Le Canada contre la Chine dans l’Arctique // Canada vs. China in the Arctic

Avec le réchauffement climatique, l’Arctique canadien fond à une vitesse incroyable, révélant des réserves minérales et de nouvelles voies de navigation. D’autres pays que la Canada, comme la Chine, ont compris les nouvelles opportunités offertes par cette situation et posent plus ou moins discrètement des jalons pour de futures explorations, voire des implantations dans la région. C’est pourquoi le Canada a récemment envoyé et déployé des soldats, des navires et des avions dans le cadre d’un exercice annuel appelé Opération Nanook, dans l’une des régions les plus reculées du pays.
Aujourd’hui, des navires étrangers naviguent régulièrement dans le Nord, transpondeurs éteints, parfaitement invisibles pour les autres navires et difficilement repérables par les satellites et les systèmes de surveillance canadiens.
L’Opération Nanook revêt une importance particulière cette année, face à la conjonction de plusieurs changements géopolitiques. D’une part, il y a l’ambition croissante de la Chine dans l’Arctique. D’autre part, il y a les projets du premier ministre canadien Mark Carney d’accroître considérablement les capacités militaires et la valeur nouvellement reconnue des minéraux dans le Grand Nord. Sans parler de l’ouverture de nouvelles routes maritimes plus courtes entre l’Asie, l’Amérique du Nord et l’Europe par le passage du Nord-Ouest. On sait que le réchauffement climatique entraîne une augmentation du nombre de jours sans glace.

La Russie, et surtout la Chine, ont un plan ambitieux visant à contrôler une grande partie des terres rares et l’exploitation minière, et souhaitent investir dans l’Arctique canadien. Certains gisements de minéraux essentiels comme le cuivre, le nickel, le lithium, le graphite et le cobalt se trouvent dans le Nord.

Source: Gouvernement canadien

L’intérêt de la Chine pour l’Arctique est surveillé de près par l’armée et la garde côtière canadiennes.
Au début de l’été 2025, l’armée de l’air a repéré un navire de recherche chinois qui revenait dans les eaux arctiques pour la deuxième année consécutive. En 2024, la frégate NCSM Regina a suivi ce même navire dans les eaux internationales. Le navire chinois est considéré comme à double usage. Autrement dit, les données qu’il recueille en surface et sous l’eau pourraient être utilisées à des fins de recherche ou militaire.
Le prédécesseur de ce navire a transité par le passage du Nord-Ouest canadien en 1999 et a attiré l’attention des responsables de la sécurité nationale. Ces navires ne sont pas des navires de guerre à proprement parler, mais ils sont capables de recueillir toutes sortes d’informations qui pourront ultérieurement être utilisées par des navires de guerre. Grâce aux informations ainsi recueillies, la Chine dispose probablement de cartes permettant à ses sous-marins de traverser les eaux canadiennes. La Chine et la Russie sont connues pour utiliser des navires « fantômes », qui ont l’apparence de navires marchands parfaitement inoffensifs, mais qui sont en réalité utilisés à des fins d’espionnage ou autres activités néfastes.
La géopolitique du Nord a changé. On observe un regain d’intérêt pour l’Arctique, non seulement en raison de son abondance de ressources, mais aussi pour des raisons territoriales. Le gouvernement fédéral canadien vient d’identifier un corridor économique et de sécurité arctique parmi une longue liste de projets d’importance nationale. Un tel projet de corridor pourrait donner lieu à un engagement financier important et à une simplification des approbations réglementaires.
Les récents achats de matériel de défense par le Canada changeront certainement la donne. L’épine dorsale de la surveillance maritime repose sur des CP-140, dont certains datent des années 1980. Ils devraient être remplacés par des P-8 Orion, plus grands et dotés d’un système de surveillance plus sophistiqué permettant à la force aérienne d’observer plus en détail sur de plus longues distances. Le Canada a également conclu un partenariat avec l’Australie pour développer un nouveau système radar transhorizon pour l’Arctique. Il remplacera le système de l’époque de la Guerre froide utilisé pour détecter les menaces maritimes et les missiles.
Source : CBC via Yahoo News.

