Nouvelle alerte glaciaire en Antarctique // New glacial alert in Antarctica

Sur la Péninsule Antarctique, le glacier Hektoria a reculé de près de 50 % en seulement deux mois C’est le recul le plus rapide jamais enregistré dans l’histoire moderne, selon une nouvelle étude publiée en novembre 2025 dans la revue Nature Geoscience. Une telle fonte pourrait avoir des conséquences majeures sur l’élévation du niveau de la mer.

Crédit photo : Naomi Ochwat

Les glaciers ancrés sur le plancher océanique, comme le Hektoria, ne reculent généralement que de quelques centaines de mètres par an. Or, entre novembre et décembre 2022, ce dernier a reculé de 8 kilomètres.

Recul du glacier Hektoria (Source : Adrian Luckman)

Il est crucial de comprendre les causes de ce phénomène. Les auteurs de l’étude avertissent que si des glaciers plus imposants que l’Hektoria reculent à un rythme similaire, cela pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur l’élévation du niveau de la mer. On sait que l’Antarctique contient suffisamment de glace pour faire monter le niveau de la mer d’une soixantaine de mètres.
Les chercheurs ont identifié plusieurs facteurs ayant conduit au recul rapide de l’Hektoria. En 2011, la banquise a rempli la baie où il se trouve, ce qui a stabilisé les glaciers environnants. Ils ont pu avancer dans la baie et de former de solides plates-formes glaciaires. En 2022, ces plates-formes se sont désintégrées dans la baie, ce qui a déstabilisé les glaciers, et provoqué leur recul.
L’Hektoria s’est désintégré beaucoup plus rapidement que ses voisins en raison de la nature du substrat sur lequel il repose. L’Hektoria repose sur une plaine où la glace glisse sur les sédiments du plancher océanique. De telles plaines peuvent entraîner un recul rapide des glaciers car, à mesure qu’il s’amincissent, la glace commence à remonter vers la surface et l’eau s’infiltre dans les crevasses, exerçant une pression qui provoque le vêlage du glacier, avec le détachement de larges plaques. Lorsqu’un iceberg se détache, il expose le glacier situé derrière lui à de nouvelles pressions, et un nouveau vêlage se produit.

Ce type de fonte sur un relief littoral plat s’est déjà produit. Des modèles montrent qu’entre 15 000 et 19 000 ans avant notre ère, lors d’une période de réchauffement qui a mis fin à la dernière glaciation, les glaciers reposant sur les plaines littorales ont reculé de plusieurs centaines de mètres par jour. Cependant, jusqu’à présent, personne n’avait observé ce processus en direct, et encore moins à ce rythme.
Les auteurs de l’étude expliquent que le recul de l’Hektoria a été fortement influencé par le réchauffement climatique. La fonte de la banquise autour de l’Hektoria, probablement due au réchauffement des océans, a permis aux vagues de la fragmenter, exposant ainsi le glacier aux forces océaniques. Avec l’accélération du réchauffement climatique, nous devrions observer une réduction accrue de la banquise dans cette région. D’autres glaciers pourraient alors perdre les plateformes de glace qui les retiennent.
L’Hektoria est un glacier relativement petit à l’échelle de l’Antarctique, et sa disparition partielle n’aura qu’un impact limité sur le niveau de la mer. Cependant, des glaciers antarctiques bien plus imposants, comme le Thwaites ou le Pine Island, pourraient subir le même processus car l’évolution des calottes glaciaires terrestres est intimement liée au réchauffement climatique.

La prochaine étape consiste à mieux identifier les zones de l’Antarctique vulnérables à ce phénomène. Ces recherches font craindre que la fonte des glaces en Antarctique, qui contribue à l’élévation du niveau de la mer, « s’accélère plus rapidement que prévu. Cela confirme que l’humanité a encore beaucoup à apprendre sur ce vaste continent isolé.»
Source : CNN, BBC.

