Nouvelle éruption du Lewotobi (Indonésie) // New eruption of Lewotobi (Indonesia)

Une éruption explosive majeure s’est produite sur le Lewotobi Laki-laki (Indonésie) le 7 juillet 2025, avec une colonne de cendres qui est montée à plus de 19 km au-dessus du niveau de la mer. C’est la plus haute altitude depuis l’éruption meurtrière de novembre 2024. La couleur de l’alerte aérienne est passé au Rouge, entraînant l’annulation de plusieurs vols à destination et en provenance de Bali. D’importantes retombées de cendres ont été observées dans les villages sous le vent, ce qui a déclenché des alertes sanitaires et des recommandations de port du masques. L’éruption a également provoqué des coulées pyroclastiques atteignant jusqu’à 5 km de longueur.
Cette éruption est le troisième événement majeur sur le Lewotobi Laki-laki en 2025. Le volcan reste en alerte maximale et une zone d’exclusion de 7 km est toujours en vigueur en raison du risque persistant de lahars et d’activité sismique.
Aucune victime ni dommage aux infrastructures n’ont été signalés. Cependant, les habitants et les autorités locales sont invités à rester vigilants en raison du risque de lahars, notamment en période de fortes pluies. Une activité antérieure du Laki-laki, fin 2024, a entraîné des décès et d’importantes retombées de cendres dans la régence de Flores Est. Le sommet du Lewotobi présente un système avec deux pics : un cônes mâle (« Laki-laki ») et femelle (« Perempuan »).

Voici une vidéo montrant le panache émis par le Lewotobi le 7 juillet 2025.
https://twitter.com/i/status/1942099190697615701

Vue du double sommet du Lewotobi (Source: GVN)

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A major explosive eruption occurred at Mount Lewotobi Laki-laki (Indonesia) on July 7th, 2025, producing an ash column that rose to over 19 km above sea level. This was the highest since the deadly November 2024 eruption. The Aviation Color Code was raised to Red, resulting in the cancellation of multiple flights to and from Bali. Heavy ashfall was observed over the downwind villages, prompting health warnings and mask advisories. The eruption also produced pyroclastic flows up to 5 km down its slopes.

This eruption marks the third major event at Lewotobi Laki-laki in 2025, with the volcano remaining at the highest alert level and a 7 km exclusion zone still in effect due to continued risk of lahars and seismic activity.

No casualties or infrastructure damage have been reported as of the latest updates. However, residents and local officials were advised to remain vigilant due to the potential for secondary hazards such as lahars, especially during periods of heavy rainfall.

Previous activity at Laki-laki in late 2024 resulted in fatalities and extensive ashfall across East Flores Regency. Lewotobi’s summit area shows a twin-peaked system, comprising the male (“Laki-laki”) and female (“Perempuan”) cones.

Here is a video showing the plume emitted by Lewotobi on July 7th, 2025.

https://twitter.com/i/status/1942099190697615701

Nouvelle découverte à Pompéi (Italie) // New discovery at Pompeii (Italy)

J’ai écrit plusieurs notes sur les dernières découvertes à Pompéi, la cité romaine détruite par l’éruption du Vésuve en octobre 79 de notre ère. Les dernières fouilles, menées grâce à un financement européen sous l’égide du Ministère italien de la Culture, révèlent des trésors presque chaque mois.
Des archéologues ont découvert une maison qui témoigne des derniers instants de la civilisation romaine. Dans la Casa di Elle e Frisso, également connue sous le nom de Maison d’Elle et Phrixus, sur la Via del Vesuvio, les scientifiques ont découvert les squelettes de quatre personnes, dont un adolescent. Un lit avait été poussé contre le chambranle d’une porte pour empêcher la lave d’entrer dans la maison lors de l’éruption du volcan.


