La situation à Vulcano (Iles Eoliennes) entre 1983 et 2003 (2ème partie)

Comment expliquer la hausse des températures sur la Fossa de Vulcano dans les années 1990-2000 ? Soyons modestes ! Nous ne pouvons être affirmatifs et ne faire que des suppositions. La plus probable repose sur la notion de diapirs, autrement dit des bulles de magma qui quitteraient la chambre magmatique pour s’élever dans les fractures qui la surmontent, provoquant dans le même temps une brusque élévation de la température à la surface. Cette théorie semble logique et crédible, étant donné que le phénomène se produit périodiquement, sans activité éruptive. Quelques témoignages ont fait état de bruits d’explosions dans le cratère. Là encore, plusieurs interprétations sont possibles et on peut penser qu’il s’agit plutôt de chocs thermiques au niveau des roches, ou de l’expulsion de gaz accumulés dans de petites poches superficielles.

Les mesures de températures que je prévoyais d’effectuer au printemps 2003 revêtaient pour moi une importance particulière. En effet, suite aux différents événements (éruption de l’Etna à l’automne 2002, paroxysme et raz de marée à Stromboli à la fin de l’année 2002, épisodes sismiques en différents points de l’Italie pendant le deuxième semestre 2002, ébullition de la mer au large de Panarea), des rumeurs se sont répandues également à propos de Vulcano. Il a été dit, entre autres, que des personnes s’étaient brûlées en fréquentant les bains de boue, suite à une élévation brutale de la température. On a même entendu parler d’une émission de lave sous-marine dans la périphérie de l’île….

En fait, il semble que Vulcano n’ait rien connu de tout cela et n’ait pas été affecté par les événements qui se déroulaient ailleurs. Hormis le raz de marée du 30 Décembre 2002 lors duquel la mer a recouvert l’isthme entre Vulcano et Vulcanello, les habitants de l’île que j’ai contactés m’ont dit ne rien avoir remarqué d’anormal dans le comportement de « leur » volcan. En particulier, la température et la composition chimique de l’eau de source étaient totalement identiques à celles que j’avais relevées deux ans auparavant.

Les mesures de température effectuées sur l’isthme, dans l’ancien forage AGIP, au niveau des bains de boue et en bordure de mer (là où l’eau bouillonne) donnaient des résultats en tous points identiques à ceux des années passées. Le thermomètre affichait, comme précédemment, entre 95 et 100°C. Comme je l’ai déjà fait remarquer à plusieurs reprises, la température sur l’isthme ne s’est jamais modifiée ces dernières années, même quand le cratère a connu des accès de chaleur.

S’agissant du cratère de la Fossa proprement dit, le champ fumerollien n’avait pas subi de variations significatives en 2003. Le seul fait remarquable était l’apparition d’un point chaud sur la lèvre nord, au moment où le sentier commence à s’élever pour atteindre le point le plus élevé de la lèvre. Une fracture d’une vingtaine de mètres de longueur était devenue active avec une température allant de 200 à 306°C entre ses extrémités. Un tel phénomène n’est pas nouveau et d’autres déplacements de points chauds sur la lèvre ont déjà eu lieu à plusieurs reprises dans le passé.

Au moment de ma visite, les nuages fumerolliens étaient relativement denses, malgré une humidité ambiante moyenne (55%). L’abondance des panaches était probablement due aux fortes pluies qui avaient affecté la Sicile en Mars et Avril 2003. Ces mêmes pluies expliquaient probablement aussi le gros panache blanc que l’on pouvait apercevoir au sommet du Stromboli depuis le cratère de la Fossa.

Pour ce qui est des températures, elles variaient au printemps 2003 entre 200 et 385°C sur la lèvre ouest du cratère, le maximum se situant – comme d’habitude – sur la fumerolle F0. Au fond du cratère, le thermomètre affichait entre 97 et 100°C, ce qui était somme toute habituel, voire un peu inférieur aux relevés précédents.

Températures maximales relevées à Vulcano entre 1993 et 2003

23 Avril 1993 : 687° Juillet 1998 : 402°

24 Avril 1993 : 757° Avril 1999 : 411°

Juin 1993 : 670° Juillet 1999 : 340°

Juillet 1994 : 630° Avril 2001 : 331°

Mai 1995 : 570° Août 2001 : 350°

Juillet 1996 : 550° Juillet 2002 : 395°

Avril 1997 : 330° Avril 2003 : 385°

Vous l’aurez remarqué, il existe beaucoup de points communs entre la situation actuelle à Vulcano et celle que j’ai connue dans les années 1990. C’est pour cela que je ne pense pas que la hausse d’activité observée ces dernières semaines débouchera sur une éruption. Une surveillance étroite du volcan reste toutefois nécessaire.

Si l’île de Vulcano vous intéresse, vous pourrez vous procurer le mémoire « L’Ile de Vulvano (Iles Eoliennes) «  auprès de L’Association Volcanologique Européenne : http://www.lave-volcans.com/

Courriel : lave@lave-volcans.eu

Photos : C. Grandpey

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