Piton de la Fournaise (Île de la Réunion) : l’Enclos est fermé… pour cause d’éboulement !

Le Piton de la Fournaise n’est pas en éruption, mais les médias réunionnais indiquent qu’un éboulement s’est produit le 6 août 2025 au matin dans les escaliers du Pas de Bellecombe, principal accès à l’Enclos. En raison de cet éboulement, l’accès est pour l’heure totalement interdit. Des agents de l’ONF et la gendarmerie se sont rendus sur place. Huit randonneurs présents dans l’Enclos au moment de l’incident ont été évacués par hélicoptère vers le Pas de Bellecombe. Aucun blessé n’est à signaler. Des travaux de sécurisation vont devoir être réalisés après l’inspection du site et des dégâts causés. Une fermeture prolongée du sentier de plusieurs semaines est donc envisagée. Les sentiers Kapor et Rivals sont eux aussi fermés.

À noter que l’éboulement est lié à un phénomène d’érosion et n’a absolument rien à voir avec l’activité éruptive du Piton de la Fournaise. C’est le calme plat en ce moment sur le volcan.

Source: presse locale.

Photo: C. Grandpey

Éboulement en Savoie : pas forcément de lien avec le réchauffement climatique

Le week-end du 1er au 2 février 2025 a été très compliqué sur la RN 90 en Savoie suite à un éboulement qui a paralysé la circulation routière vers les stations de ski de la Tarentaise, et poussé des centaines de naufragés de la route à s’arrêter dans les hébergements d’urgence.

Certains ont tout de suite établi un lien entre la chute des trois blocs, d’un volume total de 50 mètres cubes, depuis le sommet de la falaise, à 200 mètres de haut, avec le réchauffement climatique. Il faut toutefois se montrer prudent avant de tirer des conclusions hâtives.

Le réchauffement climatique a des conséquences en montagne. Il est souvent responsables des effondrements en haute altitude, au-dessus de 2000 m. En effet, la hausse actuelle des températures entraîne un dégel du permafrost de roche, le ciment naturel qui assure la stabilité des parois. Avec sa disparition, la montagne s’effondre. Les projections climatiques les plus pessimistes préviennent que le permafrost risque de disparaitre totalement sous les 4 300 mètres d’ici la fin du siècle.

Dans le cas de la RN 90, on ne se trouve pas en haute altitude et le dégel du permafrost n’est donc pas responsable. Les causes de l’effondrement sont différentes. Chaque hiver en basse et moyenne altitude, la roche subit gel et dégel successifs, ce qui la fragilise et cause des éboulements. Il s’agit d’un phénomène classique bien connu qui se produit depuis des lustres. Toutefois, il faut ajouter qu’avec le réchauffement climatique, les montagnes sont soumises à des coups de chaud de plus en plus fréquents qui dilatent la roche en été, phénomène auquel s’ajoutent des pluies plus intenses qui les fragilisent. C’est pourquoi on assiste à des éboulements de plus en plus fréquents.

L’éboulement qui vient de se produire sur la RN 90 est à rapprocher de celui qui a eu lieu dans la vallée de la Maurienne, à hauteur de la Praz, en août 2024. 10 000 mètres cubes de roche se sont décrochés d’une falaise. Selon les géologues, ce sont les fortes pluies qui se sont abattues sur la région avant l’événement qui en seraient la cause.

Nouvel effondrement de l’Arête des Cosmiques

Ce qui vient de se passer au pied de l’Aiguille du Midi rappelle l’événement survenu le 22 août 2018 (voir ma note du 24 août de cette même année). Selon le refuge des Cosmiques, un nouvel effondrement s’est produit ce mercredi 31 août au matin. Après le bivouac de la Fourche et la face nord de la Tour ronde, la face sud de l’Aiguille du Midi fait à son tour les frais du dégel du permafrost de roche et du réchauffement climatique de cet été.

Vous pourrez assister à l’effondrement en cliquant sur cette page de Montagnes Magazine :

https://www.montagnes-magazine.com/actus-video-eboulements-arete-cosmiques

Photo: C. Grandpey

Askja (Islande) : Un glissement de terrain a-t-il causé la mort de deux géologues allemands en 1907 ? //Did a landslide cause the deaths of two German geologists in 1907?