Structure du lit emprisonné dans la cendre (Source : Parc archéologique)

Les victimes ont été retrouvées en position de panique, signe qu’elles ont vu leur fin approcher. Le corps de l’adolescent était orné d’une bulla de bronze, une amulette qui marquait chez les Romains le passage de l’enfance à l’âge adulte et qui n’était retirée qu’à l’âge adulte.
Comme l’a si bien dit le directeur du parc archéologique de Pompéi : « Fouiller et visiter Pompéi, c’est se confronter à la beauté de l’art, mais aussi à la précarité de nos vies.» Dans la petite maison magnifiquement décorée, les archéologues ont retrouvé les traces des habitants qui ont tenté de se sauver. La maison a été découverte en 2018, mais les chercheurs n’ont terminé leur travail que récemment. Lors de leurs analyses, ils ont constaté que les lapilli étaient entrés par l’ouverture du toit de l’atrium, et risquaient d’envahir l’espace. Il est évident que cette famille a tenté de se barricader dans la chambre, mais sans succès. Finalement, la coulée pyroclastique est arrivée et un puissant flot de cendres brûlantes a envahi toutes les pièces. Les séismes avaient déjà provoqué l’effondrement de nombreux bâtiments.
Les récentes fouilles de la Casa di Elle e Frisso ont révélé des pièces bien préservées, dont un atrium avec impluvium, une chambre et une salle de banquet aux murs richement décorés. La maison doit son nom à une fresque mythologique découverte dans son triclinium, et représentant l’histoire de Phrixos et Hellé.

Source : Parc archéologique

Les fouilles ont également mis au jour des objets ménagers tels que des amphores utilisées pour conserver le garum, une sauce de poisson fermentée, et un service de table en bronze, comprenant une louche, une cruche à une anse, un vase en forme de panier et une coupe en forme de coquillage. Ces objets du quotidien témoignent d’une vie brutalement interrompue par l’éruption. Certains éléments, tels que les seuils retirés, l’absence de décoration à certains endroits et les traces de découpes de maçonnerie à l’entrée de la maison, laissent supposer que la Casa di Elle e Frisso était en cours de rénovation au moment de l’éruption. Cependant, la maison était toujours occupée par ses habitants qui,surpris par l’éruption, ont préféré rester sur place pour se protéger mais ont trouvé la mort.
Source : Parc archéologique de Pompéi et médias italiens.

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I have written several posts about the latest discoveries at Pompeii, the Roman city that was destroyed by the eruption of Mt Vesuvius in October 79. The latest excavations performed thanks to Europeans funding under the auspices of the Italian Ministry of Culture are revealing treasures nearly every month.

Archaeologists with the Pompeii Archaeological Park have discovered a home which serves as a snapshot of the ancient civilization’s final moments. Within the Casa di Elle e Frisso, also known as the House of Elle and Phrixus, along Via del Vesuvio, the scientists found the skeletal remains of four people, including an adolescent child. A bed was pushed up against a doorframe in an effort to avoid the volcanic lava from the volcano’s explosion (see photo above).

The victims were found in panic positions, indicating they lived through those moments and saw their end approaching.The child’s body was adorned with a bronze bulla, an amulet which commonly marked the passage from childhood to adulthood and was not removed until the child reached adulthood.

As the Director of Pompeii Archaeological Park aptly said, “excavating and visiting Pompeii means coming face to face with the beauty of art but also with the precariousness of our lives.” In the small, wonderfully decorated house, archaeologists found traces of the inhabitants who tried to save themselves. The home was discovered in 2018, but researchers have only recently finished their inspection. During their analysis, they found that the lapilli were entering through the opening of the atrium’s roof, risking invasion of the space. It is clear the family attempted to barricade themselves in the bedroom, but there was no escape. In the end, the pyroclastic flow arrived and the violent flow of very hot ash filled every room. The earthquakes had already caused many buildings to collapse.

The recent excavation of the Casa di Elle e Frisso has revealed well-preserved rooms, including an atrium with an impluvium, a bedroom, and a banquet hall with richly decorated walls. The house is named for a mythological fresco found in its triclinium that depicts the tale of Phrixus and Helle (see photo above).

Excavations also uncovered household items such as amphorae used for storing garum, a fermented fish sauce, and a set of bronze tableware, including a ladle, a one-handled jug, a basket-shaped vase, and a shell-shaped cup. These everyday objects signal a life that was abruptly interrupted by the eruption.

Some elements, such as the removed thresholds, the absence of decoration in some areas, and the traces of cutting portions of masonry at the entrance of the house, suggest that the Casa di Elle e Frisso was undergoing renovation at the time of the eruption. However, the house continued to be occupied by its inhabitants, who, caught by the eruption, preferred not to leave the building and found death there.

Source : Pompeii Archaeological Park and Italian news media.

