Une nouvelle étude à laquelle ont participé des chercheurs de l’Université d’Hawaii se veut plus optimiste sur le comportement des coraux hawaiiens dans un environnement océanique qui devient plus chaud et plus acide. Les scientifiques ont découvert que les trois espèces de coraux étudiées ont connu une mortalité importante dans des conditions qui simulaient les températures et l’acidité océaniques prévues pour les prochaines années. Pratiquement la moitié de certaines des espèces sont mortes, mais aucune d’entre elles n’a connu une dégénérescence complète, et certaines espèces ont même montré un regain de vie à la fin de l’étude.
Selon les auteurs de l’étude, il ne fait aucun doute que les coraux sont en grande difficulté à cause du changement climatique, mais leurs travaux montrent également qu’il y a des raisons d’espérer. 61 % des coraux exposés aux conditions de réchauffement ont survécu, contre 92 % exposés aux conditions de températures océaniques telles que nous les connaissons actuellement.
Les résultats de cette dernière étude montrent un certain optimisme, ils sont aussi plus réalistes que les études précédentes. La dernière a duré 22 mois, contrairement à la plupart des autres travaux qui s’étalaient souvent sur cinq mois au maximum. De plus, les chercheurs ont pris soin de créer des conditions de vie réelles pour les coraux.
Ces derniers ont été placés dans des réservoirs extérieurs avec un environnement imitant les récifs océaniques, avec du sable, des rochers, des étoiles de mer, des oursins, des crabes et des poissons. Ces réservoirs ont également permis une variabilité naturelle des niveaux de température et de pH tout au long de la journée et au fil des saisons, comme cela se passe dans l’océan.
Des échantillons des trois espèces de coraux les plus répandues à Hawaï – Montipora capitata, Porites compressa et Porites lobata – ont été placés dans des réservoirs avec des conditions environnementales différentes : des réservoirs avec les conditions océaniques actuelles, d’autres avec les conditions d’acidification de l’océan, d’autres avec les conditions de réchauffement de l’océan et enfin des réservoirs combinant réchauffement et acidification.
Tout au long de l’étude, les taux de survie ont été de 71 % pour P. compressa, 56 % pour P. lobata et 46 % pour M. capitata. Les coraux ont su s’adapter à la température et à l’acidité supérieures à la moyenne, en particulier les espèces Porites.
Les résultats concernant les deux espèces de Porites donnent des raisons d’espérer car elles font partie des types de coraux les plus répandus dans le monde et jouent un rôle clé dans l’édification des récifs.
Bien que cette étude donne des raisons d’espérer, il ne faut pas se voile la face; cela ne signifie pas que les coraux ne sont pas menacés par le réchauffement climatique. En outre, l’étude n’a pas inclus les facteurs de stress locaux tels que la pollution et la surpêche qui peuvent avoir des impacts négatifs supplémentaires sur les coraux dans certaines zones.
Dans la conclusion de leur étude, les chercheurs expliquent que « les récifs sont attaqués sur plusieurs fronts : réchauffement et acidification des océans, impacts locaux tels que les pratiques de pêche destructrices, la sédimentation et la pollution côtière. Ce sont des problèmes sérieux, mais des solutions sont possibles. Avec une action sensée, nous pouvons contribuer à garantir la présence de récifs coralliens sains au cours de notre vie et celle des générations futures. »
Source : Université d’Hawaï, Big Island Now.
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Si les récifs coralliens à Hawaii donnent des raisons d’espérer, il n’en va pas de même de la Grande Barrière de Corail (Australie). Elle est à nouveau victime du réchauffement climatique, avec un nouvel épisode de blanchissement du corail. Une équipe d’inspection de l’ONU est arrivée sur place pour voir l’étendue des dégâts. La mission va durer une dizaine de jours, avec des survols des quelque 2300 km du site. Les conclusions de la mission seront ensuite transmises à la Commission du patrimoine mondial qui pourrait alors classer la Grande Barrière de Corail comme « site en péril ». C’est un verdict que le gouvernement australien, qui a toujours émis des doutes sur le réchauffement climatique, cherche à éviter absolument parce que ce serait un échec politique avec des conséquences économiques. Cela aurait un impact potentiel sur le tourisme, ressource majeure de la province du Queensland, au nord-est du pays.
En 2021, l’Australie avait évité ce classement, en annonçant un plan massif de plusieurs milliards de dollars pour lutter contre la dégradation de la Grande Barrière. Mais ce plan s’attaque uniquement aux conséquences, pas aux causes, à savoir les émissions de gaz à effet de serre. On sait que l’économie australienne continue de privilégier les énergies fossiles, le charbon en particulier.
Les scientifiques expliquent que le blanchissement du corail est dû à une algue très particulière, surnommée Zooks, qui colore le corail. Quand la température augmente trop, l’algue produit une toxine qui engendre une perte de couleur du corail qui dépérit. Le problème ne concerne pas que le corail car la Barrière abrite de très nombreuses espèces, poissons ou mollusques.
Les scientifiques sont d’autant plus inquiets que les épisodes de blanchissement sont de plus en plus fréquents. C’est le 6e depuis 25 ans, et le 4ème en six ans, après 2016, 2017 et 2020. Cette situation se produit en période El Niña qui apporte généralement des pluies, des nuages et des températures plus fraîches. Malgré cela, le corail ne se régénère pas et ne retrouve pas ses couleurs. ,
Source: presse internationale.