drapeau francaisLe 10 juillet 1907, deux scientifiques allemands ont mystérieusement disparu alors qu’ils étudiaient l’Öskjuvatn, le lac qui occupe la caldeira de l’Askja. Un groupe de trois hommes – un étudiant en géologie, un géologue professionnel et un peintre – se trouvaient dans la région de l’Askja à l’époque. Selon le journal Morgunbladid publié le jour du 100ème anniversaire de la tragédie, l’étudiant en géologie travaillait quelque part sur les montagnes au nord du lac tandis que le géologue et le peintre naviguaient dans une petite embarcation sur l’Öskjuvatn.
Lorsque l’étudiant de géologie revint au camp, ses partenaires d’expédition et leur bateau avaient disparu. On a alors supposé qu’ils s’étaient noyés dans le lac, mais leurs corps n’ont jamais été retrouvés.
D’autres théories ont prétendu que l’étudiant en géologie avait assassiné ses partenaires, ou bien qu’un glissement de terrain ou un tremblement de terre avait causé leur mort. Certains ont raconté les avoir vus en vie deux semaines après leur disparition, tandis que d’autres ont affirmé que leurs fantômes hantaient la région de l’Askja.
Les recherches organisées l’année suivante ont été infructueuses. La seule trace des deux hommes d’aujourd’hui est un monument au nord-ouest du cratère Víti.
La tragédie est évoquée aujourd’hui car elle pourrait bien avoir un lien avec ce qui s’est passé il y a quelques semaines. Comme je l’ai expliqué dans une note précédente, le 21 juillet, un pan de montagne d’environ un kilomètre de large s’est effondré pendant la nuit et a terminé sa course dans l’Öskjuvatn, soulevant plusieurs vagues de 30 mètres de hauteur qui sont venues s’écraser sur les rochers autour du lac, jusque dans le Víti, après avoir franchi la haute crête qui le sépare de Öskjuvatn. Selon les estimations, 50 millions de mètres cubes de terre se sont séparés de la montagne. Le Met Office islandais fait remarquer que c’est le plus grand glissement de terrain de l’histoire de l’Islande.
Des études indiquent que le sol avait commencé à se déstabiliser bien avant le glissement de terrain, mais le temps chaud qui prévalait dans la région dans les jours précédant l’événement a fait fondre rapidement la glace autour du lac et probablement accéléré le processus. Les couches de roches sur les pentes autour de l’Öskjuvatn sont plus jeunes que les autres parties de la caldeira, ce qui les rend moins stables. Il y a des signes de glissements de terrain antérieurs et d’autres éboulements sont susceptibles de se produire dans les prochaines années, les prochaines décennies ou les prochains siècles.
Les restrictions d’accès aux sentiers autour de l’Öskjuvatn ont été levées, mais la fréquentation du bord du lac implique un certain risque et les gens qui s’y trouvent doivent être conscients que, dans le cas d’un glissement de terrain jusque dans le lac, il suffit d’une ou deux minutes à un raz-de-marée pour le traverser, tandis qu’il faut dix secondes au bruit pour effectuer la même distance.
La mystérieuse disparition en 1907 doit être mis en relation avec les événements récents. En effet, un glissement de terrain provoquant un raz de marée dans l’Öskjuvatn aurait pu facilement renverser la petite embarcation dans laquelle se trouvaient les scientifiques allemands, les noyant dans le même temps.
C’est une théorie probable, mais le mystère de leur disparition ne sera probablement jamais résolu.

Source : Iceland Review.

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drapeau anglaisOn July 10th, 1907, two German scientists mysteriously disappeared while studying Öskjuvatn, the lake in Askja caldera. A party of three men including a geology student, a professional geologist and a painter, were in the Askja region at the time. According to the Morgunbladid newspaper issued on the day of the 100th anniversary of the tragedy, the geology student was studying the mountains to the northeast of the lake while the geologist and the painter were sailing in a small boat on Öskjuvatn.

When the geology student returned to the camp, his expedition partners and their boat were gone. It was assumed that they had drowned in the lake but their bodies have never been found.

Further theories suggested that the geology student had murdered his partners, or that a landslide or an earthquake had caused their death. Some reported to have seen them alive two weeks after the disappearance, while others claimed their ghosts have since haunted Askja.

The research that was organised the following year was fruitless. The only trace of the two men today is a memorial which stands just northwest of the crater Víti.

The tragedy is all the more remembered today as it might be connected to what happened a few weeks ago. As I explained it in a previous note, on July 21st this year, a roughly one-kilometre wide piece of land fell into Öskjuvatn during the night, causing several up to 30-metre tidal waves to crash on the rocks around the lake, spilling into Víti, across the high ridge that separates it from Öskjuvatn. According to estimates, up to 50 million cubic metres of land fell down the mountain, which is the largest rockslide in historical times in Iceland, according to the Icelandic Met Office.

Studies indicate that the ground had started to destabilize long before the rockslide occurred but warm weather in the area in the days preceding the event, caused ice around the lake to melt quickly and likely sped up the process.

The layers of rock in the slopes around Öskjuvatn are younger than other parts of the caldera, which makes them less stable. There are signs of previous rockslides and further rockslides are likely to occur in future years, decades or centuries.

The restrictions on walking paths around Öskjuvatn have now been lifted but being down by the lake involves a certain risk and people who go there should be aware that in the case of a rockslide falling into the lake, it only takes a tidal wave one or two minutes to cross it, while the sound of a rockslide takes ten seconds to be carried the same distance.

The mysterious disappearance in 1907 must be put into context with the recent events. Indeed, a landslide causing a tidal wave in Öskjuvatn could easily have toppled the German scientists’ small sailboat, drowning them in the process.

It is a likely theory, although the old mystery will probably never be solved.

Iceland Review.

Askja-blog

(Photo:  C.  Grandpey)