Les larmes des caribous // The tears of the caribou

Lorsque l’on voyage en voiture dans le nord de la Scandinavie, du Canada et de l’Alaska, on a de fortes chances de voir des caribous sur le bord de la route, et parfois même sur la chaussée. Ces animaux sont appelés ‘rennes’ par les Scandinaves et ‘caribous’ sur le continent américain.

Le problème, c’est que leur nombre a chuté drastiquement au cours des dernières décennies, probablement en grande partie à cause du réchauffement climatique.

En Alaska dans les années 1990, la harde de caribous de l’Arctique de l’Ouest comprenait quelque 500 000 têtes qui parcouraient un territoire grand comme les 4/5e de la France, offrant aux populations autochtones une source de nourriture régulière.

Entre 1990 et 2021, le nombre de caribous en Alaska a chuté de moitié et la réduction est beaucoup plus globale et affecte tout l’Arctique. Entre la fin des années 1990 et 2018, le nombre de caribous en Alaska, mais aussi au Canada, en Norvège et en Russie a chuté de 56%, passant de d’environ 5 millions à 2 millions d’individus. La baisse n’a cessé de se poursuivre après 2018.

Les causes de cette disparition massive des rennes et des caribous sont encore mal définies, même si on pense que la hausse des températures a joué un rôle déterminant. Par exemple, la neige que l’on observait autrefois pendant l’hiver arctique est souvent remplacée par des pluies verglaçantes qui piègent la nourriture des animaux sous une couche de glace impénétrable, entraînant famine et mort des caribous. De plus, avec la hausse des températures, les été s’allongent avec la multiplication des parasites et des incendies de végétation, de plus en plus nombreux dans la toundra.

On a accusé le loup de tuer trop de caribous, mais les chasseurs sont eux aussi responsables. En fait, c’est surtout l’exploitation minière qui, a côté du réchauffement climatique, pourrait expliquer la chute du nombre de caribous. Plusieurs études ont montré que le développement industriel perturbe le comportement de ces animaux. Ils perçoivent les routes et les oléoducs comme des obstacles qui entravent leurs voies migratoires et leurs modes d’alimentation. L’exploitation minière dans les Territoires du Nord Ouest des Etats Unis n’est pas près de s’arrêter car elle fournit des emplois à la population et des millions de dollars de revenus. Avec le réchauffement climatique, la fonte des glaces et le dégel du permafrost arctiques, de nouveaux gisements vont devenir exploitables comme vient de le démontrer l’accord signé par Joe Biden dans le nord de l’Alaska.

La situation actuelle risque fort de se solder par une perte d’identité du caribou dont le mode de vie se trouve bouleversé. Ce bouleversement d’un mode de vie affecte également les populations autochtones habituées à puiser dans la nature les ressources nécessaires à leur alimentation. Les denrées acheminées depuis l’extérieur par avion coûtent beaucoup plus cher.

Source : National Geographic.

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When you travel by car in northern Scandinavia, Canada and Alaska, you are likely to see caribou on the side of the road, and sometimes even on the roadway. These animals are called ‘reindeer’ by the Scandinavians and ‘caribou’ on the American continent.
The problem is that their numbers have dropped drastically in recent decades, probably largely due to global warming.

In Alaska in the 1990s, the Western Arctic caribou herd comprised some 500,000 heads that roamed an area four fifths of France, providing indigenous populations with a regular food source.
Between 1990 and 2021, the number of caribou in Alaska fell by half and the reduction is much more global, affecting the entire Arctic. Between the end of the 1990s and 2018, the number of caribou in Alaska, but also in Canada, Norway and Russia, fell by 56%, from around 5 million to 2 million individuals. The decline continued after 2018.
The causes of this massive disappearance of reindeer and caribou are still poorly understood, although it is believed that rising temperatures played a determining role. For example, the snow once seen during the Arctic winter is often replaced by freezing rain that traps animal food under an impenetrable layer of ice, leading to caribou starvation and death. In addition, with rising temperatures, summers are getting longer with the multiplication of parasites and wildfires which are more and more numerous in the tundra.
The wolf has been accused of killing too many caribou, but hunters are also responsible. In fact, it is mainly the mining industry which, alongside global warming, could explain the fall in caribou numbers; Several studies have shown that industrial development disrupts the behavior of these animals. They perceive roads and oil pipelines as obstacles that hinder their migratory routes and their feeding methods. Mining in the Northwest Territories of the United States is not about to stop as it provides jobs to the population and millions of dollars in revenue. With global warming, melting ice and thawing of Arctic permafrost, new deposits will become exploitable as has just been demonstrated by the agreement signed by Joe Biden in northern Alaska.
The current situation is likely to result in a loss of identity for the caribou whose way of life is disrupted. This disruption of a way of life also affects indigenous populations accustomed to drawing from nature the resources necessary for their food. The food transported from outside by air costs much more.
Source: National Geographic.

