Manque de neige naturelle et recours à la neige de culture

Ça devient une habitude. Avec le réchauffement climatique, le manque de neige se fait de plus en plus sentir dans les Alpes et les Pyrénées en basse et moyenne altitude. Les stations de haute altitude s’en tirent mieux, mais pour combien de temps ? Quand on voit la vitesse à laquelle les températures globales grimpent, on est en droit de se poser des questions sur l’organisation des Jeux Olympiques d’Hiver en 2030 dans notre pays.

En ce moment, c’est au Grand Bornand, à 1000 mètres d’altitude, que le bât blesse. Alors que la Coupe du monde de biathlon fait étape dans la station de Haute-Savoie du19 décembre au 22 décembre 2024, le neige fait cruellement défaut. 75 000 spectateurs sont attendus sur les quatre jours de compétition, avec un enjeu économique évident autour de cet événement,. Alors il faut absolument se débrouiller pour qu’il ait lieu.

Comme il y a deux ans, la neige n’est pas suffisamment tombée sur le Grand-Bornand. Une large bande blanche serpente dans la vallée en guise de piste, mais autour l’herbe est bien visible. Sans apport de neige, il serait impossible d’organiser cette Coupe du monde. Les organisateurs ont donc dû préparer la piste avec de la neige de culture ou stockée, quitte à en faire venir une partie par camions, ce qui, une nouvelle fois, a créé la polémique. Quand on se promène dans des sites de ski de fond comme Le Grand Bornand (Haute-Savoie) ou Bessans (Savoie) en été, on peut voir d’énormes monticules de sciure sous laquelle est stockée la neige de l’hiver précédent pour le cas où elle manquerait l’hiver suivant. Cela montre bien à quel point la pénurie de neige naturelle est sévère aujourd’hui dans les Alpes.

Stockage de la neige sous la sciure à Bessans et au Grand Bornand (Photos: C. Grandpey)

La neige apportée au Grand Bornand est de la neige qui a été travaillée. Elle a été fabriquée en altitude et elle est descendue par douze camions entiers qui ont multiplié les allers-retours durant trois jours. Il y a aussi de la neige naturelle qui a été mêlée. Le comité d’organisation se justifie en déclarant qu' »aujourd’hui, pour faire des pistes de haut niveau, il faut bien comprendre qu’il faut une qualité de neige requise, que seule la neige de culture permet. » Comme je l’ai signalé dans une note précédente, il faut aussi savoir que ce recours à la neige de culture, plus compacte, est imposé par les instances du biathlon et fait partie des clauses d’organisation des Jeux d’Hiver. .

Pour Simon Fourcade, l’un des entraîneurs de l’équipe de France, des questions se posent pour l’avenir du biathlon. La station du Grand Bornand va de nouveau porter sa candidature pour organiser la Coupe du monde jusqu’aux Jeux olympiques d’hiver de 2030, en proposant de la déplacer en janvier pour bénéficier d’un enneigement plus abondant. Les organisateurs réfléchissent aussi à stocker de la neige uniquement sur le site du biathlon, et non plus à des kilomètres pour éviter le transport par camions.

Source : France Info et presse régionale.

Arctique : nouveau volcan et manque de brise-glaces américains // Arctic : new volcano and lack of American icebreakers

J’ai écrit à plusieurs reprises sur ce blog que nous connaissons mieux la surface de la planète Mars que les profondeurs de nos océans. En voici un nouvel exemple.
Au large des côtes de l’ouest et du nord de l’Alaska, des scientifiques à bord du Healy, le navire des garde-côtes américains, cartographiaient au mois de novembre 2024 les fonds marins de l’océan Arctique dans une zone encore inexplorée des mers des Tchouktches et de Beaufort. Long de 138 mètres, le Healy est le seul brise-glace de la garde côtière prévu pour des missions scientifiques.
Au cours de cette mission, les scientifiques ont découvert une nouvelle formation volcanique au fond des eaux océaniques. La structure se trouve à plus de 1 600 mètres sous la surface. Elle est donc trop profonde pour constituer un danger pour les personnes sur terre. Cependant, les chercheurs ont détecté un possible panache de gaz s’élevant de la structure et qui atteignait presque la surface. Le nouvel édifice volcanique et son panache de gaz ne devraient pas, non plus, présenter de risque pour les navires opérant dans la zone.
La mission du Healy s’intégrait dans un projet plus vaste visant à étudier les voies d’accès aux ports de la côte arctique de l’Alaska. Le projet est censé évaluer la nécessité d’établir des mesures d’acheminement des navires.
Source : The Independent.

