Un nouveau volcan bouclier en Islande? Pourquoi pas ! //A new shield volcano in Iceland? Why not !

Cela fait maintenant plus de trois mois que l’éruption a commencé dans la Geldingadalir. Les volcanologues islandais disent qu’elle pourrait encore durer des années, voire des décennies. En supposant que l’événement dure 50 ans, on pourrait assister à la naissance d’un nouveau Skjaldbreiður. Le Skjaldbreiður est un volcan bouclier de 1 060 mètres de hauteur situé dans l’ouest de l’Islande. Il a été formé par une longue éruption il y a environ 9 000 ans. Si une telle situation se confirmait, une très vaste zone serait recouverte par la lave qui pourrait atteindre Grindavík ainsi que la centrale électrique de Svartsengi.

Même si on sait que la petite ville de Grindavik ne sera pas affectée par l’éruption avant des décennies, des structures de protection sont déjà prévues au cas où la lave prendrait la direction de cette localité. Les autorités ont déjà érigé des barrières en terre pour orienter le cours de la rivière de lave. Bien que la lave ait franchi ces barrières il y a quelques semaines, elle ne les a pas renversées, ce qui montre leur efficacité.

Les volcanologues locaux expliquent pourquoi la situation géologique est favorable à l’édification d’un volcan bouclier. L’Islande se situe sur zone de fracture entre les plaques tectoniques nord-américaine et eurasienne, et cette fracture traverse la péninsule de Reykjanes d’ouest en est. Au fur et à mesure que les plaques s’écartent, il se produit des contraintes dans la croûte terrestre qui se libèrent sous forme de séismes ou – plus rarement – d’éruptions volcaniques.

L’activité géologique sur la péninsule se caractérise par des périodes volcaniques d’une durée de 400 à 500 ans alternant avec des périodes sismiques d’une durée de 600 à 800 ans. L’éruption en cours est la première dans la région depuis près de 800 ans. Elle marque très probablement la fin d’une période sismique et le début d’une période d’activité volcanique.

Un autre facteur de l’éruption actuelle plaide en faveur du volcan bouclier. Alors que dans la plupart des éruptions islandaises la source magmatique est proche de la surface, le magma qui alimente l’éruption dans la Geldingadalir vient directement du manteau terrestre, comme à Hawaï où les volcans naissent sur un point chaud. Leur lave est très fluide car très chaude, comme c’est le cas en ce moment en Islande. La dernière éruption de ce type s’est produite il y a environ 7 000 ans sur la péninsule de Reykjanes.

Source : Iceland Review.

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It’s been more than three months since the eruption started in Geldingadalir. Local volcanologists say it could be years or even decades until it is over. Supposing the event lasts for 50 years, thet explain it would create another Skjaldbreiður mountain. Skjaldbreiður is a 1,060 metre high shield volcano located in West Iceland that was formed by a long eruption some 9,000 years ago. If such a situation became real, a very large area would be covered by lava which could reach Grindavík as well as the Svartsengi power station.

Though the small town of Grindavik may not be affected by the eruption for decades, protective structures are already being designed in case lava from the eruption begins flowing toward it. Authorities have already erected earthen barriers to direct the lava. Though it flowed over the barriers, it did not breach them, proving the effectiveness of the design.

Local volcanologists also explain why the geological situation could help the creation of a shield volcano. Iceland is located on a rift between the North American and Eurasian tectonic plates, and the rift cuts across the Reykjanes peninsula from west to east. As the plates move apart they create tension in the Earth’s crust that is released in the form of earthquakes or – more rarely – eruptions.

Geologic activity on the peninsula is characterised by volcanic periods lasting 400-500 years alternating with seismic periods lasting 600-800 years. The ongoing eruption is the first in the region in nearly 800 years, indicating that it marks the end of a seismic period and the beginning of a period of volcanic activity.

Another factor makes the Geldingadalir eruption special and in favour of a shield volcano. While in most eruptions the source of the magma is a chamber relatively close to the earth’s surface, the magma feeding the Geldingadalir eruption is coming straight from the earth’s mantle, like in Hawaii where volcanoes are locared on a hotspot. Their lava is very fluid, then very hot, as is the case with the eruption in Iceland. It’s been around 7,000 years since such an eruption occurred on the Reykjanes peninsula.

Source: Iceland Review.

 

La lave de l »éruption islandaise est très chaude et très fluide; elle circule en surface mais aussi en tunnels, comme à Hawaii ou à la Réunion. (Capture d’image webcam)

Un nouveau Mauna Loa bientôt en Islande? // A new Mauna Loa soon in Iceland?

