Quelques réflexions sur l’éruption du Stromboli le 3 juillet 2019

Comme je l’ai indiqué dans une note le 3 juillet au soir, le Stromboli a connu un violent épisode explosif dans l’après-midi de ce même jour. Deux randonneurs qui se trouvaient au mauvais endroit au mauvais moment ont reçu la pluie de lapilli incandescents projetés par le volcan. L’un d’eux, un Sicilien de 35 ans est décédé ; son ami brésilien été retrouvé en état de choc et déshydraté. Il est bon de noter que les deux hommes se trouvaient en dessous de l’altitude 400 mètres au-delà de laquelle un guide est obligatoire pour accéder au sommet du volcan. Les lapilli incandescents ont mis le feu à la végétation et la presse italienne fait état d’intervention de Canadair pour éteindre les foyers.

L’éruption s’est produite en pleine saison touristique et certains vont inévitablement poser la question : Faut-il interdire l’accès au volcan, même avec les guides? Personnellement, je ne le pense pas. Comme je l’ai indiqué dans ma note du 3 juillet, de tels paroxysmes se produisent de temps à autre sur le Stromboli, mais ils restent des événements isolés.

Il y a quelques semaines, j’avais attiré l’attention sur l’émission de fréquents panaches de cendre noire, signe d’effondrements dans les conduits éruptifs. Il est fort à parier que ces effondrements ont obstrué un ou plusieurs conduits d’alimentation. La pression de gaz s’est alors accumulée jusqu’au jour (le 3 juillet) où elle a fait sauter la bouchon en provoquant les événements et la panique que l’on sait. Hier soir, l’activité strombolienne était intense, avec une belle incandescence au-dessus du sommet du Stromboli. La lave s’écoulait le long de la Sciara del Fuoco. Ce matin, plusieurs bouches sont actives, en particulier dans la partie centrale de la terrasse cratèrique et on entend la « respiration » du volcan. Cette situation tend à montrer que le Stromboli continue à évacuer les gaz et les matériaux qui étaient bloqués dans les conduits d’alimentation.

Il sera prudent d’attendre quelques jours (je dirais jusqu’à la fin de la semaine) pour s’assurer que le retour à la normale a bien eu lieu avant de reprendre les excursions, accompagnées ou non. Il serait toutefois stupide d’interdire l’accès au volcan pendant les prochaines semaines. Le tourisme étant un atout majeur dans l’économie sicilienne, je serais surpris que les autorités adoptent une telle mesure.

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21 heures : Le Stromboli est encore très actif ce soir, avec de belles séquences éruptives stromboliennes qui projettent des matériaux incandescents à une centaine de mètres de hauteur. Au vu des excellentes images délivrées en direct (avec le son !) par la webcam Skyline, il semble que ce soit la bouche n°4 (et parfois la n°5) qui est la plus active avec de petites projections incessantes ponctuées d’événements plus puissants. Il semble que la lave ait cessé de couler sur la Sciara del Fuoco. Petit à petit, le Stromboli retrouve son rythme habituel. Toutefois, comme je l’écrivais précédemment, je pense qu’il est souhaitable d’attendre quelques jours avant de conduire des touristes vers le sommet avec les guides. La volcanologie actuelle ne permet pas de prévoir les éruptions..

L’activité strombolienne est soutenue ce matin, mais n’a pas l’ampleur des explosions enregistrées hier (Image webcam Skyline)

Image de l’éruption du 3 juillet 2019 (Source: ANSA)

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Voici quelques captures d’écran de la webcam Skyline  réalisées ce soir entre 19 heures et 21 heures:

 

