Islande : éruption terminée ! // Iceland : the eruption is over !

Le Met Office islandais confirme ce matin ce que j’avais laissé entendre dans ma dernière note : l’éruption sur la chaîne de cratères de Sundhnúkagígar, qui avait débuté le 29 mai 2024, semble être bel et bien terminée. Aucune activité n’était visible lorsque la Protection Civile a survolé le site avec de drones. L’activité sismique a chuté et est actuellement comparable à celle mesurée avant le début de l’éruption. Cependant, il faut s’attendre à ce que la lave continue de s’écouler lentement le long de la partie nord du mont Sýlingarfell et au niveau de la digue de terre où elle a débordé ces derniers jours. Elle ne sera donc plus une menace pour la centrale de Svartsengi.

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The Icelandic Met Officeconfirms this morning what I suggested in my last post : the eruption at the Sundhnúkagígar crater row, which began on May 29th, 2024, appears to be over. No activity was visible when the Civil defense flew drones over the crater for observation. Seismic activity has subsided and is now comparable to that measured before the eruption began. However, it is still expected that the older lava flow will continue to flow slowly along the northern part of Mt Sýlingarfell and at the defense wall where the lava has been overflowing. It will no longer be a threat to the Svartsengi power station.

L’éruption du 29 mai 2024 a été parfois fort spectaculaire (Image webcam)

La centrale de Svartsengi bientôt sous la menace de la lave ? // The Svartsengi power plant soon under the threat of lava ?

Alors que l’éruption se poursuit sur la péninsule de Reykjanes, une nouvelle digue de terre est en cours d’édification et des tentatives de refroidissement de la lave sont également en cours pour contrôler trois coulées qui menacent de déborder d’une digue près de la centrale de Svartsengi. La lave avance lentement et ne présente pas de danger immédiat, mais les efforts se poursuivent pour l’empêcher d’atteindre les infrastructures critiques.

Les travaux ont commencé pour construire une nouvelle digue de protection (en jaune sur la carte ci-dessous) à l’intérieur d’un autre rempart au nord de la centrale de Svartsengi (en rose sur la carte) qui a été vaincu par la lave dans la soirée du 20 juin. Trois coulées de lave ont commencé à déborder de la digue de terre. Les pompiers ont alors tenté à nouveau de refroidir la lave en projetant de l’eau, comme ils l’avaient fait il y a quelques jours. Des moyens supplémentaires ont été acheminés pour une plus grande efficacité. En 1973, lorsque les Islandais ont décidé d’envoyer de l’eau sur le front de lave sur l’île d’Heimaey, avant l’arrivée des puissantes pompes fournies par l’armée américaine, Haroun Tazieff avait déclaré que c’était comme faire pipi sur un incendie de forêt et que l’opération était vouée à l’échec, une remarque qui n’avait pas été appréciée par les autorités islandaises. La situation actuelle sur la péninsule de Reykjanes montre qu’il n’avait pas complètement tort. En effet, les équipements utilisés jusqu’à présent à proximité de la centrale de Svartsengi se sont révélés largement insuffisants. De nombreux ouvriers, pompiers, policiers et autres secouristes se sont relayés toute la nuit pour tenter de contrôler la lave. Vers 2 heures du matin le 21 juin, une coulée avait été stoppée, mais de la lave épaisse et incandescente avançait toujours en trois endroits le long des digues de terre. La lave n’est qu’à environ un kilomètre des infrastructures de Svartsengi, mais elle se déplace très lentement ; il n’y a donc pas de danger immédiat, d’autant plus que, selon les dernières informations fournies par le Met Office le 22 juin 2024, l’éruption a beaucoup faibli au cours des dernières heures et pourrait bien être en phase terminale. Le soulèvement du sol à Svartsengi a ralenti lui aussi.

Source  : médias d’information islandais.

Sur le schéma fourni par la Protection Cicile, la croix montre l’emplacement du débordement de lave, le trait jaune le nouveau chanier de mise en place de didues de protection, et en rose les digues de protection existantes près de la centrale de Svartsengi.

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With the eruption continuing on the Reykjanes Peninsula, a new barrier is bung built and cooling measures are being applied to control three lava streams flowing over an existing barrier near the Svartsengi Power Plant. The lava is moving slowly, posing no immediate danger, and efforts continue to prevent it from reaching critical infrastructure.

