Volcans du monde // Volcanoes of the world

Voici quelques informations sur l’activité volcanique dans le monde.

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Après six ans de fermeture, le refuge Brunek, situé à 1 450 mètres d’altitude sur le versant nord de l’Etna (Sicile), rouvre ses portes. C’est un lieu emblématique et très apprécié des passionnés de montagne.
La première version du refuge avait été construite en 1950. On l’appelait alors la « Maison des Français. »

En 1986, le refuge a été reconstruit grâce à un financement régional et rebaptisé Brunek, du nom de l’entreprise qui a supervisé sa rénovation.

De 1987 à 2019, la gestion a été assurée par la société Stel. Mais il y a six ans, la municipalité de Linguaglossa, propriétaire du site, a résilié la concession pour non-paiement de loyer.
En 2023, la municipalité de Linguaglossa a obtenu 58 000 € de financement de l’Office régional du tourisme pour la réhabilitation du refuge. Une fois les travaux terminés, elle a lancé un appel d’offres.

Le refuge, désormais aux mains de trois gestionnaires devrait rouvrir demain samedi 20 décembre 2025.

Source : La Sicilia.

 

Photo : C. Grandpey

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Toujours en Sicile, l’activité éruptive se poursuit sur le Stromboli à partir de cinq bouches dans la zone Nord, dans la partie supérieure de la Sciara del Fuoco, et d’au moins deux bouches dans la zone Centre-Sud sur la terrasse cratèrique. Les bouches de la zone N produisent des explosions de faible à moyenne intensité à un rythme de 10 à 21 événements par heure, avec projection de lapilli et de bombes à moins de 150 m de hauteur. Des explosions de faible à moyenne intensité projettent des téphras à partir de deux bouches dans la zone C-S à un rythme de 0 à 3 événements par heure. Le niveau d’alerte reste à la couleur Jaune (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs).
Source : INGV.

Source: INGV

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L’éruption sommitale du Kīlauea (Hawaï) est en pause. Une lueur intermittente est visible dans la bouche sud, avec, de temps à autre, des pics de tremor indiquant un mouvement de piston par les gaz à l’intérieur de la bouche. Le début de l’Épisode 39 est prévu entre le 22 et le 27 décembre 2025.
Source : HVO.

Courbe Kilauea

Souvenir de l’Épisode 38

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Selon l’agence Copernicus, des images satellites récentes montrent que l’éruption sur Barren Island (Inde) se poursuit, avec des coulées de lave sur le flanc ouest du volcan. Les images acquises les 2, 5, 10 et 15 décembre montraient que la partie inférieure des coulées était chaude et active. Des anomalies thermiques au-dessus de deux bouches sommitales ont également été identifiées sur ces images.

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Le PHIVOLCS indique que l’activité se poursuit sur le Mayon (Philippines). Le réseau sismique enregistre des événements causés par des chutes de blocs ou d’origine volcanique. Les émissions de SO₂ s’élèvent en moyenne à 307 tonnes par jour. Le niveau d’alerte reste à 1 (sur une échelle de 0 à 5).

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Le Service géologique colombien (SGC) indique qu’une activité éruptive est toujours observée sur le Puracé (Colombie). La sismicité est marquée par de brefs épisodes de trémor, des signaux longue période (LP) indiquant des mouvements de fluides, et des périodes de trémor continu. La sismicité se situe à moins de 1 km de profondeur et est liée aux mouvements internes de gaz ainsi qu’aux émissions en surface. Des séismes indiquant une fracturation de roches ont été localisés à moins de 3 km du cratère, à des profondeurs de 1 à 3 km. Des émissions de gaz et de cendres s’élèvent à 700-800 m au-dessus du sommet. Des températures élevées sont toujours détectées dans la zone du cratère et sont probablement associées aux émissions de gaz à haute température. De faibles retombées de cendres et une légère odeur de soufre sont parfois signalées dans plusieurs localités. Le niveau d’alerte reste Orange (niveau 2 sur une échelle de quatre couleurs).

