Un film intitulé Kina et Yuk : renards de la banquise a fait son entrée dans les salles le mercredi 27 décembre. Outre sa beauté et sa tendresse, il met en lumière une des conséquences du réchauffement climatique. Je trouve que c’est une façon très intelligente d’attirer l’attention du jeune public sur une catastrophe à grande échelle dont il aura à subir les conséquences.
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Kina et Yuk sont un couple de renards polaires prêt à fonder une famille sur la banquise du Grand Nord. La température est anormalement douce et la nourriture de plus en plus rare, obligeant Yuk à s’aventurer toujours plus loin pour subvenir à leurs besoins. Soudain, un craquement terrible causé par la fonte des glaces vient bouleverser la vie des deux renards qui se trouvent isolés chacun sur un bout de la banquise. Ils doivent braver tous les dangers et explorer de nouveaux territoires dans l’espoir de se retrouver à temps pour la naissance de leurs petits.
Le réalisateur du film, Guillaume Maidatchevsky, est français (cocorico!). Suite à des études de biologie, il est devenu spécialiste de la faune et s’est tourné vers la réalisation de films à portée écologique. La conteuse du film est Virginie Efira, habituée à ce genre de réalisations.
Kina et Yuk : renards de la banquise a été tourné au cœur du Yukon canadien et plus précisément à Dawson City (appelée Jack City dans le film), là même où s’est déroulée à la fin de 19ème siècle la célèbre Ruée vers l’Or. Cette charmante petite ville semble appartenir à un autre temps avec son architecture d’autrefois et ses rues bordées de petites maisons colorées en bois.
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Dawson City
Le tournage du film, démarré fin janvier 2023, a duré 15 semaines et s’est terminé en juin 2023. Comme c’est le cas pour de nombreux films où des animaux entrent en scène, le tournage de Kina et Yuk a eu lieu dans un sanctuaire du Yukon, au Canada, où des renards polaires vivent en liberté. Des coaches animaliers les ont habitués à l’homme, tout en préservant leur côté sauvage. Je connais un autre site au Canada où il est possible de s’approcher des loups, habitués à la présence humaine dès leur naissance. Le réalisateur explique que l’équipe de tournage « ne devait ni toucher les animaux ni les caresser. » Trois caméras ont été utilisées pour filmer une même scène.
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Scène de route dans le Yukon
A côté du couple de renards polaires, on assiste au défilé d’une faune riche d’ours polaires, martre, lièvre arctique, hermine et des prédateurs tels que le renard roux et les loups arctiques. Il ne faut toutefois pas se faire d’illusion ; on ne voit pas tous ces animaux au cours d’une même journée, ni même au cours d’un seul voyage. Il en va de même des aurores boréales qui n’apparaissent que ponctuellement. J’ai eu la chance d’en admirer une un soir au cœur du Yukon, avec un meute de loups qui hurlait à proximité. Un moment qui vous prend aux tripes… !
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J’adore le Yukon où j’ai effectué deux voyages il y a quelques années, après avoir été fasciné par les paysages somptueux du Dernier Trappeur (2003) de Nicolas Vanier que je salue ici. Le Yukon offre une nature sauvage comme nulle part ailleurs. C’est l’ultime frontière pour les trappeurs, les chercheurs d’or, la Nature à l’état pur, celle de L’Appel de la Forêt – The Call of the Wild – de Jack London.
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Automne dans le Yukon
Cette Nature est menacée aujourd’hui. Fort de ses réserves de pétrole bitumineux, le Yukon attire les convoitises de nouveaux prospecteurs, qui remplacent les chercheurs d’or d’autrefois. L’extraction de ce type de pétrole, extrêmement polluante, rejette trois à cinq fois plus de gaz à effet de serre que les forages conventionnels et elle entraîne la destruction d’écosystèmes. Il suffit de regarder l’évolution des températures à Dawson City pour se rendre compte de l’impact du réchauffement climatique sur l’Arctique. Au cours des cinquante dernières années, la température moyenne a augmenté de 2°C et les températures hivernales de 4°C. Nous sommes fin décembre et le fleuve Yukon n’est toujours pas totalement pris par la glace à Dawson ! Plus au nord, la glace de la mer de Beaufort fond à une vitesse folle. Aujourd’hui,pendant l’été, la banquise couvre une surface 40% moins vaste qu’en 1980. D’ici 2040, il n’y aura presque plus de glace dans l’océan à cette saison.
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Le fleuve Yukon à Dawson
(Photos: C. Grandpey)
J’ai regardé le film le vendredi 29 décembre dans la matinée afin de bénéficier du tarif réduit. Avec mon épouse, nous étions pratiquement seuls dans la salle de cinéma. Au final, le film m’a déçu et je ne suis jamais vraiment entré dans l’histoire. Il y a de très belles images, mais aussi des longueurs et je me suis un peu ennuyé. Peut-être que les enfants prendront davantage de plaisir. J’espère que la sensibilisation au réchauffement climatique voulue par Guillaume Maidatchevsky atteindra son but, mais je ne suis pas certain que le message soit suffisamment percutant. Mon épouse, d’ordinaire moins sévère que moi, a abouti plus ou moins à la même conclusion.