———————————————–

With global warming, the Canadian Arctic is melting at an incredible speed, uncovering mineral reserves and opening new shipping. Other countries like China have understood the new opportunities ofered by this new situation and are discreetly planting milestones dor future explorations or even settlements.This is the reason why Canada has recently sent soldiers, ships and aircraft in an annual exercise known as Operation Nanook to one of the most remote areas of the country.

Today, foreign vessels are running routinely through the north with their transponders switched off, largely invisible to other ships, and not necessarily seen by Canada’s satellite and surveillance systems.

Operation Nanook takes on a particular significance this year with a collision of geopolitical changes: China’s growing ambition in the Arctic versus Prime Minister Mark Carney’s plans to substantially increase the capabilities of the military and the newly recognized value of minerals in the North. Not to mention the opening of new, shorter shipping routes between Asia, North America and Europe through the Northwest Passage as global warming makes for an increasing number of ice-free days.

Russia and, increasingly, China have an ambitious plan to basically control a lot of the rare-earth elements and mining and wants to invest in the Canadian Arctic. Those elements and some of the world’s richest deposits of critical minerals like copper, nickel, lithium, graphite and cobalt are found in the North.

China’s interest in the Arctic has been closely monitored by Canada’s military and coast guard.

Earlier this summer, the air force kept watch over a Chinese research vessel as it returned to Arctic waters for the second year in a row. In 2024, the frigate HMCS Regina deployed on short notice to follow  the same vessel in international waters. The Chinese ship is considered dual purpose, meaning the data it gathers above and underwater could be used for research or military ends.

That vessel’s predecessor transited Canada’s Northwest Passage in 1999, sending alarm bells through national security officials. These are not warships per se, but they are capable of taking all sorts of information that can ultimately be utilized by warships in the future. Thanks to the information collected in this way, China may now have maps allowing its submarines to run through Canadian waters. Both China and Russia are known to use « shadow » or « ghost » vessels, which appear to be merchant or other inoffensive vessels, but are actually used for espionage or other nefarious activities.

The geopolitics of the North have changed. There has really been a renewed interest in the Arctic, not only for its abundance of resources, but for territorial reasons. The federal government has just identified an Arctic economic and security corridor on a long list of projects of national significance, which could ultimately see a significant funding commitment and the streamlining of regulatory approvals.

Canada’s raft of recent defence purchases will certainly change the dynamic. The backbone of maritime surveillance are the CP-140s, some of which date from the 1980s. They are set to be replaced by the P-8 Orion which is larger, with a more sophisticated surveillance system, allowing the air force to see in greater detail over longer distances. Canada has also partnered with Australia to develop a new Arctic over-the-horizon radar system, replacing the Cold War-era system used to detect missile and maritime threats.

Source : CBC via Yahoo News.

Un avenir prometteur pour la ville de Nome (Alaska) // A promising future for Nome (Alaska)

Avec la fonte de la calotte glaciaire et de la banquise, plusieurs pays comme la Russie et la Chine s’intéressent à l’Arctique. La fonte des glaces ouvrira de nouvelles voies de navigation. En fondant chaque été, la banquise polaire permettra aux grands navires de relier l’Asie à l’Europe par le célèbre passage du Nord-Ouest, avec un gain considérable de temps et d’argent pour les compagnies maritimes qui n’auront plus à emprunter le canal de Panama.

