Les deux types de tsunamis à Hawaï // The two types of tsunamis in Hawaii

De nombreuses vidéos et autres articles de presse ont été publiés sur le séisme de magnitude M8,8 qui a été enregistré au large du Kamtchatka, avec la menace de tsunamis dévastateurs dans l’océan Pacifique. Les séismes et les tsunamis nous rappellent que nous vivons sur une planète dynamique.. Dans un article de la série Volcano Watch, l’Observatoire Volcanologique d’Hawaï (HVO) fait la différence entre les séismes dont l’épicentre est situé loin d’Hawaï de ceux dont les épicentres se trouvent à proximité de l’archipel. Si les tsunamis générés par de puissants séismes lointains mettent des heures à traverser l’océan Pacifique, les séismes locaux peuvent également générer des tsunamis, mais avec un délai d’alerte beaucoup plus court.

Voici une vidéo diffusée par la NOAA et illustrant la propagation du tsunami du 29 juillet dans l’océan Pacifique :

L’événement de magnitude M8,8 enregistré au large du Kamtchatka à 13 h 24 le 29 juillet 2025, à environ 5 000 kilomètres d’Hawaï, est un exemple de séisme et de tsunami de longue distance. Une alerte tsunami a été émise dans l’archipel à 14 h 43 (heure locale). Le Centre d’alerte aux tsunamis dans le Pacifique (Pacific Tsunami Warning Center) a annoncé que les premières vagues atteindraient les côtes hawaïennes quelques minutes après 19 h.
Plusieurs heures avant l’arrivée éventuelle des vagues de tsunami, les sirènes ont retenti et les téléphones portables ont reçu des messages d’alerte, tandis que les zones côtières devaient être évacuées.
Les vagues du tsunami ont commencé à atteindre l’archipel hawaïen après 19 h, avec une hauteur maximale de 1,70 mètre à Kahului, sur l’île de Maui. Aucun dégât important n’a été signalé à Hawaï, et l’alerte a été levée juste avant 23 h.
Par le passé, de forts séismes lointains ont généré des tsunamis qui ont causé d’importants dégâts et des décès à Hawaï. Un séisme de magnitude M7,9 dans les Aléoutiennes en 1946 a provoqué un tsunami qui a tué 159 personnes à Hawaï, avec une hauteur de vague de 16 mètres mesurée à Pololū Valley, sur la Grande Île d’Hawaï. En 1960, un séisme de magnitude M9,5 au Chili (le plus puissant jamais enregistré) a provoqué un tsunami qui a fait 66 morts à Hilo, avec une hauteur de vague de plus de 10 mètres. En 2011, le séisme de magnitude M9,1 de Tōhoku (Japon) a provoqué un tsunami avec des vagues d’environ 3,60 mètres de hauteur à Hawaï. Malgré des dégâts importants, aucun décès n’a été signalé.
L’amélioration de la détection des séismes et de la surveillance des tsunamis, ainsi que les techniques modernes de communication d’urgence, réduisent aujourd’hui le risque de blessures ou de décès par tsunami. Un autre facteur important est le temps de réaction : les vagues de tsunami générées par des séismes lointains mettent des heures à atteindre Hawaï, ce qui laisse le temps aux populations d’évacuer les zones vulnérables. Cependant, cela suppose que l’évacuation soit gérée correctement, ce qui n’a pas été le cas à Honolulu lors de la dernière alerte tsunami !