Source: Servicio Geologico Colombiano (SGC)

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En Indonésie, l’activité éruptive se poursuit sur le Semeru, avec des événements enregistrés par le réseau sismique. Des panaches de vapeur et de cendres sont observés presque quotidiennement jusqu’à 1 100 m au-dessus du sommet. Une incandescence au sommet et sur le flanc sud-est est parfois visible la nuit sur les images des webcams. Le niveau d’alerte reste à 3 et le public est prié de se tenir à au moins 5 km du sommet dans toutes les directions, et à 13 km du sommet sur le flanc sud-est le long de la vallée de la Kobokan, et à 500 m des berges de cette rivière jusqu’à 17 km au sud-est du sommet, en raison des risques de coulées pyroclastiques et de lahars lors de fortes pluies.

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Toujours en Indonésie, dans l’ouest de Sumatra, une hausse de la sismicité est signalée sur le Talang depuis septembre 2024, et des événements sismiques indiquant des mouvements de magma sont observés depuis début décembre 2025. Du 1er au 9 décembre 2025, la sismicité a été marquée par 101 séismes VT, deux séismes ressentis d’intensité I à III sur l’échelle de Mercalli et 14 séismes tectoniques profonds. Un séisme tectonique (M 4,7) survenu le 10 décembre a été localisé à environ 222 km au nord ; il a été suivi, au cours des six heures suivantes, par 227 séismes VT. Le même jour, le niveau d’alerte a été relevé à 2 (sur une échelle de 1 à 4) et il a été demandé aux visiteurs et aux touristes de se tenir à au moins 2 km du cratère Sud et du cratère principal. Le PVMBG précise que le Talang se trouve dans la zone centrale de grande faille de subduction de Sumatra et est donc soumis à l’activité tectonique.

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Le niveau d’alerte reste inchangé à 2 (sur une échelle de 1 à 4) pour le Dukono, l’Ibu, le Lewotolok et le Marapi, et à 3 pour le Merapi.

Source : PVMBG.

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Aucune information récente significative n’est signalée concernant le Piton de la Fournaise (La Réunion). La crise sismique du 5 décembre a été de courte durée, mais a alerté l’Observatoire et la Préfecture qui ont craint une éruption imminente. Cependant, rien ne s’est produit et, après avoir été fermé, l’Enclos a rouvert au public.
L’OVPF insiste néanmoins sur la nécessité de rester vigilant, car la sismicité et le lent gonflement de la zone sommitale persistent. « Ceci suggère une mise en pression du réservoir magmatique superficiel. Ce processus de pressurisation du réservoir superficiel peut durer plusieurs jours à plusieurs semaines avant la rupture du toit du réservoir, donnant ainsi lieu à une injection de magma vers la surface et potentiellement à une éruption, mais peut également s’arrêter sans donner lieu – à brève échéance – à une éruption. »

Tout est possible mais personne ne sait…

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L’activité reste globalement stable sur les autres volcans mentionnés dans les bulletins précédents « Volcans du monde ».
Ces informations ne sont pas exhaustives. Vous pourrez en obtenir d’autres en lisant le rapport hebdomadaire de la Smithsonian Institution :
https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Here is the latest news about volcanic activity around the world.

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After a six-year closure, the Brunek refuge, located at an altitude of 1,450 meters on the northern slope of Mount Etna (Sicily), is reopening. It is an iconic and much-loved spot for mountain enthusiasts.
The first version of the refuge was built in 1950. It was then called the « House of the French. »
In 1986, the refuge was rebuilt thanks to regional funding and renamed Brunek, after the company that oversaw its renovation.
From 1987 to 2019, management was handled by the Stel company. But six years ago, the municipality of Linguaglossa, which owns the site, terminated the concession for non-payment of rent.
In 2023, the municipality of Linguaglossa obtained €58,000 in funding from the Regional Tourism Office for the rehabilitation of the refuge. Once the renovations were completed, it launched a call for tenders.
The shelter, now managed by three operators, is expected to reopen tomorrow Saturday, December 20, 2025.
Source: La Sicilia.

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Still in Sicily, eruptive activity continues at Stromboli from five vents in Area N within the upper part of the Sciara del Fuoco, and from at least two vents in Area C-S (South-Central Crater) on the crater terrace. The vents in Area N produce low- to medium-intensity explosions at a rate of 10-21 per hour, ejecting lapilli and bombs less than 150 m above the vents. Low- to medium-intensity explosions eject tephra from two vents in Area C-S at a rate of 0-3 times per hour. The Alert Level remains at Yellow (level 2 on a four-level scale).

Source : INGV.

