Kilauea (Hawaii): une éruption à court terme? // Kilauea (Hawaii): a short-term eruption?

Pour commencer, voici ce que j’écrivais dans une note publiée le 13 juin 2021:

Dans une note publiée le 1er juin 2021, j’expliquais que l’Observatoire des Volcans d’Hawaii (le HVO) jouait sur les mots et refusait d’admettre que l’éruption du Kilauea était terminée, bien qu’aucune activité n’ait été observée depuis le 27 mai 2021. Les dernières mises à jour de l’observatoire indiquent que « le Kilauea n’est plus en éruption. Aucune activité de surface n’a été observée. »

Dans un nouvel article, le HVO nous informe qu’ »une fenêtre de trois mois est nécessaire pour définir une « pause » dans une éruption. Cela signifie que nous devrons attendre encore 90 jours (jusqu’au 24 août 2021) pour voir si le HVO admet enfin que l’éruption est terminée… ce dont je ne suis pas sûr !!

Le HVO explique que lorsqu’un intervalle d’activité dure plus de 90 jours, il se transforme généralement (mais pas toujours) en une période de « repos volcanique » beaucoup plus longue qui peut durer plusieurs années, voire plusieurs millénaires. Toute nouvelle activité éruptive devient alors « la prochaine éruption ».

Il se peut qu’il s’agisse d’une simple coïncidence, mais le HVO a diffusé le 24 août 2021 un message relayé par tous les médias d’information aux Etats Unis indiquant qu’un essaim sismique significatif avait été enregistré dans la partie sud de la caldeira du Kilauea, avec une certaine déformation du sol..

Ce genre d’événement n’a rien d’exceptionnel car des secousses se produisent fréquemment sur le flanc sud du Kilauea suite à un effet de basculement de l’édifice volcanique dans l’Océan Pacifique.

Cette dernière sismicité est-elle un signe avant-coureur d’une nouvelle éruption du Kilauea, ou le HVO veut-il entretenir le suspense et refuser d’admettre, une fois de plus, que la dernière éruption est terminée? Les prochains jours nous diront qui détient la vérité, le HVO ou Madame Pele!

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To begin with, here is what I wrote in a post publised on June 13th, 2021:

In a post published on June 1st, 2021, I explained that the Hawaiian Volcano Observatory (HVO) was playing with the words and refused to admit that the Kilauea eruption was over, although no activity had been observed since May 27th, 2021. The observatory’s latest updates indicate that “Kilauea Volcano is no longer erupting. No surface activity has been observed.”

In a new article, HVO informs us that “a three-month-long window is useful in defining an eruption “pause,” so that we’ll have to wait 90 days (until August 24th, 2021) to see if HVO finally admits the eruption is over…of which I am not sure!!

Next, HVO explains that when a gap in activity lasts for longer than 90 days, it typically (but not always) becomes a much longer period of volcanic rest and can stretch from years to millennia. Any new eruptive activity thus becomes “the next eruption.”

It might be a coincidence, but HVO sent a message relayed by all the US news media on August 24th, 2021 which said that a seismic swarm had been recorded in the southern part of the Kilauea caldera, together with some ground deformation.

This kind of event is not exceptional as earthquakes frequently occur on the southern flank of Kilauea due to a tilting effect of the volcanic edifice in the Pacific Ocean. Is this latest seismicity a harbinger of another Kilauea eruption, or does HVO want to maintain some suspense and refuse to admit, once again, that the latest eruptine is over? The next few days will tell us who holds the truth, HVO or Madame Pele!

La caldeira du Kilauea le 21 août 2021 (Crédit photo: HVO)

Du nouveau sur le Kilauea (Hawaii)? // Something new on Kilauea (Hawaii)?

Le HVO vient de m’envoyer un message indiquant qu’un essaim sismique a commencé sous la partie sud de la caldeira du Kilauea dans la soirée du 23 août 2021 et se poursuit le 24 août au matin avec une séquence d’événements particulièrement forte enregistrée vers 1h30 (heure locale). L’apparition de l’essaim sismique a coïncidé avec un changement dans la déformation du sol au niveau de la zone sommitale du Kilauea. Ce changement peut correspondre au mouvement superficiel du magma sous la partie sud de la caldeira.
En conséquence, le HVO a fait passerle niveau d’alerte volcanique de Advisory à Watch (Vigilance) et la couleur de l’alerte aérienne de Jaune à Orange.

