Séquençage du génome d’une victime de l’éruption du Vésuve // Sequencing the genome of a victim of the Vesuvius eruption

Le site de Pompéi n’arrête pas de révéler ses secrets, avec l’aide des scientifiques. C’est ainsi que l’ADN d’un homme victime de l’éruption du Vésuve, découvert à Pompéi, a pu être entièrement séquencé pour la première fois. C’est ce que nous apprend une étude publiée dans la revue Nature. Près de 2000 ans après la catastrophe, on en sait maintenant davantage sur le profil génétique de cet homme et de la population pompéienne de l’époque.

Le squelette a été excavé par les archéologuess dans les années 1930 dans la salle à manger de la Casa del Fabbro à Pompéi, près d’un triclinium, une sorte de chaise-longue utilisée à l’époque par les Romains pour les repas. L’homme, âgé de 35 à 40 ans, qui souffrait de tuberculose, a probablement été surpris en plein déjeuner par l’une des coulées pyroclastiques émises par le volcan. S’agissant de la date de l’éruption, on sait maintenant qu’elle a eu lieu au mois d’octobre 79, et non en août comme on le pensait précédemment. .

D’après les scientifiques, la position et l’orientation du corps laissent à penser que l’homme a dû connaître une mort instantanée. Les restes d’une femme âgée d’une cinquantaine d’années ont également été découverts à ses côtés, mais son ADN n’a pas pu être exploité complètement.

Des analyses avaient pu être effectuées par le passé sur les génomes de victimes, humaines et animales découvertes à Pompéi, mais elles étaient restées à chaque fois incomplètes, faute d’ADN entier. Cette fois, l’ensemble du profil ADN a pu être analysé par des chercheurs danois. Il s’agit d’une réelle prouesse scientifique car l’exploitation des restes d’une victime s’avère en général complexe dans le cas de Pompéi en raison de la température élevée des matériaux émis par le volcan. Toutefois, dans le cas présent, l’éruption a déposé une couche de cendre sur les cadavres, ce qui les a isolés et protégés dune probable dégradation.

Les scientifiques ont par ailleurs eu recours à des méthodes innovantes d’extraction et de séquençage de l’ADN. Ils expliquent qu’elles ont « considérablement augmenté la quantité de données pouvant être obtenues à partir d’échantillons auparavant inadaptés à la recherche génétique. » Les chercheurs ont pu s’appuyer en particulier sur des zones du corps où l’ADN a été très bien préservé : les dents, l’os de l’oreille interne.

Le travail des scientifiques a permis de mettre au jour le profil génétique de l’homme disparu dans la catastrophe de Pompéi. Comparé à celui de 471 profils de type eurasien de la même période, l’ADN du Pompéien est similaire à celui des peuples méditerranéens et proche-orientaux actuels, comme les Grecs ou les Turcs.

Cette découverte est la marque probable d’une « signature génétique » au sein de la population romaine, pourtant d’origines diverses, diffusée par l’Empire et encore présente aujourd’hui.

Les recherches dévoilent par ailleurs la présence d’une forme d’ADN « sarde ». En effet, certaines séquences du génome du Pompéien ne se retrouvent actuellement que chez les habitants de Sardaigne. Ces derniers sont donc probablement issus de populations d’Anatolie ou du Néolithique.

Source: Presse internationale.

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The site of Pompeii does not stop revealing its secrets, with the help of scientists. The DNA of a man, victim of the eruption of Vesuvius, discovered in Pompeii, could be fully sequenced for the first time. This was revealed by a study published in the journal Nature. Nearly 2000 years after the disaster, we now know more about the genetic profile of this man and the Pompeian population of the time.
The skeleton was excavated by archaeologists in the 1930s in the dining room of the Casa del Fabbro in Pompeii, near a triclinium, a kind of chaise-longue used at the time by the Romans for meals. The man, aged 35 to 40, who suffered from tuberculosis, was probably surprised in the middle of lunch by one of the pyroclastic flows emitted by the volcano. Regarding the date of the eruption, we now know that it took place in October 79, and not in August as previously thought. .
According to the scientists, the position and orientation of the body suggest that he must have experienced instantaneous death. The remains of a woman in her 50s were also discovered alongside her, but her DNA could not be fully exploited.
Analyses had been carried out in the past on the genomes of victims, human and animal discovered in Pompeii, but they had remained each time incomplete, for lack of whole DNA. This time, the entire DNA profile could be analyzed by Danish researchers. This is a real scientific feat because the exploitation of the remains of a victim is generally complex in the case of Pompeii because of the high temperature of the materials emitted by the volcano. However, in this case, the eruption deposited a layer of ash on the corpses, which isolated them and protected them from possible degradation.
The scientists also used innovative methods of DNA extraction and sequencing. They explain that they have « significantly increased the amount of data that can be obtained from samples previously unsuitable for genetic research. » The researchers were able to rely in particular on areas of the body where the DNA has been very well preserved: the teeth, the bone of the inner ear.
The work of scientists brought to light the genetic profile of the man who disappeared in the Pompeii disaster. Compared to that of 471 Eurasian-like profiles from the same period, the DNA of the Pompeian is similar to that of present-day Mediterranean and Near Eastern peoples, such as the Greeks or Turks.
This discovery is the probable mark of a « genetic signature » within the Roman population, yet of diverse origins, disseminated by the Empire and still present today. Research also revealed the presence of a « Sardinian » form of DNA. Indeed, certain sequences of the Pompeian genome are currently found only among the inhabitants of Sardinia. The latter are therefore probably from populations of Anatolia or the Neolithic.
Source: International Press.