Les tsunamis locaux, en revanche, n’ont pas besoin de parcourir de longues distances pour atteindre les côtes hawaïennes, ce qui laisse aux habitants et aux organismes de gestion des urgences un délai d’intervention beaucoup plus court. D’importants mouvements de failles à la base des volcans hawaïens ont par le passé provoqué des séismes dévastateurs, générant des tsunamis locaux, et cela se reproduira certainement à l’avenir. Ces événements laissent peu de temps aux habitants pour se mettre en sécurité.
Des chercheurs de l’Université d’Hawaï ont expliqué qu’un tsunami généré depuis le flanc sud de l’île d’Hawaï peut atteindre la baie d’Hilo 4 à 5 minutes après le séisme, avant de se propager à travers les îles hawaïennes en moins d’une heure.
Un séisme de magnitude estimée à M7,9, s’est produit en 1868 sous le Mauna Loa à Kaʻū, provoquant des glissements de terrain et un tsunami qui a touché toute la côte sud de l’île d’Hawaï et tué près de 100 personnes. En 1975, un séisme de magnitude M7,2, sous le flanc sud du Kilauea, a généré un tsunami dont les vagues ont atteint environ 14 mètres de hauteur. Deux personnes ont été tuées et de nombreuses autres blessées. Même le séisme de magnitude M6,9 de 2018 sous le Kilauea a généré un petit tsunami local avec une hauteur de vague de 4,70 mètres à Hilo.

Effondrement sommital de la caldeira sommitale du Kilauea en 2018 (Source: HVO)

L’article de Volcano Watch propose quelques recommandations. Si des personnes ressentent de fortes secousses lors d’un séisme de forte amplitude, il est important de se rappeler que le laps de temps avant l’arrivée d’un tsunami peut être de quelques minutes. Le retrait des eaux peut être le signe d’un tsunami imminent. Il est déconseillé d’attendre les sirènes ou les messages d’alerte téléphoniques, car le tsunami peut survenir avant que ces alertes ne soient envoyées. Il est conseillé de se diriger immédiatement vers des zones plus élevées et d’attendre que les services de gestion des urgences donnent le signal de fin d’alerte avant de retourner sur le rivage.
Source : USGS / HVO.

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There have been a lot of videos in the media and articles in the newspapers about the M8.8 earthquake that struck offshore from Kamchatka, with tha threat of destructive tsunamis across the Pacific Ocean. Earthquakes and tsunamid are a reminder that we live on a dynamic planet. In an article of the series Volcano Watch, the Hawaiian Volcano Observatory (HVO) makes a difference between earthquakes whose epicenters are located far from Hawaii and those that are triggered close to the archipelago. While tsunamis generated by large, distant earthquakes take hours to traverse the Pacific Ocean, it is important to remember that local earthquakes can also generate tsunamis, but with much less warning.

Ae example of long distance earthquake and tsunami was the M8.8 event that was recorded offshore from Kamchatka at t 1:24 p.m. July 29, 2025,, about 5,000 kilometers from Hawaii. A tsunami warning was issued at 2:43 p.m. for Hawaii, and the Pacific Tsunami Warning Center issued a forecast for the first waves of a tsunami to arrive at Hawaiian shores a few minutes after 7 p.m.

With hours to prepare for the eventual arrival of tsunami waves, sirens sounded and cellphones received multiple alarms as coastal areas were evacuated.

Tsunami waves began moving through the Hawaiian Islands after 7 p.m., with a maximum measurement of 1.70 meters in Kahului, Maui. There was no significant damage in Hawaii, and the warning was canceled just before 11 p.m.

Large distant earthquakes in the past have generated tsunamis that caused significant damage and deaths in Hawaii. An M7.9 Aleutian earthquake in 1946 generated a tsunami that killed 159 people in Hawaii, with a maximum wave run-up height of 16 meters measured at Pololū Valley on Hawaiʻi Island. An M9.5 earthquake in Chile generated a tsunami in 1960 that killed 66 people in Hilo, with a maximum wave run-up height of more than 10 meters. In 2011, the M9.1 Tōhoku earthquake (Japan) generated a tsunami with maximum wave heights of about 3.60 meters in Hawaii. Though there was significant damage, there were no deaths.

Improved earthquake detection and tsunami monitoring, along with modern emergency communication techniques reduce the risk of people being injured or killed by tsunami. Another important factor is response time; tsunami waves generated by distant earthquakes take hours to reach the Hawaiian Islands, giving people time to evacuate vulnerable areas. However, this assumes that the evacuation is managed properly, which was not the case in Honolulu during the last tsunami alert !