 

Image de la structure volcanique découverte dans l’océan au large de l’Alaska (Source : US Coast Guard)

Avec le réchauffement climatique, l’Arctique devient de plus en plus stratégique. La fonte des glaces ouvre de nouvelles voies de navigation commerciales et militaires, notamment pour la Russie et la Chine. Il faudra absolument que les États-Unis et leurs partenaires soient prêts à affronter cette nouvelle situation. Pour le moment, ils ne le sont pas et ils sont très en retard par rapport à la Russie. En effet, à l’heure actuelle, les États Unis ne disposent que de deux deux brise-glaces polaires qui ne sauraient rivaliser avec la flotte de plus de 40 brise-glaces russes.
La garde côtière américaine est la seule à posséder deux brise-glace polaires depuis 1965. Selon une analyse réalisée en 2023, elle aurait besoin d’au moins quatre brise-glaces lourds et d’un nombre identique de brise-glaces de taille moyenne pour mener à bien ses missions dans l’Arctique et l’Antarctique.
Comme je viens de l’écrire, la garde côtière n’exploite que deux brise-glaces polaires : le Healy de classe moyenne (utilisé pour la mission ci-dessus) et le Polar Star, le seul brise-glace lourd de la flotte. Plusieurs brise-glaces plus petits viennent en aide au trafic sur les Grands Lacs et le long de la côte Est, mais ils ne sont pas conçus pour opérer dans les régions polaires. Le directeur du Polar Institute a déclaré : « Nous vivons une crise en ce moment, mais elle mijote depuis des décennies. Nous sommes arrivés à un point où les États-Unis ont moins de brise-glaces que la Chine. »
La situation est d’autant plus inquiétante que le Healy et le Polar Star sont actuellement hors service. Le 25 juillet 2024, le Healy a passé environ un mois dans l’Arctique (avec la découverte de l’édifice volcanique sus-mentionné) lorsqu’un incendie s’est déclaré dans le compartiment technique. L’incendie a été rapidement maîtrisé mais le Healy a dû retourner très prudemment à Seattle, son port d’attache. Le Polar Star, mis en service dans les années 1970, subit une maintenance majeure dans une cale sèche en Californie.
Les responsables de la Garde côtière américaine font également remarquer que dans l’Arctique, les ressources de sauvetage sont rares et que les eaux couvertes de glace rendent les missions de sauvetage périlleuses. Les équipages opérant dans les eaux polaires doivent donc être bien formés aux interventions d’urgence. L’exploitation responsable d’un navire comprend la réparation des systèmes avant de poursuivre la navigation dans les hautes latitudes. La Garde côtière a certes besoin de plus de brise-glaces, mais elle doit aussi se doter d’équipes capables d’assurer leur fonctionnement et leur maintenance.
Source : The Washington Times.

 

Le Healy et le Polar Star sont les deux seuls brise-glaces américains capables d’affronter l’Arctique (Crédit photo : U.S. Coast Guard)

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I have written several times on this blog that we know the surface of Mars better than the depths of our oceans. Here is another fact that proves it.

In November 2024, off the coast of western and northern Alaska, scientists aboard the Coast Guard Cutter Healy’s were in the area to conduct Artic Ocean seafloor mapping and survey uncharted waters of the Chukchi and Beaufort Seas. At 420 feet long, the Healy is the Coast Guard’s only icebreaker designed to support research.

Then, they found a new volcano-like formation deep in the ocean waters. The new structure sits more than 1,600 meters from the water’s surface. So, it is far too deep to pose a danger to those on land. However, the scientists detected a possible gas plume rising from the feature and the gas nearly reaches the surface.

The new mountain range or gas plume is also unlikely to pose any risk to vessels operating in the area.

The trip with the Healy was part of a larger project called the Alaskan Arctic Coast Port Access Route Study, which was enacted to evaluate the need for establishing vessel routing measures.

Source : The Independent.

The Arctic region is becoming increasingly strategic as melting ice opens new commercial and military transportation routes, including for Russia and China. Officials say the U.S. and its partners must be prepared. For the moment, they are not. Russia is ready for this mission while the U.S. is very late. The American two polar icebreakers cannot rival with Russia’s more than 40 icebreakers.

The U.S. Coast Guard has had the only U.S. polar icebreaking capability since 1965. According to a 2023 Coast Guard fleet analysis, it needs at least four heavy icebreakers and a similar number of medium icebreakers to carry out its Arctic and Antarctic missions.

The Coast Guard operates only two polar icebreakers: the medium-class Cutter Healy (mentioned in the above text) and the Polar Star, the sole heavy icebreaker in the fleet. Several smaller icebreakers support maritime traffic on the Great Lakes and along the East Coast, but they are not capable of operating in polar regions. Said the director of the Polar Institute : “It’s definitely a crisis right now, but it’s something that has been decades in the making. We’re at a point right now where the U.S. has fewer icebreakers than China.”