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The summit eruption at Kīlauea (Hawaii) is paused. Intermittent glow can be seen in the south vent accompanied by tremor spikes indicative of gas pistoning. The onset of Episode 39 is likely to occur between December 22 and 27.

Source : HVO.

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According to the Copernicus agency, recent satellite images showed that the eruption on Barren Island (India) is going on, with lava flows on the orth flank of the volcano Satellite images acquired on 2, 5, 10, and 15 December showed that the lower half of the flows were hot and active. Thermal anomalies over two vents at the summit were also identified in the images.

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The PHIVOLCS indicates that activity continues at Mayon (Philippines). The seismic network is recording events caused by rockfalls or volcanic earthquakes. SO2 emissions average 307 tonnes per day. The Alert Level remains at 1 (on a 0-5 scale).

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The Servicio Geologico Colombiano (SGC) indicates that eruptive activity is still observed at Puracé (Colombia). Seismicity is characterized by brief episodes of tremor, long-period signals indicating fluid movement, and periods of continuous tremor. The seismicity is located at depths less than 1 km and is related to internal movement of gases as well as emissions. Earthquakes indicating rock fracturing are located within 3 km of the crater at depths of 1-3 km. Gas-and-ash emissions can be seen rising 700-800 m above the summit. Elevated temperatures in the crater area continue to be detected and are possibly associated with the emissions of hot gases. Minor ashfall and a weak sulfur odor are sometimes reported in several communities. The Alert Level remains at Orange (the second level on a four-color scale).

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In Indonesia, eruptive activity continues at Semeru with daily events recorded by the seismic network. Steam and ash ash plumes are observed almost daily rising up to1,100 m above the summit. Incandescence at the summit on the upper SE flank can sometimes be seen at night in webcam images. The Alert Level remains at 3 and the public is asked to stay at least 5 km away from the summit in all directions, and 13 km from the summit on the SE flank along the Kobokan drainage, and 500 m from the banks of the Kobokan drainage as far as 17 km SE of the summit because of the risks of pyroclastic flows and lahars during periods of heavy rain.

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Still in Indonesia, in western Sumatra, increased seismicity has been reported at Talang since September 2024, and seismic events indicative of magma movement since early December 2025. During 1-9 December 2025 seismicity was characterized by 101 VT earthquakes, two felt earthquakes ranging I-III on the Modified Mercalli Intensity scale (MMI), and 14 deep tectonic earthquakes. A tectonic earthquake (M 4.7) on 10 December was located about 222 km N; this was followed over about the next six hours by 227 VT earthquakes. On that same day, the Alert Level was raised to 2 (on a scale of 1-4) and visitors and tourists were askd to stay away 2 km from both South Crater and Main Crater. PVMBG specifies that Talang is located along the central zone of the active Great Sumatran Fault and influenced by tectonic activity.

Source : PVMBG.

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The alert level remains unchanged at 2 (on a scale 1-4) for Dukono, Ibu, Lewotolok, Marapi, and at 3 for Merapi.

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Eruptive activity continues at Stromboli (Sicily) from five vents in Area N within the upper part of the Sciara del Fuoco, and from at least two vents in Area C-S (South-Central Crater) on the crater terrace. The vents in Area N produce low- to medium-intensity explosions at a rate of 10-21 per hour, ejecting lapilli and bombs less than 150 m above the vents. Low- to medium-intensity explosions eject tephra from two vents in Area C-S at a rate of 0-3 times per hour. The Alert Level remains at Yellow (level 2 on a four-level scale).

Source : INGV.

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No significant recent news from Piton de la Fournaise (Reunion Island). The seismic crisis of December 5th was short-lived but alerted both the Observatory onand the Prefecture for fear of an imminen eruption. However nothing happened ans after being closed to the public, the Enclos was opened again.

However the OVPF insists that one should remain cautious because seismicity and the slow inflation of the summit area continue. This suggests pressurization of the shallow magma reservoir. This pressurization process can last from several days to several weeks before the reservoir roof ruptures, resulting in magma being injected towards the surface and potentially triggering an eruption, but it can also stop without leading to an eruption in the short term.

Anything is possible, but nobody knows for sure…

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Activity remains globally stable on other volcanoes mentioned in the previous bulletins « Volcanoes of the world ».

