Le réchauffement climatique et les incendies à Los Angeles // Global warming and wildfires in Los Angeles

Ces derniers jours, une période prolongée de sécheresse extrême avec l’arrivée des vents de Santa Ana dans le sud de la Californie avaient incité le National Weather Service à lancer une alerte sur le risque très élevé d’incendies de végétation en Californie. Le National Weather Service ne s’était pas trompé. Des feux de végétation se sont effectivement déclarés autour de Los Angeles et causé les ravages que l’on sait.
Les vents violents et le manque de pluie sont les principaux facteurs à l’origine des incendies dans le sud de la Californie, mais les scientifiques s’accordent à dire que le réchauffement climatique augmente la probabilité de ces catastrophes. Les chercheurs ont montré que la hausse des températures augmente le nombre de jours de « propice aux incendies. »
La Californie est particulièrement vulnérable en ce moment en raison d’un manque de pluie ces derniers mois, après un été très chaud. Les vents puissants de Santa Ana qui se produisent habituellement à cette époque de l’année, combinés aux conditions sèches, peuvent entraîner des incendies qui se développent rapidement et deviennent incontrôlables. Les scientifiques expliquent que la fonte des glaces dans l’Arctique modifie le comportement du jet-stream, ce qui favorise les incendies de végétation provoqués par le vent en Californie. Des études récentes ont montré que les vents de Santa Ana pourraient devenir moins fréquents mais plus violents pendant les mois d’hiver en raison de la crise climatique.
Atteignant souvent120 kilomètres par heure et 160 km/h ces derniers jours, ces vents puissants et secs soufflent de l’intérieur de la Californie du Sud vers la côte. Ce mois-ci a connu le pire épisode de vents violents dans la région depuis plus d’une décennie. Les vents assèchent les terres et les chercheurs affirment que si les vents les plus forts se produisent au début de cette épisode d’incendies, la végétation la plus sèche surviendra à la fin, ce qui signifie que ces incendies pourraient durer un certain temps. La vitesse élevée du vent modifie également l’emplacement des incendies. De nombreux foyers se produisent en hauteur sur les montagnes. Poussés par les vents, les incendies se sont rapidement déplacés vers les vallées et dans des zones les plus peuplées
Même s’il faudra le définir plus précisément, l’impact du réchauffement climatique est évident en Californie. L’État a connu une sécheresse de plusieurs décennies qui a pris fin il y a seulement deux ans. Les conditions humides qui en ont résulté ont vu la croissance rapide d’une végétation arbustive qui a servi de carburant parfait aux incendies. Il faut garder à l’esprit que l’été 2024 a été très chaud et a été suivi d’un automne et d’un hiver secs. Par exemple, le centre-ville de Los Angeles a connu l’été le plus chaud de son histoire et n’avait reçu que 2 % des précipitations normales au moment où était censée débuter la saison des pluies de cette année. La ville n’a reçu que 0,4 centimètre de pluie depuis octobre, soit plus de 10 centimètres de moins que la moyenne. Les chercheurs pensent que le réchauffement climatique accroît les conditions propices aux incendies de forêt, notamment en favorisant une faible humidité relative.
Les scientifiques ont montré que les jours « propices aux incendies » se multiplient dans de nombreuses régions du monde. Le réchauffement climatique rend ces conditions plus sévères et la saison des incendies plus longue dans de nombreux pays. En Californie, la situation a été aggravée par la topographie. En effet, les incendies brûlent plus intensément et se déplacent plus rapidement sur des terrains escarpés. La région de Los Angeles est dominée par une végétation arbustive très sujette aux incendies. De plus, bien que les incendies soient courants dans cette région, la Californie dans son ensemble a connu l’une des plus importantes augmentations de durée de la saison des incendies au niveau mondial au cours des dernières décennies, en grande partie à cause du réchauffement climatique.
En se tournant vers l’avenir, les climatologues préviennent que dans les semaines et les mois à venir, lorsque la saison des pluies reprendra, avec l’arrivée de rivière atmosphérique, Los Angeles sera exposée à un risque élevé d’inondations catastrophiques dans les zones dépourvues de végétation laissées par les incendies de Palisades et d’Eaton, avec de nouveaux risques pour la population
Source : Médias d’information britanniques comme la BBC. Il n’est pratiquement fait aucune allusion au réchauffement climatique dans la presse américaine à propos des causes des incendies à Los Angeles. La Californie est un État majoritairement conservateur, souvent climato-sceptique, et l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche n’améliorera pas les choses.

