cendre volcanique.
Le volcan n’a pas encore reçu de nom. Avant l’éruption, on le connaissait sous le nom de Cumbre Vieja, qui était aussi le nom du parc national tout autour. Cet été, les habitants de l’île ont proposé de l’appeler Tajogaite, le nom de la région dans l’ancienne langue Guanche.
Malgré les dommages qu’ils ont subis, les habitants de La Palma ont envie de s’en sortir. Il y a à peine deux mois, ils ont obtenu une petite victoire sur le volcan avec l’ouverture d’une nouvelle route tracée sur la lave pour relier les flancs opposés de la vallée d’Aridane qui avait été coupée en deux par l’éruption. La route permet d’atteindre en deux heures des maisons isolées; elle raccourcit les trajets scolaires des enfants et permet l’accès aux plantations de bananes qui ont échappé à l’éruption dans la vallée.
Source : médias d’information internationaux.

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La Palma has just celebrated the first anniversary of the three-month-long eruption of Cumbre Vieja eruption. The event left no casualties but wreaked havoc in the lives of many.

As officials held ceremonies on September 19th, 2022 to commemorate the first anniversary of the start of the eruption, the Spanish island in the Canary archipelago is not the same, geologically, economically, or socially.

Under the thick layer of lava, still slowly cooling down from the initial 1,140°C temperature, some 3,000 buildings were buried along with many banana plantations, roads and irrigation systems.

Alongside agriculture, tourism is essential to the island’s economy. However, half of the 8,000 registered places of accommodation remain closed due to the presence of poisonous gases. This is also the reason why about 170 local people are still living in hotel rooms.

The former touristic spot of Puerto Naos has become a ghost town. The lava didn’t reach the town, but the high concentration of CO2 gases forced the evacuation of its 1,000 residents. Most are staying with relatives, and all continue to wonder when they will be allowed back home.

La Palma, with a population of 84,790 has seen the visit of many politicians and dignitaries. Cabinet members including Prime Minister Pedro Sánchez have visited the island 60 times, mostly to announce new aid packages. Public funds totalling 566 million euros to aid reconstruction have been delivered by the government.

Yet a group of people affected by the volcano is celebrating the anniversary with a protest against the bad management of the funds. Others explain that after the 85-day eruption solidarity disappeared. Banana farmers complain that subsidies were insufficient.

However, some entrepreneurs are finding ways to reshape their businesses and exploit the eruption.

during the event, I wrote about an astronomer who offered nighttime stargazing programs under the clear Canary Island sky. Other locals guide visitors through the volcanic ashes.

The volcano has not yet been given a name. Befoer the eruption, it was known as as Cumbre Vieja, the name of the surrounding national park. This summer, island residents voted to call it Tajogaite, the name of the area in the ancient Guanche language.

Despite the damage they suffered, local people are determined to thrive. Just two months ago, the islanders were able to claim a minor victory over the volcano with the opening of a new road built over the lava rock to connect the sides of the Aridane Valley that was split in two by the eruption.The road takes two hours to reach isolated houses, shortens kids’ school routes and allows access to the surviving banana plantations in the valley.

Source: International news media.

Les webcams ont permis d’observer l’éruption du Cumbre Vieja depuis son fauteuil, avec de superbes images…

Une photo de l’éruption, prise par Nathalie Duverlie, figure sur la couverture du livre « Histoire de Volcans »

 

 

 

 

 

 

Martinique : il y a 120 ans, la Pelée détruisait Saint Pierre

A l’occasion du 120ème anniversaire de la Montagne Pelée, la Martinique organise la 47ème édition du « Mai de Saint-Pierre », avec de nombreuses manifestations que vous trouverez en cliquant sur ce lien :

https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/la-47e-edition-du-mai-de-saint-pierre-se-veut-memorielle-et-culturelle-1278748.html

On peut lire ce 8 mai 2022 sur le site Martinique la 1ère un intéressant article intitulé « Les leçons politiques éclairantes de l’éruption de la Pelée. »

https://la1ere.francetvinfo.fr/martinique/les-lecons-politiques-eclairantes-de-l-eruption-de-la-pelee-1280980.html

En marge de cette éruption, je recommande la lecture du livre de Daniel Picouly « Quatre-vingt-dix secondes » qui livre une approche très originale de ce tragique événement.

Saint-Pierre et la Montagne Pelée aujourd’hui

Cachot de Louis-Auguste Cyparis, l’un des deux survivants

N’oublions pas Alfred Lacroix qui a remarquablement décrit l’événement

Photos : C. Gtandpey