Des volcans actifs sur la Lune au temps des dinosaures ! // Active volcanoes on the Moon when dinosaurs roamed Earth !

Une nouvelle étude intitulée « Des échantillons indiquent un volcanisme sur la Lune il y a 120 millions d’années », publiée le 5 septembre 2024 dans la revue Science, nous informe que la Lune avait des volcans actifs il y a à peine 120 millions d’années, époque où les dinosaures étaient encore présents sur Terre. L’étude s’appuie sur de minuscules billes de verre, pas plus grosses qu’une tête d’épingle, récoltées à la surface de la Lune, et qui montrent qu’un volcanisme actif était présent jusqu’à relativement récemment. Les billes de verre ont été prélevées par Chang’e 5, une mission chinoise qui a rapporté des échantillons de Lune en 2020. Ce sont les premières roches lunaires ramenées sur Terre depuis celles collectées par les astronautes des missions Apollo de la NASA et par les vaisseaux spatiaux de l’Union soviétique dans les années 1970. En juin 2024, la Chine a récolté des échantillons sur la face cachée de la Lune.
Les chercheurs ont examiné plus de 3 000 minuscules billes de verre présentes dans l’échantillon lunaire, et se sont attardés sur leur composition chimique et leur texture physique. Des perles de verre peuvent se former sur la Lune lorsque des gouttelettes de lave refroidissent après une éruption volcanique ou lors de l’impact d’une météorite. Les scientifiques ont découvert que trois de ces billes de verre provenaient de toute évidence d’un volcan. La datation a montré qu’elles avaient environ 123 millions d’années. Il s’agit de l’activité volcanique la plus récente confirmée sur la Lune jusqu’à présent. Une analyse antérieure des échantillons de roche de la mission Chang’e 5 avait indiqué que les volcans s’étaient éteints il y a 2 milliards d’années. Les estimations précédentes remontaient à 4 milliards d’années. Des images du Lunar Reconnaissance Orbiter de la NASA en 2014 avaient, elles aussi, révélé une activité volcanique plus récente.
Les billes de verre contiennent une grande quantité d’éléments connus sous le nom de KREEP*, qui peuvent produire un effet de réchauffement. Les scientifiques pensent que cet effet de réchauffement aurait pu faire fondre les roches du manteau lunaire, avant qu’elles remontent à la surface.
Les matériaux lunaires rapportés par les missions américaines et soviétiques avaient déjà laissé supposer qu’il y avait eu une activité volcanique sur la Lune jusqu’à il y a environ trois milliards d’années. Mais la nouvelle étude montre qu’une telle activité s’est produite également beaucoup plus récemment. Elle révèle aussi que des petits corps célestes comme la Lune peuvent rester actifs jusqu’à un stade très avancé de leur développement. L’étude pourrait permettre de comprendre combien de temps les petites planètes et les lunes – y compris la nôtre – peuvent rester volcaniquement actives. Elle pourrait également aider les scientifiques à mieux comprendre les mécanismes de développement de l’intérieur profond de la Lune.
Source : Presse scientifique.

*KREEP : acronyme construit à partir des lettres K (le symbole atomique pour le potassium), REE (Rare Earth Element – Terres rares) et P (pour le phosphore). C’est une composante géochimique de certaines brèches d’impact lunaires et roches basaltiques. Sa caractéristique la plus importante est une concentration accrue en éléments dits « incompatibles » (qui se concentrent en phase liquide pendant la cristallisation du magma) et d’autres produisant de la chaleur comme l’uranium, le thorium et le potassium. (Source : Wikipedia)

Quand la lune s’éclipse… (Photo: C. Grandpey)

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A new research entitled ‘Returned samples indicate volcanism on the Moon 120 million years ago’, published on Seprember 5th, 2024 in the journal Science informs us that the Moon had active volcanoes as recently as 120 million years ago, when dinosaurs still roamed Earth. The research was based on tiny glass beads found on the lunar surface, which suggest that active volcanism was present on the Moon until relatively recently. The beads were found by Chang’e 5, a Chinese mission that brought back piece of the Moon in 2020. The Chang’e 5 samples were the first moon rocks brought to Earth since those collected by NASA’s Apollo astronauts and by Soviet Union spacecraft in the 1970s. In June 2024, China returned samples from the far side of the moon.