Voici une nouvelle prévision des volcanologues islandais ! Après avoir dit que la sismicité dans la Péninsule de Reykjanes pourrait – ou ne pourrait pas – déboucher sur une éruption; après avoir affirmé que l’éruption actuelle serait courte – puis qu’elle durerait longtemps – l’un d’eux prévoit maintenant que la lave très fluide qui s’écoule lentement dans la Geldingadalur pourrait finir par former un volcan bouclier semblable au Mauna Loa à Hawaii !

Cela fait seulement neuf jours que l’éruption a commencé avec un débit estimé entre 5 et 7 mètres cubes par seconde. Un professeur de volcanologie à l’Université d’Islande compare l’éruption actuelle à celle du Pu’u’O’o à Hawaii, qui a commencé en 1983 et a duré 35 ans. [A noter que les éruptions du Kilauea à Hawaii présentent des débits éruptifs qui n’ont rien à voir avec le petit débit de l’éruption actuelle en Islande]. Selon le professeur, «l’éruption peut se terminer demain ou elle peut encore durer quelques décennies.» (On appréciera la finesse de la prévision !) Il ajoute : « Si l’éruption continue, le volcan pourrait finir par devenir un volcan bouclier. » Il est bon de rappeler que les volcans boucliers sont des volcans à pente douce, souvent de très grandes dimensions, qui se forment sur de très longues périodes. Dire que l’éruption actuelle pourrait devenir un volcan bouclier après seulement quelques jours d’activité ne rime à rien ! Comme me disait ma mère quand j’étais môme, «quand on n’a rien à dire, on se tait!»

Pour le moment, une seule prévision reste valable: l’éruption a déjà attiré de nombreux visiteurs (environ 10 000 en un week-end) et il en attirera des milliers d’autres si elle continue.

Source: Iceland Review.

A titre de comparaison, l’éruption du Mauna Loa en 1950 a duré 23 jours et a émis 376 millions de mètres cubes de lave.

On a estimé que le volume de lave émis pendant les 22 jours d’éruption du Mauna Loa en 1984 a atteint 220 millions de mètres cubes.

En 2018 le débit de lave au niveau de la seule Fissure 8 pendant l’éruption du Kilauea a été estimé entre 50 et 150 mètres cubes par seconde selon les jours. Rien à voir, donc, avec le débit de l’éruption actuelle en Islande.

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Here is a new prediction by Icelandic volcanologists. After saying the seismicity in the Reykjanes Peninsula might – or might not – lead to an eruption; after affirming the current eruption would be a short one – and then a long one – they now predict that the slow-flowing, highly fluid lava emitted in Geldingadalur could potentially form a shield volcano, like Hawaii’s Mauna Loa.

The eruption has now been ongoing for nine days with a steady rate of flow between 5-7 cubic metres per second. A volcanology professor at the University of Iceland compared the current eruption to that of Pu’u ‘O’o in Hawaii, which began in 1983 and lasted 35 years. “It could end tomorrow or it could still be going in a few decades.” (This is a highly reliable prediction!) The professor added: “If the volcano continues to erupt it could end up being categorised as a shield volcano.”

We are reminded that shield volcanoes are gently-sloping, often large volcanoes, usually formed over long periods of time. Saying the current eruption might become a shield volcano after only a few days’ activity is sheer nonsense! Like my mother used to tell me when I was a baby, “if you have nothing to say, you shut your mouth!”

For the moment, one prediction is clear: the eruption is very popular; it has already attracted many visitors (about 10,000 in one week-end) and it will draw thousands more if it goes on.

Source: Iceland Review.

As a comparison, the Mauna Loa 1950 eruption lasted for 23 days and erupted 376 million cubic metres of lava,

The volume of lava emitted during the 22-day eruption of Mauna Loa in 1984 was estimated at 220 million cubic metres.

In 2018, the lava output at Fissure 8 alone during the Kilauea eruption was estimated between 50 and 150 cubic metres per second depending on the day. Th current Icelandic eruption cannot rival with these figures.

Geldingadalur : Une éruption à faible débit

Geldingadalur (Islande) : Une éruption de type ‘volcan bouclier’? // Geldingadalur (Iceland) : A ‘shield volcano’ eruption ?

L’éruption dans la Geldingadalur a commencé il y a seulement cinq jours, mais les géologues islandais sont déjà en train d’étudier la lave émise par le nouveau volcan. Il n’a jamais été fait état des géochimistes (y en a-t-il en Islande?) en train d’échantillonner les gaz émis forcément autour du site éruptif avant que la lave ne perce la surface. Pourtant, ces gaz (CO2, hélium, par exemple) auraient pu être de bons indicateurs du comportement du magma sous la surface et ils auraient peut-être pu montrer qu’une éruption était imminente.