Moulages de victimes de l’éruption du Vésuve dans l’Orto dei Fuggiaschi, le Jardin des Fugitifs, à Pompéi (Photo: C. Grandpey)

Escapade en Campanie (4ème partie) : Pompéi

Au mois d’avril 2022, c’était la troisième fois que je visitais Pompéi. L’effet d’émerveillement de la découverte du site dans les années 1990 a disparu avec le temps, peut-être aussi parce que j’avais admiré la plus grande partie des fresques à l’intérieur du superbe Musée Archéologique National de Naples quelques jours auparavant. Au final, on se rend compte qu’il n’y a que peu de belles fresques sur le site de Pompéi. Pour couronner le tout, la fermeture de la Casa dei Vettii pour travaux laisse un très grand vide. A mes yeux, c’est de loin la plus intéressante de toutes les maisons sorties de la cendre. Si j’avais été informé de sa fermeture, pas sûr que j’aurais acheté un billet de visite du site.

Pourtant, grâce à la politique culturelle du gouvernement italien et aux fonds européens, les fouilles vont bon train à Pompéi et il ne se passe guère de mois sans que de nouvelles découvertes soient annoncées dans la presse italienne. En 2021, un superbe thermopolium à la façade abondamment décorée a été exhumé et un graffiti a permis de confirmer que l’éruption du Vésuve avait en lieu en octobre 79, et non en août comme on l’a longtemps pensé.

La technologie moderne a fait son apparition à Pompéi et beaucoup de guides vendus en librairie sont en retard à ce sujet. Il faut s’enregistrer par Internet (« online » est le mot très à la mode en Campanie!) pour avoir accès au thermopolium mentionné ci-dessus. C’est une très bonne idée pour réguler le flux de visiteurs. Encore faudrait-il préciser la démarche sur le site Internet de vente des billets d’entrée à Pompéi ! A ce niveau, la Campanie est un peu en retard. Il serait aussi souhaitable que, en plus de l’italien et de l’anglais, le français soit l’une des langues utilisables sur les sites de visites campaniens. Traditionnellement, les Français constituent une grande partie des visiteurs du Vésuve et de sa région. Les autorités italiennes semblent l’avoir oublié.

Au cours de mon périple, j’ai constaté que l’Italie du Sud avait fait des progrès en matière de discipline. Les motocyclistes portent le casque ; la ‘mascherina ‘ anti-Covid recouvre la plupart des visages ; il est vrai que cette partie de l’Italie a payé un lourd tribut et les gens ont compris qu’il fallait être prudent. A côté de cela, la conduite sur route reste instinctive ; les panneaux ‘Stop’ et la ligne médiane restent à la discrétion de chacun….

Photos : C. Grandpey

Escapade en Campanie (2ème partie) : le Musée Archéologique National de Naples

Cela faisait longtemps que j’avais envie d’aller à Naples visiter le Musée Archéologique National où sont exposées les fresques prélevées à Herculanum, Stabies et Pompéi. Après avoir visité Pompéi à deux reprises dans les années 1990, j’avais compris que la visite du musée de Naples serait indispensable pour avoir une idée complète de la vie dans ces cités recouvertes par la cendre du Vésuve en l’an 79 de notre ère.

Afin d’éviter les inévitables tracas de circulation et de stationnement à Naples, j’avais opté pour le train qui permet en 34 minutes et pour seulement 2,20 euros de relier la gare de Pozzuoli Solfatara à celle de Piazza Cavour qui se trouve à 200 mètres du musée où le nombre de visiteurs était étonnamment faible, peut-être à cause de la Covid-19.

Je suis sorti enchanté de ma visite du musée napolitain car la richesse des œuvres exposées est assez extraordinaire. Je ne suis pas fan des musées que je trouve souvent rébarbatifs, et certains (j’ai des noms!) me reprochent de les parcourir au pas de charge!

A Naples, c’était différent car je venais rechercher et observer des œuvres précises, à savoir les fresques prélevées à Herculanum et Pompéi. Protégées et restaurées dans l’enceinte du Musée, elles sont mieux conservées qu’en restant sur place. Certaines sont vraiment d’une grande finesse. Entre autres, le cabinet érotique secret présente les nombreuses fresques et objets découverts dans les lupanars de Pompéi et Herculanum, ainsi que dans les maisons privées. Il serait dommage de ne pas chausser les protections proposées gratuitement par le Musée pour admirer les mosaïques de la section Magna Grecia, issues de villas de Pompéi, Herculanum et Stabies.

