Un téléphérique sur le Kilimandjaro (Tanzanie) ? // A cable car on Kilimanjaro (Tanzania)?

Que ne ferait-on pas pour attirer les touristes ?  Le Ministère du Tourisme de Tanzanie a dévoilé un nouveau projet sur les pentes du Kilimandjaro qui domine l’Afrique de l’Est de  ses  5891 mètres. Le « Kili » est un volcan endormi depuis environ 5000 ans mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il n’est pas éteint. En effet, l’édifice est parfois secoué par des petits ou moyens séismes. De plus, il émet parfois des fumerolles. En 2003 des volcanologues ont estimé que du magma se trouvait encore à 400 mètres de profondeur sous le sommet.

Le Kilimandjaro attire chaque année quelque 50 000 randonneurs. Beaucoup sont attirés par la calotte glaciaire sommitale  – Les neiges du Kilimandjaro, de la chanson de Pascal Danel en France –  qui est en train de se réduire comme peau de chagrin. Entre 1912 et 2013, elle a perdu 85 % de son volume. Selon les scientifiques, elle devrait disparaître totalement d’ici 2030 à 2050 (voir ma note du 22 décembre 2013). Ce phénomène est  attribué au réchauffement climatique, mais aussi à la déforestation dans cette partie de l’Afrique.

Aujourd’hui, les autorités tanzaniennes veulent accroître massivement le nombre de touristes sur le Kilimandjaro. Une étude a été lancée en vue d’installer un téléphérique sur le volcan!! Les porteurs – les Chagga – qui par milliers gagnent leur vie sur les expéditions d’alpinistes voient forcément ce projet d’un mauvais œil. Ils craignent que la mise en service d’un téléphérique sonne le glas de leur activité. Les membres de la Mount Kilimanjaro Porters Society (MKPS) s’opposent fermement à une telle initiative. « La majorité des touristes grimperont le Kilimandjaro à la journée, en utilisant ce nouveau produit pour économiser sur leurs dépenses et la durée de leur séjour » explique son représentant.

Chaque groupe de randonneurs est actuellement accompagné d’au moins un guide et trois à quatre porteurs par marcheur. La Banque Mondiale estime, dans un rapport de 2013, que 10 000 porteurs, 500 cuisiniers et 400 guides vivent de cette activité (20 000 sur le «Kili» et le Mont Méru, selon l’organisation des porteurs de Tanzanie). Le salaire de ces hommes, pourboire compris oscille entre 54 et 210 euros par mois, ce qui n’est pas si mal pour la Tanzanie où le salaire national moyen est d’environ 45 euros. On imagine facilement la perte sèche qu’occasionnerait l’installation d’un téléphérique !

Avec un sommet culminant à près de 6.000 mètres d’altitude, il est techniquement impossible d’équiper la montagne jusqu’à son point le plus haut. De plus, une telle initiative présenterait de gros risques pour la santé des randonneurs. Un visiteur qui monterait dans une cabine de téléphérique à 1500 mètres d’altitude et sortirait quelques minutes plus tard à près de 6000 mètres subirait les sévères effets de la variation d’altitude. Le mal des montagnes (Acute Mountain Sickness) peut être fatal. Pour y remédier, des paliers d’acclimatation sont obligatoires.

Le projet semble plutôt se diriger vers une remontée mécanique qui s’arrêterait sur le plateau de Shira, pas loin de la barre des 3800 mètres d’altitude. Il partirait vraisemblablement là où s’arrête la route, aux alentours de 1800 mètres d’altitude. De fait, pour les randonneurs désireux de raccourcir leur parcours, l’équivalent de 3 journées de trek pourrait être réalisé en quelques minutes. Pour autant, ces trois jours permettent aujourd’hui une acclimatation plus douce à l’altitude, optimisant les chances de réussite sur la partie à plus de 5000 mètres. Si cette partie de l’ascension disparaît, le taux de réussite au sommet va de facto se réduire significativement et le nombre d’accidents liés à la haute altitude va augmenter de façon sensible.