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On the Antarctic Peninsula, the Hektoria Glacier has shrunk by nearly 50% in just two months, the fastest retreat recorded in modern history, according to a new study published in Novemver 2025 in the journal Nature Geoscience.. Such melting could have big implications for global sea level rise.

Grounded glaciers like Hektoria, which rest on the seabed and don’t float, generally retreat no more than a few hundred meters a year. But between November and December 2022, Hektoria retreated by 8 kilometers.

Understanding more about why this happened is vital. The authors of the study warn that if larger glaciers retreat at similar rates, it could have “catastrophic implications for sea level rise.” Antarctica holds enough ice to raise global sea level by around 60 meters.

The researchers have identified several steps that led to Hektoria’s rapid retreat. In 2011, the bay filled with fast ice, stabilizing the glaciers around it, allowing them to advance into the bay and form thick, floating ice tongues. In 2022, this fast ice broke out of the bay, destabilizing the glaciers, causing them to lose their ice tongues and retreat.

The reason Hektoria fell apart much faster than its neighboring glaciers is due to what lies beneath it. Hektoria rests on an ice plain, where sliding ice glides over flat sediment on the seabed. Ice plains can prompt fast retreat because as the glacier thins, the ice starts to rise up and water pushes underneath into its crevasses, exerting pressure and causing large slabs to break off. As one iceberg calves, it exposes the glacier behind it to the same pressures and calving happens again.

This kind of ice plain melting has happened before. Models show that between about 15,000 and 19,000 years ago, during a period of warming that ended the last Ice Age, glaciers with ice plains retreated hundreds of meters a day. However, until now, nobody had seen the process play out live before, and not at this rate.

The study authors explain that Hektoria’s retreat was heavily influenced by global warming. The loss of sea ice in the ocean next to Hektoria, believed to have been driven by ocean warmth, allowed wave swells to reach the fast ice and break it up, leaving the glacier exposed to ocean forces. As climate change accelerates, we are likely to see more reductions of sea ice in this region. This could result in other glaciers losing the ice shelves that currently buttresses them.

Hektoria is a relatively small glacier by Antarctic standards, and its partial demise won’t cost the planet much in terms of sea level rise. However, much larger Antarctic glaciers like Thwaites or Pine Island could conceivably go through the same process, as this whole evolution of the ice sheets on Earth evolves with global warming. The next stage is to better establish which areas in Antarctica are vulnerable to the same process. The research raises fears that ice loss from Antarctica, which contributes to sea-level rise, “could occur more rapidly than projected. It’s another sign humanity still has a lot to learn about this vast, isolated continent.”

Source : CNN, The BBC.

Glaciers en péril (2ème partie) // Glaciers at risk (part 2)

Glacier Franz Josef, Nouvelle-Zélande
Le glacier Franz Josef est non seulement une merveille naturelle, mais aussi un exemple frappant de l’accélération du réchauffement climatique. Situé dans le parc national de Westland Tai Poutini, le Franz Josef recule rapidement. Il a perdu une quantité importante de glace au cours des dernières décennies. Ce recul a remodelé le paysage, affectant les écosystèmes locaux, le tourisme et même le climat. Lors de ma visite en 1999, j’ai pu m’approcher du front du glacier, mais il a reculé si vite que les parois de son encaissant sont devenues instables. Randonner dans la vallée glaciaire est devenu extrêmement dangereux.

Photo: C. Grandpey

Crédit photo: Bolde

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Glacier du Rhône, Suisse

Situé dans les Alpes suisses, le glacier du Rhône est un autre exemple de glacier qui recule rapidement en raison du réchauffement climatique. Ce glacier emblématique rétrécit depuis le 19ème siècle, et son recul s’est accéléré ces dernières décennies. Une grotte est creusée dans le glacier, mais son avenir est incertain malgré les bâches blanches installées dessus. C’est ici que le Rhône prend sa source. Si le glacier fondait complètement, l’eau deviendrait vite un problème pour les régions traversées par le fleuve.

