Grindavik ! (1) Le problème social // The social problem

Le 10 novembre 2023, face à une hausse alarmante de la sismicité et à une possible intrusion magmatique sous Grindavik, les autorités islandaises ont ordonné l’évacuation du port de pêche qui abrite environ 3 800 habitants sur la péninsule de Reykjanes.

 

Fractures dans Grindavil (Crédit photo: Iceland Review)

Au cours des jours suivants, on a constaté que plusieurs maisons avaient été complètement détruites par l’activité sismique.

Les habitants espéraient rentrer chez eux pour Noël car la fréquence des secousses avait diminué, mais à la mi-décembre, une puissante éruption a commencé au niveau de la chaîne de cratères Sundhnuks, et elle a duré trois jours. Grindavik a été épargnée par cet événement qui s’est produit à environ 3 km de la bourgade, mais d’autres fissures ont ensuite été découvertes à l’intérieur même de la ville. Il n’était donc pas question pour les habitants de revenir chez eux. Les autorités ont décidé de commencer à  colmater les fractures dans le sol et à réparer les infrastructures endommagées. Le 10 janvier 2024, un ouvrier qui travaillait dans la ville est tombé dans l’une des crevasses. Après une brève recherche, les opérations de secours ont dû être interrompues en raison des risques encourus.
Quatre jours plus tard, le 14 janvier, une nouvelle éruption commençait, près de Grindavik.

 

Image webcam

Dans les semaines qui ont précédé l’événement, le gouvernement avait décidé d’ériger des digues de protection pour tenter d’empêcher la lave de s’écouler vers la ville et la centrale géothermique de Svartsengi. Pendant les premières heures de l’éruption, les digues de terre ont montré leur efficacité, même si la lave a réussi à ouvrir une brèche dans le rempart de protection. Une petite coulée de lave s’est dirigée vers la ville, mais les digues de terre ont réussi a retenir la majeure partie du flot de lave.
Le 14 janvier vers midi, une autre fissure s’est ouverte en aval des digues, à moins de 100 mètres des maisons de Grindavik. La ville n’avait donc plus de protection. Il n’y avait vraiment rien à faire pour sauver les maisons.

 

Source : Met Office

Devant leur téléviseur, les Islandais n’ont pu que regarder la lave engloutir les premières maisons. Bien que l’éruption ait été de courte durée, trois d’entre elles ont été détruites.
Aujourd’hui, au mois de février, les habitants de Grindavik sont dispersés à travers le pays, dans l’incapacité de revenir vivre dans leur ville. Certains ont une dent contre le gouvernement islandais et estiment qu’il n’a pas réussi à lever l’incertitude que ressent la population quant à son avenir. Ils reprochent aux autorités d’avoir pris des mesures dans l’urgence, sans parler de l’avenir de la ville. Ils disent que les informations fournies aux habitants de Grindavik ont semé la confusion au lieu de résoudre les problèmes. Un habitant a déclaré : « Il est clair que les intervenants n’étaient en aucun cas préparés à un événement comme celui-ci, ce qui est absolument incroyable quand on sait que les secousses sismiques et les éruptions ont commencé il y a trois ans. »
Il est vrai que la vie des habitants de Grindavik est bouleversée depuis le 10 novembre 2023. Les autorités ne leur ont pas fixé de date de retour et on ne sait pas s’il sera possible de vivre un jour dans la ville en toute sécurité, Même si les habitants y sont autorisés à revenir, certains seront probablement trop traumatisés pour continuer à habiter à Grindavik. Des familles doivent également faire face au fardeau financier des prêts immobiliers et des hypothèques sur les maisons dans lesquelles elles ne peuvent pas vivre.
Les Islandais et leur gouvernement sont pourtant prêts à aider la population en détresse. Les habitants de Grindavik bénéficient d’aides au logement et un projet de loi parlementaire vise à atténuer leurs problèmes. Une habitante a déclaré qu’elle aurait souhaité que la lave détruise sa maison. Ainsi, l’incertitude prendrait fin. Elle serait indemnisée et pourrait démarrer une nouvelle vie ailleurs dans le pays.
Source : BBC News, Yahoo Actualités.

—————————————————

 On November 10th, 2023, faced with an alarming number of earthquakes and suspicions of magma beneath the town, Iceland’s authorities ordered the evacuation of Grindavik, a fishing port home to approximately 3,800 residents on the Reykjanes Peninsula.

Over the following days it became clear that several homes had been completely ruined by seismic activity. Residents hoped to return home as the frequency of the earthquakes diminished, but in mid-December, a strong eruption began in the nearby Sundhnuks crater series, lasting three days. Grindavik was spared by that time as the eruption took place about 3km away, but additional fissures were subsequently discovered in the town, prompting authorities to close them and begin repairing damaged infrastructure. Tragedy struck on January 10th, 2024 when a man working in the town fell through one of the crevasses. After a brief search, the operation was halted due to the dangers involved.

Four days later, on January 14th,, another eruption began, close to Grindavik. In the weeks leading up to the eruption, the government had decided to erect protective walls in an attempt to prevent lava from flowing towards Grindavik and the nearby Svartsengi geothermal power plant. For the first few hours the protective walls proved helpful, though a fissure had managed to break through one of the walls. That meant some lava flowed toward the town, but the walls kept most of it at bay.

Around noon on January 14th, another fissure opened behind the walls, less than 100m away from houses in Grindavik, leaving the town completely unprotected. There was really nothing that could be done to save the houses. Glued to their TVs, Icelanders watched as lava engulfed the first houses. Though the eruption was short-lived, three houses were lost.