This information is not exhaustive. You can find more by reading the Smithsonian Institution’s weekly report:

https://volcano.si.edu/reports_weekly.cfm

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Un robot sous l’Est Antarctique // A robot beneath East Antarctica

Grâce à un robot d’exploration sous-marine, les océanographes de l’Organisation de recherche scientifique et industrielle du Commonwealth (CSIRO) ont obtenu les toutes premières données recueillies sous les vastes plateformes glaciaires de l’Antarctique oriental.
Dans le cadre du projet Argo, le robot autonome a passé plus de deux ans et demi à dériver sur environ 300 km dans les courants océaniques qui bordent le Continent Blanc. Durant cette période, il a effectué près de 200 missions qui ont permis d’accumuler des données sur la température, la pression et la salinité de l’eau, ainsi que sur les niveaux d’oxygène, de pH et de nitrates. Le robot s’est également aventuré sous les plateformes glaciaires Denman et Shackleton, où il a passé huit mois à collecter des données dans cette région de la planète jusqu’alors inexplorée.
L’équipe scientifique qui a piloté la mission Argo affirme que « ces observations sans précédent apportent un nouvel éclairage sur la vulnérabilité des plateformes glaciaires ».
Les conclusions de l’équipe scientifique ont été publiées dans la revue Science Advances ; elles apportent des éléments nouveau à notre compréhension de l’état de santé des plateformes glaciaires. La plateforme Shackleton (Shackleton Ice Shelf), la plus septentrionale de l’Antarctique oriental, reste à l’abri des eaux plus chaudes susceptibles de la faire fondre par en dessous, comme cela se passe dans l’Antarctique occidental. En revanche, le glacier Denman est dans une situation bien plus précaire. Sa disparition à elle seule contribuerait à une élévation du niveau des mers de près de 1,50 mètre. Malheureusement, le glacier Denman est désormais exposé à des eaux plus chaudes, ce qui pourrait accélérer sa fonte et engendrer un recul glaciaire significatif.
La fonte des plateformes glaciaires de l’Est Antarctique dépend largement du comportement de l’océan au sein d’une couche limite d’environ 10 mètres d’épaisseur située directement sous la plateforme glaciaire. Le robot Argo est conçu pour mesurer différents éléments à l’intérieur de cette couche limite. Jusqu’à présent, aucun robot n’avait passé autant de temps à proximité d’une plateforme glaciaire. Dans des conditions extrêmement difficiles, il a fourni une mine d’informations précieuses.
Les chercheurs espèrent que le robot du projet Argo ne sera pas le dernier à explorer les plateformes glaciaires de l’Est Antarctique et d’autres régions du continent. Ce type de robot fournit des données essentielles qui contribuent à améliorer les modèles informatiques climatiques et à réduire les incertitudes liées à l’élévation du niveau de la mer. Un chercheur a déclaré : « Le déploiement de davantage de robots le long de la banquise antarctique ferait avancer notre compréhension de la vulnérabilité des plateformes glaciaires aux changements océaniques.»
Source : Popular Science via Yahoo News.

Carte montrant le parcours du robot en Antarctique oriental (Source : CSIRO)

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Thanks to Argo, an underwater survey robot, oceanographers at the Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation (CSIRO) are getting the first-ever readings collected from underneath East Antarctic’s vast ice shelves.

Part of the ongoing Argo survey project, the autonomous device has spent over two-and-a-half years drifting through roughly 300 km of frigid ocean currents. In that time, the device has amassed almost 200 reports containing data on water temperature, pressure, and salinity, as well as oxygen, pH, and nitrate levels. The robot also journeyed underneath the Denman and Shackleton Ice Shelves, where it spent eight months collecting readings from a never-accessed region of the planet.

The scientific team that piloted thethe Argo mission say that « these unprecedented observations provide new insights into the vulnerability of the ice shelves. »

The team’s findings, detailed in a study published in the journal Science Advances, both reinforce and update our current understanding of icy shelf health. The Shackleton Ice Shelf is the furthest north in the East Antarctic and remains unexposed to warmer waters that might melt it from below. However, the Denman Glacier is in a more precarious state. Denman’s disappearance alone would contribute to a nearly 1.50 meter rise in global sea levels. Unfortunately, Denman is now exposed to some warmer waters, which could accelerate melt rates and facilitate a more unstable ice retreat.