Researchers looked through those more than 3,000 tiny glass beads, smaller than a pinhead, that were present in that lunar sample, examining their chemical make-up and physical texture. Glass beads can form on the moon when molten droplets cool after a volcanic eruption or meteorite impact. The scientists found that three of them were seemingly from a volcano. Dating showed that they were around 123 million years old. That is the youngest volcanic activity to be confirmed on the Moon so far. An earlier analysis of the rock samples from the Chang’e 5 mission had suggested volcanoes petered out 2 billion years ago. Previous estimates stretched back to 4 billion years ago. Images from NASA’s Lunar Reconnaissance Orbiter in 2014 had also suggested more recent volcanic activity.

The beads had a high amount of elements known as KREEP*, which can produce a heating effect. Scientists suggested that heating could have melted rocks in the Moon’s mantle, which in turn would have spewed out onto the surface.

Lunar material that was brought back by the US and Soviet missions to the Moon had already suggested that there was volcanic activity on the Moon until around three billion years ago. But the new study suggests that activity was also happening much more recently. It suggests that small bodies such as the Moon could stay active until a very late stage in their development. It may help understand how long small planets and moons — including our own — can stay volcanically active. It also helps scientists better understand the models of how the deep interior of the Moon may have developed.

Source : Scientific news media.

*KREEP : an acronym built from the letters K (the atomic symbol for potassium), REE (rare-earth elements) and P (for phosphorus). It is a geochemical component of some lunar impact breccia and basaltic rocks. Its most significant feature is somewhat enhanced concentration of a majority of so-called « incompatible » elements (those that are concentrated in the liquid phase during magma crystallization) and heat-producing elements, namely radioactive uranium, thorium, and potassium. (Source : Wikipedia)

Datation précise de l’éruption du Taupo (Nouvelle Zélande) // Accurate dating of the Taupo eruption (New Zealand)

En consultant les informations de la Smithsonian Institution sur le Taupo (Nouvelle Zélande), on peut lire que « le Taupo est une grande caldeira d’environ 35 km de diamètre dont les bordures sont mal définies. Aujourd’hui, la caldeira, occupée par le lac Taupo, s’est formée en grande partie à la suite de la puissante éruption Oruanui Tephra environ 22 600 ans avant notre ère. Il s’agit de la plus grande éruption connue du Taupo, avec l’émission de quelque 1 170 km3 de tephra.

Cette éruption a été précédée à la fin du Pléistocène par l’éruption explosive d’un grand nombre de dômes de lave rhyolitique au nord du lac Taupo.

De grandes éruptions explosives se sont produites fréquemment au cours de l’Holocène à partir de nombreuses bouches du lac Taupo et à proximité de ses bordures. L’éruption majeure la plus récente a eu lieu il y a environ 1 800 ans avant J.C. à partir d’au moins trois bouches le long d’une fissure orientée NE-SO et centrée sur les récifs Horomotangi. Cette éruption extrêmement violente fut la plus importante de Nouvelle-Zélande durant l’Holocène et produisit la Taupo Ignimbrite phreatoplinienne qui recouvrit l’Île du Nord sur 20 000 km2. »

Lorsque le Taupo est entré en éruption il y a 1 800 ans, l’explosion a envoyé des éclats de verre volcanique jusqu’en Antarctique. Les scientifiques ont réussi à mettre au jour certains de ces anciens débris, ce qui pourrait permettre de confirmer l’année exacte de cette énorme éruption.
Il a été extrêmement difficile de mettre la main sur les retombées de l’éruption du Taupo, ce qui a entraîné un débat de plusieurs décennies sur sa date exacte.
La datation au Carbone 14 des arbres détruits par l’explosion indique qu’elle aurait eu lieu en 232 après J.-C., mais certains scientifiques ont contesté cette date car, selon eux, les preuves pourraient avoir été contaminées et l’éruption se serait produite jusqu’à deux siècles plus tard.
Des chercheurs de l’Université de Wellington (Nouvelle-Zélande) à la recherche de débris projetés par le Taupo dans l’Antarctique occidental ont prélevé des carottes de glace à 279 mètres de profondeur et pensent avoir découvert la vérité sur l’éruption. La découverte de sept éclats de verre volcanique à la composition géochimique unique, enfouis profondément dans une carotte de glace, confirme que l’éruption s’est probablement produite à la fin de l’été et au début de l’automne de l’année 232.
Les chercheurs ont analysé la composition chimique des débris émis par le volcan, ce qui leur a permis de s’attarder sur six éclats de verre volcanique provenant de l’éruption du Taupo et sur un septième provenant d’une éruption beaucoup plus ancienne du même volcan, l’éruption d’Oruanui survenue il y a environ 25 500 ans (ou 22 600 ans selon la Smithsonian Institution).
Les sept éclats proviennent de profondeurs similaires, ce qui laisse supposer que le verre volcanique de l’éruption d’Oruanui a été enfoui près du volcan puis déterré et projeté dans l’atmosphère des milliers d’années plus tard lors de l’éruption du Taupō. Les forts vents du sud-ouest ont ensuite remobilisé les débris et les ont dispersés sur l’île du Nord de la Nouvelle-Zélande, ainsi que dans tout le sud-ouest de l’océan Pacifique et jusqu’à l’ouest de l’Antarctique, à environ 5 000 kilomètres de distance. Pour déterminer à quel moment les éclats de verre ont atterri en Antarctique, les chercheurs ont examiné les couches de glace environnantes. En effet, les débris volcaniques piégés dans la glace ont permis de dater l’époque de l’éruption, car on peut la relier à l’âge modélisé de la glace.
Source  : Live Science via Yahoo Actualités.