Glacier du Rhône et bâche de protection de la grotte

Naissance du Rhône (Photos: C. Grandpey)

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Glacier Vatnajökull, Islande

Le glacier Vatnajökull est la plus grande calotte glaciaire d’Europe, mais il n’est pas à l’abri des effets du réchauffement climatique. Cet immense glacier perd de la glace à un rythme accéléré, remodelant le paysage islandais et affectant les communautés locales. La hausse des températures et l’activité volcanique sont les principaux facteurs de cette fonte. Dans mon livre Glaciers en Péril, j’ai donné des exemples des parties du glacier qui fondent très rapidement.

Photos: C. Grandpey

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Parc national des Glaciers, États-Unis

Le parc national des Glaciers abrite plusieurs glaciers qui ont reculé si rapidement en raison du réchauffement climatique que les visiteurs sont souvent déçus de constater leur faible nombre, voire leur absence. Autrefois composé d’environ 150 glaciers, le parc en compte aujourd’hui moins de 30, et leur superficie continue de diminuer chaque année. Heureusement, le parc abrite une faune abondante, notamment des marmottes et des chèvres des Rocheuses que l’on peut observer à de nombreux endroits.

Photos: C. Grandpey

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Glacier de Pine Island, Antarctique
Situé dans l’ouest Antarctique, le glacier de Pine Island fait partie de ceux qui inquiètent le plus glaciologues et climatologues. Je ne l’ai pas visité, mais je lui accorde une place à part car c’est l’un de ceux qui fondent le plus rapidement au monde. Il est étroitement surveillé car sa fonte pourrait contribuer de manière significative à l’élévation du niveau de la mer. Le glacier s’amincit d’environ 90 centimètres par an.
Le processus de fonte est identique à celui qui affecte Jacobshavn au Groenland. Les courants océaniques chauds font fondre par le dessous la plate-forme qui, tel un rempart, retient le glacier..Si cette plate-forme disparaît, le Pine Island finira sa course dans l’océan Austral et sa fonte contribuera à la hausse des océans. La situation est d’autant plus préoccupante en Antarctique occidental que d’autres glaciers, comme le Thwaites, le Pope ou le Smilth, pourraient, eux aussi, finir leur course dans l’océan Austral et faire ainsi monter le niveau des océans de plusieurs mètres. Il faut savoir que les systèmes glaciaires sont interconnectés dans cette partie de l’Antarctique. 

Source: BAS

Source : Bolde via Yahoo News.

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Franz Josef Glacier, New Zealand

Franz Josef Glacier is not only a natural wonder but also a stark example of the acceleration of global warming. Located in Westland Tai Poutini National Park, Franz Josef has been retreating rapidly, losing a significant amount of ice over the past few decades. The glacier’s retreat has reshaped the landscape, affecting local ecosystems, tourism, and even the climate. When I visited it in 1999, I could wlak up to the front of the glacier, but it has retreated so fast that the walls of its former casing have become unstable ; walking in the glacial valley has become extremely hazardous.

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Rhone Glacier, Switzerland

Located in the Swiss Alps, Rhone Glacier is another example of a glacier retreating rapidly due to global warming. This iconic glacier has been shrinking since the 19th century, with its retreat accelerating in recent decades.

A cave is carved into the glacier, but its future is uncertain despite the white tarpaulins that have been installed on the glacler. The glacier is the source of the Rhone River. Should the glacier melt completely, water will become a problem for the regions crossed by the Rhone River.

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Vatnajökull Glacier, Iceland

Vatnajökull Glacier is Europe’s largest ice cap, but it’s not immune to the impacts of global warming. This massive glacier has been losing ice at an accelerating rate, reshaping the Icelandic landscape and affecting local communities. Warmer temperatures and volcanic activity are major factors of the melting. In my book Glaciers en Péril, I have given examples of parts of the glacier that are melting very fast.