This melting is largely dependent on the ocean’s state within a nearly 10-meter-thick boundary layer that exists directly underneath the ice shelf itself. The Argo robot is designed to measure various elements inside this boundary layer. Until now, no robot had spent such an extensive amount of time near one. Under incredibly hard conditions, the tiny instrument has delivered a wealth of invaluable information.

Researchers hope Argo won’t be the last to visit these and other ice shelves. These types of robots offer vital data that helps improve climate computer models and reduce uncertainties about sea level rise. Said one researcher : “Deploying more robots along the Antarctic continental shelf would transform our understanding of the vulnerability of ice shelves to changes in the ocean.”

Source : Popular Science via Yahoo News.

Des été plus longs ? Pas forcément une bonne nouvelle ! // Longer summers? Not necessarily good news!

La plupart des gens apprécient l’été pour ses journées chaudes et ensoleillées. Ils seront ravis de lire une étude publiée par une équipe internationale de chercheurs en novembre 2025 dans la revue Nature Communications. Ses auteurs nous informent que le réchauffement climatique, principalement dû aux activités humaines telles que la combustion des énergies fossiles, pourrait allonger les étés en Europe de 42 jours d’ici 2100. La raison ? Le gradient de température latitudinal (GTL), ou différence de température entre le pôle Nord et l’équateur, est actuellement en baisse. Un GTL élevé influence les régimes de vents à travers l’océan Atlantique, ce qui entraîne des variations de température saisonnières en Europe. Avec un GTL plus faible, les conditions météorologiques estivales et les vagues de chaleur dureront plus longtemps sur le vieux continent. Les chercheurs expliquent que ce phénomène n’est pas nouveau ; il fait partie du système climatique terrestre. Cependant, ce qui change aujourd’hui, c’est la vitesse et l’intensité de ce changement.
Pour étudier l’histoire climatique de la Terre en Europe, les chercheurs ont analysé les couches de sédiments au fond des lacs. Déposés de façon saisonnière, ces sédiments dressent un tableau précis des hivers et des étés jusqu’à il y a 10 000 ans. Il y a environ 6 000 ans, les étés en Europe duraient environ huit mois en raison des fluctuations naturelles du gradient thermique intertropical (GTI). Mais aujourd’hui, l’Arctique se réchauffe jusqu’à quatre fois plus vite que la moyenne mondiale, notamment à cause des émissions de gaz à effet de serre. L’étude montre, en prenant en compte des simulations climatiques du passé, qu’une baisse de 1 °C du gradient thermique entre l’équateur et le pôle Nord pourrait allonger l’été d’environ six jours. En extrapolant avec les projections climatiques actuelles, on s’aperçoit que l’Europe bénéficiera de 42 jours d’été supplémentaires d’ici 2100.
Un tel contexte climatique pourrait remodeler le rythme saisonnier en Europe, ce qui pourrait avoir de profondes conséquences sur les écosystèmes, les ressources en eau, l’agriculture et la santé publique. Un tel bouleversement pourrait transformer une grande partie de l’environnement et de l’économie européens. L’allongement des saisons pourrait profiter à certaines cultures et aux régions septentrionales, mais les vagues de chaleur extrêmes et les pénuries d’eau pourraient rapidement annuler ces avantages. Les écosystèmes adaptés à des conditions plus fraîches et plus humides pourraient être fragilisés, et les risques d’incendies de forêt, de sécheresses et de crises sanitaires liées à la chaleur augmenteraient inévitablement.
Pour les scientifiques à l’origine de cette étude, les archives lacustres anciennes représentent bien plus qu’une simple fenêtre sur le passé. Elles montrent que le climat terrestre a toujours réagi aux variations atmosphériques, mais qu’aujourd’hui, nous repoussons ces limites vers des extrêmes et nous nous dirigeons vers un avenir imprévisible et incertain.
Les conclusions de cette nouvelle étude soulignent à quel point le climat européen est étroitement lié à la dynamique climatique mondiale et comment la compréhension du passé peut nous aider à relever les défis d’une planète en pleine mutation.
Source : Université de Turku (Finlande).

Le réchauffement rapide de l’Arctique, avec le dégel du permafrost, aura de profondes répercussions sur le climat de la Terre (Photo : C. Grandpey)

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Most people summer with its hot and sunny days. They swill be all the happier if they read a study published by an international team of researchers in November 2025 in the journal Nature Communications. Its authors inform us that global warming, primarily driven by human activities like the burning of fossil fuels, could lengthen summers in Europe by 42 days by the year 2100.