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HVO has just sent me amessage indicating that a seismic swarm began beneath the south part of the Kīlauea caldera on the evening of August 23rd, 2021 and is continuing in the early morning of August 24th with a particularly strong sequence of earthquakes that occurred at about 1:30 a.m., (local time). The onset of the swarm coincided with a change in ground deformation in Kilauea’s summit region. This change may indicate the shallow movement of magma beneath the south part of the Kīlauea caldera.
As a consequence, HVO has raised the volcano alert leve from Advisory to Watch and the aviation colour code from Yellow to Orange.

Vers un prochain réveil du Kilauea? (Photo: C. Grandpey)

Eruption du Kilauea (Hawaii) ! // Eruption of Kilauea Volcano (Hawaii) !

Juste après environ 21h30 (heure locale) le 20 décembre 2020, un essaim sismique a été enregistré sur le Kilauea, accompagné d’une déformation de la zone sommitale du volcan. L’Observatoire des Volcans d’Hawaii (HVO) a ensuite détecté une lueur dans le cratère de l’Halema’uma’u au sommet du Kilauea. Cela signifiait qu’une éruption avait commencé dans la caldeira sommitale. La situation évolue rapidement et le HVO publiera des mises à jour lorsque de nouvelles informations seront disponibles.

Le niveau d’alerte volcanique a été élevé à WARNING (Danger) et la couleur de l’alerte aérienne est passée au ROUGE.

La Protection Civile a mis en garde sur le risque de retombées de cendres dans les secteurs de Wood Valley, Pahala, Naalehu et Ocean View. Il est conseillé aux habitants de ces secteurs de rester à l’intérieur des maisons.

Il est intéressant de noter que peu de temps après le début de l’éruption sommitale, le HVO a enregistré un séisme de M 4,4 sous le flanc sud du Kilauea. L’épicentre se trouvait à environ 14 km au sud de Fern Forest, près de Holei Pali, à une profondeur de 6 km. La secousse ne semble pas être liée à l’éruption. Elle fait partie de la sismicité qui affecte régulièrement le flanc sud du Kilauea qui se déplace vers le sud-est au-dessus de la croûte océanique.

Ne vous précipitez pas pour acheter un billet d’avion pour aller à Hawaii ! En raison de la pandémie de coronavirus, il n’y a actuellement pas d’avions pour les touristes à destination des États-Unis. De plus, Hawaï a été fortement impacté par la maladie. Les services sanitaires hawaiiens signalaient 204 nouveaux cas de coronavirus le 20 décembre, ce qui porte le total pour l’État à 20 217 depuis le début de la pandémie. 1 412 personnes ont été hospitalisées dans l’ensemble de l’État et au moins 282 sont décédées.

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Shortly after approximately 9:30 p.m. (local time) on December 20th, 2020, an earthquake swarm began on Kilauea Volcano, accompanied by ground deformation detected by tiltmeters. The Hawaiian Volcano Observatory (HVO) next detected glow within Halema’uma’u crater at the summit of Kilauea. This meant an eruption had started within the summit caldera. The situation is rapidly evolving and HVO will issue another statement when more information is available.
The volcano alert level has been raised to WARNING and its aviation colour code to RED.

Civil Defense cautioned that ash fallout is likely in Wood Valley, Pahala, Naalehu and Ocean View, and advised residents and visitors to stay indoors to avoid exposure to ash.

It should be noted that a short time after the summit eruption started, HVO recorded an M-4.4 earthquake beneath Kilauea’s south flank. The event was centered about 14 km south of Fern Forest, near Holei Pali, at a depth of 6 km. The quake does not seem to be linked to the eruption. It is part of the seismicity that regularly affects Kilauea’s south flank which moves to the southeast over the oceanic crust.

