Fonte des glaciers alpins : une vidéo qui décoiffe !

Juergen Merz, un photographe, a réalisé une animation vidéo choc qui montre en accéléré l’évolution des glaciers des Alpes sur un peu plus d’un siècle. Pour parodier la réplique d’un film culte, « c’est du brutal ! »

En collaboration avec un glaciologue et un réalisateur vidéo, le photographe spécialisé dans les glaciers a assemblé une série d’images prises entre 1875 et 2024. L’équipe a ensuite utilisé l’intelligence artificielle pour animer le retrait progressif de la glace au fur et à mesure de l’évolution du climat. Les images montrent le changement radical de glaciers suisses et européens en l’espace d’environ 140 ans.

L’accélération du réchauffement climatique est si rapide qu’au cours des deux dernières années, les glaciers suisses ont perdu plus de 10 % de leur volume total. C’est ce qu’a constaté l’Académie suisses des sciences.. Ce qui prenait avant des siècles, prend maintenant quelques dizaines d’années.

Les glaciers des Alpes sont ceux qui fondent le plus vite dans le monde, mais le phénomène est constaté sur la quasi-totalité des glaciers du monde. Selon le CNRS, depuis l’an 2000, les glaciers du globe ont perdu 5 % de leur volume initial et 273 milliards de tonnes de glace disparaissent chaque année.

Les glaciers des Alpes sont ceux qui ont le rythme de fonte le plus élevé du monde. Ils ont perdu 40 % de leur volume en moins d’un quart de siècle. Si on compare les Alpes avec l’Himalaya, la fonte est beaucoup plus visible chez nous car le massif alpin culmine à 4810 mètres contre 8848 mètres pour la chaîne himalayenne. Même si les glaciers fondent jusqu’à la même altitude dans ces deux régions du monde, il est bien évident que la fonte est plus visible et plus spectaculaire dans nos Alpes.

En cliquant sur ce lien vous verrez l’animation réalisée par le photographe. À titre personnel, mon attention a été attirée par la glacier du Rhône que j’ai vu fondre et disparaître de la vue depuis les années 1980.

https://twitter.com/i/status/1991271950149198118

Source : Futura Sciences.

Le Glacier du Rhône en 1981…..

.…et aujourd’hui (Photos: C. Grandpey)

Le glacier Blanc (Parc des Écrins) face au réchauffement climatique en 2025

Comme je l’ai indiqué précédemment, octobre 2025 a été le troisième mois d’octobre le plus chaud de l’histoire et l’année 2025 va probablement occuper la même place. Il n’est donc pas surprenant que nos glaciers continuent à fondre.

Le Parc National des Écrins a diffusé son bilan pour le Glacier Blanc. Après un hiver moyennement enneigé et un été oscillant entre canicule et fraîcheur, la fonte du glacier Blanc s’est poursuivie en 2025, avec une perte de glace estimée à 0,73 mètre d’eau. Ce déficit est proche de la moyenne des 25 années d’observation du glacier.

Photo: C. Grandpey

Du fait de l’arrivée d’une vague de forte chaleur en début d’été, la fonte du glacier Blanc en 2025 a commencé de manière très précoce et a tout de suite été très intense. Elle a été fortement ralentie à la faveur d’une deuxième quinzaine de juillet particulièrement fraîche avec de la neige en altitude au-dessus de 2500 m. La fonte a ensuite repris, à nouveau de manière intense vers la mi-août, pour s’arrêter progressivement vers la fin septembre à la faveur des premières chutes de neige automnales.

Photo: C. Grandpey

S’agissant de la zone d’accumulation, donc de la source du glacier, l’hiver 2025 a été marqué par des chutes de neige moyennes et irrégulières. Avec une accumulation équivalant à 1,73 m d’eau environ, l’enneigement du glacier Blanc au printemps 2025 constitue une année moyenne. À noter que ce stock de neige s’est avéré propre et blanc, sans apport de sable saharien susceptible de teinter la neige et d’accélérer sa fonte. De ce fait, malgré une canicule particulièrement précoce et longue, le manteau neigeux a plutôt bien résisté et, à la faveur d’un mois de juillet plus frais, le glacier a gagné une couverture neigeuse estivale modérée qui a certainement limité sa fonte face à la seconde vague de chaleur à la mi-août. La perte de masse, systématique depuis 10 ans, du glacier se trouve ainsi dans la moyenne des 25 années de mesure avec une fonte équivalent à 2,46 m d’eau environ.

