Vers une disparition des glaciers en Papouasie-Nouvelle-Guinée // Glaciers in Papua-New-Guinea are disappearing

La planète entière est concernée par la fonte des glaciers, quelle que soit la latitude, que ce soit dans les régions polaires, sous les tropiques ou sous l’équateur. Ainsi, le Parc national de Lorentz, dans la province indonésienne de Papouasie, moitié occidentale de la Nouvelle-Guinée, abrite le dernier glacier tropical de la région. Certains l’appellent le Glacier de l’Éternité, mais il ne sera peut-être plus là pour très longtemps.

Le Puncak Jaya (4 884 m), également appelé Pyramide de Carstenz, n’a pas de glace sur son sommet, mais il est entouré de plusieurs étendues de glace – dont le Glacier Carstenz – qui formaient une calotte glaciaire apparue il y a environ 5 000 ans. Il existait également au moins une calotte glaciaire dans la région il y a entre 15 000 et 7 000 ans.

Les glaciers tropicaux sont l’un des indicateurs les plus sensibles du réchauffement climatique et il n’en reste qu’une poignée dans le monde, en Papouasie, en Amérique du Sud et en Afrique.

Dans deux notes publiées sur ce blog le 16 février 2021 et le 24 octobre 2023, j’attirais l’attention sur la fonte rapide des glaciers en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Un article du journal indonésien Jakarta Globe paru le 18 avril 2024 confirme cette nouvelle inquiétante.
L’Agence de météorologie, climatologie et géophysique (BMKG) a découvert en décembre 2023 que l’épaisseur du glacier au sommet du Puncak Jaya a diminué d’environ quatre mètres, soit 66 %, par rapport à la même période en 2022. L’Agence ajoute que « cela est probablement lié aux conditions El Niño en 2022-2023. »
La BMKG a contrôlé le comportement des glaciers de Puncak Jaya de 2009 à 2023. Ces glaciers font partie des rares glaciers tropicaux encore présents sur notre planète. Ils survivent grâce à des altitudes supérieures à 4 800 mètres au-dessus du niveau de la mer.
De 2016 à 2022, la réduction moyenne de surface des glaciers a été évaluée à environ 0,07 kilomètres carrés – ou 70 000 mètres carrés – par an. En avril 2022, la superficie totale des glaciers atteignait 0,23 kilomètres carrés.
Lors des mesures effectuées en 2022, la BMKG a estimé que l’épaisseur de glace restante en décembre 2022 atteignait six mètres. Un an plus tard, en décembre 2023, les dernières données ont montré que l’épaisseur de la glace avait perdu jusqu’à quatre mètres, ne laissant plus qu’une épaisseur de deux mètres. Au train où vont les choses, cette glace aura disparu dans très peu de temps.
Selon la BMKG, il ne fait aucun doute que le réchauffement climatique a joué un rôle important dans la diminution progressive de la couverture neigeuse en Indonésie tropicale. En 1850, la couverture de glace permanente sur le Puncak Jaya, en Papouasie, atteignait environ 19 kilomètres carrés, puis a diminué progressivement pour atteindre environ 0,34 kilomètre carré en mai 2022.
À côté de l’amincissement des glaciers du Puncak Jaya, plusieurs montagnes des régions tropicales sont également confrontées à la fonte des glaces, notamment le Kilimandjaro en Tanzanie, le Quelccaya au Pérou et le Naimona’nyi au Tibet, dans la chaîne himalayenne.
Source : The Jakarta Globe.

 

Derniers glaciers de Puncak Jaya en 2010 (Crédit photo : Robert Cassady)

 

Restes de glace sur la Puncak Jaya en 2023 (Crédit photo : BMKG)

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The entire planet is affected by the melting of glaciers, whatever the latitude, whether in the polar regions, in the tropics or under the equator. Thus, Lorentz National Park, in Indonesia’s Papua province of New Guinea, is home to the region’s last tropical glacier. Some call it the Eternity Glacier, but it might not be there for much longer.

Puncak Jaya (4884 m), also called Carstenz Pyramid, does not have ice on the peak, but around it there are several ice masses, that used to be one large icecap that developed 5,000 years ago. At least one previous icecap also existed in the region between 15,000 and 7,000 years ago.

Tropical glaciers are one of the most sensitive indicators of global warming, and there are only a handful left in the world, in Papua, South America, and Africa.

In two posts released on February 16th, 2021 and October 24th, 2023, I drew attention to the rapid melting of glaciers in Papua-New-Guinea. An article on the Indonesian newspaper Jakarta Globe (April 18th, 2024) confirms this worrying piece of news.