Forte vague de chaleur en Alaska // Strong heatwave in Alaska

L’Alaska est l’un des endroits du monde les plus touchés par le réchauffement climatique. J’ai écrit de nombreux articles mettant en garde contre le risque de fonte majeure des glaciers dans le 49ème État de l’Union qui occupe un chapitre entier dans mon, dernier livre « Glaciers en péril, les effets du réchauffement climatique« .
Les météorologues prévoient une chaleur record en Alaska au cours des prochains jours, et Anchorage devrait atteindre sa température la plus chaude jamais enregistrée. Jusqu’à présent, le record est de 85 degrés Fahrenheit (29,4 degrés Celsius) le 14 juin 1969.
D’une manière générale, il est prévu des températures jusqu’à 20 degrés au-dessus de la normale pour début juillet.
La vague de chaleur est due à une zone de haute pression qui devrait envahir l’Alaska au cours du week-end. Une situation de blocage atmosphérique empêchera ce système de haute pression de se déplacer, avec pour conséquence une longue période de temps chaud et sec.
Le plus surprenant, ce n’est pas seulement l’ampleur de la chaleur, mais aussi sa durée. Selon les prévisions actuelles, la température pourrait dépasser 25°C à Anchorage pendant six jours consécutifs jusqu’au début de la semaine prochaine, avant que la chaleur ne s’atténue un peu au cours de la semaine prochaine. A Fairbanks, la température devrait atteindre 25°C d’ici la fin du week-end et le début de la semaine prochaine.
En plus de la chaleur, les habitants du sud de l’Alaska sont  également confrontés à la fumée en provenance de l’incendie dans le secteur du Swan Lake. Il a été provoqué par la foudre le 5 juin 2019 et a déjà brûlé plus de 25 000 hectares au sud d’Anchorage, dans la péninsule de Kenai. Les habitants, en particulier ceux qui ont des problèmes respiratoires, les personnes âgées et les jeunes enfants, doivent veiller à prendre des mesures pour se protéger contre l’inhalation de fumée, notamment en restant à l’intérieur et en gardant les fenêtres et les portes fermées.
Selon la presse locale, le service d’incendie d’Anchorage a annulé tous les spectacles de feux d’artifice organisés le 4 juillet en raison des conditions de sécheresse extrêmes. Une interdiction d’allumer des feux reste également en vigueur et concerne les feux joie, les feux de camp et le brûlage de débris.

Comme je l’ai expliqué à maintes reprises suite à des séjours en Alaska, les températures dans cet Etat ont brusquement augmenté au cours des dernières années, et c’est la même chose dans tout l’Arctique à cause du réchauffement global de la planète. Les effets sur l’Océan Arctique et la glace de mer sont impressionnants. L’eau douce et le manque de glace ont fait monter la température de l’océan de plus de 2,5° C au-dessus de la normale.

Source : Presse alaskienne.

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Alaska is one of the places in the world most affected by global warming. I have written many posts warning about the risk of major glacier melting in the 49th State.

Now, most of the nation’s biggest state is forecast to bake under record-breaking heat over the next few days, with Anchorage poised to reach its hottest temperature ever recorded. Up to now, the record is 85 degrees Fahrenheit (Celsius) set on June 14th, 1969.

In general, high temperatures across the state are predicted as much as 20 degrees above normal for early July.

The cause of the heat wave is an unusually strong area of high pressure that’s expected to spread over Alaska through the weekend. An atmospheric traffic jam will prevent this high pressure system from moving much, leading to the extended stretch of hot and dry weather.

What is unbelievable is not just the magnitude of the heat, it is how long it will last. The current forecast suggests highs may top out in the 80s in Anchorage for six straight days into early next week, before the heat slowly eases a bit later next week. High temperatures in Fairbanks will climb to the lower and middle 80s by the end of the weekend and start of next week.

On top of the heat, people in southern Alaska are also dealing with smoke from the Swan Lake Fire. The fire was ignited by lightning on June 5th, has already charred over 77,000 acres and continues to burn south of Anchorage on the Kenai Peninsula. Residents, especially those with respiratory issues, the elderly and young children, should be prepared to take steps to protect against smoke inhalation, including staying indoors and keeping windows and doors closed.

According to the local press, the Anchorage Fire Department has cancelled all official Fourth of July fireworks shows in the municipality due to extreme dry weather conditions. A burn ban also remains in effect, covering bonfires, campfires and burning of debris.

As I have explained many times after staying in Alaska, the temperatures in this State have risen sharply in recent years, and it’s the same across the Arctic because of global warming. . The effects on the Arctic Ocean and sea ice are impressive. Freshwater and the lack of ice have raised the temperature of the ocean by more than 2.5°C above normal.

Source: Alaskan newspapers.

Sale temps pour les glaciers en Alaska! (Photo: C. Grandpey)

Volcans du monde // Volcanoes of the world

L’activité éruptive est stable sur le Sabancaya (Pérou) où l’on observait en moyenne 17 explosions par jour au cours de la semaine écoulée. Le 26 juin, les panaches de cendre montaient jusqu’à 2,6 km au-dessus du cratère.

Source : IGP.

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Une violente éruption a eu lieu sur le Manam (Papouasie-Nouvelle-Guinée) le 27 juin 2019, après une augmentation de l’activité sismique. Les images satellitaires ont montré des panaches de cendre s’élevant à 12-15 km au dessus du niveau de la mer. La couleur de l’alerte aérienne est passée au Rouge.
L’éruption du Manam intervient à peine 2 jours après une puissante éruption de l’Ulawun, à 714 km à l’est. Le volcan s’est réveillé le 25 juin, après une augmentation d’activité de plusieurs semaines. Le panache de cendre est monté à une vingtaine de kilomètres au dessus du niveau de la mer.
Source: RVO.
Les deux éruptions ont entraîné l’évacuation d’au moins 15 000 personnes. Il n’y a pas eu de victimes, mais les éruptions ont perturbé les vols intérieurs, détruit des maisons, des plantations et des puits, laissant les villageois sans nourriture ni eau. Les personnes évacuées ont besoin d’une aide immédiate, mais celle-ci est rendue difficile par la fermeture de l’aéroport. Les besoins les plus urgents concernent la nourriture, les soins médicaux et l’eau. Il a été demandé au gouvernement de décréter l’état d’urgence.
Source: The Watchers.