Photo: C. Grandpey

Malheureusement, la valeur d’accumulation moyenne est loin de compenser celle de la fonte du glacier et le glacier a basculé vers un bilan déficitaire lors de la première quinzaine d’août. Malgré cela, le Glacier Blanc reste globalement dans la moyenne des 25 années de suivi.

Comme lors des années précédentes, le front a évolué de manière hétérogène du fait de sa position enchâssée dans une gorge rocheuse : recul de 4 m en 2021, 30 m en 2022, 1,7 m en 2023 et 16 m en 2024. Le recul annuel en 2025 est de 17 mètres et le front du glacier se trouve ainsi toujours aux alentours de 2650 m d’altitude.

Source : Parc national des Écrins

Grâce aux instruments installés par le Parc national des Écrins, on peut observer en vidéo le mouvement du glacier Blanc au fil des saisons.

https://youtu.be/66WCjBN9xAA

Glaciers en péril (1ère partie)// Glaciers at risk (part 1)

Les glaciers du monde entier fondent à un rythme très inquiétant, et les conséquences ne se limitent pas à la montée du niveau des océans ; cela modifie aussi en temps réel les cartes et les paysages. Les glaciers ne sont pas de simples blocs de glace immobiles ; la réalité est tout autre : ce sont des rivières de glace extrêmement sensibles aux variations de température. Dans mon livre Glaciers en Péril (2018), j’avais déjà alerté sur la situation des glaciers et du pergélisol à travers le monde. Un article publié sur le site Bolde a sélectionné 14 glaciers en voie de disparition. Voici quelques observations personnelles à propos de certains d’entre eux que j’ai survolés ou visités

Glacier Jakobshavn, Groenland
Le glacier Jakobshavn recule extrêmement vite et contribue de manière significative à la montée du niveau de la mer. Selon une étude du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), le Jakobshavn perd environ 35 milliards de tonnes de glace chaque année. Cette perte d’eau contribue largement à l’élévation du niveau des océans. Le recul du glacier est si important qu’il modifie les cartes. En survolant le Groenland en 2017, j’ai rapidement compris les conséquences d’une fonte massive de la calotte glaciaire et des glaciers de l’île. Ce serait une catastrophe de grande ampleur.
L’une des causes de la fonte du glacier est l’infiltration d’eau océanique plus chaude sous la langue de glace, ce qui érode sa base, déstabilise la calotte glaciaire et accélère le processus de fonte. Ce phénomène est également observé en Antarctique, comme le montre le schéma ci-dessous.

Photo: C. Grandpey

Source: BAS

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Glacier Columbia, Alaska
En Alaska, j’ai visité le glacier Columbia à trois reprises et j’ai été impressionné à chaque fois par la rapidité de sa fonte. Elle est plus rapide que prévu. Situé dans la baie du Prince-William, ce glacier recule depuis les années 1980 et a perdu plus de la moitié de son épaisseur. Son recul modifie profondément le paysage et crée même de nouveaux chenaux dans le fjord, comme on peut le voir sur les images satellite de la NASA ci-dessous.
Ce qui rend le glacier Columbia particulièrement intéressant, c’est l’accélération de sa fonte durant les mois d’été. La hausse des températures entraîne une augmentation de la quantité d’eau de fonte, ce qui lubrifie la base du glacier et accélère son recul. Le glacier Columbia montre parfaitement que le réchauffement climatique n’est pas un problème futur ; c’est déjà une réalité.

Source: NASA

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Mer de Glace, France
J’ai écrit plusieurs articles sur la Mer de Glace, le plus grand glacier de France, car il rétrécit à un rythme alarmant, comme le confirment les indicateurs de niveau le long de l’escalier qui descend vers la grotte creusée chaque année dans la glace. La Mer de Glace a perdu plus de 120 mètres d’épaisseur au cours du siècle dernier.
Le réchauffement climatique et la diminution des chutes de neige expliquent le recul du glacier. La zone d’accumulation n’est plus suffisamment alimentée. De plus, la fonte du glacier expose davantage de roche, qui absorbe la chaleur et accélère le processus de fonte.

Photos C & G Grandpey

La Mer de Glace vue par la webcam

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Glacier Pasterze, Autriche
La route du Grossglockner menant au glacier Pasterze est l’une des plus belles d’Autriche. Le Pasterze est le plus grand glacier du pays. Je l’ai visité à deux reprises, dans les années 1980 et en 2020. Le changement du paysage y est à la fois spectaculaire et impressionnant. Le glacier a connu un recul considérable au cours des dernières décennies. Situé au pied du Grossglockner, le plus haut sommet d’Autriche, le Pasterze est une attraction touristique populaire. De ce fait, il permet de sensibiliser les visiteurs à l’accélération du réchauffement climatique. Des panneaux pédagogiques ont été installés sur la plateforme d’observation. Ils montrent où se trouvait le glacier par le passé.
Comme à la Mer de Glace, la hausse des températures et la diminution des chutes de neige expliquent le recul de Pasterze, la zone d’accumulation n’étant plus alimentée.