The reason is that the « latitudinal temperature gradient » (LTG), or the temperature difference between the North Pole and the equator, is currently decreasing. A higher LTG drives wind patterns across the Atlantic Ocean, bringing about seasonal temperature changes in Europe. With a lower LTG, summer weather patterns and heat waves will last longer across the continent. The researchers explain that the phenomenon is not new; it is a recurring feature of Earth’s climate system. However, what is different today is the speed, cause and intensity of the change.

To study Earth’s climate history in Europe, researchers analyzed layers of mud at the bottom of lakes. Deposited seasonally, these sediments paint a clear timeline of winters and summers as far back as 10,000 years ago. Around 6,000 years ago, European summers were about eight months long due to natural fluctuations in the LTG. But now, the Arctic is warming up to four times faster than the global average, in part due to greenhouse gas emissions. The study shows, through comparison with climate simulations of the past, that a 1°C decrease in the temperature gradient between the equator and the North Pole could lengthen summer by about six days. Thus, according to current climate projections, Europe will have 42 extra days of summer by 2100.

On top of that, changes in industrial aerosol emissions and internal feedback loops of the Earth’s climate system could also contribute to reshaping Europe’s seasonal rhythm in ways that scientists say could have profound consequences for ecosystems, water resources, agriculture, and public health.

Such a shift could transform much of Europe’s environment and economy. Longer growing seasons might initially benefit some crops and northern regions, but extreme heat and water shortages could quickly outweigh those gains. Ecosystems adapted to cooler, wetter conditions may struggle, and the risks of wildfires, droughts, and heat-related health crises are expected to rise.

For the scientists behind the study, the ancient lake record is more than just a window into the past. It shows that Earth’s climate has always responded to shifts in the atmosphere, but today, we are pushing those boundaries faster toward a more unpredictable future.

The findings of the news research underscore how deeply connected Europe’s weather is to global climate dynamics and how understanding the past can help us navigate the challenges of a rapidly changing planet.

Source :  University of Turku (Finland).

La Niña : le retour, avec quel impact ? // La Niña is back, with what impact?

Toutes les quelques années, des variations dans l’océan Pacifique tropical affectent la météo à travers le globe. Ces variations font partie du cycle El Niño–Oscillation Australe (ENSO), qui alterne entre deux phases principales : El Niño, lorsque les eaux océaniques sont plus chaudes que la normale dans la partie orientale de l’équateur, et La Niña, lorsqu’elles sont plus froides.

Cette année, les prévisionnistes confirment le retour des conditions de La Niña. Alors que El Niño apporte souvent des hivers doux et humides dans certaines régions, La Niña a généralement l’effet inverse ; elle entraîne des températures plus froides dans les zones nordiques et des conditions plus sèches plus au sud.

La Niña, « La Petite Fille » en espagnol, se développe lorsque des alizés exceptionnellement forts poussent les eaux chaudes de surface vers l’ouest à travers le Pacifique. Cela permet aux eaux plus froides de remonter le long de la côte de l’Amérique du Sud, refroidissant une large étendue de l’océan Pacifique tropical. Ce processus modifie la pression atmosphérique et les schémas de circulation dans les tropiques, influençant à leur tour les systèmes de vent et les jet streams dans le monde. Bien que ce phénomène commence dans le Pacifique, La Niña a une portée mondiale ; elle affecte les précipitations, la température et les schémas orageux dans de nombreuses régions.

En Amérique du Nord, elle amène souvent des hivers plus froids et plus enneigés au Canada et dans le nord des États-Unis, tandis que les états du sud connaissent des conditions plus chaudes et plus sèches.

En Europe, la connexion est moins directe mais toujours significative. Selon la position du jet stream de l’Atlantique Nord, La Niña peut apporter des masses d’air plus froides en hiver dans le nord et le centre de l’Europe, tandis que le sud de l’Europe connaît généralement un temps plus doux et stable. En Asie et en Océanie, La Niña augmente les précipitations, avec le risque d’inondations dans le nord de l’Australie et en Indonésie, comme on l’a vu ces dernières semaines. Pendant ce temps, l’Amérique du Sud connaît souvent des conditions plus humides au nord et plus sèches au sud. Ces contrastes régionaux montrent comment un événement océanique unique peut influencer les climats de plusieurs continents.

