Islande : nouvelles de la double éruption // Iceland : news of the double eruption

11h30 (heure française) : La situation n’a guère évolué en ce 6 avril 2021. La lave continue à percer la surface dans la Geldingadalur où le double cône reste très actif. Le débit reste soutenu, sans être énorme. Il reste probablement à 5-7 mètres cube par seconde. Les images proposées par la webcam sont superbes.

L’éruption dans la Geldingadalur ne semble donc pas avoir perdu de sa vigueur après l’ouverture des fissures dans le secteur de la Meradalir où s’écoule la lave de l’éruption qui a débuté le 5 avril.

La grande question est de savoir si les deux éruptions sont alimentées par le même dyke. Que ce soit dans la Geldingadalur ou dans la Meradalir, l’intensité éruptive est relativement faible. Le géophysicien Páll Einarsson expliquait hier que la nouvelle fissure principale est une extension d’une fracture qui a été active tout le temps. Il a indiqué qu’il s’agissait d’ « une très petite éruption », mais il s’est empressé d’ajouter que l’on ne sait jamais comment elle peut évoluer…

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17h00: Comme je l’ai écrit précédemment, les volcanologues islandais s’accordent pour dire que l’éruption actuelle est mineure mais ils ne savent pas comment elle peut évoluer. Ils se demandent si de nouvelles fissures sont susceptibles de s’ouvrir. L’ouverture de la fracture d’hier les a surpris, et ils se demandent maintenant si d’autres ne peuvent pas faire de même. Les scientifiques qui surveillent la zone ont détecté une activité sismique significative dans la Geldingardalur et au niveau de la nouvelle fissure. De plus, la coulée de lave émise par la nouvelle fissure n’a pas montré de signes de ralentissement.

Le site de l’éruption dans la Geldingadalur a été fermé aux visiteurs en raison des gaz toxiques. La zone pourrait rouvrir bientôt, en fonction de la direction du vent. Lors de la réouverture du site, il est probable que des précautions supplémentaires seront prises en raison du risque d’ouverture de nouvelles fissures.

Source: The Reykjavik Grapevine.

Vue du site éruptif dans la Geldingadalur (nouvelle webcam)

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22h30 : Les géologues de l’Université d’Islande indiquent ce soir que l’éruption a augmenté en intensité et produit désormais environ 10 mètres cubes de lave par seconde. Les scientifiques ont conduit de nouvelles observations sur le champ de lave dans la Geldingadalur. À l’aide de la photogrammétrie verticale depuis un avion, ils ont découvert que la nouvelle fissure qui s’est ouverte le 5 avril 2021 laisse échapper 7 mètres cubes de lave par seconde. Dans le même temps, les cratères jumeaux de l’éruption initiale continuent de vomir de la lave. En tout, les scientifiques estiment que l’ensemble du site de l’éruption déverse une dizaine de mètres cubes par seconde

Les analyses de la lave ne montrent aucun changement dans sa composition chimique. Elles révèlent que le magma provient d’un «réservoir magmatique profond qui se trouve probablement près de la limite entre la croûte et le manteau sous la Péninsule de Reykjanes». Les scientifiques expliquent que le magma provenant d’une source aussi profonde n’a pas été observé en Islande depuis 7 000 à 8 000 ans.

Le site de l’éruption est resté fermé aux visiteurs aujourd’hui. Les autorités cartographient la zone afin de déterminer comment rouvrir en toute sécurité le site au public.

Source: Iceland Review.

Vue de l’éruption dans la Meradalir ce soir

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11:30 am (French time) : The situation has hardly changed on April 6th, 2021. Lava continues to pierce the surface in Geldingadalur where the double cone remains very active. The lava output remains sustained, without being enormous. It probably averages 5-7 cubic meters per second. The images offered by the webcam are superb.

The eruption in Geldingadalur therefore does not appear to have lost its vigour after the fissures opened in the Meradalir area where one can see the lava flows from the eruption that began on April 5th.