The Healy and the Polar Star are currently out of action. On July 25th, 2024, the Healy was about a month into its summer Arctic patrol when a fire broke out in the engineering compartment. The fire was quickly extinguished, but the Healy had to return to its home port of Seattle.The Polar Star, commissioned in the 1970s, is undergoing major maintenance at a dry dock in California.

Coast Guard officials aslo warn that in the Arctic, there are few rescue resources, and ice-covered waters make it difficult for rescue assets. Crews operating in polar waters must be well-trained for emergency response, and responsible operation includes addressing any system degradation on a vessel before continuing operations in the high latitudes. The Coast Guard needs more icebreakers, but it’s got to figure out how to crew them and operate them and maintain them.

Source : The Washington Times.

Hiver 2023-2024 : une mauvaise saison pour les stations de ski

Je ne cesse de le répéter sur ce blog : si les stations de ski, alpines en particulier, continuent de faire du déni du réchauffement climatique et refusent de se diversifier, elles courent à leur perte et beaucoup devront mettre la clé sous le paillasson.

En février 2024, les montagnes françaises ont subi les effets de la hausse des températures record enregistrées sur la planète. La neige a disparu d’une grande partie des massifs pendant la quasi-totalité du mois de février, une situation jamais observée ces dernières décennies à cette période. Certes, il a neigé en abondance fin février et début mars, mais trop tard pour vraiment sauver la saison car les vacances scolaires tiraient à leur fin. Sur la totalité du mois de février, la superficie au sol recouverte de neige dans les régions alpines était en moyenne de seulement 37,7%.

Vue satellite des pistes de ski à Font-Romeu et aux Angles (Pyrénées-orientales) le 14 février 2024. (Source : Copernicus Sentinal-2)

Au mois de février, des records de faible enneigement ont été enregistrés dans de nombreuses stations. Ce phénomène s’inscrit, bien sûr, dans un contexte de réchauffement climatique provoqué par les activité humaines. Le graphique ci-dessous montre l’évolution au jour le jour de la surface enneigée dans les Alpes françaises et une partie des Alpes suisses. La courbe rouge, qui représente le niveau de la saison 2023-2024, renoue avec les valeurs de référence, mais fait suite à une période particulièrement critique, avec 26 jours consécutifs en dessous des minimums connus, entre le 27 janvier et le 21 février 2024. L’enneigement a été très faible voire inexistant dans les zones de moyenne et de basse altitude. En revanche, à haute altitude, au-dessus de 2000 m, le stock de neige a été satisfaisant.

  Source : Cesbio (Alps Snow Monitor)

Dans les Pyrénées également, la neige a brillé par son absence et la chaîne a souffert de la sécheresse qui frappe la région. La surface enneigée du massif pyrénéen a battu des records à la baisse pendant 15 jours d’affilée, entre le 26 janvier et le 9 février. Le retour de la neige à la fin du mois a permis de limiter un peu les dégâts dans les stations de ski, mais certaines avaient dû fermer. Dans son dernier bulletin du 6 mars, Météo-France précise que l’enneigement dans les Pyrénées est désormais « proche des normales, en particulier aux altitudes intermédiaires, autour de 1 500 à 1 800 m ».

Source : Cesbio (Pyrenees Snow Monitor)

Le Massif Central et le Jura ont également été confrontés à un sévère manque de neige. J’ai publié plusieurs photos de la station du Mont-Dore (Puy-de-Dôme) et des compétitions traditionnelles de ski de fond ont dû être carrément annulées dans la région de Mouthe dans le Doubs.

 La station du Mont-Dore-Sancy à la mi février 2024

Les stations de ski sont en première ligne face au réchauffement climatique. Un rapport de la Cour des comptes, publié début février, estime que seules « quelques stations » pourront espérer poursuivre leur exploitation après 2050. Mais les sports d’hiver ne sont pas les seuls concernés. Les chercheurs s’interrogent également sur les conséquences que la hausse des températures pourrait avoir sur la biodiversité et les écosystèmes dans les montagnes.

Source : France Info.