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When looking at the Smithsonian Institution’s information, one can read that « Taupo is a large, roughly 35-km-wide caldera with poorly defined margins.The caldera, now filled by Lake Taupo, largely formed as a result of the voluminous eruption of the Oruanui Tephra about 22,600 years before present (BP). This was the largest known eruption at Taupo, producing about 1,170 km3 of tephra.

This eruption was preceded during the late Pleistocene by the eruption of a large number of rhyolitic lava domes north of Lake Taupo.

Large explosive eruptions have occurred frequently during the Holocene from many vents within Lake Taupo and near its margins. The most recent major eruption took place about 1,800 years BP from at least three vents along a NE-SW-trending fissure centered on the Horomotangi Reefs. This extremely violent eruption was New Zealand’s largest during the Holocene and produced the phreatoplinian Taupo Ignimbrite, which covered 20,000 km2 of North Island. »

When Taupo erupted 1,800 years ago, the blast sent shards of glass all the way to Antarctica. Scientists have unearthed some of this ancient volcanic debris, which could help pinpoint the exact year this huge eruption took place.

Fallout from the Taupo eruption has proved extremely difficult to find, dragging out a decades-long debate over its exact timing.

Radiocarbon dating of trees that were killed by the blast indicated a date of A.D. 232, but some experts argued the evidence may have been contaminated and the eruption occurred up to two centuries later.

Researchers from the University of Wellington (New Zealand) looking for Taupo debris in West Antarctica drilled up ice cores from 279 meters below the ground and think they have found the truth about the eruption. The discovery of seven geochemically unique volcanic glass shards buried deep within an ice core confirms the likely timing of the eruption in late summer/early autumn in the year 232.

The researchers analyzed the debris’ chemical composition, which enabled them to trace six shards to the Taupo eruption and the seventh to a much earlier eruption of the same volcano, the Oruanui eruption, which occurred roughly 25,500 years ago.

The seven shards were found at similar depths, suggesting volcanic glass from the Oruanui eruption was buried near the volcano then unearthed and launched into the atmosphere thousands of years later during the Taupō eruption. Strong south-westerly winds then picked up the flying debris and dispersed it over New Zealand’s North Island, throughout the southwest Pacific Ocean and all the way to West Antarctica roughly 5,000 kilometers away. To determine when the glass shards landed in Antarctica, researchers looked at the surrounding ice layers. Indeed, volcanic debris trapped in the ice allowed them to date when the eruption occurred, because one can link it to the modeled age of the ice.

Source : Live Science via Yahoo News.

Image satellite (Source: NASA) et vue au sol (Photo: C. Grandpey) du lac Taupo.

2000 ans avant Pompéi…. // 2,000 years before Pompeii…

Une éruption du Vésuve il y a environ 4 000 ans – 2 000 ans avant celle qui a enseveli Pompéi – a remarquablement préservé la vie d’un village du début de l’âge du bronze en Campanie. La conservation remarquable d’Afragola est unique en Europe. Le village était situé près de la ville de Naples actuelle, à environ 15 kilomètres du Vésuve.
Les chercheurs étaient impatients de voir s’ils pourraient déterminer la période de l’année à laquelle l’éruption s’est produite grâce au niveau de préservation et à la variété des plantes sur le site. Les fouilles à Afragola couvrent une superficie de 5 000 mètres carrés. C’est l’un des sites du début de l’âge du bronze les plus étudiés en Italie.
Dans une étude publiée le 29 septembre 2022 dans le Journal of Archaeological Science: Reports, des chercheurs de l’Université du Connecticut expliquent que l’éruption s’est déroulée en plusieurs phases, avec au début une très forte explosion qui a principalement transporté des débris vers le nord-est.

