Vous avez dit volcanologue?

Quand je fais des diaporamas-conférences, il arrive fréquemment que de jeunes spectateurs me demandent ce qu’il faut faire pour devenir volcanologue.
Si l’on s’en tient à l’étymologie du mot, un volcanologue est une personne qui étudie les volcans. En se limitant à cette définition, il y a beaucoup de volcanologues dans nos universités, en particulier dans les sections de géologie ou de pétrographie par exemple où l’étude des roches volcaniques fait bien sûr partie du programme.
En revanche, si l’on entend par volcanologue celui qui, sur les traces d’Haroun Tazieff ou de Katia et Maurice Krafft, va étudier les volcans sur le terrain – ce qui est pour moi la vraie définition d’un volcanologue – le nombre d’heureux élus se réduit considérablement. Les postes de travail vacants dans les observatoires et les instituts scientifiques sont très peu nombreux, de sorte que beaucoup de jeunes qui ont étudié la volcanologie en couronnant leurs études par des maîtrises et autres doctorats se trouvent souvent réduits, pour gagner leur vie, à des fonctions d’enseignement, d’encadrement touristique, ou doivent se replier sur des métiers parfois fort éloignés de la volcanologie. A ce sujet, une visite du site web de l’Institut de Physique du Globe de Paris (rubrique « Institut / Quelques chiffres ») est très révélatrice.
Rêver de devenir Tazieff ou Krafft de nos jours est illusoire. Il est devenu très difficile, voire impossible, de vivre de ses images. Le contexte n’est plus le même que dans les années 60. Les vidéos de volcans en éruption ont envahi les écrans de télévision. Certaines agences de voyages proposent même de conduire leurs clients à Hawaii ou en Indonésie. Il est d’ailleurs à noter que beaucoup d’accompagnateurs de ces voyages sont des diplômés en sciences de la terre qui n’ont pas trouvé d’emplois sur le terrain.
Ce que je conseille aux jeunes épris de volcanologie, c’est de poursuivre leurs études en fonction de leurs résultats scolaires, sans trop penser à la volcanologie. Si l’occasion de travailler dans cette spécialité – ou dans un domaine touchant aux Sciences de la Terre – se présente un jour, qu’ils la saisissent, cela va de soi ! Pour la plupart, ce n’est que plus tard, lorsqu’ils auront trouvé un métier à leur convenance, qu’ils pourront donner libre cours à leur passion. C’est la solution que j’ai choisie. J’ai fait des études d’anglais. J’exerce un métier qui me plaît et qui me permet d’escalader les volcans actifs de la planète pour y faire des observations et prendre des photos, bref, assouvir ma passion des volcans. Je ne suis que « volcanophile », mais c’est très bien ainsi !