Les détracteurs du projet redoutent par ailleurs son impact écologique. Les câbles du téléphérique couperaient un couloir de migration des oiseaux. Les arguments environnementaux risquent de peser dans l’étude d’impact, car le parc se veut un modèle de protection de la nature. Par exemple, le moindre abandon de détritus est sanctionné.

Ce projet de téléphérique sur le Kili n’est pas nouveau. Il a émergé dans les années 1960, à une époque où la Tanzanie n’avait pas les moyens d’investir dans une telle installation. Avec le boom du tourisme de ces dernières années, le pays se porte mieux. Les randonnées sur le Kilimandjaro rapportent officiellement à la Tanzanie 45,3 millions d’euros par an, dont 12,6 millions vont aux habitants. Les plages du pays ainsi que ses parcs à safari attirent également un nombre croissant de visiteurs et les devises entrent en abondance. Le Ministère du Tourisme réfléchit donc à toute une série de projets susceptibles d’accroître encore cette manne providentielle. Aujourd’hui, des études préliminaires sont en cours. Plusieurs fabricants de téléphériques se sont dits intéressés.

Source : Presse internationale.

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What could not be done to attract tourists? The Tanzania Ministry of Tourism has unveiled a new project on the slopes of Kilimanjaro (5,891 m.) which dominates East Africa. The « Kili » has been a dormant volcano for around 5000 years, but, contrary to what one might think, it is not extinct. Indeed, the volcanic edifice is sometimes shaken by small or medium earthquakes. In addition, it sometimes emits fumaroles. In 2003, volcanologists estimated that magma was about 400 metres beneath the summit.
Kilimanjaro annually attracts some 50,000 hikers. Many are drawn to the summit ice cap – Les neiges du Kilimanjaro, the song by French singer Pascal Danel – which is shrinking like a daze. Between 1912 and 2013, it lost 85% of its volume. According to scientists, it should disappear completely by 2030 to 2050 (see my note of December 22nd, 2013). This phenomenon is attributed to global warming, but also to deforestation in this part of Africa.
Today, the Tanzanian authorities want to massively increase the number of tourists on Kilimanjaro. A study has been launched to install a cable car on the volcano !! Of course, the porters – the Chagga – who by the thousands earn their living on mountaineering expeditions see this project with a bad eye. They fear that a cable car might mean the end of their business. Members of the Mount Kilimanjaro Porters Society (MKPS) strongly oppose such an initiative. « The majority of tourists will climb Kilimanjaro by the day, using this new product to save on expenses and the length of their stay, » said its representative.
Each group of hikers is currently accompanied by at least one guide and three to four porters per walker. The World Bank estimated, in a 2013 report, that 10,000 porters, 500 cooks and 400 guides lived from this activity (20,000 on « Kili » and Mount Meru, according to the Tanzania porters’ organization). The wages of these men, tips included, fluctuates between 54 and 210 euros per month, which is not bad for Tanzania where the national average salary is around 45 euros. One can easily imagine the dead loss that would be caused by installing a cable car!
With a peak reaching almost 6,000 meters above sea level, it is technically impossible to outfit the mountain to its highest point. In addition, such an initiative would pose serious risks to the health of hikers. A visitor who starts travelling in a cable car cabin at 1,500 meters above sea level and leaves a few minutes later at nearly 6,000 metres will experience the severe effects of the altitude. Acute Mountain Sickness can be fatal. To remedy this, acclimatization stages are compulsory.
Rather, the project seems to be heading towards a cable car that would stop on the Shira plateau, not far from the 3800-metre bar. It would probably start where the road ends, around 1800 metres above sea level. In fact, for hikers wishing to shorten their route, the equivalent of 3 days of trekking could be achieved in a few minutes. However, these three days allow today a gentler acclimatization to the altitude, optimizing the chances of success above 5000 metres. If this part of the ascent disappears, the success rate at the summit will de facto significantly decrease and the number of accidents related to high altitude will increase significantly.
Critics of the project also fear its ecological impact. The cable car would cut a bird migration corridor. Environmental arguments are likely to weigh in on the impact study, as the park aims to be a model of nature protection. For example, the slightest abandonment of litter is penalized.