It’s no use hurrying to buy a plane ticket to go to Hawaii. Because of the coronavirus pandemic, there are currently no planes for tourists to the U.S. Moreover, Hawaii has been strongly hit by the disease. The Hawaii Department of Health again reported 204 new cases of coronavirus on December 20th, bringing the statewide total to 20,217 since the pandemic began. A total of 1,412 individuals have been hospitalized statewide as a result of covid-19 infection and at least 282 have died.

Lueur sommitale vue par la webcam sur la tour d’observation du HVO.

Image thermique du fond du cratère de l’Halema’uma’u (Source : HVO)

Une caldeira géante au coeur des Aléoutiennes (Alaska)? // A huge caldera at the heart of the Aleutians (Alaska) ?

L’information a fait la une de nombreux médias. Ainsi, on peut lire sur le site web du très sérieux National Geographic un article très surprenant qui explique que «des îles de l’Alaska font peut-être partie d’un même volcan de taille imposante». Là où les scientifiques pensaient qu’il y avait plusieurs petits volcans indépendants pourrait exister un seul énorme édifice volcanique!

C’est la conclusion d’une étude qui sera présentée lors de la prochaine réunion de l’American Geophysical Union. Le nouveau volcan – si sa découverte est confirmée par des études ultérieures  – se serait formé lors d’un événement bien plus spectaculaire que l’éruption du Mont St. Helens en 1980.

Le volcan géant est délimité par un ensemble semi-circulaire d’édifices potentiellement actifs connus sous le nom d’Iles des Quatre Montagnes – Islands of the Four Mountains (IFM) – au cœur des îles Aléoutiennes. Ces îles, qui ont longtemps été considérées comme des volcans indépendants, pourraient en réalité constituer une série de bouches éruptives reliées entre elles le long de la lèvre d’une caldeira volcanique beaucoup plus grande. Les six sommets en question ont pour noms Herbert, Carlisle, Cleveland, Tana, Uliaga et Kagamil. Toutefois, si cette caldeira volcanique existe, les scientifiques disent que cela ne signifie pas forcément qu’une catastrophe se produira dans le futur.

Pour arriver à leur conclusion surprenante, les chercheurs ont étudié la géologie locale. Ils ont tenté de détecter la moindre sismicité et ont effectué des analyses chimiques pour comprendre la composition des gaz s’échappant du sol. En étudiant ces données, ils ont remarqué certaines caractéristiques qui les ont conduits à penser qu’elles pourraient appartenir à une ancienne éruption de grande ampleur.

La première pièce du puzzle est la forme en demi-cercle des volcans IFM qui fait penser à une caldeira. On sait que la formation d’une caldeira peut donner naissance à un certain nombre de fractures à travers lesquelles le magma peut s’infiltrer avant d’atteindre la surface, de sorte que des groupes de bouches éruptives se rencontrent fréquemment autour ou au centre de la caldeira.

Les chercheurs en ont conclu que les volcans IFM pouvaient représenter une série de structures géologiques connectées entre elles autour d’une caldeira de 20 kilomètres de large dont le fond se situerait à des centaines de mètres sous la surface de l’Océan Pacifique.

La découverte d’ignimbrites a constitué une autre pièce du puzzle. Ces matériaux se forment lorsqu’une grande éruption dépose des couches de cendres volcaniques à haute température si épaisses que les grains se soudent pour former une roche solide.

En plus des premières pièces du puzzle, les scientifiques ont recueilli de nouveaux éléments, en particulier des anomalies gravimétriques fournies par des données satellitaires et des études bathymétriques conduites dans la région peu après la Seconde Guerre mondiale. Les cartes des fonds marins montrent plusieurs structures de dorsales courbées, ainsi qu’une dépression de plus de 120 mètres de profondeur susceptible de faire partie d’une caldeira. Si ces observations sont confirmées, cela pourrait signifier qu’un bassin sous-marin a pu se former à la suite d’une puissante éruption volcanique.

Les chercheurs admettent que «chacune de ces preuves potentielles est discutable». Cependant, à mesure qu’elles s’accumulent, l’idée d’une caldeira devient de plus en plus plausible.