The Meteorology, Climatology, and Geophysics Agency (BMKG) has discovered that the glacier’s thickness atop Puncak Jaya decreased by about four meters, or 66 percent, in December 2023 compared to the same period in 2022. The Agency says that « this is likely related to the El Nino conditions in 2022-2023. »

BMKG has been monitoring the glaciers on Puncak Jaya from 2009 to 2023.  These glaciers are some of the few remaining tropical glaciers in the world and are found at altitudes over 4,800 meters above sea level.

From 2016 to 2022, the average reduction in ice area reached about 0.07 square kilometers per year, with the estimated total glacier area in April 2022 reaching 0.23 square kilometers.

In the 2022 monitoring, BMKG estimated that the remaining ice thickness in December 2022 reached six meters. However, one year later, in December 2023, the latest data showed that the ice thickness was thinning further, with a reduction of up to four meters or leaving a thickness of only two meters. As things are going, this ice will have disappeared very shortly.

There is no doubt that global warming has played a significant role in gradually thinning the only permanent snow cover in tropical Indonesia. According to BMKG, in 1850, the coverage of permanent ice in Puncak Jaya, Papua, reached about 19 square kilometers, and then gradually decreased to an estimated 0.34 square kilometers in May 2022.

In addition to the thinning glaciers on Puncak Jaya, several mountains in tropical regions have also experienced ice melting, including Mount Kilimanjaro in Tanzania, Quelccaya in Peru, and Naimona’nyi in the Himalayas, Tibet.

Source : The Jakarta Globe.

Grande confusion en Papouasie-Nouvelle-Guinée // Great confusion in Papua-New-Guinea

Il y a en ce moment une grande confusion en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Comme je l’ai écrit précédemment, un séisme de magnitude M 7,5 a secoué la province des Southern Highlands le 25 février 2018. Il a été suivi d’une réplique de magnitude M 6.0 le 4 mars. C’est le quatrième événement supérieur ou égal à M6.0 dans la région. Un bilan non officiel fait état d’au moins 156 morts.
Dans le même temps, des rumeurs se sont répandues, en particulier sur lesréseaux sociaux, selon lesquelles le Mont Bosavi présentait des signes significatifs de réveil et que des gens avaient vu de la fumée sortir du cratère. Suite à ces rumeurs, beaucoup d’habitants ont fui la région autour du volcan et sont allés se réfugier dans les vallées loin de la montagne.
Des scientifiques ont été héliportés pour étudier le Bosavi. Ils ont déclaré qu’il n’y avait pas de danger d’éruption et ont parlé aux gens dans les villages.
Les agences d’aide humanitaire sont inquiètes pour deux raisons. D’une part, il y a un réel danger d’inondation dans les vallées en ce moment. D’autre part, les hélicoptères apportent de la nourriture, de l’eau et des médicaments dans les villages ; si les gens quittent les villages, ils ne pourront pas avoir accès à tous ces biens. Il est donc demandé aux gens de rester près de leur village afin qu’on puisse les repérer. .
Source: The Watchers.

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There is a great confusion in Papua New Guinea at the moment. As I put it before, an M 7.5 earthquake shook the Southern Highlands province on February 25th, 2018. It was followed by an M 6.0 aftershock on March 4th.  This was the fourth event above in M6.0 in the region. Unofficial reports received March 3 mention at least 156 deaths.

In the meantime, there have been rumours, mostly on social media, that Mount Bosavi was showing significant signs of unrest and that people had seen smoke coming out of the crater. As a consequence of these rumours, many people have fled the area around the volcano and have gone to the valleys away from the mountain.

Scientists have been helicoptered to study the volcano. They have declared that there is no danger of an eruption and have spoken to people in the villages.

Aid agencies are worried for two reasons. First, there is a great danger of flooding in the valleys right now. Secondly, helicopters are bringing food, water and medical aid to the villages and if people leave the villages, they will miss all these goods. All aid agencies are requesting people to stay near their village so they can be found.

Source: The Watchers.