Local tsunamis, however, do not need to travel far to reach Hawaiian shores, leaving residents and emergency management agencies a much shorter time to respond. Large fault slips along the bases of Hawaiian volcanoes have historically produced damaging earthquakes that generated local tsunamis, and they will certainly do so again in the future. These events leave residents little time to evacuate to safety.

Researchers at University of Hawai‘i modeled that a tsunami generated from the south flank of the Hawai‘i Island can reach Hilo Bay within 4 to 5 minutes after the earthquake, before propagating through the Hawaiian Islands in less than an hour.

An estimated M7.9 earthquake occurred in 1868 beneath Mauna Loa volcano in Kaʻū, causing landslides and a local tsunami that affected the entire south coast of Hawai‘i Island and killing nearly 100 people. An M7.2 earthquake in 1975 beneath the south flank of Kilauea generated a tsunami with waves up to about 14 meters high. Two people were killed and many more injured. Even the M6.9 earthquake in 2018 beneath Kilauea generated a small local tsunami with a maximum wave height of 4.70 meters in Hilo.

The Volcano Watch article goes on with some recommendationns. If people feel strong shaking from a large earthquake, they should remember that the time they have to respond before a tsunami arrives could be minutes. Receding water could be a sign of an impending tsunami wave to follow. People should not wait for sirens or cellphone alarms because the tsunami could occur before there is time for those alerts to be sent. They should immediately head for higher ground, and wait for emergency management agencies to sound the all-clear before returning to the shoreline.

Source :USGS / HVO.

Licenciements et réductions budgétaires aux États Unis : Trump joue avec le feu // U.S. layoffs and budget cuts : Trump is playing with fire

La presse américaine, CNN en tête, vient de tomber à bras raccourcis sur la politique de licenciements et de réduction des subventions allouées aux agences en charge de la surveillance des risques naturels aux États Unis par l’Administration Trump.

Les journalistes rappellent au public qu’un séisme majeur – le « Big One » – frappera probablement les États-Unis dans les prochaines décennies. Outre la faille de San Andreas, un danger menace les fonds marins au large de la côte nord-ouest du Pacifique. Après des siècles de frottement de deux plaques tectoniques l’une contre l’autre, la zone de subduction de Cascadia, qui s’étend du nord de la Californie à la Colombie-Britannique, pourrait bien se rompre de notre vivant. Le séisme provoqué par cet événement, de magnitude M9,0, pourrait être dévastateur, accompagné d’un tsunami pouvant atteindre 30 mètres de haut, qui submergerait les villes et villages côtiers. Les chiffres officiels estiment qu’environ 13 800 personnes pourraient mourir et plus de 100 000 autres être blessées. Il pourrait s’agir de la pire catastrophe naturelle que les États-Unis aient connue au cours de l’époque moderne. De nombreux scientifiques affirment que le pays n’est pas préparé à affronter une telle catastrophe. L’équipe scientifique qui a passé des décennies à surveiller la situation a été décimée par les réductions de personnel décidées par l’Administration Trump.

Source: USGS

La plupart des scientifiques interrogés par les médias ont refusé de commenter la situation par crainte de représailles. La National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui supervise les tsunamis et les tempêtes solaires, n’a pas répondu aux questions de CNN.