Le président Donald Trump souhaite protéger les États-Unis des intrusions étrangères. Sa politique pourrait changer le destin de Nome, sur la côte ouest de l’Alaska. La ville, pas très connue de nos jours, a eu son heure de gloire pendant la Ruée vers l’or au 19ème siècle. Sa population a alors atteint 30 000 habitants, contre 3 000 aujourd’hui. De nos jours seule une poignée de commerces et de restaurants servent les habitants de Nome, et la population chute considérablement pendant le long hiver. La ville est également connue pour être la ligne d’arrivée de l’Iditarod, la célèbre course de chiens de traîneau qui commémore le parcours héroïque de 1 600 kilomètres effectué en 1925 pour transporter des doses de vaccin contre la diphtérie malgré l’absence de routes.

À Nome, l’administration Trump s’apprête à lancer la construction du premier port en eaux profondes des États-Unis dans l’Arctique, ce qui aura des conséquences importantes pour la sécurité militaire et le tourisme. Nome est située au bord de la mer de Béring, à moins de 300 kilomètres de la Russie.
Les autorités fédérales prévoient le lancement des travaux du nouveau port de 400 millions de dollars en 2026 avec fin des travaux en 2029. Le port pourra accueillir les brise-glaces des garde-côtes, les barges de transport et les navires de guerre de la Marine, ainsi que les navires de croisière transportant des touristes au nord du cercle polaire arctique. Actuellement, le port ne peut accueillir que des navires ayant un tirant d’eau inférieur à 5,40 mètres. Cela signifie que les grands brise-glaces, les cargos et les navires de croisière ne peuvent pas y accoster et doivent soit jeter l’ancre au large, soit naviguer vers l’île Kodiak, à environ 2 000 kilomètres. Le gouvernement fédéral envisage l’agrandissement du port depuis au moins 2015 et justifie en partie cette nécessité par le réchauffement climatique. En effet, la montée des eaux océaniques menace les villages côtiers, qui auront besoin d’un meilleur accès aux équipements et matériaux lourds pour se protéger.

Vue du port de Nome (Crédit photo: Wikipedia)

Une douzaine de croisières avaient prévu de faire escale à Nome cette année, et les agences de voyage confirment qu’il existe une forte demande pour davantage de croisières dans les eaux arctiques. La plupart des touristes en Alaska viennent déjà en bateau, mais les plus gros navires ne peuvent pas encore faire escale à Nome, car ils risquent de s’échouer près des côtes. [NDLR : Il n’est, bien sûr, fait aucune allusion à l’impact que ces croisières auront inévitablement sur l’environnement].

Bien que l’Alaska soit depuis longtemps un lieu clé pour le contrôle de l’Arctique, il lui manquait un port en eau profonde dans le Nord. Pendant la Seconde Guerre mondiale, l’armée a construit son port en eau profonde le plus septentrional près d’Anchorage, à Whittier, mais a dû percer un tunnel de 20 kilomètres de long pour le relier à la voie ferrée.

Les responsables fédéraux considèrent depuis longtemps l’Alaska comme un élément clé de la sécurité nationale, et les inquiétudes grandissent à mesure que la Russie et la Chine cherchent à accroître leur influence dans la région.
Trump a plaidé en faveur d’une présence américaine renforcée dans l’Arctique, et le gouvernement fédéral a récemment approuvé un projet d’expansion de la flotte de brise-glaces des garde-côtes. Comme je l’ai indiqué précédemment, les États-Unis sont très en retard sur la Russie. Trump a également évoqué le rôle que le Groenland et le Canada pourraient jouer dans la sécurité des États-Unis.
Adapté d’un article publié dans USA Today via Yahoo News.

———————————————-

With the melting of the ice cap and the sea ice, several countries like Russia and China are interested in the Arctic. The melting sea ice will open new shipping routes. Increasingly, polar sea ice has been melting enough each summer to permit large ships to travel from Asia to Europe via the famous Northwest Passage, saving time and money for shippers who would otherwise have to use the Panama Canal.

President Donald Trump wants to protect the U.S. against foreign intrusions. His policy might change the fate of Nome on Alaska’s west coast. The town became very popular during the Gold Rush in the 19th century. Its population reached 30,000 versus 3,000 today. Only a handful of stores and restaurants serve people in Nome today, and the population drops dramatically during the long winter. The town is also known as the finish line of the famed Iditarod sled dog race, which commemorates the 1,000-mile rush in 1925 to deliver diphtheria treatment despite the lack of roads.