Work has begun on the construction of a new protective barrier (marked in yellow on the map below) within another barrier north of the Svartsengi Power Plant (marked in pink) that was breached by lava on June 20th in the evening. Three lava streams began flowing over the barrier, prompting the resumption of lava cooling measures that firefighters had experimented with earlier this week; heavy machinery was used to limit the spread of the lava. In 1973, when Icelanders decided to spray water on the lava front in Heimaey, Before using the powerful pumps provided by the U.S. Army, Haroun Tazieff had said it was like peeing on a wildfire, a remark that was not appreciated by Icelandic authorities. The current situation on the Reykjanes Peninsula shows he was not completely wrong. As the equipment used close to the Svartsengi power plant has proved lragely insufficient up to now. Numerous workers, firefighters, police, and other emergency responders have been taking shifts throughout the night, attempting to control the lava. By 2:00 am on June 21st, one lava stream had been stanched, but thick, glowing lava was still flowing in three streams down the barriers. The lava flow is only about a kilometer away from structures in Svartsengi. The lava is moving very slowly, however, so there is no immediate danger, especially since, according to the latest information provided by the Met Office on June 22nd, 2024, the eruption has decreased significantly over the last few hours and could well be in the terminal phase. Ground UPLIFT AT Svartsengi has also slowed down.

Source : Icelandic news media.

Le lithium est il vraiment bon pour l’environnement ?

Afin de lutter contre les conséquences du réchauffement climatique, beaucoup de pays se tournent vers les énergies renouvelables. Nos écrans de télévision regorgent de publicités pour les véhicules électriques. En théorie plus propres que les véhicules thermiques, ils comportent actuellement deux handicaps majeurs : leur prix et leur autonomie. Le prix d’achat à la source n’est jamais mentionné pour ne pas effrayer les clients potentiels ; on ne nous parle que de mensualités. De plus, l’autonomie indiquée dans les publicités est théorique et ne prend pas en compte le nombre de passagers, le poids des bagages, ou l’effet des basses températures – donc du chauffage – sur le nombre de kilomètres pouvant être parcourus dans ces conditions.

Le lithium est la clé de voûte de tous les véhicules électriques. Il n’existe pas à l’état libre : il est dispersé dans les roches, l’argile et la saumure, un mélange d’eau et de sels. Son extraction est lente, énergivore et nécessite de très grandes quantités d’eau, une ressource de plus en plus rare.

Les réserves de ce minerai dans le monde étaient de 26 millions de tonnes en 2022, un chiffre bien en dessous des réserves estimées, qui tournent autour des 100 millions de tonnes. Trois pays se partagent l’essentiel de la production mondiale : l’Australie, avec 47% ; le Chili, avec 30%, et la Chine, avec 15%.

La société chilienne SQM extrait du lithium dans le désert de l’Atacama, dans le nord du Chili. (Crédit photo: Reuters / Ivan Alvarado)

La moitié des réserves de lithium se situe dans les magnifiques salars de Bolivie, du Chili et d’Argentine qui sont en passe d’être défigurés par des entreprises multinationales dont le seul but est de faire du profit, avec un mépris total pour l’environnement. J’ai eu la chance de visiter ces salars il y a quelques années – celui d’Uyuni en particulier – et je peux affirmer que leur saccage serait une catastrophe environnementale.

Le salar d’Uyuni, une merveille de la nature (Photo: C. Grandpey)

En France, la société Imerys projette d’ouvrir à Échassières, dans l’Allier, une très grande mine de lithium. Elle inclurait 30 hectares de site industriel, des galeries à 400 mètres sous terre, sans compter les infrastructures de chargement de fret, de traitement des déchets, etc. Un tel projet va consommer beaucoup d’électricité et beaucoup d’eau. 600 000 mètres cubes par an seront prélevés dans la Sioule, avec des conséquences faciles à imaginer en période de canicule. La Commission nationale du débat public a organisé des réunions publiques sur le sujet et les opposants au projet se mobilisent pour faire entendre leurs objections, qui sont nombreuses.

La carrière de kaolin d’Echassières. (Crédit photo : AFP – Cormon Francis)

Les promoteurs de la mine d’Échassières font valoir que l’extraction se ferait dans de meilleures conditions en France, en minimisant les dommages écologiques et en recyclant l’eau utilisée. Ce sont des arguments fallacieux car tout le monde sait qu’une mine ne peut pas vraiment être écologique. Même avec toutes les précautions du monde, l’activité minière porte atteinte à l’environnement local.

Dans sa rubrique Zéro Emission sur France Info, François Gemesse, membre du GIEC, a déclaré : « Le cas de la mine d’Échassières illustre bien la double contradiction de la transition. La première, c’est que tout le monde veut des batteries au lithium, mais personne ne veut que le lithium soit extrait près de chez soi. »

Photo: C. Grandpey