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Les coupes budgétaires rendent difficile la maintenance des sismographes et des capteurs océaniques qui mesurent la vitesse de propagation des vagues de tsunami. Un scientifique a déclaré : « Être capable de détecter, de prévoir et d’alerter la population de l’arrivée d’un tsunami sauverait des centaines, voire des centaines de milliers de vies. On court un risque en réduisant les capacités de la NOAA à effectuer ce travail.» Des équipes de l’USGS se rendent sur le terrain chaque été pour réparer les instruments. Cela deviendra encore plus difficile car ces fonctionnaires fédéraux, et ceux d’autres agences, se sont vu interdire d’effectuer de nouvelles dépenses, ce qui rend cet tâche pourtant cruciale encore plus ardue.
À l’instar des sismographes disséminés le long de la côte, la NOAA maintient un réseau de capteurs en eaux profondes, conçus pour alerter les scientifiques en cas de déferlement d’une vague de tsunami. Les deux centres d’alerte aux tsunamis de l’agence et le programme du Service météorologique national, qui s’efforce de moderniser ses logiciels obsolètes, ont subi des licenciements. Ces centres de surveillance, fonctionnent 24h/24 et 7j/7 et étaient déjà en sous-effectif. Les nouvelles réductions sont donc extrêmement préoccupantes, notamment compte tenu de la menace d’un séisme et d’un tsunami majeurs dans le Pacifique Nord-Ouest. Tous les scientifiques s’accordent à dire que ces réductions de personnel et les coupes budgétaires accroissent le risque de tsunami et de séisme aux États-Unis ; en cas d’événement majeur, elles auront des conséquences dévastatrices pour les populations côtières et l’économie américaine.

Les capteurs océaniques permettent de suivre la progression des vagues de tsunami (Source: NOAA)

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Il existe deux principaux bureaux de l’USGS chargés de surveiller l’activité volcanique : l’un à Hawaï et l’autre en Alaska. Certains volcanologues de l’USGS ont bénéficié du programme de démission différée. Les observatoires volcanologiques sont surveillés 24h/24 et 7j/7, et en cas d’éruption volcanique majeure, tout le monde est sur le pont. Par conséquent, le manque de personnel se fera nettement sentir en cas de crise volcanique, car tous les scientifiques doivent être mobilisés pour assurer la charge de travail.

Le Kilauea à Hawaï est en éruption intermittente depuis 2024 et d’autres éruptions sont à venir. Les volcanologues surveillent également le Grand Sitkin, un volcan des Aléoutiennes qui émet lentement de la lave depuis le début de l’éruption en 2021. Un autre volcan à surveiller de près est le mont Spurr, en Alaska, où une activité sismique a été détectée récemment.

En Alaska, le Mont Spurr a montré des signes d’activité ces dernières semaines (Crédit photo: AVO)

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Si la plupart des dangers les plus importants nécessitant une surveillance constante se produisent sur Terre, d’autres dangers sommeillent dans le cosmos, notamment, ceux liés à l’activité du Soleil. Les tempêtes solaires se produisent lorsque le Soleil projette du plasma et d’autres particules chargées qui transportent le champ magnétique solaire vers la Terre. Les tempêtes qui en résultent peuvent créer de belles aurores boréales, mais elles peuvent aussi perturber nos réseaux électriques et nos systèmes radio. Ce type de tempêtes est d’autant plus fréquent que le Soleil est dans une phase particulièrement active.
Une douzaine d’experts travaillent au Space Weather Prediction Center de la NOAA à Boulder, dans le Colorado, avec généralement deux scientifiques par équipe de 24 heures. Trois employés ont récemment été licenciés.
Le lancement d’un nouveau satellite était prévu pour mieux mesurer et prévoir la météorologie spatiale, mais l’incertitude autour de la situation actuelle pourrait menacer l’avenir de ce programme certes modeste, mais important.

Source: NASA

Source : Médias d’information américains.

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The U.S. News media,, led by CNN, have just attacked the Trump Administration’spolicy of layoffs and reductions in funding allocated to agencies in charge of the monitoring of natural risks in the United States.

The journalists remind the public that sometime between today and 200 years from now, scientists say a major earthquake – “the Big One” – will hit the United States. Aside from the San Andreas Fault, there is a danger lurking on the sea floor off the Pacific Northwest’s coast: After centuries of two tectonic plates pushing up against each other, the Cascadia subduction zone that runs from Northern California to British Columbia is due to rupture, possibly in our lifetimes. The resulting earthquake could be a devastating M9.0 event, and the subsequent tsunami could be 30 meters high, overwhelming coastal cities and towns. Official figures warn that around 13,800 people could die and more than 100,000 others could be injured. It could be the worst natural disaster the United States has seen in modern times. And many scientists say we are less prepared for it than ever before. The team of scientists that has spent decades keeping watch is being decimated by the Trump Administration’s staffing cuts.