This cable car project on Kilimandjaro is not new. It emerged in the 1960s, at a time when Tanzania could not afford to invest in such a facility. With the tourism boom of recent years, the country is doing better. Hikes on Kilimanjaro officially bring Tanzania 45.3 million euros a year, of which 12.6 million go to residents. The country’s beaches as well as its safari parks are also attracting an increasing number of visitors and currencies are in abundance. The Ministry of Tourism is therefore considering a whole series of projects likely to further increase this providential windfall. Today, preliminary studies are underway. Several cable car manufacturers have expressed interest.
Source: International press.

Le sommet du Kilimandjaro vu depuis l’espace (Source: NASA)

Les effets du changement climatique dans les Alpes (2) : Neige et glaciers

La neige est une composante essentielle du système hydrologique de montagne. Tout changement dans la quantité, la durée et le caractère saisonnier du manteau neigeux peut avoir des conséquences durables au niveau environnemental et économique. Les régimes de température et d’humidité, fortement influencés par le climat, contrôlent le comportement de la neige et de la glace. En montagne, une hausse moyenne de 1°C s’accompagne d’une élévation de l’altitude limite moyenne de la neige d’environ 150 mètres. C’est pourquoi la durée de la saison d’enneigement a eu tendance à diminuer depuis les années 1970 dans beaucoup de stations alpines, avec cependant une grande variabilité d’année en année. Ceci est particulièrement vrai pour les stations se situant en dessous d’une altitude d’environ 1500 mètres. En revanche à des altitudes supérieures à 2500 mètres, une augmentation de la durée d’enneigement et de la profondeur du manteau neigeux a été constatée à certains endroits.

D’après les prévisions climatiques, des conditions hivernales moins froides associées à des précipitations plus importantes dans les Alpes contribueront à augmenter la quantité de neige à haute altitude. Par contre, on assistera à une forte diminution de l’enneigement dans les régions de basse et moyenne altitude, là où les précipitations auront tendance à tomber sous forme de pluie. Selon de nombreux modèles climatiques, dans le cas où les températures minimales de l’hiver augmenteraient de 4°C, on estime que la durée d’enneigement se réduirait de plus de 100 jours dans la tranche d’altitude entre 1500 et 2500 mètres d’altitude. À basse altitude, cette augmentation des températures aurait pour conséquence la quasi-disparition de la neige pendant la plupart des hivers, alors que les changements à très haute altitude seraient minimes.

La multiplication des hivers peu enneigés engendrera des problèmes économiques pour des stations de basse et de moyenne altitude (jusqu’aux alentours de 1 200-1 800 mètres d’altitude). Une diversification de l’offre touristique au-delà de l’industrie du ski s’avérera nécessaire pour la plupart des stations de montagne alpines.

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Je ne m’attarderai pas sur les effets du réchauffement climatique sur les glaciers. L’essentiel a été dit dans les notes précédentes. Il est bien évident cet impact est considérable. Le volume d’un glacier, qui se traduit par sa surface et son épaisseur, est déterminé par l’équilibre entre l’accumulation de neige et la fonte du glacier. Si le climat change, cet équilibre sera modifié. La plupart des glaciers alpins à l’exception de ceux de très haute altitude (plus de 3500-4000 m) présentent des températures de surface et internes très proches du point de congélation. La moindre augmentation de la température au-dessus de ce seuil de 0°C peut donc entraîner une réponse très marquée des glaciers. Entre 1850 et 2000, les glaciers des Alpes européennes ont ainsi perdu entre 30 et 40% de leur superficie et environ la moitié de leur volume. Une constatation similaire a été faite sur de nombreux glaciers de montagnes de la planète, tant aux latitudes moyennes que sous les tropiques. La plupart des études indiquent que 50 à 90% des glaciers de montagne existants pourraient disparaître d’ici à 2100 selon l’ampleur du réchauffement climatique à venir.