Now into February the people of Grindavik find themselves scattered across the country, unable to live in their hometown. Some residents bear a grudge against the Icelandic government and feel it has not sufficiently managed to help ease the uncertainty that the town’s population feel about their future. They reproach the authorities for taking actions have been characterised by haste and bewilderment, and they say that information given to the residents of Grindavik has confused people rather than solving problems. One resident has declared :  » It is clear the responders were in no way prepared for an event like this, which is absolutely incredible considering that these earthquakes and eruptions started three years ago. »

It is true that the lives of Grindavik’s residents have been upended since November 10th, 2023. They have not been given a return date by authorities, and it is not clear if the town will ever be safe to live in. Even if residents are allowed back, some may be too traumatised to return. They also face the financial burden of mortgages on houses they cannot live in.

Icelanders and their government are united in offering help. The town’s residents are receiving housing benefit and parliamentary bill will aim to alleviate their problems. However, one resident said that she wished the lava had destroyed her house. Thus, there would be an end to the uncertainty. She would be compensated and could build a new life.

Source : BBC News, Yahoo News.

La Palma (Iles Canaries) : la détresse des victimes de l’éruption // The distress of the victims of the eruption

Alors que le Cumbre Vieja continue de vomir sa lave et sa cendre, les habitants sont inquiets car les emplois se font de plus en plus rares et les aides de l’État tardent à arriver. Certains ont déjà quitté l’île de La Palma.
Vous trouverez sur cette page une vidéo qui montre l’état d’esprit des habitants qui sont affectés par l’éruption :
https://www.dw.com/en/la-palma-volcano-residents-fear-for-their-future/a-59805236?maca=en-rss-en-all-1573-rdf

—————————————-

As Cumbre Vieja keeps spewing lava and ash, residents are worried as jobs dry up and state aid is slow to arrive. Some have already left the island.

You will find on this page a video that shows the state of mind of the residents who are affected by the eruption:

https://www.dw.com/en/la-palma-volcano-residents-fear-for-their-future/a-59805236?maca=en-rss-en-all-1573-rdf

Vue du Cumbre Vieja le 13 novembre 2021 (capture écran webcam)

Fogo (Iles du Cap Vert): La détresse des victimes de l’éruption

drapeau francaisJe viens de recevoir un message de deux amis volcanophiles qui se trouvaient vers la mi-décembre sur l’île de Fogo et, plus précisément dans le Lheu de Losna. Ils confirment la diminution de l’activité explosive au niveau de la fissure éruptive. Lors de leur séjour, le front des coulées continuait à avancer en détruisant des maisons et de beaux jardins. L’éruption a toutefois diminué d’intensité depuis cette époque

Mes amis avaient deux guides dont les familles ont tout perdu pendant l’éruption. Ils leur ont parlé de leur caldeira avec beaucoup d’amour et n’imaginaient pas habiter ailleurs. Leur colère n’était pas envers le volcan, mais envers les autorités qui ne les ont pas beaucoup aidés, bien trop contentes de les voir s’enfuir d’un endroit juste toléré à la construction. En revanche, ils étaient très contents de voir des visiteurs qui étaient leur seul moyen de parler de leur vie sur le volcan et d’assurer quelques revenus, car toute l’aide qui arrive au Cap Vert n’est distribuée qu’avec parcimonie au niveau des habitants qui en ont un cruel besoin.  Comme je l’ai indiqué dans une note le 28 décembre, les autorités locales s’efforcent maintenant de reloger les victimes de l’éruption en réhabilitant des maisons inutilisées en 1995. http://volcans.blogs-de-voyage.fr/2014/12/24/nouvelles-du-fogo-et-dhawaii/).
Les guides de Chã das Caldeiras ont créé une association  dont le but est de développer un tourisme responsable à Fogo et dans tout le Cap Vert. Voici leur adresse: caminhodeterra@gmail.com

Une fois encore, on ne peut que regretter le mutisme honteux des médias français par rapport à cette éruption catastrophique.

Voici une vidéo tournée à partir d’un drone et qui montre les villages de Portela et Bangarea ensevelis sous la lave.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=lkVsxc-0ue0

 —————————————-

drapeau anglaisI have just received a message from two friends who were in mid- December on Fogo Island, specifically in the Islet of Losna. They confirm the decrease in explosive activity at the eruptive fissure. During their stay, the front of the lava flow kept moving forward and destroying houses and beautiful gardens.However, the intensity of the eruption has decreased since that time.

My friends had two guides whose families have lost everything during the eruption. They talked about their caldera with lots of love and could not imagine living anywhere else. Their anger was not towards the volcano, but towards the authorities who have not much helped them, too happy to see them leave a place that was barely tolerated for construction. However, they are very happy to see visitors who are their only way to talk about their lives on the volcano and provide some income, since all the help that arrives in Cape Verde is distributed sparingly to the residents whoare in dire need. As I put it in my note of December 28th, local authorities are now trying to provide new housing to the victims of the eruption by renovating houses that had not been used in 1995. http://volcans.blogs-de-voyage.fr/2014/12/24/nouvelles-du-fogo-et-dhawaii/).

The guides of Chã das Caldeira have set up an association whose aim is to develop responsible tourism in Fogo and throughout Cape Verde. Here is their address: caminhodeterra@gmail.com

Once again, we can only regret the silence of the French media as concerns this disastrous eruption.

Here is a video shot from a drone that shows the villages of Portela and Bangarea which were destroyed by lava.

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=lkVsxc-0ue0