Photos: C. Grandpey

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Glacier Athabasca, Canada
Dans les Rocheuses canadiennes, le glacier Athabasca est – ou plutôt était – l’un des glaciers les plus accessibles d’Amérique du Nord. C’est aussi l’un de ceux qui reculent le plus rapidement, perdant plus de 5 mètres de glace chaque année. L’Athabasca a perdu plus de la moitié de son volume au cours du siècle dernier. Les repères le long de la route d’accès témoignent de la rapidité de son recul ces dernières années. Lors de ma première visite en 2006, j’ai pu marcher directement sur la glace. En 2014, cela n’était plus possible, une rivière de fonte empêchant d’aller plus loin.

Photos: C. Grandpey

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Glaciers around the globe are melting at an alarming rate, and it is not just causing sea levels to rise, it is actually changing the maps in real time and the landscapes too. Glaciers are not just massive, unmovable ice blocks ; the reality isdifferent : they are incredibly sensitive to temperature changes. In my book Glaciers en Péril (2018), I have already alerted to the situation of glaciers and the permafrost around the world. An article published on the website Bolde has chosen 14 glaciers that are disappearing. I have visited them and I am able to make some comments.

Jakobshavn Glacier, Greenland

Jakobshavn Glacier has been receding at an alarming pace, contributing significantly to global sea-level rise. According to a study by the National Snow and Ice Data Center (NSIDC), Jakobshavn has been losing around 35 billion tons of ice each year. This water has largely contributed to rising sea levels. The glacier’s retreat is so significant that it is altering maps. When I flew above Greenland in 2017, I quickly realised what would happen if the icecap and the glaciers on the island happened to melt. It would be a large-scale disaster.

One cause of the glacier’s melting is the warmer ocean water that is creeping underneath the glacier, eating away at its base. This makes the ice sheet unstable and speeds up the melting process.

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Columbia Glacier, Alaska

In Alaska, I have visited the Columbia Glacier three times and each time I was impressed at the rapidity of its melting. It is faster than anyone anticipated. Located in Prince William Sound, this glacier has been retreating since the 1980s and has lost over half its thickness. As the glacier recedes, it leaves behind a drastically altered landscape and even opens up new channels in the fjord. This not only affects the local ecosystem but also has broader implications for sea-level rise.

What makes Columbia Glacier particularly interesting is how its melting accelerates during the summer months. Warmer temperatures lead to more meltwater, which in turn lubricates the glacier’s base and speeds up its retreat. The Columbia Glacier is a vivid indicator that global warming is not a future problem; it is happening now.

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Mer de Glace, France

I have written several posts about Mer de Glace, France’s largest glacier because it is is shrinking at an alarming rate, as shown by the level indicators posted along the staircase that goes down to the ice cave. Mer de Glace has lost over 120 meters in thickness in the last century.

Warmer temperatures and reduced snowfall account for the glacier’s retreat. Moreover, as the glacier melts, it exposes more rock, which absorbs heat and accelerates the melting process.

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Pasterze Glacier, Austria

The Grossglockner Road road leading to Pasterze Glacier is one of the most beautiful in Austria. Pasterze is the largest glacier of the country. I visited twice, in the 1980s and in 2020. The change in the landscape was both spectacular and impressive. The glacier has been retreating dramatically over the past several decades. Situated at the foot of the Grossglockner, Austria’s highest mountain, Pasterze is a popular tourist attraction. As such, it can alert visitors to the racceleration of global warming. The glacier’s retreat is so significant that it’s altering the maps of the area. Educational panels have been set up on the viewing platform that allows to see where the glacier was in the past.

Like at Mer de Glace, rising temperatures and less snowfall account for Pasterze’s retreat as the accumulation zone is no longer fed.

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Athabasca Glacier, Canada

In the Canadian Rockies, Athabasca Glacier is one of the most accessible glaciers in North America. Iy is also one of the fastest-receding, losing more than 5 meters of ice each year. Athabasca has lost over half its volume in the last century. The landmarks along the access road show how fast the glacier has been retreating in the past years. When I fist visited it in 2006, one could walk directly on the ice. In 2014, this was no longer possible as a melt river prevented me from going any further.

