Point de non-retour pour les coraux // Tipping point for the corals

Avec le réchauffement climatique, l’expression « point de bascule ou point de basculement » – autrement dit ‘point de non-retour’ – est devenue à la mode, mais pas pour le meilleur. Un « point de bascule » se produit lorsqu’un petit changement fait basculer tout un système vers un nouvel état, en provoquant une transformation importante et durable. Dans le domaine climatique, ces points de non-retour sont des moments précis où la Terre s’est tellement réchauffée que certains effets deviennent irréversibles. Malheureusement, notre planète approche rapidement de multiples points de bascule qui pourraient transformer notre monde, avec des conséquences dramatiques pour les populations et la nature. Parmi ces points de bascule figurent la fonte des calottes glaciaires, le dépérissement de la forêt amazonienne, le blanchissement des récifs coralliens et l’arrêt de courants océaniques vitaux.
Selon un nouveau rapport rédigé par des scientifiques européens, compte tenu de l’état désastreux des récifs coralliens, la Terre a désormais atteint son premier point de basculement en matière de réchauffement climatique d’origine anthropique. Le deuxième rapport mondial sur les points de bascule, publié en octobre 2025, explique que les récifs coralliens d’eau chaude, dont dépendent près d’un milliard de personnes et un quart de la vie marine, sont en train de « dépasser leur point de basculement ». Les récifs coralliens assurent les moyens de subsistance d’un demi-milliard de personnes et fournissent des services écosystémiques. Ils assurent notamment une pêche abondante et la protection vitale des côtes contre les ondes de tempête et la montée du niveau de la mer pour les communautés vivant le long des littoraux. Les coraux sont essentiels à la santé des océans. Bien qu’ils ne couvrent que 0,2 % des fonds marins, ils abritent au moins un quart des espèces marines. Ils offrent un refuge aux jeunes poissons et abritent de petits organismes et des poissons qui servent de nourriture aux poissons de plus grande taille.

Photo: C. Grandpey

Si le réchauffement climatique n’est pas inversé, les vastes récifs tels que nous les connaissons aujourd’hui disparaîtront, même si de petits refuges peuvent survivre et doivent être protégés. Un rapport publié en 2022 a montré que près de 15 % des récifs coralliens ont disparu depuis 2009. Les scientifiques estiment que le point de basculement pour les récifs coralliens se situe probablement autour de 1,2 °C de réchauffement climatique, avec un maximum de 1,5 °C. Au cours des deux années qui ont suivi la publication du Rapport mondial sur les points de bascule, la température globale de la planète a été la plupart du temps supérieure de 1,5 °C au niveau préindustriel. Cela a provoqué des vagues de chaleur marines qui ont entraîné un blanchissement important de 80 % des récifs coralliens. Il est également devenu évident aujourd’hui que le réchauffement climatique dépassera inévitablement 1,5 °C en moyenne, peut-être dès 2030. Par conséquent, les chercheurs ont conclu que les récifs coralliens ont franchi un point de bascule où la majorité d’entre eux souffrent ou subiront un dépérissement généralisé.

Crédit photo: NOAA

La plupart des scientifiques s’accordent à dire que les récifs coralliens ont bel et bien franchi le point de basculement, notamment en Floride et dans les Caraïbes. Certains affirment même que le point de bascule pour les récifs coralliens a été franchi il y a des décennies, et que la transition des récifs coralliens historiques vers un autre type d’écosystème est déjà bien engagée. Le premier épisode de blanchissement corallien à l’échelle mondiale s’est produit en 1998, année particulièrement chaude. Les scientifiques prédisaient alors que ces épisodes de mortalité massive se reproduiraient de plus en plus fréquemment avec la hausse continue des températures due au réchauffement climatique. Ils avaient raison. Par exemple, la Grande Barrière de corail en Australie a connu six blanchissements coralliens à grande échelle au cours de la dernière décennie (en 2002, 2016, 2017, 2020, 2022, 2024 et 2025). Il ne reste aujourd’hui quasiment plus de récifs intacts dans le monde.