Le revers de la médaille, c’est qu’après une telle visite et un tel enchantement, on trouve bien vides les murs des maisons d’Herculanum et Pompéi. Il faut faire travailler son cerveau pour y transposer les images du Musée archéologique de Naples.

Vous verrez ci-dessous quelques photos prises au cours de ma visite. Contrairement à certains autres musées qui espèrent vendre des images à la boutique, celui de Naples autorise la prise de photos. Un régal !

Il serait dommage de ne pas visiter les autres pièces du Musée, comme celles consacrées aux gladiateurs dans la superbe salle du Cadran Solaire, ou bien les sculptures monumentales de la collection Farnèse.

Photos : C. Grandpey

Une fois la visite du musée terminée, on peut se plonger dans l’ambiance de la ville de Naples où rôde à chaque coin de rue la mémoire du regretté Diego Maradona. On peut s’aventurer dans les ruelles étroites de Spaccanapoli, le quartier historique, où les volcans apparaissent sur les belles majoliques du cloître de Santa Chiara. On peut aussi parcourir les ruelles étroites des quartiers espagnols… Naples, c’est vraiment tout une ambiance, un monde plein de vie!

Photos : C. Grandpey

Nouvelle découverte à Pompéi (Italie) // A new discovery at Pompeii (Italy)

Grâce à la nouvelle politique culturelle mise en place par les autorités italiennes et à l’arrivée de fonds européens, les fouilles s’accélèrent à Pompéi avec de nombreuses découvertes intéressantes. J’en ai mentionné quelques-unes dans des notes précédentes. (Il suffit d’écrire « Pompéi » dans le moteur de recherche en haut de la colonne de droite).

Les archéologues viennent de mettre au jour un rare témoignage de la vie du « petit peuple » au moment de l’éruption du Vésuve en 79 après JC. Une pièce en bon état de conservation a été découverte à Civita Giuliana, une villa située à la périphérie nord de Pompéi. Elle offre aux archéologues de nouvelles informations sur la vie quotidienne des esclaves qui vivaient dans la ville au moment de sa destruction. Cette nouvelle salle va permettre de mieux comprendre la vie à Pompéi à cette époque lointaine. Comme l’a déclaré le directeur du parc archéologique de Pompéi : « C’est une fenêtre sur la réalité précaire de personnes qui apparaissent rarement dans les sources historiques écrites presque exclusivement par des hommes appartenant à l’élite, et qui, par conséquent, risquent de ne jamais figurer dans les grands récits historiques. »
La vidéo ci-dessous présente la découverte:
https://youtu.be/fKZ08teLs70
L’état remarquable de conservation de la pièce offre une foule de détails aux observateurs modernes. Bien qu’elle date de près de 2 000 ans, elle a beaucoup à offrir. Les chercheurs peuvent créer des moulages en plâtre de lits et d’autres articles d’une grande fragilité. En utilisant de nouvelles techniques archéologiques, ils peuvent voir les moindres détails dans la pièce, comme les éléments en cuir et en corde qui décoraient les lits.
De plus, les lits et les effets personnels contenus dans cette nouvelle salle permettent aux chercheurs de spéculer sur ses occupants. Il semble que la pièce servait de dortoir et abritait des personnes d’âges différents, peut-être une famille. Les chercheurs ont également constaté que la pièce était utilisée comme espace personnel, mais aussi comme lieu de stockage.
Source : Yahoo News.

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Thanks to the new cultural policy set up by Italian authorities ans the arrival of European funds, excavations are accelerating at Pompeii with numerous interesting discoveries. I have mentioned some of them in previous posts.

This time, archaeologists have unearthed a rare glimpse at non-“elite” lives at the time of the eruption of Mt Vesuvius in 79 AD. A well-preserved room has been found at Civita Giuliana, a suburban villa located to the north of Pompeii. It offers archeologists new perspectives into the daily lives of the slaves who populated the city at the time of its destruction. This new Pompeii room opens the door to an increased understanding of ancient life. As the Director-General of the Archaeological Park of Pompeii said: « This is a window into the precarious reality of people who seldom appear in historical sources that were written almost exclusively by men belonging to the elite, and who as a result risk remaining invisible in the great historical accounts. »

This video showcases this finding : https://youtu.be/fKZ08teLs70

The remarkable state of the room offers an incredible level of detail to modern observers. Though the room dates back nearly 2,000 years, it has a lot to offer. Researchers can create plaster casts of beds and other perishable items. Using new archaological techniques, they can see fine details in the room. They can even observe leather and rope elements that decorated the beds.

Additionally, the beds and belongings in the new Pompeii room allow researchers to speculate about their one-time inhabitants. It seems that the room functioned as a dormitory that housed people of different ages, possibly a family. Researchers can also see that the room was used as a personal space for its occupants, as well as a a storage space.

Source: Yahoo News.

Image extraite de la vidéo