Source : Bolde via Yahoo News.

Triste bilan de la fonte des glaciers alpins en 2025

Au mois de septembre 2025, à la fin de l’été, plusieurs articles ont attiré l’attention sur la fonte rapide des glaciers alpins et la disparition quasi certaine de plusieurs d’entre eux d’ici 2050, autrement dit demain.

Tous les glaciologues s’accordent pour dire qu’au cours des 60 dernières années les Alpes ont perdu plus de 170 kilomètres carrés de surface autrefois couverte par les glaciers, soit l’équivalent de la vaste étendue du Lac de Côme en Lombardie (Italie). D’ici 2050, les glaciers situés à moins de 3 500 mètres d’altitude devraient disparaître complètement, ce qui compromettrait les réserves d’eau, l’équilibre des écosystèmes et la stabilité des montagnes.

Les données recueillies par la Caravane des glaciers 2025, un voyage d’experts et de glaciologues à travers les Alpes pour documenter le recul progressif et inexorable des rivières de glace, montrent que les fronts glaciaires fondent à un rythme impressionnant.

Le Glacier de Bessanese, dans le Piémont, est l’un d’entre eux. Au milieu du 19ème siècle, il couvrait 1,75 km2, alors qu’aujourd’hui, il n’en couvre plus que 0,3. Entre 2010 et 2023, il a perdu 3,9 millions de mètres cubes de glace, avec un affaissement moyen d’environ un mètre par an, une situation qui va encore s’aggraver avec la hausse des températures.

Crédit photo : Arpa Piemonte

Le glacier de La Ciamarella, également dans le Piémont, a vu sa surface diminuer de moitié en quelques décennies.

Crédit photo : Arpa Piemonte

De son côté, le Glacier Solda a vu son front reculer de 26 mètres en un an.

 Crédit photo : Legambiente

L’Aletsch, entre les cantons suisses de Berne et du Valais, a reculé de plus de trois kilomètres au cours des 100 dernières années et continue de perdre des dizaines de mètres de front chaque année.

Photo : C. Grandpey

La Mer de Glace, sur le versant français du Mont-Blanc, a vu son épaisseur diminuer de plus de 120 mètres depuis 1900, obligeant même le téléphérique qui y accède à ajouter de nouvelles marches pour suivre l’affaissement rapide de la glace.

Photo : C. Grandpey

Ce n’est pas tout. Aux pertes visibles subies par les glaciers dans les Alpes s’ajoute une transformation moins évidente mais tout aussi dangereuse : la dégradation du permafrost, qui, tel un ciment, assure la stabilité des pentes et des parois en haute altitude. Dans les régions alpines d’Europe, sa température a augmenté de plus d’un degré au cours de la dernière décennie, ce qui a entraîné une plus grande instabilité, avec des glissements de terrain et des effondrements, ainsi que des risques accrus pour les infrastructures de montagne.

 Effondrement du glacier du Birch sur le village suirsse de Blatten (Crédit photo : presse suisse)

À côté de ces constations déjà très inquiétantes, les chercheurs de Legambiente ont constaté que les glaciers apparaissent encore noircis par la poussière et les débris, tandis que les moraines sont de plus en plus instables et que la formation de lacs glaciaires devient plus fréquente.

Lac glaciaire du Rosolin (Savoie) – Crédit photo: presse régionale

Le paysage alpin est en train de changer de couleur et de forme. Les forêts et les prairies progressent, comblant les espaces laissés par le recul des glaciers ; c’est la preuve tangible d’une rupture d’équilibre, accélérée par les événements météorologiques extrêmes qui affectent l’arc alpin.

Entre le dimanche 17 août et le mardi 2 septembre 2025, la Caravane des glaciers a parcouru l’arc alpin pour observer de plus près l’état de santé des glaciers. Comme chaque année, l’initiative a été promue par Legambiente aux côtés du Comité Glaciologique Italien et de la section italienne de la Commission Internationale pour la Protection des Alpes (CIPRA).

Après le départ de l’Adamello en Lombardie, le voyage a touché l’Aletsch, le plus grand glacier des Alpes, puis le Ventina (voir ma note du 21 septembre 2025 sur la disparition de ce glacier), le Solda (Tyrol du Sud), le Zugspitze (Allemagne) et enfin les Glaciers Bessanese et Ciamarella (Piémont). Au-delà de la simple collecte de données, chaque étape a vu l’organisation d’activités de sensibilisation telles que le nettoyage des sentiers et des réunions publiques afin de stimuler une utilisation plus responsable des montagnes.

Source : https://nosalpes.eu/fr/