Vue de la Grande Barrière (Crédit photo: Wikipedia)

Le dernier rapport mondial sur les points de bascule est un nouveau signal d’alarme pour les gouvernements du monde entier. Ils doivent s’attaquer de toute urgence à la crise des récifs coralliens. La protection locale ne suffit pas ; elle sert trop souvent d’écran de fumée à l’inaction face au réchauffement climatique. Ainsi, des pays comme les États-Unis, l’Australie et l’Arabie saoudite se revendiquent comme des leaders mondiaux en matière de protection des récifs coralliens et de restauration de minuscules zones de ces derniers, tout en refusant de limiter l’utilisation des combustibles fossiles. Cherchez l’erreur !
Source : USA Today via Yahoo News.

———————————————-

With global warming, “tipping point” has become a fashionable expressio, but not for the best. A “tipping point” occurs when a small change tips a system into a new state, causing significant and long-term transformation. With the climate, these points of no return are specific moments when the planet has warmed so much that certain effects become irreversible. Unfortunately, we are rapidly approaching multiple Earth system tipping points that could transform our world, with devastating consequences for people and nature.The tipping points include melting ice sheets, Amazon rainforest dieback, the bleaching of coral reefs and the collapse of vital ocean currents.

According to a new report by scientists in Europe, with the dire condition of the Earth’s coral reefs, the planet has now reached its first tipping point for human-caused global warming. Their second Global Tipping Points Report, released in October 2025 warns that warm-water coral reefs, on which nearly one billion people and a quarter of all marine life depend, are « passing their tipping point. » Coral reefs support the livelihoods of half a billion people, and they provide ecosystem services that include supporting abundant fisheries and providing vital coastal protection from storm surges and rising sea levels for communities living behind them.

Overall, corals are vital to the health of the oceans. Although they cover only 0.2% of the ocean floor, they are home to at least a quarter of all marine species. They provide safety for juvenile fish and are home to small organisms and fish that provide food for larger fish.

Unless global warming is reversed, extensive reefs as we know them today will be lost, although small refuges may survive and must be protected.

A report released in 2022 showed that almost 15% of the planet’s reefs have vanished since 2009. It has been assessed by scientists that the coral reef tipping point is likely around 1.2 degrees Celsius global warming and at a maximum of 1.5 degrees global warming, In the two years since the Global Tipping Points Report was released, the world has spent most of the time at 1.5 degrees above the pre-industrial level. This has caused marine heatwaves that have led to severe bleaching impacts on 80% of the world’s coral reefs. It has also become clear that the world will inevitably exceed 1.5 degrees average global warming, perhaps as soon as 2030. Therefore, the researchers have concluded that coral reefs have passed a tipping point where a majority of them are suffering or will suffer widespread dieback.

Most experts agree that coral reefs have indeed passed their tipping point, especially in Florida and the Caribbean. Some even say that we passed the tipping point for coral reefs decades ago, and the transition from historical coral reefs to a different type of ecosystem is already well underway. The first global-scale coral bleaching event occurred in 1998 which was a particularly hot year. Scientists predicted then that these mass mortality events would reoccur more and more frequently as temperatures continued to increase due to global heating. They were right: The Great Barrier Reef in Australia, for example, has experienced widespread and severe coral bleaching six times in the past decade (in 2002, 2016, 2017, 2020, 2022, 2024 and 2025). There are now almost no unbleached reefs left anywhere in the world..

Once again, the latest Global Tipping Points Report is a wake-up call for the world’s governments to deal urgently with the coral reef crisis. Local protection isn’t enough – and too often it’s a smokescreen for inaction on climate change. For example, countries like the USA, Australia and Saudi Arabia claim to be world leaders in protecting reefs and restoring tiny patches of them, while they still refuse to curtail fossil fuels.

Source : USA Today via Yahoo News.

Récifs coralliens : espoir à Hawaii, inquiétude en Australie // Coral reefs : hope in Hawaii, concern in Australia