In Nome, the Trump administration is poised to begin building America’s first Arctic deepwater port, with significant implications for military security and tourism. The town lies on the edge of the Bering Sea, less than 300 kilometers from mainland Russia.

Federal officials are preparing to begin work on a new $400 million harbor in 2026 and it is expected to be completed in 2029. The federal government has envisioned expanding the port since at least 2015, and has partly justified the need on the basis of global warming: rising water levels are threatening coastal villages that will need better access to heavy equipment and materials to protect themselves. The new port could accommodate Coast Guard icebreakers, cargo barges and Navy warships, along with cruise ships to carry tourists north of the Arctic Circle. Today, the port can only accommodate ships that have a draft of less than 5.40 meters. That means large icebreakers, cargo ships and cruise vessels cannot dock there, and must either anchor offshore or sail to Kodiak Island, about 2,000 kilometers away.

About a dozen cruise ship visits were scheduled for Nome this year, and tourism experts say there’s strong demand for even more cruising in Arctic waters. Most tourists to Alaska already come by ship, but the largest ships cannot yet stop in Nome because they might hit bottom near shore.

Although Alaska has long been a key location for Arctic power, it’s lacked a convenient deepwater port in the north. During World War II, the military constructed its northernmost deepwater port near Anchorage in Whittier but had to blast a 20-kilometer-long tunnel through a mountain to link it to railroad tracks.

Federal officials have long seen Alaska as key to the nation’s national security, with concerns rising as both Russia and China seek greater influence in the region.

Trump has been pushing for a stronger U.S. presence in the polar region, and the federal government recently approved plans for a major expansion of the Coast Guard’s icebreaker fleet. Trump has also told about the role Greenland and Canada might play in U.S. security.

Adapted from an article published in USA Today via Yahoo News.

Cartographie plus précise de la banquise // More accurate mapping of the sea ice

Un nouvel outil puissant, à base d’intelligence artificielle, est capable de prévoir les changements intervenus dans la banquise arctique jusqu’à un an à l’avance. Cela permettra aux entreprises de planifier des voies de navigation plus sures tout en protégeant l’un des endroits les plus fragiles de la planète.
Une équipe scientifique de l’Institut national des sciences et technologies d’Ulsan a créé un modèle d’IA qui indique la quantité de glace qui recouvrira des zones spécifiques de l’océan Arctique avec une précision remarquable : moins de 6 % d’erreur sur une année entière. C’est deux fois mieux que les anciennes méthodes de prévision.
Le secret réside dans un système informatique intelligent baptisé UNET qui s’appuie sur les modèles de glace passés et les données météorologiques, notamment la température de l’air, la température de l’eau, la lumière du soleil et le vent. Le principe est le même que pour une prévision météorologique, mais concerne de la glace au lieu de la pluie. En étudiant ces modèles au fil du temps, l’IA est capable de repérer des tendances que les chercheurs humains ont pu négliger.
La glace arctique devient de plus en plus difficile à prévoir avec la hausse des températures. Lors des principales fontes de cette glace en 2007 et 2012, la nouvelle IA a affiché la même précision avec seulement 7 % d’erreur, alors que les outils précédents ont connu un niveau d’erreur supérieur à 17 % pendant ces périodes critiques. Cela signifie que les navires peuvent désormais naviguer avec plus de sécurité, même dans des conditions imprévisibles.
L’équipe scientifique a fait une découverte intéressante : le soleil et le vent ont des effets significatifs sur les zones de glace les plus minces. Cette étude devrait résoudre les limites des modèles traditionnels basés sur la physique en explorant l’interaction complexe de divers facteurs environnementaux qui ont un impact sur les changements de la glace de mer arctique. En conséquence, ces résultats rendront la navigation dans l’Arctique plus sûre et plus intelligente tout en fournissant aux dirigeants de meilleures données pour protéger cette région sensible. Les entreprises peuvent désormais prévoir des itinéraires sans glace des mois à l’avance, réduisant ainsi la consommation de carburant et aidant les navires à éviter les zones dangereuses. Cela signifie que moins de navires seront bloqués, moins de carburant sera brûlé et on aura une meilleure protection de la faune arctique.