Manam (Papouasie-Nouvelle-Guinée): L’île de la misère // The island of misery

drapeau francaisCela fait 11 ans que les habitants de l’île de Manam attendent d’être relogés suite aux éruptions dévastatrices qui les ont fait fuir en 2004. Au mois de jillet de cette année, une nouvelle éruption a infligé encore plus de souffrances aux milliers de personnes qui étaient retournées sur l’île après avoir quitté des camps plus en sécurité sur le continent. Une nouvelle zone de relogement leur a été attribuée dans la région d’Andarum sur le continent, mais la situation est actuellement au point mort. En effet, un accord a bien été signé avec les propriétaires fonciers d’Andarum en 2013, mais il faut attendre qu’une loi de réinstallation soit adoptée par le Parlement avant que la terre puisse être définitivement acquise.
Plus de 100 000 personnes ont été contraintes de quitter leurs habitations à l’intérieur de la Papouasie-Nouvelle-Guinée (PNG) en raison de catastrophes naturelles et de guerres tribales. D’une manière générale, le risque de déplacement de la population pour des raisons climatiques et/ou géophysiques (séismes et volcans, par exemple) a augmenté de quelque 60 pour cent au cours des 40 dernières années. Les chiffres devraient être revus à la hausse car les changements démographiques (avec l’urbanisation) et les événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique exposent de plus en plus les populations à des catastrophes. Il y a 44 volcans en PNG, qui menacent la vie de 250 000 personnes.
L’éruption du volcan Manam continue et les insulaires vivent dans des camps rudimentaires où règnent la pauvreté, le chômage et la faim alors que le pays est en proie à une grave sécheresse. Les gens sont confrontés à des pénuries d’eau et ils doivent faire des pieds et des mains auprès des populations locales pour obtenir les matériaux nécessaires à la construction de logements décents. La plupart des enfants ne vont pas à l’école. Il n’y a pas assez de terres dans les camps pour faire des cultures de subsistence. Cela signifie que de nombreuses familles ne peuvent pas payer la scolarité de leurs enfants et n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture alors que leurs jardins ravagés par la sécheresse ne parvienent pas à produire de légumes.
La lutte pour la survie conduit à des conflits avec les propriétaires fonciers locaux pour l’accès aux terres arables et à la nourriture. Cette situation a empiré car la population déplacée a presque doublé au cours de la dernière décennie et atteint maintenant le chiffre de 15 000. En PNG, la terre est principalement détenue par les particuliers et non par l’État. En conséquence, si le gouvernement veut réinstaller les personnes déplacées, il doit négocier avec les propriétaires fonciers, ce qui peut prendre beaucoup de temps.
Aujourd’hui, 60 000 hectares de terres à Andarum attendent d’être occupés par une nouvelle population, avec les services de base qui vont de pair. Ce sera une zone de réinstallation non seulement pour les habitants de Manam, mais aussi pour les personnes qui ont été déplacées dans d’autres régions de la province en raison du changement climatique et de l’élévation du niveau de la mer. Il est prévu de réinstaller les insulaires en plusieurs fois. Les jeunes auront la priorité, avec mission de travailler à la construction d’habitations et d’infrastructures.
Source: Reuters.

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drapeau-anglaisFor 11 years, the people of Manam Island have waited to be resettled after fleeing devastating eruptions in 2004. In July this year, another eruption inflicted more suffering on several thousand people who had returned to the island from displacement camps on the mainland. A new home has been found for the islanders in the remote area of Andarum on the mainland, but efforts to move them there have stalled. Indeed, an agreement had been signed with Andarum landowners in 2013, but a Manam Resettlement Act must be passed by parliament before the land can be purchased.
More than 100,000 people are internally displaced in Papua New Guinea (PNG) due to natural disasters and tribal warfare. Globally, the risk of displacement due to climate and geophysical hazards, including earthquakes and volcanoes, has increased by some 60 percent over the past 40 years. The numbers are expected to increase as demographic shifts, including urbanisation, and extreme weather events linked to climate change increase people’s exposure to catastrophes. There are 44 volcanoes in PNG, which threaten the lives of 250,000 people.
The Manam volcano continues to erupt and islanders are stranded in poorly equipped « care centres » where poverty, unemployment and now hunger prevail as the country is gripped by a severe drought. People are facing water shortages and fighting with the local people to get the materials to build proper shelter. Most of the children don’t go to school. There is not enough land in the camps to grow cash crops. That means many families cannot pay for their children’s schooling nor afford to buy food when their gardens, now parched by drought, fail to produce vegetables.
The struggle for survival has led to conflicts with local landowners over access to arable land and food. This situation has worsened as the displaced population has nearly doubled in the past decade to an estimated 15,000. In PNG, land is mostly owned by the people and not the state. Therefore, if the government wants to resettle displaced people it has to negotiate with the landowners, which can be a lengthy process.
Now 60,000 hectares of land is reserved in Andarum for a new community and basic services. This will be a provincial resettlement area for not only the Manam Islanders, but also people who have been displaced in other parts of the province due to climate change and sea-level rise. The plan is for islanders to be relocated in phases, with young people moved first and assigned to work on building dwellings and infrastructure.
Source: Reuters.

Manam

Panache éruptif du Manam en juillet 2009  (Crédit photo: ESA)