Une nouvelle étude à laquelle ont participé des chercheurs de l’Université d’Hawaii se veut plus optimiste sur le comportement des coraux hawaiiens dans un environnement océanique qui devient plus chaud et plus acide. Les scientifiques ont découvert que les trois espèces de coraux étudiées ont connu une mortalité importante dans des conditions qui simulaient les températures et l’acidité océaniques prévues pour les prochaines années. Pratiquement la moitié de certaines des espèces sont mortes, mais aucune d’entre elles n’a connu une dégénérescence complète, et certaines espèces ont même montré un regain de vie à la fin de l’étude.
Selon les auteurs de l’étude, il ne fait aucun doute que les coraux sont en grande difficulté à cause du changement climatique, mais leurs travaux montrent également qu’il y a des raisons d’espérer. 61 % des coraux exposés aux conditions de réchauffement ont survécu, contre 92 % exposés aux conditions de températures océaniques telles que nous les connaissons actuellement.
Les résultats de cette dernière étude montrent un certain optimisme, ils sont aussi plus réalistes que les études précédentes. La dernière a duré 22 mois, contrairement à la plupart des autres travaux qui s’étalaient souvent sur cinq mois au maximum. De plus, les chercheurs ont pris soin de créer des conditions de vie réelles pour les coraux.
Ces derniers ont été placés dans des réservoirs extérieurs avec un environnement imitant les récifs océaniques, avec du sable, des rochers, des étoiles de mer, des oursins, des crabes et des poissons. Ces réservoirs ont également permis une variabilité naturelle des niveaux de température et de pH tout au long de la journée et au fil des saisons, comme cela se passe dans l’océan.
Des échantillons des trois espèces de coraux les plus répandues à Hawaï – Montipora capitata, Porites compressa et Porites lobata – ont été placés dans des réservoirs avec des conditions environnementales différentes : des réservoirs avec les conditions océaniques actuelles, d’autres avec les conditions d’acidification de l’océan, d’autres avec les conditions de réchauffement de l’océan et enfin des réservoirs combinant réchauffement et acidification.
Tout au long de l’étude, les taux de survie ont été de 71 % pour P. compressa, 56 % pour P. lobata et 46 % pour M. capitata. Les coraux ont su s’adapter à la température et à l’acidité supérieures à la moyenne, en particulier les espèces Porites.
Les résultats concernant les deux espèces de Porites donnent des raisons d’espérer car elles font partie des types de coraux les plus répandus dans le monde et jouent un rôle clé dans l’édification des récifs.
Bien que cette étude donne des raisons d’espérer, il ne faut pas se voile la face; cela ne signifie pas que les coraux ne sont pas menacés par le réchauffement climatique. En outre, l’étude n’a pas inclus les facteurs de stress locaux tels que la pollution et la surpêche qui peuvent avoir des impacts négatifs supplémentaires sur les coraux dans certaines zones.
Dans la conclusion de leur étude, les chercheurs expliquent que « les récifs sont attaqués sur plusieurs fronts : réchauffement et acidification des océans, impacts locaux tels que les pratiques de pêche destructrices, la sédimentation et la pollution côtière. Ce sont des problèmes sérieux, mais des solutions sont possibles. Avec une action sensée, nous pouvons contribuer à garantir la présence de récifs coralliens sains au cours de notre vie et celle des générations futures. »
Source : Université d’Hawaï, Big Island Now.

°°°°°°°°°°°°°°°

Si les récifs coralliens à Hawaii donnent des raisons d’espérer, il n’en va pas de même de la Grande Barrière de Corail (Australie). Elle est à nouveau victime du réchauffement climatique, avec un nouvel épisode de blanchissement du corail. Une équipe d’inspection de l’ONU est arrivée sur place pour voir l’étendue des dégâts. La mission va durer une dizaine de jours, avec des survols des quelque 2300 km du site. Les conclusions de la mission seront ensuite transmises à la Commission du patrimoine mondial qui pourrait alors classer la Grande Barrière de Corail comme « site en péril ». C’est un verdict que le gouvernement australien, qui a toujours émis des doutes sur le réchauffement climatique, cherche à éviter absolument parce que ce serait un échec politique avec des conséquences économiques. Cela aurait un impact potentiel sur le tourisme, ressource majeure de la province du Queensland, au nord-est du pays.
En 2021, l’Australie avait évité ce classement, en annonçant un plan massif de plusieurs milliards de dollars pour lutter contre la dégradation de la Grande Barrière. Mais ce plan s’attaque uniquement aux conséquences, pas aux causes, à savoir les émissions de gaz à effet de serre. On sait que l’économie australienne continue de privilégier les énergies fossiles, le charbon en particulier.

Les scientifiques expliquent que le blanchissement du corail est dû à une algue très particulière, surnommée Zooks, qui colore le corail. Quand la température augmente trop, l’algue produit une toxine qui engendre une perte de couleur du corail qui dépérit. Le problème ne concerne pas que le corail car la Barrière abrite de très nombreuses espèces, poissons ou mollusques.