L’avenir sombre des stations de ski // The dark future of ski resorts

Une étude scientifique publiée le 28 août 2023 dans la revue Nature Climate Change prévient que plus de la moitié des stations de ski en Europe seront confrontées à un sérieux manque de neige si les températures augmentent de 2 degrés Celsius par rapport aux niveaux préindustriels. On peut aussi lire dans cette étude que presque toutes les stations pourraient être exposées à une augmentation de 4 degrés Celsius. Une telle situation constituera inévitablement un défi pour l’industrie et les décideurs politiques, et une réalité difficile à admettre par les amateurs de ski.
Selon les auteurs de l’étude, la production de neige artificielle ne compensera que partiellement le manque de neige naturelle et il faudra utiliser des enneigeurs plus puissants dont le fonctionnement générera encore plus de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique dans le monde.
Les dégels à répétition, de plus en plus fréquents pendant les derniers hivers, ont affecté de nombreuses stations de ski en Europe, avec un manque de neige inquiétant sur de nombreuses pistes de ski. Parallèlement à la fonte des glaciers, le manque de neige est devenu une preuve parfaitement visible des effets du réchauffement climatique.
Alors que la hausse des températures sur Terre flirte déjà avec la limite de 1,5°C définie par l’accord de Paris sur le climat en 2015, et qu’une hausse plus élevée semble inévitable, les chercheurs ont analysé l’impact du réchauffement climatique sur plus de 2 200 stations de ski dans 28 pays européens.
L’étude a évalué les changements dans la couverture neigeuse en fonction d’une gamme de hausses de température : 53 % des stations de ski en Europe seraient confrontées à un « risque très élevé d’insuffisance de neige » avec une augmentation de 2 degrés Celsius. Ce pourcentage atteindrait 98 % si la hausse dépassait 4 degrés Celsius.
Même avec l’utilisation de neige artificielle, plus d’un quart des stations seraient toujours confrontées à un manque de neige si les températures augmentaient de 2 degrés, et plus de 70 pour cent le seraient si elles grimpaient de 4 degrés.
Les chercheurs affirment que leur étude va plus loin que les précédentes et fournit un premier aperçu complet de l’impact du manque de neige sur les pistes de ski en Europe qui abrite la moitié des stations de ski dans le monde.
Cette étude fournit également une analyse des besoins en eau et en électricité, et des émissions de gaz à effet de serre associés à l’enneigement artificiel. Les auteurs écrivent que « dans le secteur du tourisme, si l’on veut limiter l’ampleur des conséquences du réchauffement climatique, il faut aussi se soucier de limiter l’empreinte carbone des activités, et donc tout mettre en œuvre pour réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre dans tout le secteur. »
De nombreux exploitants de stations de ski, en Europe et au-delà, ont déjà compris le message et devront faire encore davantage d’efforts. Pour les skieurs, l’étude montre que des destinations plus hautes en altitude – et plus froides – seront probablement nécessaires pour accéder aux meilleures pistes. Surtout, les stations de ski devront s’adapter et diversifier leurs activités si elles veulent continuer à accueillir un nombre suffisant de visiteurs dans les années à venir.
Source : Yahoo Actualités.

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A scientific study published on August 28th, 2023 in the journal Nature Climate Change warns that over half of Europe’s ski resorts will face a severe lack of snow if temperatures rise 2 degrees Celsius above pre-industrial levels. It adds that nearly all ski resorts could be affected by an increase of 4 degrees. This situation will inevitably be a challenges for the industry and policymakers, and a harsher reality for ski lovers.

The team of experts warns that the production of artificial snow would only partially offset the decline and would involve processes like snow blowers that generate more of the same greenhouse gases that contribute to global warming around the globe.

Repeated and increasing wintertime thaws have affected many European ski resorts in recent years, leaving many slopes worryingly bare of snow. Along with glacier melt, snow shortages have become a visible emblem of the effects of global warming.

With the rise in global temperatures already flirting with the target limit of 1.5°C defined by the 2015 Paris climate agreement, and a higher climb seemingly inevitable, the researchers analyzed the impact on more than 2,200 ski resorts across 28 European countries.

The research evaluated changes in snow cover across a range of increases in temperature: 53% of ski resorts in Europe would face “very high risk of insufficient snow” at a rise of 2 degree Celsius. 98% would face that level of risk if the 4-degree rise is surpassed.

Even with the use of artificial snow, more than one-fourth of the resorts would still face snow shortages if temperatures rise by 2 degrees, and more than 70 percent would if they climbed by 4 degrees.

The researchers say their paper goes further than previous studies and provides a first comprehensive look at the impact of snow shortages on the slopes across Europe, home to half of the world’s ski resorts.

What this study also provides is an analysis of the water requirement, electricity requirement, and greenhouse gas emissions that are associated with snowmaking. The authors write that “in the tourism sector, if we want to limit the extent of the consequences of global warming, we must also be concerned about limiting the carbon footprint of this activity, and therefore do everything possible to massively reduce greenhouse gas emissions for the entire sector. »

Many ski resort operators, in Europe and beyond, are already getting the message, and may need to do more. For skiers, the study suggests higher – and colder – destinations may be required to get to the best slopes. Above all, many resorts will have to adapt and diversify their activities if they want to welcaome a sufficient number of visitors in the years to come.

Source : Yahoo News.

Les puissants enneigeurs génèrent encore plus de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique (Photo: C. Grandpey)