Most scientsist interviewed by the media declined to comment the situation for fear of reprisals. The National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), which oversees tsunamis and solar storms, did not return a request for comment from CNN.

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The budget cuts make it difficultto fix earthquake seismographs and deep ocean sensors that capture how fast tsunami waves are traveling. One scientist said : “Being able to detect forecast and alert people of an incoming tsunami will save hundreds, if not hundreds of thousands of lives. That is the risk we face by reducing the capability to do this work at NOAA.” Teams of scientists from the USGS typically go out every summer to fix broken instruments. This will become more difficult after federal workers there and at other agencies were told they could spend no more than $1 on any single expense, making that critical task increasingly difficult.

Similar to the seismographs scattered along the NOAA keeps a network of sensors deep in the ocean, designed to alert scientists when a tsunami wave rolls through. The agency’s two tsunami warning centers and the National Weather Service program working to modernize their outdated software systems have been hit with firings. The 24/7 monitoring centers were already thinly staffed, and the further reductions are deeply concerning, especially given the threat of an earthquake and tsunami in the Pacific Northwest. All scientists agree to say that these staff cuts and the potential budget cuts make the United States more at risk for a tsunami and earthquake ; they will have devastating impacts for coastal populations and the US economy.

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There are two main USGS offices monitoring volcano activity – one in Hawaii and the other in Alaska. Some USGS volcano scientists have taken the deferred resignation program. The volcano observatories are monitored 24/7, and if there is a big volcanic eruption, it turns into an all-hands-on-deck situation. As a consequence, the staffing shortages will be made much, much worse when there’s a volcanic crisis, because all staff needs to be brought on board to cover the workload.

The Kilauea volcano in Hawaii has been erupting on and off since last year and more eruptions are to come. Volcanologists are also closely watching Great Sitkin, a volcano in the Aleutians that has been slowly spewing lava since it began erupting in 2021. Another volcano to be closely monitored is Alaska’s Mt. Spurr, where recent seismic activity has been detected.

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While many of the biggest hazards that take constant monitoring happen on earth, there are others in the cosmos. Particularly, from the sun. Solar storms happen when the sun flings plasma and other charged particles carrying the sun’s magnetic field toward Earth. The resulting storms can create nice auroras, but they can also wreak havoc on our electric grids and radio systems. And these kinds of storms have been happening more because the sun is in a particularly active phase.

There are roughly a dozen experts who work at NOAA’s Space Weather Prediction Center in Boulder, Colorado, with generally two scientists on any given 24-hour shift. They have recently lost three employees.

The launch of a new satellite had been planned to better measure and predict space weather, but the current uncertainty could threaten the future of a small but important program.

Source : U.S. News media.

Volcans sous-marins, subduction et séismes// Seamounts, subduction and earthquakes

Selon une nouvelle étude conduite par des chercheurs de l’Université de Memphis, et publiée en novembre 2023 dans le Journal of Geophysical Research : Solid Earth, un ancien volcan – ou mont – sous-marin (seamount en anglais) à cheval sur une plaque tectonique en train de s’enfoncer par subduction au large des côtes japonaises pourrait avoir déclenché plusieurs séismes majeurs inexpliqués par frottement contre une autre plaque tectonique située au-dessus.
Le volcan sous-marin éteint, connu sous le nom de Daiichi-Kashima Seamount, se trouve sur la plaque tectonique Pacifique, à environ 40 kilomètres de la côte est du Japon. C’est là que se rencontrent trois plaques tectoniques : la plaque Pacifique à l’est et la plaque Philippine au sud, qui glissent toutes deux sous la plaque Okhotsk au nord.