Les scientifiques sont d’autant plus inquiets que les épisodes de blanchissement sont de plus en plus fréquents. C’est le 6e depuis 25 ans, et le 4ème en six ans, après 2016, 2017 et 2020. Cette situation se produit en période El Niña qui apporte généralement des pluies, des nuages et des températures plus fraîches. Malgré cela, le corail ne se régénère pas et ne retrouve pas ses couleurs. ,

Source: presse internationale.

——————————–

A new study that included researchers from the University of Hawaii is painting a more optimistic picture of how Hawaiian corals are faring in warmer, more acidic oceans. The scientists found that the three coral species studied experienced significant mortality under conditions that simulated ocean temperatures and acidity expected in the future. Up to about half of some of the species died, but none of them completely died off, and some actually were thriving by the end of the study.

According to the authors of the study, the re is no doubt that corals are in a lot of trouble due to climate change, but their research also makes it clear that there are reasons for hope. Results showed that 61% of corals exposed to the warming conditions survived, compared to 92% exposed to current ocean temperatures.

While the findings are optimistic, they are also more realistic than previous studies. The last one lasted 22 months, contrary to most similar research, which often spans days and up to five months. In addition, the researchers were careful to create real-life conditions.

Test corals were put in outside tanks designed to mimic ocean reefs by including sand, rocks, starfish, urchins, crabs and fish. These tanks also allowed natural variability in temperature and pH levels throughout the course of each day and throughout seasons, as corals would have experienced in the ocean.

Samples of the three most common coral species in Hawaii – Montipora capitata, Porites compressa and Porites lobata – were placed in tanks with four different conditions: control tanks with current ocean conditions, an ocean acidification condition, an ocean warming condition and a condition that combined warming and acidification.

Throughout the course of the study, survival rates were 71% for P. compressa, 56% for P. lobata and 46% for M. capitata. They were able to adapt to the above-average temperature and acidity, especially the Porites species.

The results concerning the two Porites species might offer particular hope, as they are among the most common types of coral around the world and they have a key role in reef building.

While this study does lead to reasons for optimism, it does not mean corals face no threat under climate change. Besides, the study did not include local stressors such as pollution and overfishing that might have additional negative impacts on corals in some areas.

In the conclusion of their study, the researchers explain that “reefs are being assaulted on multiple fronts, from ocean warming and acidification, to local impacts, such as destructive fishing practices, sedimentation and coastal pollution. These are serious problems, but they are also fixable problems. With sensible action, we can help to ensure that there will still be healthy coral reefs during our lifetimes, and for the generations that come after us.”

Source: University of Hawaii, Big Island Now.

°°°°°°°°°°°°°°°°

If the coral reefs in Hawaii give reason for hope, the same is not true of the Great Barrier Reef (Australia). It is again a victim of global warming, with a new episode of coral bleaching. A UN inspection team arrived on site to see the extent of the damage. The mission will last about ten days, with overflights of some 2300 km. The mission’s conclusions will then be forwarded to the World Heritage Commission, which could then classify the Great Barrier Reef as a « endangered ». It is a verdict that the Australian government, which has always expressed doubts about global warming, seeks to avoid because it would be a political failure with economic consequences. This would have a potential impact on tourism, a major resource in the province of Queensland, in the northeast of the country.
In 2021, Australia avoided this ranking, announcing a massive multi-billion dollar plan to combat the degradation of the Great Barrier Reef. But this plan only addresses the consequences, not the causes, namely greenhouse gas emissions. We know that the Australian economy continues to favour fossil fuels, coal in particular.
Scientists explain that coral bleaching is caused by a very particular algae, nicknamed Zooks, which colors the coral. When the temperature rises too much, the algae produces a toxin that causes the coral to lose colour and wither. The problem does not only concern the coral because the Barrier is home to many species of fish or molluscs.
Scientists are all the more worried as bleaching episodes are more and more frequent. It is the 6th in 25 years, and the 4th in six years, after 2016, 2017 and 2020. This situation occurs during a La Niña period which generally brings rain, clouds and cooler temperatures. Despite this, the coral does not regenerate and does not regain its colours. ,
Source: international news media.