Source : Encyclopédie de l’Environnement.

Glacier d’Aletsch (Alpes suisses)

Glacier d’Argentière (Alpes françaises)

Mer de Glace (Alpes françaises)

Photos: C. Grandpey

Accès à l’Etna: Une plaisanterie sicilienne // Access to Mt Etna: A Sicilian joke

Comme je l’ai indiqué précédemment, c’est désormais aux communes situées sur les hautes pentes de l’Etna de gérer la sécurité et donc de déterminer les zones autorisées ou interdites aux randonneurs. Ce nouveau contexte complique sérieusement la tâche de ceux qui veulent escalader le Mongibello car il n’y a aucune harmonie entre les différentes communes. Il faut être non seulement un bon randonneur, aussi un grand connaisseur des limites territoriales des municipalités qui, comme autant de tranches d’une tarte, convergent vers le sommet du volcan.  Il faut également posséder une bonne carte topographique, un altimètre précis, ainsi qu’un très bon sens de l’orientation !

On arrive à l’incohérence suivante :

Si vous êtes une zone sous la responsabilité de la municipalité de Ragalna vous pouvez accéder librement jusqu’à 2100 mètres; si vous voulez arriver à 2200 m., vous devez être accompagné par des guides et au-dessus 2200, l’accès est totalement interdit.
Si vous êtes sur le territoire de Nicolosi, c’est le décret du 25 mars qu’il faudra respecter. Il limite l’accès libre à l’altitude 2500, et avec accompagnement obligatoire des guides jusqu’à 2850. Au-dessus de 2920 m. la zone est interdite.
Si vous êtes dans la région de Belpasso, il faudra vous référer à l’ordonnance n° 43 du 31 mars 2017 qui limite l’accès libre à 2100 m.
Enfin, si vous avez opté pour l’accès côté nord (Linguaglossa) il faudra prendre en compte le décret du 15 mars 2017qui limite l’accès à l’altitude 2850.
On ne rit pas….

En cliquant sur ces liens, vous aurez accès aux différents décrets:

http://www.comune.ragalna.ct.it/servizi_alle_imprese/News/default.aspx?5*1956*0*1

http://www.comune.ragalna.ct.it/Repository/Ragalna/Informative/2017/id_1956/ORDINANZA_SINDACO_RAGALNA_N._08.pdf

http://www.nicolosicura.it/wp-content/uploads/2017/03/Ordinanza-Sindacale-n.-14-del-25.03.2017.pdf

http://belpasso.trasparenza-valutazione-merito.it/web/trasparenza/albo-pretorio/-/papca/display/3165623?p_auth=arVdu7lb

 

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As I mentioned earlier, it is now up to the municipalities located on the high slopes of Mount Etna to manage the safety and thus to determine the zones authorized or prohibited to hikers. This new context seriously complicates the task of those who want to climb Mongibello because there is no harmony between the different municipalities. One must be not only a good hiker, but also a great connoisseur of the territorial limits of the municipalities which, like so many slices of a pie, converge towards the top of the volcano. It is also necessary to have a good topographic map, an accurate altimeter, and a very good sense of direction!
We arrive at the following inconsistency:
If you are an area under the responsibility of the municipality of Ragalna you can freely access up to 2100 meters. If you want to reach 2200 m., you must be accompanied by guides and above 2200, access is totally prohibited.
If you are in the territory of Nicolosi, it is the ordinance of March 25th that will have to be respected. It limits free access to altitude 2500, and with compulsory accompaniment of guides up to 2850. Above 2920 m.; the area is prohibited.
If you are in the Belpasso area, you will have to refer to Ordinance n ° 43 of 31 March 2017 which restricts free access to 2100 m.
Finally, if you have opted for access on the north side (Linguaglossa) it will be necessary to take into account the ordinance of 15 March 2017which limits access to altitude 2850.