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Glacier National Park, USA

Glacier National Park is home to several glaciers that are retreating so rapidly due to global warming that visitors today are often disappointed to see so few glaciers in the park. Once home to around 150 glaciers, the park now has fewer than 30, and they continue to shrink each year. Fortunately, the park is home to numerous animals, especially marmots and mountain goats that can be seen in numerous places.

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Pine Island Glacier, Antarctica

Located in West Antarctica, the Pine Island Glacier is among those that most worry glaciologists and climatologists. It is one of the fastest-melting glaciers in the world. It is closely monitored because its melting could significantly contribute to sea level rise. The glacier is thinning by about 90 centimeters per year.
The melting process is identical to that affecting Jacobshavn in Greenland. Warm ocean currents melt the ice shelf from below. The ice shelf acts like a barrier, holding the glacier in place. If this shelf disappears, Pine Island will eventually flow into the Southern Ocean, and its melting will contribute to rising sea levels. The situation is all the more worrying in West Antarctica as other glaciers such as Thwaites, Pope or Smilth could also end their course intothe Southern Ocean and thus raise the level of the seas by several meters.

Source : Bolde via Yahoo News.

Effondrement glaciaire au Tadjikistan // Glacier collapse in Tadjikistan

Dans une note publiée le 11 septembre 2025, j’expliquais que les glaciers des régions du Pamir et du Karakoram, en Asie centrale, qui semblaient relativement épargnés jusqu’à récemment par le réchauffement climatique, fondent eux aussi depuis 2018. C’est ce que révèlentles mesures d’une station climatique installée à un peu moins de 3 400 mètres d’altitude sur le glacier Kyzylsu, au centre du Tadjikistan. La collecte de données n’a débuté qu’en 2021, mais les données de réanalyse climatique injectées dans des modèles informatiques ont permis de simuler le comportement du glacier sur la période 1999-2023. Les chercheurs ont observé un point de basculement important en 2018. Depuis cette année, la diminution des chutes de neige a modifié le comportement du glacier et affecté sa santé.
La fonte des glaciers du Tadjikistan serait d’autant plus dramatique que l’Asie centrale est une région semi-aride fortement dépendante de l’eau de fonte des neiges et des glaces pour son approvisionnement en eau douce en aval. Depuis 2018, les eaux de fonte des glaciers, devenues plus abondantes, ont permis de compenser environ un tiers de la perte de ressources en eau due à la baisse des précipitations. Cependant, ce phénomène ne durera pas. Les scientifiques rappellent que le bassin versant du Kyzylsu alimente celui de l’Amou-Daria, l’un des principaux fleuves d’Asie centrale. Ses eaux proviennent presque exclusivement des glaciers.

Un événement récent a confirmé l’impact du réchauffement climatique sur les glaciers du Tadjikistan. Une importante portion d’un glacier s’est détachée du mont Ismoil Somoni le 25 octobre 2025. Le Centre des situations d’urgence (CoES) a indiqué que le pan de glace en question mesurait environ deux kilomètres de long, 25 mètres de haut et entre 150 et 200 mètres de large. Il s’est répandu dans une gorge voisine, et l’événement une intervention rapide des autorités locales. Aucun blessé ni dégât important n’a été signalé. Cependant, les autorités ont averti que les pluies persistantes et le risque d’autres effondrements de glacier pourraient menacer l’agriculture dans la région voisine de Gulrez. Les services d’urgence restent en alerte maximale.
Le glacier Ismoil Somoni, l’une des plus grandes masses de glace de haute altitude du Tadjikistan, est essentiel aux ressources en eau de la région. Les scientifiques expliquent que ce dernier effondrement est un nouvel indicateur de l’impact croissant du réchauffement climatique dans les montagnes du Pamir. La poursuite du recul glaciaire pourrait avoir de graves conséquences environnementales et économiques à long terme, notamment sur la disponibilité de l’eau utilisée pour l’irrigation et l’hydroélectricité. Comme je l’indiquais dans ma note du 11 septembre, une étude récente de l’Institut autrichien des sciences et technologies (ISTA) a révélé que les glaciers du Pamir-Karakoram, autrefois stables, perdent rapidement de leur masse depuis 2018. Les chercheurs ont observé une réduction de 40 centimètres de l’épaisseur de neige et une diminution d’un tiers des précipitations annuelles, des conditions qu’ils ont qualifiées de « point de non-retour ».

