L’effondrement des Alpes (suite) // The collapse of the Alps (continued)

Avec l’effondrement des Alpes à cause du réchauffement climatique, plusieurs refuges ont dû être fermés ces derniers mois. La dernière victime de la hausse des températures et de la sécheresse est le Bivacco Alberico, plus connu sous le nom de Bivouac de la Fourche. La cabane de montagne qui était précairement perchée a lâché prise lors d’un éboulement. Elle a fini sa course sur le glacier de la Brenva en dessous. Aucun mort ou blessé n’a été signalé.
La petite cabane en bois reposait sur une charpente métallique au col de la Fourche sur la face sud-ouest du Mont Maudit, l’un des sommets de 4 000 m permettant d’accéder au Mont Blanc. Le refuge était un abri essentiel pour les alpinistes qui s’engageaient sur l’arête classique de Kuffner jusqu’au Mont Maudit. C’était aussi une étape utile pour ceux qui partaient à l’assaut du Mont Blanc depuis l’éperon de la Brenva, l’Aiguille Blanche et les Aiguilles du Diable.
Dans la vidéo ci-dessous, postée par Aosta Sera, un hélicoptère montre les vestiges de la cabane éparpillés le long de la paroi rocheuse.

https://youtu.be/KWwswBzndyU

D’autres refuges alpins à travers le monde ont également ressenti les effets du réchauffement climatique. Au début de cet été, les responsables des parcs nationaux canadiens ont démantelé l’Abbot Hut, construite il y a 100 ans dans les Rocheuses. L’érosion et le recul du glacier avaient trop endommagé la plate-forme sur laquelle elle reposait.

En France, dans le Parc National des Ecrins, le refuge de la Pilatte (Isère)a fermé définitivement ses portes pour des raisons de sécurité. Il avait été construit en 1954 sur un promontoire rocheux, autrefois soutenu par le glacier de la Pilatte. Ce dernier a perdu près de 50 mètres d’épaisseur depuis le début des années 1990 en raison du réchauffement climatique. Suite à ce phénomène,des fissures sont apparues dans le bâtiment qui est devenu trop dangereux pour héberger des randonneurs.

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With the collapse of the Alps because of global warming, several refuges had to be closed in the past months. The latest casualty of soaring temperatures and drought has been the Bivacco Alberico, better known as Bivouac de la Fourche. The precariously perched mountain hut lost its support in a rockslide, sending the entire cabin tumbling to the Brenva Glacier far below. No deaths or injuries have been reported.

The small wooden cabin sat on a metal frame at Col de la Fourche on the southwest Face of Mont Maudit, one of the 4,000 m peaks leading to Mont Blanc. The refuge was an essential shelter for climbers attempting the classical Kuffner Ridge up Mont Maudit. It was also a useful stopover for those eyeing Mont Blanc from the Brenva Spur, the Aiguille Blanche, and the Aiguilles du Diable.

In the video below, posted by Aosta Sera, a helicopter reveals the remains of the building scattered along the rocky face.

https://youtu.be/KWwswBzndyU

Other alpine huts around the world have also felt the effects of climate change. Earlier this summer, Canadian national park officials dismantled the 100-year-old Abbot Hut in the Rockies. Erosion and glacial retreat had left the platform on which it rested beyond repair.

In France, in the Parc National des Ecrins Ecrin, the Pilatte refuge (Isère) has closed its doors for safety reasons. It was built in 1954 on a rocky promontory, once supported by the Pilatte glacier. The latter has lost nearly 50 meters in thickness since the early 1990s due to global warming. Following this phenomenon, cracks appeared in the building which became too dangerous to accommodate hikers.

Source: International news media.