Comme Pompéi, le village d’Afragola a été recouvert par plusieurs mètres de cendres, de boue et de sédiments. De nombreux restes de végétaux ont été préservés, ce qui a permis aux scientifiques d’identifier à quel moment l’éruption s’est produite, et même à quelle période de l’année.

Ils ont ainsi pu retracer le déroulement de l’éruption. Tout d’abord, une énorme explosion du Vésuve a, semble-t-il, envoyé des débris vers le nord-est du volcan. Les habitants d’Afragola qui se trouvaient le plus à l’ouest auraient ainsi eu le temps de fuir, ce qui explique pourquoi, contrairement à Pompéi, aucune trace de restes humains n’a été retrouvée. Puis la direction du vent aurait changée, entraînant d’importantes retombées de cendres sur le village déserté.

Puis, le Vésuve a émis des les coulées pyroclastiques jusqu’à environ 25 kilomètres de distance, ensevelissant totalement le village. C’est ce qui a permis à ce dernier de résister à la dégradation, même après plusieurs millénaires. Une chercheuse explique que « l’épaisse couche de matériaux volcaniques a remplacé les molécules des macro-restes végétaux et a produit des moulages parfaits dans la cinérite. »

Le village d’Afragola ainsi figé offre un rare aperçu de la façon dont les gens vivaient en Italie durant l’âge du bronze. Ils évoluaient probablement dans des groupes de huttes. L’effondrement du bâtiment de stockage sous le poids de la cendre a entraîné la carbonisation indirecte des matières végétales qui y étaient entreposées. C’est pourquoi les archéologues ont pu y identifier des céréales comme de l’orge, des noisettes, des glands, des pommes sauvages, des fruits de cornouiller et du matériel agricole extraordinairement bien conservés. Tous ces biens étaient probablement partagés avec la communauté.

En plus de ces fruits, de nombreuses empreintes de feuilles ont été préservées dans la cinérite. Elles ont permis aux scientifiques de conclure que l’éruption s’était déroulée en automne, comme celle de Pompéi qui a eu lieu en Octobre 79.

Source: presse internationale.

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An eruption of Vesuvius around 4,000 years ago – 2,000 years before the one that buried Pompeii – remarkably preserved early Bronze Age village life in Campania. Afragola’s remarkable preservation is unique in Europe. The village was located near the current city of Naples, about 15 kilometers from Vesuvius.
The researchers were eager to see if they could determine the time of year the eruption occurred based on the level of preservation and variety of plants at the site. The excavations at Afragola cover an area of ​​5,000 square meters. It is one of the most studied Early Bronze Age sites in Italy.
In a study published on September 29th, 2022 in the Journal of Archaeological Science: Reports, researchers from the University of Connecticut explain that the eruption took place in several phases, with at the beginning a very strong explosion which mainly transported debris to the northeast.
Like Pompeii, the village of Afragola was covered by several meters of ash, mud and sediment. Many plant remains have been preserved, allowing scientists to identify when the eruption occurred, and even at what time of year.
They were thus able to retrace the course of the eruption. First, a huge explosion from Vesuvius reportedly sent debris northeast of the volcano. The inhabitants of Afragola who were further west thus had time to flee, which explains why, unlike Pompeii, no trace of human remains has been found. Then the wind shifted, resulting in significant ashfall on the deserted village.
Then, Vesuvius emitted pyroclastic flows as long as about 25 kilometers, completely burying the village. This is what has allowed the village to resist degradation, even after several millennia. A researcher explains that « the thick layer of volcanic material replaced the molecules of the plant macro-remains and produced perfect casts in the cinerite. »
The frozen village of Afragola offers a rare glimpse into how people lived in Italy during the Bronze Age. They probably lived in groups of huts. The collapse of the storage building under the weight of the ash led to the indirect carbonization of the vegetable matter stored there. This is why archaeologists have been able to identify cereals such as barley, hazelnuts, acorns, wild apples, dogwood fruits and agricultural equipment that are extraordinarily well preserved. All of these goods were probably shared amidst the community.
In addition to these fruits, numerous leaf imprints have been preserved in the cinerite. They allowed scientists to conclude that the eruption had taken place in autumn, like that of Pompeii which took place in October 79.
Source: international press.