L’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai a totalement remodelé le plancher océanique // The Hunga Tonga-Hunga Ha’apai eruption totally reshaped the seafloor

Le 15 janvier 2022, l’éruption du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai dans l’archipel des Tonga a été l’explosion la plus puissante observée sur Terre dans l’histoire moderne. Elle a battu toutes sortes de records. Ainsi, elle a propulsé un panache de gaz et de cendres à 57 kilomètres dans la mésosphère ; c’est le plus haut panache jamais enregistré. Elle a également déclenché un tsunami qui a atteint le Pérou et un bang supersonique qui a été perçu jusqu’en Alaska.
Selon un article publié dans la revue Science le 8 septembre 2023, lorsque l’énorme panache de cendres et de poussières est retombé dans l’océan, il a remodelé les fonds marins de manière spectaculaire. Pour la première fois, des scientifiques ont reconstitué ce qui a pu se passer sous la surface du Pacifique. Selon les chercheurs, en retombant, tous ces matériaux se sont répandus sous l’eau sur des dizaines de kilomètres. De tels processus n’avaient jamais été observés auparavant. Les données recueillies indiquent qu’au moins 9,5 kilomètres cubes de matériaux – voire 10 km3 – ont été déplacés lors de l’événement cataclysmique. Il s’agit d’un volume équivalent à près de 4 000 pyramides égyptiennes.
À environ 70 kilomètres du volcan, l’éruption a coupé un câble à fibre optique au fond de la mer. Pour les Tongiens et les équipes de secours, la rupture de ce câble a constitué un problème majeur car elle a gravement perturbé le réseau Internet dans l’archipel. Pour les scientifiques, l’interruption brutale d’Internet a permis de dater le moment exact où le câble a été sectionné: l’événement s’est produit environ une heure et demie après l’éruption. La coupure a également fait comprendre aux scientifiques que l’éruption avait perturbé le plancher océanique.
Un propriétaire de bateau tongien a filmé le début de l’éruption avec la caméra d’un téléphone portable, ce qui a indiqué l’heure exacte à laquelle les matériaux volcaniques ont commencé à retomber dans l’océan. Plusieurs mois plus tard, une mission scientifique a quitté la Nouvelle-Zélande pour étudier les fonds marins et collecter des échantillons dans les dépôts laissés par les coulées de débris. Contrairement à une grande partie de l’océan, les fonds marins autour des Tonga avaient déjà été cartographiés, ce qui a permis aux scientifiques de se rendre compte des changements subis par la topographie.
Les chercheurs ont réalisé que le volcan a déplacé en quelques heures autant de matériaux qu’en déversent toutes les rivières de la planète en une année. Ces coulées gigantesques ont parcouru plus de 90 kilomètres depuis leur origine, en creusant des fossés où l’on pourrait loger des gratte-ciel.
Lorsque le volcan a explosé, il a expulsé d’énormes quantités de roches, de cendres et de gaz. Lorsque cela se produit sur Terre, on observe des coulées pyroclastiques qui détruisent tout sur leur passage. S’agissant du Hunga Tonga-Hunga Ha’apai, cette masse en chute libre n’avait aucun support terrestre ; elle a donc fini sa course dans la mer. Les scientifiques ont estimé que les matériaux se sont propagés à 120 km/heure depuis la source de l’éruption. Si c’est exact, c’est 50 % plus rapide que les autres coulées sous-marines étudiées ailleurs sur la planète. Les chercheurs affirment que de telles coulées sous-marines n’avaient jamais été observées auparavant.

Vous verrez sur cette page une modélisation des coulées de matériaux émises par le Hunga Tonga-Hunga Ha’apai :

https://www.bbc.com/news/science-environment-63678177
Source  : Popular Science, Yahoo Actualités, la BBC.

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On January 15th, 2022, the eruption of of Hunga Tonga-Hunga Haʻapai in the Tonga archipelago was the most powerful explosion observed on Earth in modern history and it broke all kinds of records. It shot gas and ash 57 kilometers up into Earth’s mesosphere, higher than the plume from any other volcano on record. It also unleashed a tsunami that reached Peru and a sonic boom heard as far as Alaska.

According to a paper published in Science on September 8th, 2023, when the huge volume of volcanic ash and dust fell back into the water, it reshaped the seafloor in a dramatic fashion. For the first time, scientists have reconstructed what might have happened beneath the Pacific’s violently strewn waves. According to the research, all that material flowed underwater for dozens of kilometers. Such processes had never been observed before. The gathered data indicates that at least 9.5 cubic km of material was displaced during the cataclysmic event. This is a volume equivalent to something approaching 4,000 Egyptian pyramids.