The big question is to know whether the two eruptions are fed by the same dyke. Whether in Geldingadalur or Meradalir, the eruptive intensity is relatively low. Geophysicist Páll Einarsson explained yesterday that the new main fissure was an extension of a fracture that has been active all the time. He daid it was « a very small eruption », but he was quick to add that you never know how it can evolve …

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5:00 pm : As I put it before, Icelandic geologists agree to say that the current eruption is a small one but they do not know how it could evolve. They wonder whether new fissures might open. Yesterday’s fissure came as a surprise, raising questions as to whether there might be more on the way. Scientists monitoring the area have now detected significant seismic activity at the Geldingardalur and the new fissure, and the lava flow from the new fissure has not showed signs of slowing down.

The eruption site in Geldingadalur has been closed to visitors because of the toxic gases. The area might reopen soon, depending on the wind direction. When the site opens again, it is likely that further precautions will be taken due to the risk of new fissures.

Source: The Reykjavik Grapevine.

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10:30 pm : Geologists from the University of Iceland indicate this evening that the ongoing eruption has grown in intensity and is now producing around 10 cubic metres of lava per second. Scientists have conducted a new survey of the lava flowing from the eruption in Geldingadalur. With the help of vertical aircraft photogrammetry, they have found the new fissure that opened on April 5th, 2021 was producing 7cubic metres of lava per second. Meanwhile, the eruption’s original twin craters continue to spew lava. All in all, the rough estimate of the full discharge rate at the eruption site is about 10 cubic metres per second

Studies conducted on the lava show no changes in its chemical composition. The measurements indicate that magma is coming from a “deep magma reservoir that probably lies close to the boundary between the crust and mantle below the Reykjanes peninsula.” Scientists explain that magma from such a deep source has not reached Iceland’s surface for around 7,000-8,000 years.

The eruption site is closed to visitors today. Authorities are mapping the area with the help of experts in order to determine how to safely reopen the popular destination to the public.

Source: Iceland Review.

Premiers signes de vie dans des lacs volcaniques acides ? // Early life signs in acidic volcanic lakes?

Une étude effectuée par une équipe de chercheurs de l’Université d’Akita (Japon) a révélé que peu de temps après avoir émergé de l’océan, la vie a pu s’adapter et s’installer dans des lacs volcaniques acides. L’étude, publiée dans la revue Earth and Planetary Science Letters, s’appuie sur une analyse géochimique de roches sédimentaires vieilles de trois milliards d’années prélevées dans le bassin de Witwatersrand en Afrique du Sud.

Les conclusions de l’étude japonaise ne sont pas vraiment un scoop. Des recherches antérieures ont déjà mis en évidence des signes de vie autour des «fumeurs noirs» au fond des océans, ou dans des mares de boue volcanique comme les celles qui mijotent dans la caldeira d’Uzon au Kamtchatka.

L’équipe japonaise a concentré son travail sur le Dominion Group, une formation rocheuse datant du Mésoarchéen et qui se trouve sur l’une des plus anciennes portions de la croûte terrestre – le craton du Kaapvaal – en Afrique australe. Bien que le Dominion Group se compose principalement de roches volcaniques, les chercheurs ont été plus intrigués par ses litages de roches sédimentaires, connus localement sous le nom de Wonderstone.

Dans trois carrières différentes, les chercheurs ont découvert des parois de Wonderstone, parfois hautes de plusieurs dizaines de mètres. Le matériau se compose principalement de grès et de schistes que les chercheurs ont interprété comme des débris provenant de l’érosion d’un volcan et qui auraient glissé dans un grand lac. Ce lac aurait existé à peine quelques dizaines de millions d’années après l’émergence du continent de l’océan.

La Wonderstone est une roche d’aspect sombre, presque noir et lisse. La couleur provient d’un matériau riche en carbone intercalé entre les grains de la roche. Bien que les mineurs exploitent les gisements de Wonderstone depuis des décennies, l’origine du carbone reste un mystère.

