Quatre bonnes adresses sur l’Ile de la Réunion: 2) Les merveilles du Tunnel Bleu

Au cours de mes pérégrinations volcaniques à travers le monde, j’ai eu l’occasion de visiter des tunnels de lave en Islande, en Nouvelle Zélande, ou encore à Hawaii où le Kazumura déroule ses quelque 65 kilomètres dans les entrailles de la Grande Ile. Tous les tunnels sont différents, mais on y retrouve toujours les banquettes qui indiquent les niveaux d’écoulement de la lave. On y admire très souvent les stalactites de surfusion qui nous rappellent la très haute température qui règne dans ces tunnels.

Parmi les différents sites que j’ai visités, deux ressortent du lot. Au cours de l’éruption de l’Etna entre 1991 et 1994, mon ami Antonio Nicoloso, aujourd’hui disparu, m’a fait pénétrer à l’intérieur d’un tunnel de lave actif où j’ai pu voir l’or de la terre s’écouler à seulement quelques mètres devant moi. J’ai décrit ce moment extraordinaire dans mon livre Volcanecdotes, aujourd’hui épuisé sous sa forme papier, mais que l’on peut acquérir sur CD.

L’autre tunnel d’exception est celui que vient de me faire découvrir Rudy Laurent sur l’île de la Réunion où le sous-sol est percé d’innombrables cavités. Certaines sont de création très récente, notamment dans le Grand Brûlé. Merci à François Martel de m’avoir fait découvrir certains d’entre eux. D’autres remontent à des époques beaucoup plus lointaines.

Rudy Laurent est l’inventeur du Tunnel Bleu qui a trahi sa présence il y a quelques années lorsqu’un tracteur et sa remorque lourdement chargée ont rompu la voûte du tunnel et révélé une merveille de la Nature

L’âge du Tunnel Bleu a été estimé à 22 000 ans. Il a été façonné par la lave lors d’une éruption qui a aussi donné naissance au Piton Bleu de la Plaine-des-Cafres, d’où le nom donné à ce tunnel dont l’entrée se trouve sur un terrain privé. Seuls quelques guides sont autorisés à accompagner des visiteurs en nombre  limité afin de ne pas apporter un excès d’humidité qui risquerait de favoriser le développement de mousses, un peu comme c’est le cas avec les peintures rupestres de certaines grottes préhistoriques.

C’est sous la conduite de Rudy que nous avons pu pénétrer dans ce lieu prodigieux, équipés d’un casque, d’une lampe frontale, de genouillères et de gants. Au fil des mètres, une merveille succède à une autre, avec une alternance de roches à la belle couleur bleutée, orange ou rouge lorsqu’elles sont riches en fer, et de surfaces grises pailletées. La lumière des lampes révèle à chaque pas un décor minéral un peu plus grandiose. On découvre des centaines de stalactites de lave figée. J’en avais bien sûr observé dans le Kazumura à Hawaii, mais celles du Tunnel Bleu sont beaucoup plus belles, d’une finesse et d’une longueur surprenantes. Tout au long du parcours, Rudy demande de ne pas s’appuyer sur les parois et de veiller à ne pas heurter le plafond du tunnel avec les casques. Recommandations inutiles car il est évident qu’il ne faut pas blesser cet univers exceptionnel.

La visite du Tunnel Bleu est à recommander à tous les amateurs de géologie et de volcanologie. Les quelques photos ci-dessous ne sont qu’un petit échantillon des beautés que nous avons découvert pendant notre séjour de plus de deux heures dans les entrailles de la Terre.

Si, vous aussi, vous avez envie de visiter le Tunnel Bleu, voici les coordonnées de l’agence de Rudy Laurent:

KOKAPAT

Infos et réservations au 0692 699 414

Site web: www.kokapatrando-reunion.com

Vous verrez que Rudy Laurent organise également des randonnées à la journée sur le Piton de la Fournaise et les célèbres cirques de la Réunion, ainsi que des trekkings de 2 à 15 jours.

Photos: C. Grandpey

Le réchauffement climatique en Creuse

Le Limousin avec son Plateau de Millevaches (autrement dit le plateau des mille sources) est réputé pour être le château de la France. Avec le réchauffement climatique et la sécheresse qui l’accompagne, ce n’est plus vrai et la Creuse en est le parfait exemple. Le département vient d’être mis en état de « sécheresse renforcée » par la préfecture, avec toutes les restrictions que cela suppose. Au train où vont les choses, l’élevage qui reste la principale ressource économique du département, va rencontrer de très grosses difficultés.

Dans l’est du département à Lussat, l’étang des Landes est un exemple de cette sécheresse catastrophique. La station de radio France Bleu Creuse explique que le plan d’eau rétrécit comme peau de chagrin. D’une superficie de 100 hectares, c’est une superbe réserve naturelle ornithologique. Les spécialistes affirment qu’il pourrait se retrouver à sec à la fin du mois de juillet.

Avec le soleil, le vent et la sécheresse, le niveau baisse d’un centimètre par jour, laissant apparaître de vastes plages de sable bordées d’une eau stagnante aux algues vertes. La situation est facile à comprendre : moins il y a d’eau, plus elle se réchauffe, et plus elle se réchauffe, plus elle s’évapore. Le phénomène ne fait que s’accélérer. On ne peut compter que sur la pluie pour inverser la tendance, mais les prévisions à long terme ne la voient pas venir.

Les conséquences sur la faune se font sentir depuis plusieurs semaines. Certains oiseaux sont déjà partis: Les hérons pourprés et les marouettes ne sont mêmes pas venus nicher car il n’y a plus assez de marécages pour eux.  Cette situation convient mieux en revanche aux échasses blanches, vanneaux huppés et petits gravelots qui apprécient les grands bancs de sable. En revanche, on redoute les semaines à venir pour tous les batraciens et amphibiens.

Chaque semaine un pisciculteur vient récupérer au filet les poissons de l’étang pour les mettre à l’abri dans ses bassins. Il ne reste plus que des tanches et des gardons car les brochets n’ont pas survécu à l’épisode de canicule. Quand l’eau dépasse 29°C, cette espèce ne survit pas.

 La végétation autour de l’étang souffre elle aussi. Les chênes se dessèchent et beaucoup d’arbres vont mourir. C’est tout le paysage creusois qui est en train de changer.

Source : France Bleu Creuse.

Photo: C. Grandpey