Le Vésuve, une menace permanente pour la Campanie (Photos: C. Grandpey)

La datation au Carbone 14 à Hawaii // Radiocarbon dating in Hawaii

Afin d’étudier et d’essayer de prévoir le comportement d’un volcan, les géologues analysent en général les dépôts laissés par les éruptions du passé et déterminent l’âge de ces dépôts. Cette datation se fait par le carbone14 (14C), ou radiocarbone.
Les âges déterminés par la datation au carbone 14 sont exprimés en «années BP» (avant le présent). Le présent est l’année 1950 car après cette date, les essais nucléaires ont contaminé l’atmosphère avec un excès de carbone 14 (voir courbes ci-desssous).
La datation au carbone 14 a été initiée à Hawaï par Meyer Rubin, décédé en mai 2020, victime du COVID-19. Rubin a étudié à l’Université de Chicago en compagnie du prix Nobel Willard Libbey.
Meyer Rubin a commencé à travailler pour l’US Geological Survey (USGS) à Washington, D.C. où il a collaboré avec Hans Suess pour affiner la datation au carbone 14. Il a contribué à introduire cette technique à Hawaï et à la rendre accessible aux géologues.
Les premiers échantillons de carbone 14 utilisés pour dater les coulées de lave à Hawaï ont été collectés en 1955 et datés de 1958. Ils ont été découverts accidentellement à Hilo, quand un bulldozer a dégagé de la terre révélant des matières végétales carbonisées. Le premier échantillon provenait d’un ohi’a , une espèce d’arbre endémique à Hawaii et souvent associée à la déesse Pélé. L’échantillon avait un âge de 2 000 ± 250 ans BP. Le deuxième échantillon était un hapu’u, une espèce de fougère répandue à Hawaii. La datation a révélé un âge de 2070 ± 250 BP. Ces datations étaient cohérentes et proposaient un âge fiable des coulées de lave.
Un autre échantillon a été recueilli en 1959, à Wai’ohinu, dans la partie sud-est de l’île d’Hawaï. Il a été prélevé dans un cimetière, au cours du creusement d’une tombe. Un ouvrier a perforé une coulée de pahoehoe et a trouvé du charbon de bois. L’échantillon avait un âge de 3740 ± 250 ans B.P.
Ce n’est cependant qu’au début des années 1970 qu’une analyse systématique et méthodique du charbon de bois a commencé à Hawaii. Ce travail a été effectué par Jack Lockwood et Peter Lipman. Dans un article publié en 1980, les auteurs ont déclaré: «Après une vaste observation sur le terrain des contacts basaux préhistoriques et historiques des coulées de lave, nous avons effectué un travail de repérage sur le terrain pour détecter les zones de présence du charbon de bois et nous sommes maintenant en mesure de trouver du bois carbonisé sous la plupart des coulées de lave hawaïennes dans les zones de végétation.»
Avant 1974, seulement 11 coulées de lave du Mauna Loa et du Kilauea avaient été datées par la méthode du carbone 14. Très vite, avec de nouvelles connaissances sur la formation du charbon de bois, les géologues ont commencé à en prélever pour découvrir les secrets de la déesse Pélé. Jusqu’à présent, sur l’île d’Hawaï, les géologues du HVO ont recueilli plus de 1500 échantillons de charbon de bois et ont pu effectuer plus de 1000 datations au radiocarbone. Environ la moitié de ces échantillons proviennent du Mauna Loa.
Voici comment s’opère la datation au radiocarbone. La plus grande partie du carbone n’est pas radioactive, mais un isotope, le  14C, est radioactif et a une demi-vie de 5 700 ans. Le 14C est produit par décomposition radioactive de l’azote et est facilement utilisé par les plantes pour fabriquer des tissus, des fibres et du bois.
La quantité de 14C dans la plante diminue continuellement par désintégration radioactive, de sorte qu’après 5 700 ans, la quantité de 14C est de 50% de la quantité d’origine, lorsqu’elle est incorporée dans le tissu végétal. Après 5 700 autres années, la concentration chute à 25% de sa valeur initiale. Les scientifiques utilisent cette décomposition pour donner un âge au charbon de bois. Les techniques relativement nouvelles, comme le spectromètre de masse par accélérateur, peuvent théoriquement fournir des datations comprises entre 80 et 100 000 ans.
En réalité, la datation au carbone 14 est fiable jusqu’à environ 50 000 ans BP. Le carbone 14 a permis d’évaluer l’histoire géologique de l’île d’Hawaï. Grâce au regretté Meyer Rubin, à Jack Lockwood et à Peter Lipman, l’utilisation de la datation au carbone 14 a révolutionné la capacité des géologues à déterminer avec précision la date et fréquence des éruptions, et donc à découvrir la périodicité des dangers et évaluer les risques.
En permettant la datation des coulées de lave, le carbone 14 a été une véritable pierre de Rosette* pour comprendre l’histoire des volcans d’Hawaï!
Source: HVO / USGS.