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Le CENAPRED indique que l’activité est encore assez intense sur le Popocatepetl (Mexique) avec de fortes explosions et les émissions habituelles de vapeur d’eau, de gaz et de cendre. Les explosions génèrent des panaches de cendre qui s’élèvent à 1,5 km au-dessus du sommet.
Le niveau d’alerte est maintenu à la couleur Jaune, Phase 2.

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Au cours des derniers mois, les niveaux de sismicité et de déformation du Mauna Loa (Hawaii) ont dépassé le seuil normal. Une éruption n’est pas imminente et la situation n’a rien d’alarmant. Cependant, ces paramètres indiquent que des changements se produisent dans le système magmatique superficiel du volcan.
Suite à un essaim sismique significatif en octobre 2018, les instruments ont enregistré en moyenne au moins 50 séismes de faible magnitude par semaine sous le sommet du Mauna Loa, la partie supérieure de la zone de rift sud-ouest et sous la partie supérieure du flanc ouest. Les séismes se produisent dans le même secteur que ceux qui ont précédé les dernières éruptions du Mauna Loa en 1975 et 1984.
Au cours de cette même période, les GPS et les satellites ont détecté une déformation du sol qui révèle une nouvelle recharge du système magmatique peu profond.
Ces différents éléments indiquent que le Mauna Loa n’est plus à un niveau d’activité normal. En conséquence, le HVO a décidé de faire passer le niveau d’alerte volcanique à ADVISORY (surveillance conseillée) et la couleur de l’alerte aérienne au JAUNE.
Une hausse semblable de l’activité du Mauna Loa s’est produite entre 2014 et 2018 et aucune éruption ne s’est produite.
Source: USGS, HVO.

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Eruptive activity is quite stable on Sabancaya (Peru). An average of 17 daily explosions was observed during the past week. On June 26th, ash plumes rose 2.6 km above the crater.

Source: IGP.

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A powerful eruption took place at Manam (Papua New Guinea) on June 27th, 2019, after a period of increased seismic activity. Satellite imagery indicated volcanic ash rising up to 12-15 km above sea level. The aviation colour code has been raised to Red.

Manam’s eruption comes just 2 days after a powerful eruption at Ulawun, about 714 km to the east. The volcano erupted on June 25th, after a few weeks of increased activity. Ash plumes rose up to about 20 km above sea level.

Source: RVO.

Both eruptions forced at least 15,000 people to evacuate. There are no reports of casualties, but the eruptions disrupted domestic flights, destroyed homes, plantations and wells, leaving villagers without food and water. The displaced people need immediate relief but it has slowed down due to the closure of the airport. The most urgent relief is food, medical and water support. The government has been requested to declare a state of emergency.

Source: The Watchers.

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CENAPRED indicates that activity is still quite intense at Popocatepetl (Mexico) with strong explosions and the usual “exhalations” of water vapour, gas and ash. The explosions generate ash plumes that rise 1-1.5 km above the summit.

The alert level remains at Yellow, Phase Two.

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For the past several months, earthquake and ground deformation rates at Mauna Loa (Hawaii) have exceeded background levels. An eruption is not imminent and current rates are not cause for alarm. However, they do indicate changes in the volcano’s shallow magma storage system.
Following a significant earthquake swarm in October 2018, seismic stations have recorded an average of at least 50 shallow, small-magnitude earthquakes per week beneath Mauna Loa’s summit, upper Southwest Rift Zone, and upper west flank. The earthquakes are occurring in locations similar to those that preceded Mauna Loa’s most recent eruptions in 1975 and 1984.
During this same time period, GPS instrumentation and satellite radar have measured ground deformation consistent with renewed recharge of the volcano’s shallow magma storage system.
Together, these observations indicate Mauna Loa is no longer at a background level of activity. Accordingly, HVO is elevating the alert level to ADVISORY and the aviation coloor code to YELLOW.
A similar increase in activity occurred between 2014 and 2018 and no eruption occurred.

Source: USGS, HVO.

Carte montrant les zones de rift, donc de fragilité, du Mauna Loa (Source: USGS)

Le flanc sud-ouest du Mauna Loa est particulièrement exposé aux coulées de lave (Source: USGS)