Contexte tectonique au Japon (Source : Wikipedia)

Le Daiichi-Kashima Seamount se trouve sur une partie de la plaque qui a commencé à s’enfoncer dans le manteau terrestre il y a entre 150 000 et 250 000 ans. Toutefois, ce volcan sous-marin est encore suffisamment proche de la surface – moins de 50 km de profondeur – pour déclencher des séismes. Alors que la majorité de l’activité sismique autour du Daiichi-Kashima Seamount se manifeste par de petites secousses, on a aussi enregistré plusieurs séismes avec des magnitudes M 7,0 et 7,8 en 1982 (M 7,0), 2008 (M 7,0) et 2011 (M 7,8). Jusqu’à présent, personne n’avait réussi à expliquer les causes de leur déclenchement.
Lorsqu’une plaque tectonique s’enfonce sous une autre plaque, les volcans sous-marins (seamounts) qui se trouvent à sa surface frottent la base de la plaque qui les surmonte. Une étude de 2008 a expliqué que ce frottement était trop faible pour déclencher de puissants séismes : il ne génère que de très petites secousses.

Source : ScienceDirect

Cependant, des données plus récentes laissent supposer le contraire. Les données sismiques recueillies au fond de l’océan au Japon indiquent que les monts sous-marins rencontrent une énorme résistance lorsqu’ils se déplacent à la surface d’une plaque subductrice et restent parfois bloqués. On peut lire dans l’étude que « le mont sous-marin lui-même est quasiment immobile, car il doit faire fasse à de très forts frottements. »
À mesure que le volcan sous-marin s’enfonce sous la plaque qui le surmonte, les contraintes s’accumulent sur son bord d’attaque. La zone située autour du volcan sous-marin se verrouille tandis que le reste de la plaque subductrice continue sa descente dans le manteau terrestre. « Les contraintes deviennent très fortes et au bout d’un certain temps, elles migrent vers l’intérieur. « Cette accumulation de contraintes ne peut pas continuer indéfiniment, et une libération brutale se produit lorsque le volcan sous-marin se libère brusquement de la plaque qui le surmonte. La plaque dominante donne un à-coup dans la direction opposée, ce qui déclenche un nouveau type de séisme que les auteurs de l’étude ont appelé « séisme de blocage ».
Des séismes de blocage ont peut-être déclenché des tsunamis dans le passé. Les dépôts de sédiments le long de la côte Est du Japon indiquent que d’énormes vagues ont frappé le littoral en 1677, après qu’un séisme ait secoué une zone de chevauchement avec le Daiichi-Kashima Seamount. Selon l’étude, « la rupture du volcan sous-marin en processus de subduction constitue la source la plus probable de ces grands séismes déclencheurs de tsunamis ».

Volcan sous-marin Minami Kasuga-2 dans l’océan Pacifique (Source : Université de Memphis)

Source  : Live Science.

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According to a new study by University of Memphis researchers, published in November 2023 in the Journal of Geophysical Research: Solid Earth, an ancient underwater volcano riding a sinking tectonic plate off the coast of Japan may have unleashed several unexplained major earthquakes by grinding against another tectonic plate above it.

The extinct underwater volcano, known as Daiichi-Kashima seamount, sits on the Pacific tectonic plate about 40 kilometers off Japan’s east coast. There, three tectonic plates intersect, with the Pacific plate to the east and the Philippine plate to the south both slipping beneath the Okhotsk plate to the north. The seamount sits on a section of the plate that began descending into Earth’s mantle between 150,000 and 250,000 years ago. But the seamount is still close enough to the surface to trigger earthquakes, as it currently sits less than 50 km deep. While the majority of the seismic activity around the seamount manifests as small tremors, there have been several earthquakes between magnitudes M 7.0 and 7.8 in 1982 (M 7.0), 2008 (M 7.0) and 2011 (M 7.8) that previous research has failed to explain.

When a tectonic plate subducts beneath another plate, the seamounts peppered across its surface scrape against the bottom of the overriding plate. A 2008 study suggested this friction was too weak to trigger earthquakes, creating only very small tremors.