Selon les dernières prévisions, La Niña devrait persister tout au long de l’hiver et s’affaiblir graduellement au printemps 2026. Pour l’Europe, cela pourrait signifier une saison contrastée – alternant entre des épisodes froids et orageux et des phases plus calmes et douces, selon l’évolution du jet stream. Les zones du nord et du centre devraient plus probablement connaître des vagues de froid, tandis que le sud restera relativement sec et doux. Il faut toutefois être très prudent. Lors du dernier épisode La Niña, les températures globales de la planète n’ont pas cessé d’augmenter. Cela montre que le réchauffement climatique actuel a un impact sur El Niño et La Niña.

Selon les scientifiques, mais il faut parler au conditionnel, certaines preuves laissent supposer qu’à mesure que les températures globales augmentent, les événements La Niña pourraient devenir plus intenses ou plus fréquents, pouvant entraîner des extrêmes plus marqués tels que des inondations, des sécheresses et des vagues de froid. Toutefois, notre capacité à anticiper des événements comme La Niña est limitée car de nombreux processus sous-jacents dans le système océan-atmosphère restent très complexes.

Source : Meteoblue.

Dernière minute : D’après les dernières prévisions de la NOAA, un épisode El Niño devrait aooaraître en 2026, marquant la transition avec l’épisode actuel La Niña de faible intensité. Cette transition devrait influencer le comportement du jet stream et les anomalies de température aux États-Unis, au Canada et en Europe, et potentiellement modifier la répartition des précipitations et l’activité des tempêtes hivernales dans l’hémisphère Nord.

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Every few years, variations in the tropical Pacific Ocean affect weather across the globe. These variations are part of the El Niño–Southern Oscillation (ENSO) cycle, which alternates between two main phases: El Niño, when ocean waters are warmer than normal in the eastern part of the equator, and La Niña, when they are cooler.
This year, forecasters are confirming the return of La Niña conditions. While El Niño often brings mild, wet winters to some regions, La Niña generally has the opposite effect; it brings colder temperatures to northern areas and drier conditions further south. La Niña, meaning « Little Girl » in Spanish, develops when unusually strong trade winds push warm surface waters westward across the Pacific. This allows cooler waters to move up the coast of South America, cooling a large area of ​​the tropical Pacific Ocean. This process alters atmospheric pressure and circulation patterns in the tropics, in turn influencing wind systems and jet streams worldwide. Although it originates in the Pacific, La Niña has a global reach; it affects rainfall, temperature, and storm patterns in many regions.
In North America, La Niña often brings colder, snowier winters to Canada and the northern United States, while the southern states experience warmer, drier conditions.

In Europe, the connection is less direct but still significant. Depending on the position of the North Atlantic jet stream, La Niña can bring colder air masses to northern and central Europe in winter, while southern Europe typically experiences milder, more stable weather. In Asia and Oceania, La Niña increases rainfall, with the risk of flooding in northern Australia and Indonesia, as seen in recent weeks. Meanwhile, South America often experiences wetter conditions in the north and drier conditions in the south. These regional contrasts demonstrate how a single oceanic event can influence the climates of multiple continents.
According to the latest forecasts, La Niña is expected to persist throughout the winter and gradually weaken in the spring of 2026. For Europe, this could mean a season of contrasts—alternating between cold, stormy spells and calmer, milder phases, depending on the evolution of the jet stream. Northern and central areas are more likely to experience cold snaps, while the south will remain relatively dry and mild. However, caution is advised. During the last La Niña event, global temperatures continued to rise. This shows that the current global warming is impacting both El Niño and La Niña.

According to scientists, though this is still tentative, some evidence suggests that as global temperatures rise, La Niña events could become more intense or more frequent, potentially leading to more pronounced extremes such as floods, droughts, and cold waves. However, our ability to predict events like La Niña is limited because many underlying processes in the ocean-atmosphere system remain highly complex.
Source: Meteoblue.

Last minute : According to NOAA’s latest forecast models, El Niño conditions are likely to develop during 2026, marking a shift from the ongoing weak La Niña. The transition is expected to influence jet stream patterns and temperature anomalies across the United States, Canada, and Europe, potentially reshaping rainfall distribution and winter storm activity in the Northern Hemisphere.