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A new study that included researchers from the University of Hawaii is painting a more optimistic picture of how Hawaiian corals are faring in warmer, more acidic oceans. The scientists found that the three coral species studied experienced significant mortality under conditions that simulated ocean temperatures and acidity expected in the future. Up to about half of some of the species died, but none of them completely died off, and some actually were thriving by the end of the study.
According to the authors of the study, the re is no doubt that corals are in a lot of trouble due to climate change, but their research also makes it clear that there are reasons for hope. Results showed that 61% of corals exposed to the warming conditions survived, compared to 92% exposed to current ocean temperatures.
While the findings are optimistic, they are also more realistic than previous studies. The last one lasted 22 months, contrary to most similar research, which often spans days and up to five months. In addition, the researchers were careful to create real-life conditions.
Test corals were put in outside tanks designed to mimic ocean reefs by including sand, rocks, starfish, urchins, crabs and fish. These tanks also allowed natural variability in temperature and pH levels throughout the course of each day and throughout seasons, as corals would have experienced in the ocean.
Samples of the three most common coral species in Hawaii – Montipora capitata, Porites compressa and Porites lobata – were placed in tanks with four different conditions: control tanks with current ocean conditions, an ocean acidification condition, an ocean warming condition and a condition that combined warming and acidification.
Throughout the course of the study, survival rates were 71% for P. compressa, 56% for P. lobata and 46% for M. capitata. They were able to adapt to the above-average temperature and acidity, especially the Porites species.
The results concerning the two Porites species might offer particular hope, as they are among the most common types of coral around the world and they have a key role in reef building.
While this study does lead to reasons for optimism, it does not mean corals face no threat under climate change. Besides, the study did not include local stressors such as pollution and overfishing that might have additional negative impacts on corals in some areas.
In the conclusion of their study, the researchers explain that “reefs are being assaulted on multiple fronts, from ocean warming and acidification, to local impacts, such as destructive fishing practices, sedimentation and coastal pollution. These are serious problems, but they are also fixable problems. With sensible action, we can help to ensure that there will still be healthy coral reefs during our lifetimes, and for the generations that come after us.”
Source: University of Hawaii, Big Island Now.
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If the coral reefs in Hawaii give reason for hope, the same is not true of the Great Barrier Reef (Australia). It is again a victim of global warming, with a new episode of coral bleaching. A UN inspection team arrived on site to see the extent of the damage. The mission will last about ten days, with overflights of some 2300 km. The mission’s conclusions will then be forwarded to the World Heritage Commission, which could then classify the Great Barrier Reef as a « endangered ». It is a verdict that the Australian government, which has always expressed doubts about global warming, seeks to avoid because it would be a political failure with economic consequences. This would have a potential impact on tourism, a major resource in the province of Queensland, in the northeast of the country.
In 2021, Australia avoided this ranking, announcing a massive multi-billion dollar plan to combat the degradation of the Great Barrier Reef. But this plan only addresses the consequences, not the causes, namely greenhouse gas emissions. We know that the Australian economy continues to favour fossil fuels, coal in particular.
Scientists explain that coral bleaching is caused by a very particular algae, nicknamed Zooks, which colors the coral. When the temperature rises too much, the algae produces a toxin that causes the coral to lose colour and wither. The problem does not only concern the coral because the Barrier is home to many species of fish or molluscs.
Scientists are all the more worried as bleaching episodes are more and more frequent. It is the 6th in 25 years, and the 4th in six years, after 2016, 2017 and 2020. This situation occurs during a La Niña period which generally brings rain, clouds and cooler temperatures. Despite this, the coral does not regenerate and does not regain its colours. ,
Source: international news media.
Photo : C. Grandpey
Bonjour Claude.
Lors de mes plongées passées, j’ai vu des zones coralligènes peu ou prou impactées.
Dans des milieux fortement touchés par le réchauffement comme la Mer Rouge (mer presque fermée et fortement polluée, hôtels en bord de récif et navigation importante), les coraux avaient quelques zones blanchies mais foisonnaient de vie.
Dans d’autres, j’ai survolé des plaines complètement blanchies, tout le corail mort, aux abords de certaines zones des Maldives (Praslin). Aucun poisson, aucune algue. Et cela malgré un océan moins sensible aux variations de température.
Et je me rappelle mes mises à l’eau sur la grande barrière au Queensland, dans un mélange de blanchiment et de zones prospères.
Les meilleures zones ? Les Caraïbes, et curieusement, Rodrigues, ou je ne me souviens pas avoir vu du blanc. Mais cela date de plus de 15 ans maintenant.
Bonne journée.
Frédéric.
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Bonjour Frédéric,
De mon côté, je suis allé visiter les coraux en snorkelling à Hawaii (côte ouest de la Grande Ile) et à la Réunion (côte ouest également) et ne n’ai pas vraiment vu de catastrophes. A Hawaii, la faune est beaucoup plus variée et colorée qu’à la Réunion. Quel plaisir de déambuler au milieu des poissons avec parfois une rencontre avec une tortue, une raie manta ou un dauphin!
Amitiés.
Claude
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