However, newer data indicate the opposite. Seismic information gathered at the bottom of the ocean in Japan indicates seamounts encounter huge resistance as they ride along on a subducting plate and sometimes become stuck. One can read in the study that « the seamount itself is almost stationary, because it has very strong friction.

As the seamount digs into the overriding plate, stress accumulates on its leading edge. The region around the seamount becomes locked and grinds to a halt, while the rest of the subducting plate continues its creeping descent into Earth’s mantle. « Stress increases at the edge of the seamount and after some time, the stress propagates and migrates inward. » This buildup cannot continue infinitely, and the stress is eventually released when the seamount suddenly frees itself from the overriding plate and jerks forward. The overriding plate jolts in the opposite direction, triggering a new kind of earthquake that the authors of the study called a « hang-up » earthquake.

Hang-up earthquakes may have unleashed tsunamis in the past. Sediment deposits along Japan’s east coast indicate huge waves battered the coastline in 1677, after an earthquake shook an area overlapping with the Daiichi-Kashima seamount. According to the study, « the rupture of the subducted seamount thus provides the most plausible source for these great tsunami earthquakes. »

Source : Live Science.

Promesse de l’UNESCO au Sommet sur les Océans de Brest : Vers une cartographie à grande échelle des fonds marins

Je ne cesse de le dire et de le répéter sur ce blog : nous connaissons mieux la surface de la planète Mars que les abysses de nos propres océans. Il est vrai que, médiatiquement parlant, les images colorées de la planète rouge font davantage rêver que le noir absolu des fosses océaniques. Comme je l’écrivais récemment, le noir est la couleur de la mort et n’intéresse personne.

Il serait pourtant essentiel d’aller voir ce qui se passe au coeur des fosses océaniques car elles correspondent souvent à des zones de subduction, là même où se déclenchent les séismes et les tsunamis les plus dévastateurs. En y installant les instruments de haute technologie dont nous disposons, nous en saurions sans aucun doute beaucoup plus sur les processus qui provoquent ces catastrophes naturelles.

Le Sommet sur les Océans – One Ocean Summit – de Brest aura au moins été l’occasion d’apprendre une bonne nouvelle, en espérant qu’elle se concrétisera rapidement. L’UNESCO a promis qu’au moins 80% des fonds marins seraient cartographiés d’ici 2030, contre 20% aujourd’hui, un chiffre qui me laisse pantois.

Pour relever ce défi, l’agence de l’ONU a précisé qu’elle va mobiliser une flotte de 50 navires spécialement dédiée à la cartographie des fonds marins, intensifier le recours au sonar sur navire autonome et intensifier la transmission par les gouvernements et les entreprises des données cartographiques dont ils disposent.

L’UNESCO reconnaît que les fonds marins recèlent encore de nombreux secrets. Connaître leur profondeur et leurs reliefs est essentiel pour comprendre l’emplacement des failles océaniques, le fonctionnement des courants océaniques et des marées, comme celui du transport des sédiments. Sans oublier les éruptions volcaniques. La dernière éruption sous-marine aux Tonga a montré la nécessité d’aller observer de plus près les volcans qui se cachent sous la surface des océans.

« Ces données contribuent à protéger les populations en anticipant les risques sismiques et les tsunamis, à recenser les sites naturels qu’il convient de sauvegarder, à identifier les ressources halieutiques pour une exploitation durable, à planifier la construction des infrastructures en mer, ou encore à réagir efficacement aux catastrophes à l’image des marées noires, des accidents aériens ou des naufrages. »

Il faut juste espérer qu’il ne s’agit pas de voeux pieux et que nous en saurons bientôt plus sur les fosses océaniques.

Source: Médias français.

La fosse des Mariannes est la fosse océanique la plus profonde connue à ce jour. Elle est située dans la partie nord-ouest de l’océan Pacifique, à l’est des Îles Mariannes, à proximité de l’île de Guam. Le point le plus bas connu se situerait, selon les relevés, à 10 984 ± 25 m (Source: Wikipedia)