About 70 kilometers from the volcano, the eruption cut off a seafloor fiber-optic cable. For Tongans and rescuers, the broken cable was a major inconvenience that severely disrupted the islands’ internet. For scientists, the abrupt severance of internet traffic provided a timestamp of when something touched the cable: around an hour and a half after the eruption. The cut also alerted scientists to the fact that the eruption had disrupted the seafloor.

A Tongan charter boat owner had caught the initial eruption with a mobile phone camera, giving an exact time when volcanic ejecta began to fall into the water. Several months later, a mission sailed from New Zealand to survey the seafloor and collect volcanic flow samples. Unlike in much of the ocean, the seafloor around Tonga had already been mapped, allowing scientists to corroborate changes to the topography.

The researchers realised that the volcano moved as much matter in a few hours as the world’s rivers delivered into the oceans in a whole year. These truly immense flows traveled more than 90 kilomrters from their origin, carving out gullies as tall as skyscrapers.

When the volcano exploded, it spewed out immense quantities of rock, ash and gas. When this happens on earth, it triggers fast-moving pyroclastic flows that menace anything in their path. But over Hunga Tonga–Hunga Haʻapai, that falling mass had nowhere to go but out to sea. Scientists estimated the material fanned out from Hunga Tonga–Hunga Haʻapai at 120 kilometers per hour. If correct, that’s 50 percent faster than any other underwater flow recorded on the planet. The researchers say that these underwater flows had never been observed before.

You will see on this page a model of the flows of materials emitted by Hunga Tonga-Hunga Ha’apai :

https://www.bbc.com/news/science-environment-63678177

Source : Popular Science, Yahoo News, the BBC.

Source: NASA

Hausse de l’activité et évacuations sur le Mayon (Philippines) // Increased volcanic activity and evacuations on Mayon Volcano (Philippines)

Le PHIVOLCS a relevé le niveau d’alerte du Mayon de 2 à 3 le 8 juin 2023 après que des coulées pyroclastiques ont dévalé le flanc supérieur du volcan. Depuis que le niveau d’alerte est passé de 1 à 2 le 5 juin, l’effondrement à répétition du dôme sommital a généré un nombre de plus en plus important de chutes de blocs. De plus, trois coulées pyroclastiques ont dévalé les ravines Bonga (sud-est) et Basud (est) le 8 juin. Les paramètres de surveillance indiquent qu’une extrusion très lente de magma est en cours et est en cours d’intensification. Cela signifie qu’une éruption magmatique effusive est en cours. On craint qu’une éruption majeure se produise d’ici quelques jours ou semaines.
Les villageois vivant dans un rayon de 6 kilomètres du cratère du Mayon ont été invités à quitter la zone de danger permanent et à se déplacer vers des zones plus sures en raison du risque d’émissions volcaniques, de coulées de lave, coulées pyroclastiques, chutes de blocs et autres dangers.
Les pilotes doivent éviter de voler près du sommet du Mayon car les cendres peuvent représenter un danger pour les aéronefs.
Le Mayon est entré en éruption pour la dernière fois en 2018, occasionnant le déplacement de dizaines de milliers de villageois.

D’un point de vue humain, la situation est beaucoup plus sérieuse que sur le Kilauea.

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PHIVOLCS raised the alert level for Mayon from 2 to 3 on June 8th, 2023 after pyroclastic flows tushed down its upper slope. Since the alert level status was raised from 1 to 2 on June 5th, repeated collapse of the growing summit dome generated an increasing number and volume of rockfall events. Three pyroclastic density current or PDC events on the Bonga (southeast) and Basud (east) Gullies were observed on June 8th. The overall monitoring parameters indicate that very slow extrusion of shallow degassed magma is ongoing and is incrementally increasing in rate. This means that an effusive magmatic eruption is taking place. It is feared a major eruption might occur within days or weeks.

Villagers living within a 6-kilometer radius of Mayon volcano’s crater were told to leave the permanent danger zone and move to safer grounds due to the danger of volcanic emissions, lava flows, rockfalls and other hazards.

Pilots should avoid flying close to the volcano’s summit as ash from any sudden eruption can be hazardous to aircraft.

Mayon last erupted violently in 2018, displacing tens of thousands of villagers.

From a human point of view, the sutuation is far more serious than the eruption of Kilauea.

Mayon : un volcan physiquement séduisant mais volcaniquement redoutable (Crédit photo: Wikipedia)