Quoi qu’il en soit, les géologues disent aujourd’hui que certains signes laissent penser que l’éruption dans la Geldingadalur est une éruption de type volcan bouclier, un type d’éruption qui n’a pratiquement jamais été observé en Islande depuis la fin de la période glaciaire.

La conclusion des géologues fait suite à leur examen des produits émis par le nouveau volcan. La lave qui s’échappe actuellement du hornito provient probablement d’une profondeur de 17 à 20 km et est d’un type primitif que l’on n’a jamais vu auparavant en Islande.

Les géologues ajoutent que les coulées de lave émises par les volcans boucliers sont généralement lentes, mais que cette lave peut continuer à couler pendant longtemps, parfois des années. Ils expliquent également qu’un tel scénario ne peut pas être exclu en ce qui concerne l’éruption actuelle dans la Geldingadalur où le débit de la lave est d’environ 5 à 10 m3 par seconde.

Quand ils parlent de magma primitif, les géologues veulent dire que ses composants ressemblent à ceux émis par le manteau terrestre et sont différents de ceux que l’on observe habituellement dans le magma en Islande. Ce magma primitif provient directement du manteau terrestre, sans faire étape dans la croûte terrestre. C’est ce que Hervé de Goër de Herve, un géologue français, appelait un «magma TGV», en référence aux trains à grande vitesse qui circulent sans s’arrêter dans toutes les gares. En conséquence, la composition de ce magma non différencié est différente de celui des éruptions fissurales que l’on observe généralement sur la péninsule de Reykjanes. Ce magma est plus fluide et plus riche en CO2.

Après toutes ces explications, les géologues disent qu’il est cependant trop tôt pour affirmer que l’éruption actuelle est bien de type volcan bouclier. Avant de pouvoir l’affirmer, l’éruption devra être mieux étudiée et les modifications intervenues dans la composition de la lave devront être suivies pendant un certain temps.

En d’autres termes, tout comme ils ne savaient pas si une éruption se produirait, les géologues islandais ne savent pas vraiment si on a affaire en ce moment une éruption volcanique de type bouclier !!

Source: Iceland Monitor.

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The eruption in Geldingadalur started only five days ago, but Icelandic geologists are already at work studying the lava emitted by the new volcano. Geochemists (are there any in Iceland?) were never mentioned sampling the gases (CO2, helium, for instance) that were surely emitted around the eruptive site before lava pierced the surface. They could have been good indicators of what magma was doing beneath the surface and could have shown that an eruption was imminent.

Anyway, geologists say today that there are indications that the eruption in Geldingadalur is a shield volcano eruption, a type of eruption that hardly has occurred in Iceland since the end of the Ice Age.

This conclusion comes from the examination of the volcanic products. It suggests that the magma currently coming out of the hornito flows from a depth of 17-20 km, and is of a more primitive sort that has ever been seen before.

The geologists add that lava flow from shield volcanoes is generally slow, but it can continue for a long time, possibly years. They also say such a scenario cannot be ruled out with regard to the current eruption in Geldingadalur where the lava output is about 5-10 m3/second.

When describing the composition of the magma as primitive, geologists mean its compounds are more similar to those emitted from the earth’s mantle than what is commonly seen. This magma comes directly from the Earth’s mantle, without pausing in the Earth’s crust. This is what a French geologist called “magmas TGV”, referring to the High Speed Trains that travel without stopping in all stations. Therefore, its composition is different from that from typical fissure eruptions on the Reykjanes peninsula; it is thinner and richer in CO2.

After all these explanations, the geologists say it is too early, though, to assert that the current eruption is indeed that of a shield volcano. Before that can be done, the eruption has to be better monitored and changes in the magma followed for some time.  In other words, just like they did not know whether an eruption would occur, they do not really know whether there is at the moment a shield volcano eruption!!

Source: Iceland Monitor.