Cette technologie est prête à l’emploi ; elle offre aux scientifiques et aux compagnies de transport maritime une image plus claire de ce qui se passe dans cette partie du globe. Cela signifie des voyages plus sûrs, une meilleure planification et des choix plus intelligents pour protéger l’avenir de l’Arctique.
Source : Yahoo Actualités.

Photo: C. Grandpey

————————————————-

A powerful new artificial intelligence tool can predict changes in Arctic sea ice up to a year ahead of time, helping companies plan safer shipping routes while protecting one of Earth’s most fragile places.

A scientific team at the Ulsan National Institute of Science and Technology has created an AI model that tells us how much ice will cover specific areas of the Arctic Ocean with remarkable accuracy (less than 6% error across an entire year). That’s twice as precise as older prediction methods.

The secret lies with a smart computer system called UNET that learns from past ice patterns and weather data, including air temperature, water temperature, sunlight, and wind. It is like a weather forecast but for ice coverage instead of rain. By studying these patterns over time, the AI can spot trends that human researchers might miss.

Arctic ice is getting harder to predict as temperatures rise. During major ice melts in 2007 and 2012, the new AI stayed steady with just 7% error. Previous tools struggled with errors over 17% during these critical periods. This means ships can now navigate more confidently, even during unpredictable conditions.

The team discovered something interesting: Sunshine and wind have outsize effects on thinner ice areas. This study is said to solve the limitations of traditional physics-based models by exploring the complex interplay of various environmental factors that impact changes in Arctic sea ice. As a result, these findings will make Arctic shipping safer and smarter while giving leaders better data to protect this sensitive region. Companies can now map out ice-free routes months ahead, reducing fuel waste and helping ships avoid dangerous areas. This means fewer ships getting stuck, less fuel burned, and better protection for Arctic wildlife.

This technology is ready to use, giving scientists and shipping companies a clearer picture of what’s happening at the top of our planet. This means safer travel, better planning, and more intelligent choices for protecting the Arctic’s future.

Source : Yahoo News.

Navigation : le Passage du Nord-Est encore compliqué ! // Shipping : Northeast Passage still complicated !

Avec la hausse rapide des températures dans l’Arctique et la fonte tout aussi rapide des calottes glaciaires, on pensait que de nouvelles routes maritimes s’ouvriraient dans la partie nord du globe terrestre. On imaginait que les passages du Nord-Est et du Nord-Ouest deviendraient accessibles, raccourcissant les trajets de navigation entre les continents. C’était aller un peu trop vite en besogne. Les scientifiques nous expliquent aujourd’hui que la fonte rapide des glaces dans l’océan Arctique ne facilite pas, au moins pour le moment, la navigation entre l’Europe et l’Asie et vice versa. En fait, le réchauffement climatique génère une glace plus épaisse et plus dangereuse qui provoque des blocages dans les deux passages.
Le Passage du Nord-Est est une route maritime au nord de l’Eurasie ; elle relie la mer de Barents, au nord de la Scandinavie, au détroit de Béring, entre l’Extrême-Orient russe et l’Alaska. Aujourd’hui encore, cette dangereuse route commerciale est si encombrée par la glace de mer qu’il faut l’aide des brise-glaces pour la parcourir toute l’année.
Avec le recul de la banquise arctique, on a vu grandir le désir de faire circuler un plus grand nombre de navires dans le Passage du Nord-Est, que ce soit à des fins commerciales, touristiques ou militaires. Les conditions de mer varient d’une année à l’autre et aucun secteur du Passage n’est garanti d’être libre de glace à un moment donné. Un article publié en 2023, utilisant des données archivées au NSIDC, a identifié la période de l’année la plus propice à la navigation. Elle se situe à la mi-septembre, lorsque la glace de mer arctique atteint son étendue minimale.
Dès le 16ème siècle, les commerçants européens espéraient pouvoir utiliser un raccourci arctique vers l’Asie, mais le Passage du Nord-Est a déjoué les efforts de navigation pendant de nombreuses années. L’explorateur Adolf Erik Nordenskiöld a fini par traverser le Passage du Nord-Est en 1879, après avoir été prisonnier des glaces pendant 10 mois.
Le recul de la banquise a récemment rendu l’océan Arctique plus attrayant, tant pour les entités politiques désireuses d’exploiter des ressources minières et effectuer des opérations militaires, que pour les intérêts commerciaux. L’Arctique reste cependant un environnement difficile, avec un risque permanent d’accidents, tant sur le plan environnemental qu’humain.