La conception de beaucoup de maisons américaines, avec ossatures et parements en bois, favorise le développement très rapide des incendies attisés par un vent violent (Crédit photo : presse américaine)

—————————————————–

A lingering period of extremely dry and blustery Santa Ana conditions across Southern California prompted the National Weather Service to set up a several-day « red flag » wildfire warning. This meant there was a very high risk of wildfires. The National Weather Service was right. Despite the warning, several wildfires were ifnited around Los Angeles.

High winds and lack of rain are the main factors driving the Southern California fires, but scientists agree to say that global warming is altering the background conditions, increasing the likelihood of these conflagrations. Researchers have shown that a warming world increases the number of « fire weather » days, when conditions are more suited to outbreaks of fire.

California is particularly vulnerable right now because of a lack of rain in recent months, following a very warm summer. The powerful Santa Ana winds that naturally occur at this time of year, combined with the dry conditions, can result in fast moving and dangerous fire outbreaks.Scientists explain that melting Arctic ice creates changes in the jetstream’s behavior that make wind-driven large wildfires in California more likely. Recent studies have found that Santa Ana wind events could get less frequent but perhaps more intense in the winter months due to the climate crisis..

Frequently eaching 120 kilometers per hour and 160 km/h in the past days, these strong, dry winds blow from the interior of Southern California towards the coast and this month has seen the worst high wind event in the area in over a decade. The winds are drying out the lands, and researchers say that while the strongest winds will occur at the start of this outbreak, the driest vegetation will come at the end, meaning these fires could drag on for quite some time. The high wind speeds are also altering the location of the fires. Many outbreaks occur high up on mountains, but these recent fires have rapidly moved down into the valleys and into areas where more people live.

Although it needs to be defined mor accurately, the impact of global warming is evident in California as a whole. The state has experienced a decades-long drought that ended just two years ago. The resulting wet conditions since then have seen the rapid growth of shrubs and trees, the perfect fuel for fires. One should keep in mind that last summer was very hot and was followed by dry autumn and winter season. For instance, downtown Los Angeles has endured its hottest summer in history and received just 2% of normal rainfall to start this year’s rainy season. The town only received 0.4 centimeters of rain since October, more than 10 centimeters below average. Researchers believe that a warming world is increasing the conditions that are conducive to wildland fire, including low relative humidity.

Scientists have shown that these « fire weather » days are increasing in many parts of the world, with global warming making these conditions more severe and the fire season lasting longer in many parts of the world. In California, the situation has been made worse by the topography with fires burning more intensely and moving more rapidly in steep terrain. The Los Angeles part of California is also dominated by naturally very fire-prone shrub vegetation. Moreover, while fires are common and natural in this region, California has seen some of the most significant increases in the length and extremity of the fire weather season globally in recent decades, driven largely by global warming..

Looking into the future, climate scientists warn that in the weeks and months ahead, when the rainy season resumes and the next atmospheric river arrives, Los Angeles will be at an elevated risk for catastrophic flooding in the burn scars of the Palisades and Eaton fires, again compounding the disaster for local residents.

Source : British news media like The BBC. Hardly any allusion is made to global warming in the American concerning the cause of the Los Angeles wildfires. The town is located in a mostly conservative state denying global warming and the arrival of Donald Trump in the White House will not make things better.

Et si une super éruption se produisait aujourd’hui ? // What if a super eruption occurred today ?

Dans la conclusion de ma conférence « Volcans et risques volcaniques », j’explique que ce que je crains le plus aujourd’hui, c’est l’éruption d’un super volcan, autrement dit une éruption qui produirait plus de 1 000 kilomètres cubes de matériaux. Il existe des exemples de telles éruptions dans le passé : Long Valley et Yellowstone aux États-Unis, Taupo en Nouvelle-Zélande ou Toba en Indonésie. Sans aller aussi loin dans le volume de matériaux émis, une éruption comme celle du Tambora en 1815 serait une catastrophe pour notre société moderne.