Caribous en Alaska (Photo: C. Grandpey)

CO2: Les hommes et les volcans // Carbon dioxide: Men and volcanoes

Selon une étude publiée le 1er octobre 2019 dans la revue Elements, les activités humaines émettent chaque année jusqu’à 100 fois plus de CO2, principal responsable du réchauffement climatique, que l’ensemble des volcans de la planète.

Une équipe de 500 scientifiques regroupés au sein du Deep Carbon Observatory (DCO) détaillent la façon dont le carbone est stocké, émis et réabsorbé lors de processus naturels ou créés par l’Homme.

Selon eux, seulement 0,2% du carbone terrestre (43.000 gigatonnes) se trouve au-dessus de la surface de la Terre, que ce soit au niveau des océans, des terres ou de l’atmosphère. Le reste, soit plus de 1,85 milliard de gigatonnes, est stocké dans la croûte terrestre, le manteau et le noyau.

Les volcans participent ainsi aux émissions de CO2, mais leur responsabilité dans le dérèglement climatique est bien moindre que celle des hommes, ce qui va à l’encontre de ce que prétendent les climato-sceptiques.

En mesurant la présence de certains isotopes de carbone dans des échantillons de roche, le DCO a découvert que sur 500 millions d’années, la planète parvient en centaines de milliers d’années à réguler elle-même les niveaux de CO2, principal gaz à effet de serre. Il est évident que ces chiffres ne prennent pas en compte les événements exceptionnels – les « perturbations catastrophiques » comme les appelle le DCO –  comme de gigantesques éruptions volcaniques ou l’impact de la météorite qui a conduit à l’extinction des dinosaures. Les chercheurs estiment que la météorite qui a tué les trois quarts de la vie sur Terre dont les dinosaures il y a 66 millions d’années, a provoqué l’émission de 425 à 1400 gigatonnes de CO2.

Rien qu’en 2018, les activités humaines ont généré 37 gigatonnes de CO2. Ce gaz envoyé par les hommes dans l’atmosphère « ces 10 à 12 dernières années » est ainsi équivalent à ces événements catastrophiques. Autrement dit, les émissions causées par l’Humanité sont de la « même ampleur » que de précédents chocs du cycle du carbone ayant entraîné des extinctions de masse.

En comparaison, le CO2 relâché chaque année par les volcans représente environ 0,3 à 0,4 gigatonne, soit environ 100 fois moins que les émissions humaines.

L’un des auteurs de l’étude a déclaré : « La Terre a déjà connu des concentrations de CO2 plus élevées qu’aujourd’hui, mais hors événements catastrophiques, il avait fallu des centaines de milliers d’années pour atteindre ces niveaux. Les négateurs du climat disent que la Terre finit par retrouver son équilibre. C’est probablement vrai, mais pas dans un délai qui a un sens pour les Hommes. »

Source : Presse internationale.

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According to a study published on October 1st, 2019 in the journal Elements, human activities emit every year up to 100 times more CO2, the main cause of global warming, than all volcanoes on the planet.
A team of 500 scientists grouped within the Deep Carbon Observatory (DCO) detail how carbon is stored, emitted and reabsorbed in natural or man-made processes.
According to them, only 0.2% of terrestrial carbon (43,000 gigatonnes) lies above the surface of the Earth, be it in the oceans, land or the atmosphere. The rest, more than 1.85 billion gigatonnes, is stored in the Earth’s crust, mantle and core.
Volcanoes thus contribute to CO2 emissions, but their responsibility in climate change is much less than that of men, which goes against what climate-skeptics claim.
By measuring the presence of certain carbon isotopes in rock samples, the DCO has discovered that over 500 million years, the planet manages in hundreds of thousands of years to regulate by itself CO2 levels, the main gas to greenhouse effect. Of course, these figures do not take into account the exceptional events – the « catastrophic disruptions » as the DCO calls them – like gigantic volcanic eruptions or the impact of the meteorite that led to the extinction of the dinosaurs. Researchers estimate that the meteorite that killed three-quarters of life on Earth, including dinosaurs 66 million years ago, caused the emission of 425 to 1,400 gigatonnes of CO2.
In 2018 alone, human activities generated 37 gigatonnes of CO2. This gas sent by men into the atmosphere « these last 10 to 12 years » is thus equivalent to these catastrophic events. In other words, the emissions caused by Humanity are of the « same magnitude » as previous carbon cycle shocks resulting in mass extinctions.
In comparison, the CO2 released each year by volcanoes is about 0.3 to 0.4 gigatonne, about 100 times less than human emissions.
One of the authors of the study said: « The Earth has already experienced higher CO2 concentrations than today, but out of catastrophic events, it had taken hundreds of thousands of years to reach these levels. The climate deniers say that the Earth eventually regains its balance. This is probably true, but not within a time frame that makes sense for men. »
Source: International Press.