De nouvelles recherches seront nécessaires pour confirmer l’existence d’une telle caldeira dans les Aléoutiennes. Pour le moment, les scientifiques ne connaissent pas la taille exacte de la caldeira, et ils ne savent pas non plus si elle a été formée par une grande éruption ou plusieurs événements de moindre importance.

Source: National Geographic.

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Cette information est intéressante, mais l’hypothèse avancée par les scientifiques doit être étayée sérieusement. Une caldeira en zone de subduction avec la lèvre ornée de petits volcans comme les bougies d’un gâteau d’anniversaire? Je demande confirmation! Pour le moment, à mes yeux, ces volcans actifs font partie de l’arc de subduction de la Chaîne des Aléoutiennes. Il faudra trouver et analyser sur la terre ferme du sud-ouest de l’Alaska les restes de l’éruption qui a façonné cette caldeira. En effet, si l’explosion a effectivement eu lieu, sa puissance a été considérable et les projections ne se sont probablement pas limitées à l’océan!

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One can read on the website of the very serious National Geographic a very surprising article that explains that “Alaska islands may be part of single, massive volcano.” What scientists thought were several small, independent volcanoes might actually be a single huge volcanic edifice!.

This is the conclusion of research to be presented at the next American Geophysical Union meeting. If it proves true, the new ly discovered – if it relay exists – once erupted in an event far more dramatic than the 1980 eruption of Mount St. Helens.

The giant volcano is marked by a semi-circular cluster of potentially eruptive summits known as the Islands of the Four Mountains (IFM), among   the Aleutian Islands. These islands, which  have been long considered as independent volcanoes, might actually be a series of connected vents along the edge of a much larger volcanic caldera. The six peaks include Herbert, Carlisle, Cleveland, Tana, Uliaga, and Kagamil. Should this volcanic caldera exist, the scientists say that it does not mean a catastrophe will occur in the future.

To get to their surprising conclusion, the researchers examined the local geology. They used tried to detect the slightest seismicity and performed chemical analyses to understand the composition of gasses effusing from the ground. While studying this data, they notices some features that led them to think they might belong to an enormous and ancient eruption.

The first piece of the puzzle was the curious half-ring shape of the closely clustered IFM volcanoes which really looked like a caldera. The formation of a caldera produces a number of fractures through which magma can then seep to the surface, so that volcanic clusters are common around their edges or centres.

As a consequence, the researchers imagined that the IFM volcanoes might represent a series of connected geologic structures around a potential 20-kilometre-wide caldera whose botto would lie hundreds metres beneath the surface of the Pacific Ocean.

Another piece of the puzzle was the discovery of ignimbrites. These materials form when a large eruption lays down hot temperature volcanic ash so thick that the grains weld together into solid rock.

Confirming the first pieces of the puzzle, the scientists collected more evidence, including gravity anomalies from satellite data and bathymetric surveys that were conducted in the area shortly after World War II. The maps of the seafloor revealed several curved ridge structures and a depression more than 120 metres deep that could be part of a caldera. If these observations are confirmed, it might mean that a potential underwater basin resulted from a powerful volcanic explosion.

The researchers admit that “any one piece of these pieces of evidence is questionable.” However, as they are getting more and more numerous, the idea of a caldera does become more and more reliable.

More research will be needed to confirm the existence of a caldera in the Aleutians. For one thing, the scientists are not sure about the size of the caldera, and they don’t know whether it was made from one large eruption or several smaller events.

Source : National Geographic.

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This is interesting information, but the hypothesis set forth by scientists needs to be seriously substantiated. A caldera in a subduction zone with its rim adorned with small volcanoes like candles on a birthday cake? I need confirmation! At the moment, to my eyes, these active volcanoes are part of the Aleutian Chain subduction arc. It will be necessary to find and analyze on the mainland of southwest Alaska the remains of the eruption that shaped this caldera. Indeed, if the explosion did indeed take place, its power was considerable and the projections were probably not limited to the ocean!

Carte de localisation des Islands of the Four Mountains (Google Maps)

Islands of the Four Mountains vues depuis l’ISS