Image satellite de la région du Toba (Source: NASA)

L’éruption du Tambora en avril 1815 est la plus puissante observée dans l’histoire moderne. Elle a atteint le niveau 7 sur l’indice d’explosivité volcanique (VEI). Les panaches éruptifs ont atteint une altitude de plus de 40 kilomètres. L’éruption a expulsé 100 kilomètres cubes de cendres, de ponces et d’aérosols ainsi que 60 mégatonnes de soufre. Avec les aérosols de SO2 dans l’atmosphère, moins de lumière solaire a atteint la surface de la Terre, et l’année 1816 a été appelée « l’année sans été » car la température moyenne de la planète a diminué de 0,53 °C. L’éruption initiale a tué 10 000 habitants. Les décès régionaux dus à la famine et aux maladies ont totalisé 80 000 personnes. La production agricole a été réduite et la famine a frappé le monde. Une pandémie de choléra a balayé le monde, faisant d’innombrables victimes.

Timbre indonésien commémorant les 200 ans de l’éruption de 1815.

Des siècles plus tard, la menace d’une éruption similaire reste présente. Les scientifiques affirment qu’une éruption majeure est inévitable, la seule question est de savoir quand elle se produira.
Selon un climatologue de l’Université de Genève, les preuves géologiques indiquent une probabilité de un sur six qu’une éruption volcanique dévastatrice se produise au cours de ce siècle. Cette fois, cependant, les conséquences seraient bien plus graves qu’en 1815. Le monde est désormais beaucoup plus peuplé et aux prises avec une crise climatique qui s’aggrave. Le climatologue a déclaré que l’humanité ne dispose actuellement d’aucun plan spécifique pour faire face à un événement aussi catastrophique.
Les éruptions volcaniques libèrent un mélange de matériaux et de gaz, notamment du dioxyde de carbone (CO2), qui réchauffe la planète. Cependant, la quantité de dioxyde de carbone émise par les volcans est nettement inférieure à celle produite par les activités humaines telles que la combustion de combustibles fossiles. Si le dioxyde de carbone est une préoccupation, les scientifiques se concentrent davantage sur l’impact d’un autre gaz volcanique : le dioxyde de soufre (SO2). Une puissante éruption volcanique peut éjecter du dioxyde de soufre de la basse atmosphère (la troposphère) vers la haute atmosphère (la stratosphère). Dans la stratosphère, le SO2 se transforme en minuscules particules d’aérosol qui renvoient la lumière du soleil dans l’espace, ce qui refroidit la Terre. Ces particules peuvent persister dans l’atmosphère pendant plusieurs années, comme on l’a vu à l’occasion de l’éruption du Pinatubo en 1991.
À l’heure actuelle, une éruption volcanique majeure présenterait des risques importants à court et à long terme. Environ 800 millions de personnes vivent à proximité de volcans actifs et sont confrontées à des conséquences potentiellement dévastatrices, y compris la destruction de villes entières. Par exemple, les Champs Phlégréens près de Naples, en Italie, pourraient constituer une menace grave pour le million d’habitants qui vivent autour du site volcanique.
Même une légère baisse de la température globale d’un degré Celsius peut avoir de graves conséquences régionales. Parmi les impacts, il y aurait des perturbations dans l’agriculture, une augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes et des perturbations sociétales à grande échelle. On imagine facilement l’impact qu’aurait une éruption du Yellowstone sur les Grandes Plaines des États Unis, le grenier à blé de ce pays.
Une éruption majeure, similaire à celle du Tambora, pourrait entraîner des pertes économiques de plus de 3,6 billions de dollars au cours de la première année de l’éruption. Contrairement à ce que pensent certains scientifiques, l’effet de refroidissement temporaire d’une éruption volcanique n’atténuerait pas les impacts permanents du réchauffement climatique. La planète finirait par revenir à sa tendance de réchauffement d’avant l’éruption.
Le site de la prochaine éruption majeure reste un mystère ; elle est susceptible de se produire n’importe où sur Terre. Les zones particulièrement exposées comprennent les régions volcaniques actives comme l’Indonésie et le Parc national de Yellowstone aux États-Unis.

Une chose est sûre: l’homme n’est pas en mesure d’empêcher ces méga éruptions. Certes, grâce aux progrès de la technologie, nous sommes mieux armés pour prévoir le déclenchement d’un tel événement. Une nouvelle éruption de la Montagne Pelée (Martinique) sera forcément moins meurtrière, mais la Montagne Pelée n’arrive pas à la cheville du Yellowstone en matière de puissance volcanique.