* La pierre de Rosette est un fragment de stèle sur laquelle sont gravées trois écritures différentes d’un même texte et dans deux langues. Ce texte connut plusieurs tentatives de traduction avant que Champollion ne parvienne à déchiffrer les hiéroglyphes et à traduire intégralement les inscriptions.

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In order to study and try to forecast how a volcano will behave, geologists usyally analyse the deposits from past eruptions and determine the ages of those deposits. Radiocarbon dating is the principal tool of use.

Radiocarbon ages are expressed in “years BP” (Before Present). The present is the year 1950 because after that date nuclear weapons testing has contaminated the atmosphere with excess Carbon-14 ( 14C) [see graphs below]..

Radiocarbon dating was initiated in Hawaii by Meyer Rubin who died in May 2020, a victim of COVID-19. Rubin worked as a student at the University of Chicago with Nobel Prize winner Willard Libbey.

Meyer Rubin began his work with the US Geological Survey (USGS) in Washington, D.C., working with Hans Suess to refine radiocarbon dating. Meyer Rubin was instrumental in bringing radiocarbon dating to Hawaii and making this technique accessible to geologists.

The first radiocarbon samples used to date flows in Hawaii were collected in 1955 and dated in 1958. The samples were accidental finds, from Hilo, after a bulldozer cleared some land revealing carbonized plant materials. The first sample was from an ohi’a tree and yielded an age of 2,000 ± 250 years BP. A second sample, from hapu’u, gave an age of 2,070 ± 250 BP. These ages were internally consistent and yielded a reliable age of the flow.

Another sample was collected in 1959, in Wai’ohinu, on the southeast portion of the Island of Hawaii. The sample was collected in a churchyard, during the course of digging a grave, a worker broke through a pahoehoe flow and found charcoal. The sample provided an age of 3,740 ± 250 y B.P.

It was not until the early 1970s, however, that a systematic and methodical approach to charcoal recovery in Hawaii commenced. This effort was spearheaded by Jack Lockwood and Peter Lipman. In a paper published in 1980, the authors stated, “After extensive field observation of prehistoric and historic lava-flow basal contacts, we gradually developed field guidelines to predict areas of charcoal preservation and can now find carbonized wood under most Hawaiian lava flows that extend into vegetated areas.”

Prior to 1974, only 11 lava flows from Mauna Loa and Kilauea had been dated by the radiocarbon method. Soon, with new understandings of how charcoal is formed, geologists began to collect charcoal in earnest to uncover the secrets of Pele. So far, on the Island of Hawaii, HVO geologists have gathered over 1,500 charcoal samples and obtained more than 1,000 radiocarbon ages. About half of the dated material is from Mauna Loa.

Here is how radiocarbon dating works. Most carbon is not radioactive, but one isotope, 14C, is radioactive and has a half-life of 5,700 years. 14C  is produced by radioactive decay of nitrogen and is readily utilized by plants to build tissue, fiber, and wood.

The quantity of 14C  in the plant continuously diminishes through radioactive decay, so that after 5,700 years the amount of 14C is 50% of the amount when incorporated into plant tissue. After another 5,700 years, the concentration is down to 25% of its initial amount. Scientists use this decay to get an age from charcoal. The relatively new accelerator mass spectrometer techniques can theoretically provide ages between 80 and 100,000 years.

Realistically, radiocarbon dating is good to about 50,000 years BP. It has allowed to evaluate the geologic history of the Island of Hawaii. Thanks to the late Meyer Rubin, Jack Lockwood, and Peter Lipman, the use of radiocarbon dating has revolutionized grologists’ ability to firmly establish eruption frequency, unearth the periodicity of hazards, and assess risk.

One can say that for dating young lava flows, radiocarbon dating has proven to be a Rosetta Stone* for understanding the histories of Hawaii’s volcanoes!

Source : HVO / USGS.

*The Rosetta Stone is a fragment of a stele on which are engraved three different writings of the same text and in two languages. This text saw several attempts at translation before Champollion succeeded in deciphering the hieroglyphs and translating the inscriptions in full.

Influence des essais nucléaires atmosphériques (1950-1970 pour l’essentiel) sur la concentration atmosphérique en 14C.