Source : The Times of Central Asia.

Une vidéo diffusée sur plusieurs réseaux sociaux montre l’effondrement du glacier Ismoil Somoni au Tadjikistan : https://www.facebook.com/watch/?v=2488786188253625

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In a post written on Septeber 11th, 2025, I explained that the glaciers of the Pamir and Karakoram region of Central Asia, that seemed more or less spared until recently, have been melting since 2018. This is revealed by measurements provided by a climate station installed at an altitude of just under 3,400 meters on the Kyzylsu Glacier in central Tajikistan. Data collection only began in 2021, but climate reanalysis data fed into computer models can simulate the glacier’s behaviour over the period 1999–2023. The researchers observed a significant tipping point in 2018. Since that year, reduced snowfall has altered the glacier’s behaviour and affected its health.

The melting of theTajikistan glaciers would be all the more dramatic as Central Asia is a semi-arid region heavily dependent on snow and ice melt for its freshwater supply. Since 2018, the more abundant glacial meltwater has been able to compensate for about a third of the loss of water resources due to the decline in precipitation. But the phenomenon will not last for ever. Scientists point out that the Kyzylsu watershed contributes to the Amu Darya watershed, one of the main rivers in Central Asia. Its water comes almost entirely from glaciers.

A recent event confirmed the impact of global warming on the Tajikistan glaciers. A large section of glacier broke away from Mount Ismoil Somoni on October 25 2025, according to the Committee for Emergency Situations (CoES).

The CoES reported that the detached ice mass measured approximately two kilometers in length, 25 meters in height, and 150-200 meters in width. It slid down a nearby gorge, prompting swift intervention. No casualties or significant damage was reported. However, officials warned that ongoing rainfall and the risk of further glacier collapse could endanger agriculture in the nearby Gulrez area. Emergency services remain on high alert and are monitoring the site closely.

The Ismoil Somoni glacier, one of the largest high-altitude ice masses in Tajikistan, is critical to regional water systems. Experts say the latest collapse is yet another indicator of the accelerating impact of global warming in the Pamir Mountains. Continued glacier retreat could have serious long-term environmental and economic consequences, particularly for water availability used in irrigation and hydropower generation.

As I put it in my post of September 11th, a recent study by the Institute of Science and Technology Austria (ISTA) found that the once-stable Pamir-Karakoram glaciers have been losing mass rapidly since 2018. Researchers observed a 40-centimeter reduction in snow depth and a one-third decline in annual precipitation, conditions they described as marking a “point of no return.”

Source : The Times of Central Asia.

A video released on several social networks shows the glacier collapse inTajikistan : https://www.facebook.com/watch/?v=2488786188253625

Glaciers en péril (1ère partie)// Glaciers at risk (part 1)

Les glaciers du monde entier fondent à un rythme très inquiétant, et les conséquences ne se limitent pas à la montée du niveau des océans ; cela modifie aussi en temps réel les cartes et les paysages. Les glaciers ne sont pas de simples blocs de glace immobiles ; la réalité est tout autre : ce sont des rivières de glace extrêmement sensibles aux variations de température. Dans mon livre Glaciers en Péril (2018), j’avais déjà alerté sur la situation des glaciers et du pergélisol à travers le monde. Un article publié sur le site Bolde a sélectionné 14 glaciers en voie de disparition. Voici quelques observations personnelles à propos de certains d’entre eux que j’ai survolés ou visités