Cheminées industrielles, par Eugène Bracht (1842–1921)

Panache de gaz et de cendre au sommet de l’Etna (Photo: C. Grandpey)

Contrôle des émissions de SO2 depuis l’espace // Monitoring of SO2 emissions from space

drapeau-francaisUn article intitulé « Les satellites découvrent de nouvelles sources de dioxyde de soufre » et  publié le 7 juin 2016 par l’Observatoire de la Terre (Earth Observatory) de la NASA fait un inventaire des émissions de SO2 qui étaient inconnues ou mal connues jusqu’à présent.
En utilisant une nouvelle méthode basée sur les observations satellitaires, les scientifiques ont localisé 75 sources naturelles de SO2, ainsi que 39 autres sources importantes, d’origine humaine et non déclarées. On sait depuis longtemps que lorsqu’il est libéré dans l’atmosphère, le dioxyde de soufre se transforme en acide sulfurique (H2SO4), avec de fines particules qui ont des effets néfastes sur la santé et sur l’environnement.
Afin d’élaborer des inventaires complets et précis, les industries, les organismes gouvernementaux et les scientifiques peuvent désormais utiliser les satellites pour repérer les sources de SO2 non répertoriées. En analysant les données pour la période entre 2005 et 2014, les chercheurs ont découvert 39 sources d’émissions de SO2 non signalées précédemment. Parmi elles, on trouve des centrales thermiques brûlant du charbon, des fonderies et des structures pétrolières et gazières, notamment au Moyen-Orient, au Mexique et dans certaines régions de la Russie. En outre, les scientifiques se sont aperçus que les mesures satellitaires des émissions provenant de certaines sources connues étaient deux à trois fois supérieures à ce qui avait été indiqué précédemment en se référant à des estimations effectuées au sol. Au total, les sources non déclarées et sous-déclarées représentent environ 12 pour cent de toutes les émissions anthropiques de dioxyde de soufre, ce qui est considérable.
L’équipe scientifique a également détecté et localisé 75 sources naturelles de SO2, dont beaucoup se trouvent dans des zones volcaniques sans phénomènes éruptifs, mais qui laissent lentement échapper le dioxyde de soufre. Beaucoup de ces sources volcaniques sont dans des endroits éloignés et non surveillés régulièrement. Ces nouvelles données satellitaires sont donc les premières à fournir des informations annuelles régulières sur les émissions volcaniques passives.
La quantification précise des émissions de SO2 a été rendue possible grâce à deux innovations dans l’interprétation des données satellitaires. La première innovation est une amélioration dans le traitement informatique qui transforme les observations satellitaires brutes fournies par l’Ozone Monitoring Instrument (OMI) – instrument de surveillance de l’ozone – en estimations précises des concentrations de SO2, y compris par les installations pétrolières et les centrales électriques de taille moyenne. La seconde innovation est un nouveau programme informatique qui permet de détecter plus précisément le dioxyde de soufre une fois qu’il s’est dispersé et qu’il a été dilué par les vents. Les chercheurs ont combiné ces données avec des modélisations de la force et de la direction du vent pour suivre les polluants jusqu’à leur source.

Source: NASA.

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drapeau-anglaisAn article entitled « Satellite Finds Unreported Sources of Sulfur Dioxide  » published on June 7th, 2016 by NASA’s Earth Observatory makes an inventory of SO2 emissions that were unknown or poorly known until now.

Using a new satellite-based method, scientists have located 75 natural and 39 unreported and major manmade sources of SO2 emissions. When released into the atmosphere, SO2 forms sulphuric acid (H2SO4) and fine particles that have significant adverse effects on human health and the environment.

To develop comprehensive and accurate inventories, industries, government agencies, and scientists can now use satellites to help them pinpoint some of the previously missing sources of SO2. In the analysis of data from 2005 to 2014, researchers found 39 previously unreported emission sources. Among them were clusters of coal-burning power plants, smelters, and oil and gas operations, most notably in the Middle East, but also in Mexico and parts of Russia. Moreover, the satellite measurements of emissions from some known sources were two to three times higher than what was previously reported; referring to ground-based estimates. Altogether, the unreported and underreported sources account for about 12 percent of all manmade emissions of sulphur dioxide, which is considerable.

The research team also located 75 natural sources of SO2, many of them on non-erupting volcanoes that slowly leak the gas. Many of these volcanic sources are in remote locations and not routinely monitored, so this satellite-based data set is the first to provide regular annual information on passive volcanic emissions.

The accurate quantification of SO2 emissions was made possible thanks to two innovations in working with the satellite data. The first innovation was an improvement in the computer processing that transforms raw satellite observations from the Ozone Monitoring Instrument (OMI) into precise estimates of SO2 concentrations, including those emitted by oil-related facilities and medium-sized power plants. The second innovation was a new computer program to more precisely detect sulphur dioxide after it had been dispersed and diluted by winds. The researchers combined those data with model estimates of wind strength and direction to trace pollutants back to their sources.

Source: NASA

SO2

Cette carte montre les émissions de SO2 telles qu’elles ont été détectées au Moyen-Orient entre 2007 et 20019 par l’OMI, mis au point par les Néerlandais et les Finlandais, depuis le satellite Aura de la NASA. (Source : NASA)