Photo : C. Grandpey

Blanchissement catastrophique de la Grande Barrière de Corail (Australie) // Disastrous bleaching of the Great Barrier Reef (Australia)

L’une des conséquences majeures du changement et du réchauffement climatiques est le blanchissement des récifs coralliens. La situation devient de plus en plus préoccupante sur la Grande Barrière de Corail en Australie. De nouvelles données publiées début avril montrent les effets du réchauffement climatique sur cette merveille naturelle de 2400 kilomètres de long.
Le blanchissement à grande échelle prouve que les coraux sont soumis à un stress intense car les eaux qui les entourent deviennent de plus en plus chaudes. Les océans du monde absorbent 93% de la chaleur générée dans l’atmosphère  par les gaz à effet de serre d’origine anthropique. En conséquence, ils se réchauffent en moyenne à une vitesse 40% plus importante que le pensaient les scientifiques il y a six ans.
Selon une étude récente, 2019 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée pour les océans du monde. Le stress causé par le réchauffement des eaux entraîne généralement la mort des coraux. Dans le passé, ils avaient une chance de se régénérer pendant la phase de refroidissement de l’eau, un processus qui pouvait prendre de 10 à 15 ans. Aujourd’hui, de nombreuses espèces de récifs coralliens dans le monde connaissent une mort à grande échelle. Environ 30% des coraux de la Grande Barrière sont morts après le blanchissement de 2016 qui a été le pire depuis 1998.
Le blanchissement de 2020 semble se classer au deuxième rang, juste après celui de 2016. Les scientifiques ont remarqué une accélération du phénomène au cours des dernières années. Il y avait un écart de 14 ans entre le blanchissement de 2002 et celui de 2016, alors que trois épisodes sévères se sont produits au cours des cinq dernières années.
La Grande Barrière de Corail n’est pas entièrement morte, mais dans de nombreuses sections du récif sont affectées. Sur des centaines de kilomètres, les coraux qui avaient autrefois de belles couleurs sont maintenant blancs, ou gris ; ils se cassent et se couvrent de bactéries.
Les coraux sont des créatures très sensibles. Ce sont de minuscules polypes qui recueillent des algues qui convertissent la lumière du soleil en nourriture. Ils forment des colonies colorées qui construisent une structure calcaire – le récif – sur laquelle elles se développent. Les coraux prospèrent dans l’eau chaude, mais seulement jusqu’à une certaine température. Un excès de deux ou trois degrés peut les tuer.
Les températures de février, pendant l’été dans l’hémisphère sud, étaient bien au-dessus de la limite acceptable pour les coraux. Ce fut le mois le plus chaud jamais enregistré pour la température de l’eau à proximité du récif. Elle était de 0,5 à 1,5°C supérieure à ce qu’elle est habituellement en mars. Dans la partie sud de la Grande Barrière, près du rivage, la température de l’océan était de 2 à 3°C supérieure à la moyenne. Elle était parfois supérieure de plus de 3 degrés Celsius é la moyenne pour cette période de l’année.
Les espèces les plus susceptibles de blanchir et de mourir sont le corail vinaigrier – ou corne de cerf – et d’autres coraux digitiformes, avec des racines et ramifications dont les espaces permettent à de nombreux types de poissons de nager et d’obtenir une protection. Les espèces qui semblent les plus résistantes sont les coraux en forme de dôme, connus sous le nom de coraux cerveaux, qui jouent un rôle important dans la protection contre l’érosion côtière, mais sont moins recherchés par les poissons et autres animaux sauvages.
La hausse de la température de l’eau et ses conséquences pour les coraux pourrait avoir un sérieux effet domino à plus grande échelle. Des centaines de millions de personnes tirent l’essentiel de leurs protéines des poissons des récifs, comme la truite de corail qui est déjà affectée par le blanchissement de la Grande Barrière. De nombreux scientifiques craignent que la perte de cet approvisionnement alimentaire ne devienne une crise humanitaire.
Les coraux ont commencé à montrer des signes de stress en janvier, au moment où les incendies de végétation en Australie étaient les plus intenses. Après une période de temps plus frais en février, la hausse des températures s’est poursuivie de fin février à mars. Les scientifiques ont découvert des coraux morts dans des récifs peu profonds, mais aussi dans des sites plus profonds où ils étaient censés être mieux protégés.
Il convient de rappeler que les scientifiques avaient affirmé il ​​y a 20 ans que les récifs coralliens seraient menacés si les humains ne s’attaquaient pas au changement climatique. Des actions significatives ont été mises sur pied par le gouvernement australien pour protéger la Grande Barrière de Corail. Les travaux déjà entrepris pour améliorer la résilience du récif vont se poursuivre. Le gouvernement investit 1,9 milliard de dollars dans la protection de la Grande Barrière de Corail grâce à des techniques scientifiques et environnementales de pointe. Des investissements supplémentaires pour protéger la couverture corallienne grâce aux étoiles de mer couronnes d’épines (Acanthaster planci), aux programmes de qualité de l’eau, à la surveillance de pointe des environnements récifaux jouent également un rôle clé dans le la protection de la Grande Barrière. Reste à savoir si ces efforts seront suffisants pour freiner le blanchissement galopant des récifs coralliens. .
Source: Presse internationale.