Prévoir une éruption ne signifie pas être capable d’y faire face. La surveillance de l’activité volcanique est essentielle, mais il faut voir plus loin. Les scientifiques nous expliquent qu’il faudrait planifier une telle catastrophe, mettre en place des plans d’évacuation des populations, ainsi que des protocoles de crise pour garantir un approvisionnement en nourriture et en eau potable. De telles mesures devraient être envisagées à l’échelle mondiale, en coordonnant les efforts entre les États. Quand on voit l’inefficacité des COP pour lutter contre le réchauffement climatique, la partie est loin d’être gagnée en matière de gestion d’une éruption cataclysmale.

Source : Interesting Engineering via Yahoo News.

Yellowstone site de la prochaine super éruption? (Photo: C. Grandpey)

——————————————————-

In the conclusion of my conference « Volcanoes and volcanic hazards », I explain that what I fear most today is the eruption of a supervolcano. This means an eruption that produced more than 1,000cubic kilometers of materials. We have examples of such eruptions in the past : Long Valley and Yellowstone in the United States, Taupo in New Zealand, or Toba in Indonesia. Without going that far, an eruption like Tambora in 1815 would be a disaster for our modern society.

The Tambora eruption in April of 1815 is the largest observed eruption in recorded history. It reached level 7 on the volcanic explosivity index (VEI). Plumes from the eruption eached an altitude of more than 40 kilometers. The eruption expelled 100 cubic kilometers of ash, pumice, and aerosols into the air along with 60 megatons of sulfur. With the SO2 aerosols in the atmosphere,less sunlight reached Earth’s surface, and the year 1816 was called the “year without a summer” because the average global temperature was reduced by 0.53° C. The initial eruption killed 10,000 locals. Regional deaths due to starvation and disease totaled 80,000 people. In agriculture, crop production failed, and famine gripped the world. A cholera pandemic swept across the globe, claiming countless lives.

Centuries later, the threat of another similar eruption looms. Scientists assert that a massive eruption is inevitable, the question is solely when it will occur.

According to a climate expert at the University of Geneva, geological evidence indicates a 1-in-6 probability of a devastating volcanic eruption occurring within this century. This time, however, the consequences would be far more dire than in 1815. The world is now significantly more populated and grappling with the escalating climate crisis. The climatologist stated that humanity currently lacks any specific plan to address such a catastrophic event.

Volcanic eruptions release a mixture of materials, including planet-warming carbon dioxide (CO2). However, the amount of carbon dioxide emitted by volcanoes is significantly less than that produced by human activities such as burning fossil fuels. While carbon dioxide is a concern, scientists are more focused on the impact of another volcanic gas: sulfur dioxide (SO2). A powerful volcanic eruption can eject sulfur dioxide from the lower atmosphere (the troposphere) into the upper atmosphere (the stratosphere). Up in the stratosphere, SO2 turns into tiny aerosol particles that bounce sunlight back out into space, which makes the Earth cooler. These particles can persist in the atmosphere for several years.

In today’s time, a massive volcanic eruption would pose significant immediate and long-term risks. Roughly 800 million people reside within proximity to active volcanoes, facing the potential for devastating consequences, including the destruction of entire cities. For instance, the Phlegraean Fields near Naples, Italy, show signs of activity and could pose a severe threat to the one million inhabitants around the volcanic site.

Even a minor global temperature drop of 1 degree Celsius can have severe regional consequences. These impacts could include disruptions to agriculture, increased extreme weather events, and widespread societal disruption

A major eruption, similar to Tambora, could result in economic losses of over $3.6 trillion in the first year of the eruption. Contrary to what some scientists think, the temporary cooling effect of a volcanic eruption would not mitigate the ongoing impacts of global warming. The planet would eventually return to its pre-eruption warming trend.

The location of the next massive eruption remains uncertain, with the potential for it to occur anywhere on Earth. Areas of particular concern include volcanically active regions like Indonesia and Yellowstone National Park in the US.

One thing is certain: we are not able to prevent these mega eruptions. Of course, thanks to advances in technology, we are better equipped to predict the triggering of such an event. A new eruption of Mount Pelée (Martinique) will necessarily be less deadly, but Mount Pelée does not come close to Yellowstone in terms of volcanic power.

Predicting an eruption does not mean being able to deal with it. Monitoring volcanic activity is essential, but we should look further ahead. Scientists tell us that we should plan for such a disaster, put in place population evacuation plans, as well as crisis protocols to guarantee a supply of food and drinking water. Such measures should be considered on a global scale, by coordinating efforts between States. When we see the ineffectiveness of the COPs in combating global warming, the game is far from won in terms of managing a cataclysmal eruption.

Source : Interesting Engineering via Yahoo News.