Tamu : Le roi déchu // The dethroned king

En 2013, des scientifiques avaient déclaré que le Mauna Loa sur l’île d’Hawaï n’était plus le plus grand volcan bouclier du monde. Il venait de se faire détrôner par le massif du Tamu, un volcan sous-marin de 310.000 km2 (environ 650 km de long, pour 450 km de large) situé dans l’Océan Pacifique à 1.600 km à l’est du Japon. Une nouvelle étude montre que le détenteur du record précédent doit être disqualifié pour des raisons techniques.
Une analyse détaillée du champ magnétique du massif du Tamu révèle que ce dernier n’est pas un volcan bouclier comme on le pensait auparavant ; il fait en réalité partie d’une dorsale médio-océanique, autrement dit: une structure géologique beaucoup plus grande, formée par le déplacement des plaques océaniques. Les résultats de l’analyse ont été publiés dans la revue Nature Geoscience.
Cela signifie que massif du Tamu a perdu son titre. Lors de sa découverte en 2013, les scientifiques ont expliqué avec beaucoup d’enthousiasme qu’il couvrait une superficie d’environ la taille du Nouveau-Mexique, soit environ 310 000 kilomètres carrés. Le Tamu est sans aucun doute un très grand système volcanique, mais pas un volcan qui s’est formé au cours d’une longue mais unique éruption comme le Mauna Loa.
Dans la dernière étude, les scientifiques ont découvert des anomalies magnétiques dans les profondeurs du volcan laissant supposer que le champ magnétique de la Terre s’est inversé au moins une fois au cours de la formation du Tamu. Comme ces inversions se produisent sur des milliers ou des millions d’années, on peut en déduire que le massif du Tamu ne s’est pas formé à partir d’une seule et unique éruption, de sorte qu’il ne répond pas aux critères d’un vrai volcan bouclier.
Cette découverte permet également d’expliquer comment le massif du Tamu s’est formé au point de rencontre de trois dorsales médio-océaniques en expansion et correspond aux anomalies magnétiques en bordure des plaques. Les chercheurs ont analysé quelque 4,6 millions de mesures de champ magnétique effectuées par divers navires au cours des 54 dernières années. Ces données ont été comparées à d’autres mesures de champ magnétique liées aux positions GPS prises par le navire de recherche Falkor pour établir une carte magnétique.
Outre le déclassement du massif du Tamu, les résultats des recherches ont d’autres implications importantes en ce qui concerne la formation des plateaux océaniques. On pensait que des plateaux de cette taille ne pourraient pas être formés par l’expansion des fonds marins où l’activité volcanique crée une croûte océanique à partir d’une éruption centrale. Le massif du Tamu offre des preuves du contraire et laisse supposer que la formation des plateaux océaniques ne ressemble pas aux épanchements basaltiques continentaux – résultats d’éruptions volcaniques sur terre – comme on le pensait auparavant.
Source: Nature Geocience et presse scientifique.

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In 2013, scientists had declared that Mauna Loa on the island of Hawaii was no longer the largest shield volcano in the world. It was overtaken by the Tamu Massif, a submarine volcano covering 310,000 km2 (about 650 km long, 450 km wide) located in the Pacific Ocean 1,600 km east of Japan.  New research suggests the previous record holder should be disqualified on a technicality.

Detailed analysis of the magnetic field over the submerged Tamu Massif suggests it is not a shield volcano as was previously thought, but rather part of a mid-ocean ridge: a much bigger geological structure, formed as oceanic plates shift. The results of the analysis have been published in Nature Geoscience.

This means Tamu Massif loses its title. When it was discovered in 2013, scientists explained with a lot of enthusiasm that it covered an area roughly the size of New Mexico, or around 310,000 square kilometres. Tamu is really a large volcanic system, but not a single volcano like Mauna Loa.

In the new research, scientists found magnetic anomalies deep in the volcano, suggesting Earth’s magnetic field flipped at least once during its formation. As these flips happen over thousands or millions of years, the implication is that Tamu Massif was not formed from a single eruption, so that it is not a regular shield volcano.

This also helps explain how Tamu Massif formed at the meeting point of three spreading mid-ocean ridges, and matches up with the magnetic anomalies at the plate boundaries. The researchers analysed some 4.6 million magnetic field readings taken by various ships over the past 54 years. That data was linked to more magnetic readings linked to GPS locations taken by the research vessel Falkor to build up a magnetic map.

Besides reclassifying Tamu Massif, the research has other important implications in regards to how oceanic plateaus are formed. It was understood that plateaus of this size could not be produced by seafloor spreading, where volcanic activity creates oceanic crust by pushing it out from a central eruption. Tamu Massif offers up evidence to the contrary, and hints that oceanic plateau formations are not as similar to continental flood basalts – the results of volcanic eruptions on land – as previously thought.

Source: Nature Geocience and the scientific press.

Localisation du Tamu Source: Nature Geoscience

Image 3D du Tamu (Source: NOAA)

La Mauna Loa, un superbe volcan bouclier

Vue de la caldeira sommitale du Mauna Loa

(Photos: C. Grandpey)