————————————————–

One major consequence of climate change and global warming is the bleaching of coral reefs. The situation is getting more and more worrying on the Great Barrier Reef in Australia. New data released in early April shows example the effects of the phenomenon on this 2,400-kilomere natural wonder.

The mass bleaching indicates that corals are under intense stress from the waters around them, which are getting hotter and hotter. The world’s oceans absorb 93 percent of the heat trapped by the human-made greenhouse gases into the atmosphere. As a result, they are warming up 40 percent faster on average than scientists estimated six years ago.

According to one recent study, 2019 was the hottest year on record for the world’s oceans. For corals, the stress caused by the warming waters usually leads to death. In the past, they might have recovered after the water cooled, a process that could take 10 to 15 years. Now, a wide range of species of coral reefs all over the world are experiencing mass die-offs. Roughly 30 % of the corals on the Great Barrier Reef died after the 2016 bleaching, which was the worst event since 1998.

The 2020 bleaching appears to rank second only to 2016. Scientists have noticed an acceleration in bleaching during the past years. There was a 14-year gap between 2002 and 2016, whereas three severe events occurred during the past five years.

The Great Barrier Reef is not entirely dead, but in many areas of the reef, hundreds of kilometres, corals that were once colourful are now white, brittle and broken, or grey and covered with bacteria.

Corals are very sensitive creatures. They are tiny polyps that gather algae that convert sunlight into food, forming colourful colonies that build a limestone structure – the reef – on which to live. They thrive in warm water, but only up to a point: Just two or three degrees of excess warming can kill them.

Temperatures in February, during the Southern Hemisphere summer, were far above the acceptable limit for corals. It was the warmest month on record for water temperatures near the reef. They were 0.5 to 1.5°C higher than what they usually are in March. In the southern parts of the marine park close to shore, ocean temperatures were 2 to 3°C above average. with readings in some places peaking at more than 3 degrees Celsius above average for the time of year.

The species most likely to bleach and die are staghorn coral and other root and branch corals with spaces that allow many kinds of fish to swim and gain protection. The species that seem hearty enough to survive tend to be dome-like corals, known as brain corals, which play a role in protecting against coastal erosion but are less valuable to fish and other wildlife.

The ripple effect of warmer water temperatures on corals could be significant. Hundreds of millions of people get their protein primarily from reef fish like the coral trout, which is already being affected by the bleaching events on the Great Barrier Reef. Many scientists worry that the loss of that food supply could become a humanitarian crisis.

The corals started to show signs of stress in January, around the same time that Australia’s bush-fire crisis reached its apex. After a stretch of cooler weather in February, the overheating continued from late February through March, with scientists finding dead corals in shallow reef habitats, and bleaching in deeper reef slopes that were believed to be better protected.

It should be remembered that scientists had warned 20 years ago that coral reefs would be at risk if humans did not address climate change. Actions to support the resilience of the Great Barrier Reef are now more important than ever. The Australian government is ready to continue to deliver the work already being undertaken to enhance the resilience of the reef. It is investing $1.9 billion in protecting the Great Barrier Reef through world-leading science and practical environmental outcomes. Additional investments to protect coral cover through crown-of-thorns starfish control (Acanthaster planci), water quality programs, state-of-the-art monitoring of reef environments and reef adaptation are also playing key roles in supporting the Reef. But will all these efforts be enough to slow down the very rapid bleaching of coral reefs?

