Il y a 130 ans, le 27 août 1883, le Krakatau entrait en éruption dans le Détroit de la Sonde, l’un des événements les plus destructeurs et les plus meurtriers de toute l’histoire de la volcanologie avec plus de 36 000 victimes.
Le Manchester Guardian vient de mettre en ligne une lettre écrite le 19 décembre 1883 par le passager d’un vapeur qui naviguait au moment de l’éruption dans le Détroit de Malacca, couloir maritime du sud-est de l’Asie entre la Malaise et l’île de Sumatra
Voici la traduction de la lettre dont vous trouverez l’intégralité sur le site du journal anglais :
http://www.theguardian.com/theguardian/2013/dec/19/krakatoa-eruption-eyewitness-1883-volcanoes
A l’attention du rédacteur en chef du Manchester Guardian.
Monsieur, J’ai remarqué dans le journal d’aujourd’hui un paragraphe d’une lettre écrite par Hicks Pacha, en date du 24 Septembre dernier, à propos du soleil vert. Il me semble intéressant qu’un témoin qui se trouvait à une distance respectable de la terrible éruption volcanique et des séismes dans le Détroit de la Sonde et qui a pu en observer les effets splendides, fasse part de ses expériences.
Je me trouvais dans la matinée du 27 Août dernier à bord d’un vapeur qui naviguait le long de la rive ouest du détroit de Malacca et arrivait à son extrémité sud. J’ai été appelé par le capitaine afin d’observer l’aspect inhabituel du ciel qui montrait une lumière vive, comme s’il était éclairé par la lumière électrique lorsqu’elle apparaît, c’est à dire avec un scintillement. S’ajoutait à cela un bruit comme celui d’un intense bombardement – un bruit qui nous a fait penser que les Hollandais livraient bataille. Lorsque le jour est apparu, les éclairs de lumière ont disparu, mais le bruit était toujours présent.
A sept heures, nous vîmes un grain venir du sud-ouest ; au fur et à mesure qu’il approchait, nous avons observé une couleur d’un vert intense. Tandis qu’il se rapprochait, la mer a été soulevée dans des proportions encore jamais vues par notre capitaine en si peu de temps. La mer était également très verte, de la couleur d’une pelouse bien entretenue. Le grain, après avoir fait entendre de forts bruits de canons pendant environ trois heures, s’évanouit aussi soudainement qu’il était venu. Tandis que nous quittions la côte et approchions de Singapour, nous percevions nettement les grondements et, en arrivant là-bas, nous avons trouvé les habitants très excités ; nous avons appris que Anjer avait disparu, ainsi que la majorité de ses habitants.
Pendant toute la durée de lundi et mardi, nos ponts avaient été recouverts de particules de poussières fines, ressemblant beaucoup à celles que les vapeurs rencontrent pendant une tempête de sable dans la Mer Rouge. Pendant mon séjour à Singapour, un certain nombre de secousses ont été ressenties et le mercredi soir on découvrit qu’un paquebot qui se trouvait dans le port et qui avait été fraîchement peint pendant la journée était recouvert d’une épaisse couche de poussière qui avait adhéré à la nouvelle peinture .
Le ciel présenta en permanence une couleur verte pendant quelques jours et, après le passage de la pointe d’Aceh, en prenant la direction ouest, les levers et couchers de soleil furent d’une beauté indescriptible, teintée de toutes les nuances de vert, non seulement à l’endroit où le soleil se lève et se couche, mais sur tout le déroulement de nuages le long de l’horizon. En arrivant à Ceylan, j’ai trouvé des journaux pleins de suppositions sur les causes, et les indigènes étaient dans un état d’excitation et de peur. A ceux avec lesquels je suis entré en contact, j’ai expliqué que je pensais que ce n’était rien d’autre que de fines particules de substances minérales qui avaient été envoyées dans les nuages par le volcan et qui avaient été entraînées au-dessus de la région par l’influence de la terre. Les phénomènes ont duré jusqu’à notre entrée dans la Mer Rouge, à une distance comprise entre 3000 et 4000 miles de Aceh.
Au cours de mes voyages en Amérique du Sud et Centrale, j’ai été témoin d’éruptions de volcans que l’on croyait jusqu’alors éteints, notamment celui de San Jose de Cocota où le volcan vomit des boules de feu, mais je n’ai jamais vu quelque chose d’aussi magnifique que le Krakatoa, avec les modifications de la couleur du ciel à proximité ou à distance.
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Esquisse de William Ascroft réalisée pendant l’hiver 1883-84.