Glacier Jakobshavn, Groenland
Le glacier Jakobshavn recule extrêmement vite et contribue de manière significative à la montée du niveau de la mer. Selon une étude du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le Jakobshavn perd environ 35 milliards de tonnes de glace chaque année. Cette perte d’eau contribue largement à l’élévation du niveau des océans. Le recul du glacier est si important qu’il modifie les cartes. En survolant le Groenland en 2017, j’ai rapidement compris les conséquences d’une fonte massive de la calotte glaciaire et des glaciers de l’île. Ce serait une catastrophe de grande ampleur.
L’une des causes de la fonte du glacier est l’infiltration d’eau océanique plus chaude sous la langue de glace, ce qui érode sa base, déstabilise la calotte glaciaire et accélère le processus de fonte. Ce phénomène est également observé en Antarctique, comme le montre le schéma ci-dessous.

Photo: C. Grandpey

Source: BAS

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Glacier Columbia, Alaska
En Alaska, j’ai visité le glacier Columbia à trois reprises et j’ai été impressionné à chaque fois par la rapidité de sa fonte. Elle est plus rapide que prévu. Situé dans la baie du Prince-William, ce glacier recule depuis les années 1980 et a perdu plus de la moitié de son épaisseur. Son recul modifie profondément le paysage et crée même de nouveaux chenaux dans le fjord, comme on peut le voir sur les images satellite de la NASA ci-dessous.
Ce qui rend le glacier Columbia particulièrement intéressant, c’est l’accélération de sa fonte durant les mois d’été. La hausse des températures entraîne une augmentation de la quantité d’eau de fonte, ce qui lubrifie la base du glacier et accélère son recul. Le glacier Columbia montre parfaitement que le réchauffement climatique n’est pas un problème futur ; c’est déjà une réalité.

Source: NASA

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Mer de Glace, France
J’ai écrit plusieurs articles sur la Mer de Glace, le plus grand glacier de France, car il rétrécit à un rythme alarmant, comme le confirment les indicateurs de niveau le long de l’escalier qui descend vers la grotte creusée chaque année dans la glace. La Mer de Glace a perdu plus de 120 mètres d’épaisseur au cours du siècle dernier.
Le réchauffement climatique et la diminution des chutes de neige expliquent le recul du glacier. La zone d’accumulation n’est plus suffisamment alimentée. De plus, la fonte du glacier expose davantage de roche, qui absorbe la chaleur et accélère le processus de fonte.

Photos C & G Grandpey

La Mer de Glace vue par la webcam

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Glacier Pasterze, Autriche
La route du Grossglockner menant au glacier Pasterze est l’une des plus belles d’Autriche. Le Pasterze est le plus grand glacier du pays. Je l’ai visité à deux reprises, dans les années 1980 et en 2020. Le changement du paysage y est à la fois spectaculaire et impressionnant. Le glacier a connu un recul considérable au cours des dernières décennies. Situé au pied du Grossglockner, le plus haut sommet d’Autriche, le Pasterze est une attraction touristique populaire. De ce fait, il permet de sensibiliser les visiteurs à l’accélération du réchauffement climatique. Des panneaux pédagogiques ont été installés sur la plateforme d’observation. Ils montrent où se trouvait le glacier par le passé.
Comme à la Mer de Glace, la hausse des températures et la diminution des chutes de neige expliquent le recul de Pasterze, la zone d’accumulation n’étant plus alimentée.