Source: International press.

Image satellite de la Grande Barrière de Corail (Source : NASA)

 
 

Photos: C. Grandpey

Un banc de ponce bénéfique pour la Grande Barrière de Corail? // A pumice raft beneficial to the Great Barrier Reef?

Dans une note publiée le 20 août 2019, j’indiquais qu’une nouvelle éruption sous-marine avait eu lieu près de Fonualei Island dans l’archipel des Tonga le 7 août 2019, avec de grands nuages d’abord observés à l’horizon. Le 15 août, un catamaran qui faisait route vers les Fidji s’est trouvé nez à nez avec un banc de pierre ponce qui recouvrait complètement la surface de l’océan. Cette immense masse de ponce d’environ 150 kilomètres carrés, si grande qu’elle a été repérée par les satellites, se dirige maintenant vers l’Australie, avec à son bord toute une variété d’organismes marins, notamment des coraux, qui pourraient aider à restaurer la Grande Barrière de Corail.
Les bernacles, les coraux, les crabes et les escargots font partie des organismes qui se trouveront sur le banc de ponce lorsqu’il abordera le littoral australien dans moins d’un an. Il s’agit d’un mécanisme naturel permettant à des espèces de coloniser, de proliférer et de se développer dans un nouvel environnement.
Le plus grand récif corallien au monde, qui abrite une grande variété de vie marine, est menacé par le changement climatique depuis plusieurs années. La hausse des températures a créé un effet de blanchissement des coraux qui entraîne la perte de couleur des invertébrés marins et leur mort.
Selon une étude publiée en avril 2019, les jeunes coraux présents dans la Barrière longue de 2200 km ont diminué de 89% en raison du blanchissement à grande échelle en 2016 et 2017. Avec la probabilité d’un plus grand nombre d’événements de blanchissement provoqués par la hausse de la température de la mer, les scientifiques sont sceptiques quant à la réapparition des coraux. Les récifs coralliens jouent un rôle clé dans les écosystèmes marins en fournissant un habitat aux poissons et en assurant une protection contre les tempêtes et les phénomènes météorologiques extrêmes.
La présence d’un banc de ponce dans la région n’est pas une nouveauté. Comme je l’ai écrit précédemment, une étendue de ponce identique a été observée en 2006 quand une éruption sous-marine, également dans le secteur des Tonga, a permis à plus de 80 espèces de trouver refuge sur la pierre ponce à la dérive. Le phénomène s’est reproduit en 2012 quand un volcan jusqu’alors inactif dans le Pacifique est entré en éruption pendant deux jours.
Source: Time.

———————————————-

In a post released on August 20th, 2019, I indicated that a new underwater eruption took place near Fonualei Island in the Tonga archipelago on August 7th, 2019, with large clouds first observed on the horizon. On August 15th, a catamaran en route to Fiji encountered a pumice raft completely covering the ocean surface. This giant mass of floating pumice, around 150 square kilometres, so large it’s being tracked via satellite, is making its way to Australia, and with it a range of marine organisms including corals that could help restore the threatened Great Barrier Reef.

Barnacles, corals, crabs and snails are among the organisms that will be carried on the pumice raft when it washes up along Australia’s coastline in less than a year. It is a natural mechanism for species to colonize, restock and grow in a new environment.

The world’s largest coral reef, home to a variety of marine life, has come under the threat as a result of climate change in recent years. Warming temperatures have created a coral bleaching effect that causes the marine invertebrates to lose their color and eventually die.

According to a study published in April, baby coral in the 2,200-kilometre-long reef have declined by 89% due to mass bleaching in 2016 and 2017. Given the likelihood of more bleaching events as sea temperatures continue to increase, scientists are skeptical of recovery. Coral reefs play a key role in marine ecosystems, providing a habitat for fish and serving as protection against storms and extreme weather events.

The “raft” phenomenon is not new. As I put it before, a giant floating island of pumice was similarly created in 2006 when an underwater eruption, also in Tonga, led to upwards of 80 different species of marine life finding a home on the drifting rock, and again in 2012 when a previously dormant volcano in the Pacific erupted over two days.

Source: Time.

Banc de ponce dans la région des Tonga en septembre 2001 (Source: NASA)