L’étude de 2023 mentionnée ci-dessus sur le meilleur moment pour emprunter le Passage du Nord-Est s’appuyait sur deux ensembles de données du NSIDC. L’un inclut la température de brillance fournie quotidiennement par des capteurs satellitaires. L’autre inclut la température de brillance, la concentration de glace de mer et l’épaisseur de la neige. Les observations par satellite de la température de brillance – mesure de l’énergie émise par une surface – permettent aux scientifiques d’identifier différents types de surfaces occupées par la glace et par l’eau. Grâce à la température de brillance, les scientifiques peuvent détecter la fonte superficielle de la glace de mer et même faire la distinction entre une glace très récente relativement mince et une glace pluriannuelle plus épaisse. La glace mince et la glace en cours de fonte présentent moins d’obstacles à la navigation. L’identification des caractéristiques de la glace aide donc à déterminer les meilleurs itinéraires et les meilleurs moments pour les emprunter.
La glace de mer arctique ne cesse de diminuer depuis le début des mesures satellitaires en 1979. En conséquence, la navigation dans l’océan Arctique, impensable pendant la majeure partie du 20ème siècle, est plus réalisable aujourd’hui, mais seulement pendant une partie de l’année. La fenêtre pour les navires autres que les brise-glaces dans le Passage du Nord-Est s’ouvre en été et se ferme en automne. L’étude de 2023 sur le Passage du Nord-Est a identifié la fenêtre de navigation optimale en examinant les conditions dans le Passage du Nord-Est de 2002 à 2021. Le résultat est que la glace de mer dans l’océan Arctique commence généralement à fondre pour de bon en juin ou juillet et à se reformer en octobre. L’étendue de la glace de mer – la zone océanique avec une concentration d’au moins 15 pour cent de glace de mer – atteint son niveau le plus bas à la mi-septembre. De 2002 à 2021, la glace de mer dans la zone examinée par l’étude de 2023 s’étendait en moyenne sur 1,94 million de kilomètres carrés.
Avec le réchauffement continu de l’Arctique, le Passage du Nord-Est connaîtra probablement davantage d’étendues d’eau relativement libres de glace à la fin de l’été. Pourtant, comme pour le Passage du Nord-Ouest, les amas et autres concentration de glace empêchent toujours la navigation dans le Passage du Nord-Est la majeure partie de l’année sans avoir recours à des brise-glaces. Un autre facteur complique encore davantage les activités humaines au-dessus du Cercle polaire arctique : le Soleil disparaît sous l’horizon en octobre et ne réapparaît qu’en mars. Ainsi, même si la glace de mer présente moins d’obstacles qu’auparavant, le Passage du Nord-Est, comme l’ensemble de l’océan Arctique, reste et restera encore un certain temps un lieu de navigation compliqué.
Source : National Snow and Ice Data Center (NSIDC).