Le bivouac de la Fourche avant son effondrement (Crédit photo: CAI)

Le refuge de la Pilatte (Parc des Ecrins) victime du réchauffement climatique

Au cœur du Parc National des Ecrins, à plus de 2500 mètres d’altitude, le refuge de la Pilatte (Isère) ferme définitivement ses portes pour des raisons de sécurité. Victime du réchauffement climatique, le bâtiment était fermé depuis l’été 2021 en raison de la fonte accélérée d’un glacier situé à proximité. (voir ma note du 10 août 2021)

La FFCAM (Fédération Française des Clubs Alpins et de Montagne) explique dans un communiqué que le refuge de la Pilatte ferme définitivement ses portes « en raison d’importants problèmes structurels dus à la forte instabilité du socle granitique sur lequel il est construit. »

Le refuge a été construit en 1954 sur un promontoire rocheux, autrefois soutenu par le glacier de la Pilatte. Ce dernier a perdu près de 50 mètres d’épaisseur depuis le début des années 1990 en raison du réchauffement climatique. Suite à ce phénomène, les premières fissures étaient apparues dans le bâtiment. Elles sont suivies annuellement par des experts.

L’avenir du bâtiment est incertain. Pour le moment, l’accès à la plateforme sur laquelle se trouve le refuge est interdit aux randonneurs. Un balisage sera effectué par le Parc des Ecrins pour signaler cette fermeture.

Source : France 3 Isère.

Vue du refuge de la Pilatte (Crédit photo: Oisans Tourisme)

Refuges alpins et dégel du pergélisol

La fonte des glaciers et le dégel du permafrost de roche dans nos Alpes ont commencé à poser de gros problèmes, avec des effondrements spectaculaires de parois et une menace grandissante pour certaines infrastructures. J’ai expliqué comment, en Suisse, plusieurs supports de téléphériques ont dû être modifiés pour assurer une meilleur stabilité car le sol dégelé se dérobait sous les assises des pylônes.

Plusieurs articles parus dans la presse alpine ou environnementale – le site Reporterre, par exemple – nous apprennent que le refuge de la Pilatte, dans le massif des Ecrins (Alpes françaises) a été déstabilisé par la fonte d’un glacier. Il s’est fissuré au point de ne plus pouvoir recevoir randonneurs et alpinistes. Ce refuge n’est pas une exception et d’autres camps de base connaissent le même sort. Ce fut le cas du refuge des Cosmiques en 1998 quand une dalle de 600 mètres cubes a lâché prise, déstabilisant le bâtiment et nécessitant d’importants travaux de consolidation. La situation était à la fois due au retrait du glacier du Géant et à la dégradation du pergélisol qui n’était plus suffisamment cohérent pour maintenir la dalle.

Quand on observe la structure du refuge de la Pilatte, on se rend compte qu’il est fissuré, non par le gel, mais par un mouvement de terrain causé par le retrait du glacier éponyme. La dalle de soutènement a tendance à s’affaisser, le faîtage s’écarte et l’eau s’infiltre. Le refuge est à cheval sur une partie stable et un bloc d’environ 400 000  mètres cubes qui s’appuie sur le glacier. Depuis le 19ème siècle, le glacier a reculé de 2 kilomètres et perdu 100 mètres d’épaisseur. Le gros bloc ne bute plus dessus, déstabilisant tout l’ensemble.

Certains montagnards se demandant s’il faut accuser le réchauffement climatique. La réponse ne fait guère de doute lorsque l’on observe le recul du glacier et ce qui se passe ailleurs dans les Alpes dans des conditions identiques. Pourtant, à ma connaissance, aucune radio et aucune télévision nationales n’ont mentionné la fermeture du refuge de la Pilatte à cause du réchauffement climatique. Comme l’a dit un jour Nicolas Hulot à l’Assemblée Nationale, « tout le monde s’en fiche ! »Je me demande quelle catastrophe majeure devra se produire pour que nos gouvernants – et pas seulement en France – prennent des mesures dignes de ce nom pour ralentir (je ne parle pas de mettre fin) un phénomène qui va faire durement souffrir les prochaines générations.

Ayant pu me rendre compte, au cours de mes pérégrinations, du drame qui se prépare, je lance régulièrement des alertes à mon petit niveau, bien conscient qu’elle tombent dans un océan de j’menfoutisme….

Vue du refuge de la Pilatte (Crédit photo: Oisans Tourisme)