L’équipe scientifique japonaise a étudié les origines du matériau de couleur sombre en examinant la disposition des différentes formes de carbone dans la roche. Ils ont remarqué que la forme la plus lourde était rare, ce qui laisse supposer qu’elle provient d’êtres vivants tels que des micro-organismes morts. Les chercheurs ont également constaté que le profil du carbone correspondait à celui que l’on est censé trouver dans des organismes producteurs de méthane, ou méthanogènes. Ces organismes appartiennent à une ancienne famille de bactéries, les archées ou Archaea, connues pour leur capacité à survivre dans des conditions extrêmes.

En général, on pense que l’acidité n’est pas propice à la vie, mais elle a permis d’expulser des roches volcaniques les nutriments nécessaires à la vie. Ces nutriments ont pu également être fournis par une autre source. En observant les métaux présents dans la Wonderstone, les chercheurs sont arrivés à la conclusion que les fluides chauds présents dans les profondeurs avaient pu s’infiltrer dans l’ancien lac et y apporter des nutriments. Aujourd’hui, les colonies d’archées colonisent les bouches hydrothermales, elles aussi  riches en nutriments, au fond des océans.

Les chercheurs pensent que la Wonderstone pourrait permettre aux scientifiques de mieux comprendre les anciens environnements lacustres sur Mars et la vie qui a pu y élire domicile, à supposer qu’une telle vie ait jamais existé.

Source: Yahoo News / ABC News.

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 A team of researchers from Akita University in Japan has suggested that shortly after emerging from the sea, life may have adapted to survive in acidic volcanic lakes. Their research, published in the journal Earth and Planetary Science Letters, comes from a geochemical analysis of 3-billion-year-old sedimentary rocks in the Witwatersrand Basin of South Africa.

The findings are not really new. Previous studies evidenced signs of life in the “black smokers” at the bottom of the oceans, or at volcanic mud pools like the acidic thermal pools in the Uzon Caldera (Kamchatka).

The Japanese team focused their study on the Dominion Group, a formation of rocks assembled in the Mesoarchean on what is today some of the oldest crust on Earth – southern Africa’s Kaapvaal Craton. Though the Dominion Group consists mostly of volcanic rocks, the researchers were most intrigued by its beds of sedimentary rock, known by local miners as Wonderstone*.

In three different quarries, the researchers found walls of Wonderstone, sometimes tens of meters tall. It consisted mostly of sandstones and shales, which they interpreted as debris that eroded from a volcano and slid downhill into a large lake. This lake would have existed just tens of millions of years after the continent’s emergence from the sea.

The Wonderstone is dark, almost black, and soft. The colour comes from a carbon-rich material interspersed between the rock’s grains. Although miners have exploited the Wonderstone deposits for decades, the origins of the carbon had remained a mystery.

The scientific team decided to investigate the origins of the dark material by looking at the array of different forms of carbon in the rock. They found a scarcity of the heaviest form of the element, which suggested that it came from living things such as dead microorganisms.

The team also found that the carbon profile matched what would be expected of methane-producing organisms, called methanogens. These organisms belong to an ancient domain of microbes called Archaea, which are known for their ability to survive in extreme conditions.

In general, it is believed that acidity is not conducive for life. But it leached nutrients from the volcanic rocks, which were necessary for life. Sustenance may have also come from another source. Metals present in the Wonderstone hinted to the researchers that hot fluids from deep underground were likely seeping into the ancient lake and bringing nutrients with them. Today, colonies of Archaea cluster around similarly nutrient-rich vents on the seafloor.

The researchers believe the Wonderstone could help scientists better understand ancient lake environments on Mars. Moreover, the rocks could shed light on the environments Martian life might have inhabited, if it ever existed.

Source: Yahoo News / ABC News.

* Wonderstone est l’appellation commerciale de la pyrophyllite qui est extradite en plusieurs endroits de la planète, comme l’Inde et l’Afrique du Sud.

Carrière de Wonderstone en Afrique du Sud

Echantillon de Wonderstone noire car riche en carbone

( Photos : Wonderstone Ltd)

Les archées ont d’abord été découvertes dans les environnements extrêmes, comme les sources chaudes volcaniques (Photo : C. Grandpey)