En pointillés rouges sur les cartes, les passages du NO (à gauche) et du NE (à droite), avec en trait plein, les voies de navigation actuelles (Source : Observatoire de l’Arctique)

——————————————————-

With fast increasing temperatures in the Arctic the rapid melting of the icecaps, it was believed that new shipping routes would open in the northern part of the world. The Northeast and Northwest passages would become accessible, shortening shipping routes between the continents. However, this was thinking a bit too fast. Scientists inform us today that melting sea ice in the fast-warming Arctic Ocean is not making it easier for sailors to navigate a legendary shortcut between Europe and Asia and vice versa. To the contrary, global warming is causing thicker, more hazardous ice to choke both passages.

The Northeast Passage is a shipping route north of Eurasia, connecting the Barents Sea north of Scandinavia to the Bering Strait between the Russian Far East and Alaska. Even today, this dangerous trade route has remained so choked with sea ice that the safest year-round ways to navigate it are by plowing through it with icebreakers.

As Arctic sea ice has retreated, interest has grown in navigating a greater variety of ships through the Northeast Passage, whether for commercial, recreational, or military purposes. Conditions vary from year to year, and no part of the passage is guaranteed to be ice free at any particular time. A paper published in 2023, using data archived at NSIDC, identified the time of year when ships are the likeliest to succeed in negotiating the route. The best window of opportunity occurs in mid-September, when Arctic sea ice reaches its minimum extent for the year.

As long ago as the sixteenth century, European traders hoped for an Arctic shortcut to Asia, but the Northeast Passage foiled navigation efforts for many years. Explorer Adolf Erik Nordenskiöld finally succeeded in traversing the Northeast Passage in 1879, after spending 10 months of the voyage locked in ice.

Sea ice retreat has recently made the Arctic Ocean more alluring—both to political entities intent on resource extraction and military operations, and to commercial interests. The Arctic remains a challenging environment, however, with an ever-present possibility of accidents requiring cleanup and rescue. S

The above-mentioned 2023 study on the optimal timing of Northeast Passage relied on two data sets from NSIDC. One includes daily brightness temperatures from passive microwave satellite sensors, and the other includes brightness temperature, sea ice concentration, and snow depth. Satellite observations of brightness temperature—a measure of the energy emitted by a surface—enable scientists to identify different kinds of icy and watery surfaces. With brightness temperature observations, scientists can detect surface melt on sea ice and even distinguish between relatively thin first-year ice and thicker multiyear ice. Both thin ice and melting ice present fewer obstacles to ship navigation, so identifying ice features helps determine the best routes to take, and the best times to take them.

Arctic sea ice has declined since the start of the satellite record in 1979. Consequently, Arctic Ocean navigation that was unthinkable during most of the twentieth century is more practical now, but only for part of the year. The window of opportunity for non-icebreaker ships crossing the Northeast Passage opens in summer and closes in autumn. The 2023 study on the Northeast Passage pinpoints the optimal shipping window by examining conditions in the Northeast Passage from 2002 through 2021. Thecresult is that sea ice in the Arctic Ocean generally begins melting in earnest in June or July, and refreezing in October. Sea ice extent – the area of ocean with at least 15 percent sea ice concentration – bottoms out in mid-September. From 2002 to 2021, sea ice in the area examined in the 2023 study averaged 1.94 million square kilometers.

As the Arctic continues to warm, the Northeast Passage will likely experience more late-summer stretches of relatively ice-free water. Yet, like for the Northwest Passage, highly concentrated ice still prevents navigation through the Northeast Passage most of the year, unless crossing is made with an icebreaker. Further complicating human activities above the Arctic Circle, the Sun sets below the horizon in October and does not reemerge until March. So even though sea ice presents less of an obstacle than it used to, the Northeast Passage, like the entire Arctic Ocean, will remain a complicated place in which to work.

Source : National Snow and Ice Data Center (NSIDC).