Photos: C. Grandpey

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Glacier Athabasca, Canada
Dans les Rocheuses canadiennes, le glacier Athabasca est – ou plutôt était – l’un des glaciers les plus accessibles d’Amérique du Nord. C’est aussi l’un de ceux qui reculent le plus rapidement, perdant plus de 5 mètres de glace chaque année. L’Athabasca a perdu plus de la moitié de son volume au cours du siècle dernier. Les repères le long de la route d’accès témoignent de la rapidité de son recul ces dernières années. Lors de ma première visite en 2006, j’ai pu marcher directement sur la glace. En 2014, cela n’était plus possible, une rivière de fonte empêchant d’aller plus loin.

Photos: C. Grandpey

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Glaciers around the globe are melting at an alarming rate, and it is not just causing sea levels to rise, it is actually changing the maps in real time and the landscapes too. Glaciers are not just massive, unmovable ice blocks ; the reality isdifferent : they are incredibly sensitive to temperature changes. In my book Glaciers en Péril (2018), I have already alerted to the situation of glaciers and the permafrost around the world. An article published on the website Bolde has chosen 14 glaciers that are disappearing. I have visited them and I am able to make some comments.

Jakobshavn Glacier, Greenland

Jakobshavn Glacier has been receding at an alarming pace, contributing significantly to global sea-level rise. According to a study by the National Snow and Ice Data Center (NSIDC), Jakobshavn has been losing around 35 billion tons of ice each year. This water has largely contributed to rising sea levels. The glacier’s retreat is so significant that it is altering maps. When I flew above Greenland in 2017, I quickly realised what would happen if the icecap and the glaciers on the island happened to melt. It would be a large-scale disaster.

One cause of the glacier’s melting is the warmer ocean water that is creeping underneath the glacier, eating away at its base. This makes the ice sheet unstable and speeds up the melting process.

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Columbia Glacier, Alaska

In Alaska, I have visited the Columbia Glacier three times and each time I was impressed at the rapidity of its melting. It is faster than anyone anticipated. Located in Prince William Sound, this glacier has been retreating since the 1980s and has lost over half its thickness. As the glacier recedes, it leaves behind a drastically altered landscape and even opens up new channels in the fjord. This not only affects the local ecosystem but also has broader implications for sea-level rise.

What makes Columbia Glacier particularly interesting is how its melting accelerates during the summer months. Warmer temperatures lead to more meltwater, which in turn lubricates the glacier’s base and speeds up its retreat. The Columbia Glacier is a vivid indicator that global warming is not a future problem; it is happening now.

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Mer de Glace, France

I have written several posts about Mer de Glace, France’s largest glacier because it is is shrinking at an alarming rate, as shown by the level indicators posted along the staircase that goes down to the ice cave. Mer de Glace has lost over 120 meters in thickness in the last century.

Warmer temperatures and reduced snowfall account for the glacier’s retreat. Moreover, as the glacier melts, it exposes more rock, which absorbs heat and accelerates the melting process.

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Pasterze Glacier, Austria

The Grossglockner Road road leading to Pasterze Glacier is one of the most beautiful in Austria. Pasterze is the largest glacier of the country. I visited twice, in the 1980s and in 2020. The change in the landscape was both spectacular and impressive. The glacier has been retreating dramatically over the past several decades. Situated at the foot of the Grossglockner, Austria’s highest mountain, Pasterze is a popular tourist attraction. As such, it can alert visitors to the racceleration of global warming. The glacier’s retreat is so significant that it’s altering the maps of the area. Educational panels have been set up on the viewing platform that allows to see where the glacier was in the past.

Like at Mer de Glace, rising temperatures and less snowfall account for Pasterze’s retreat as the accumulation zone is no longer fed.

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Athabasca Glacier, Canada

In the Canadian Rockies, Athabasca Glacier is one of the most accessible glaciers in North America. Iy is also one of the fastest-receding, losing more than 5 meters of ice each year. Athabasca has lost over half its volume in the last century. The landmarks along the access road show how fast the glacier has been retreating in the past years. When I fist visited it in 2006, one could walk directly on the ice. In 2014, this was no longer possible as a melt river prevented me from going any further.

Source : Bolde via Yahoo News.