Hausse du niveau d’alerte du Mayon (Philippines) // Mayon Volcano’s alert level (Philippines) has just been raised

Le niveau d’alerte du Mayon (Philippines) a été relevé de 1 à 2 le 7 octobre 2022. Depuis que ce niveau d’alerte est passé de 0 à 1 le 21 août, les paramètres indiquant une activité volcanique sont restés généralement stables, sans rien révéler de particulier. Cependant, dans le même temps, la surveillance visuelle et par caméra du cratère sommital révélait une croissance continue de son dôme de lave.
Le 4 octobre 2022, le PHIVOLCS a remarqué que le dôme de lave avait augmenté de volume d’environ 48 000 m3 depuis le 20 août 2022.
L’inspection visuelle du sommet lors d’un survol le 7 octobre a confirmé la présence de lave fraîchement extrudée à la base du dôme de lave sommital.
Les données de déformation du sol à court terme par rapport à août 2022 montrent une déflation de l’édifice volcanique de l’est au sud-est, et une légère inflation sur les flancs ouest à sud-ouest.
Les paramètres de déformation du sol à plus long terme montrent que le Mayon connaît une légère phase d’inflation depuis 2020, en particulier au nord-ouest et au sud-est.
Les émissions de SO2 le 1er octobre 2022 atteignaient en moyenne 391 tonnes par jour, en dessous, don en dessous du niveau de base de référence
La récente hausse du niveau d’alerte signifie qu’il y a actuellement une hausse de l’activité volcanique causée par des processus magmatiques peu profonds qui pourraient éventuellement conduire à des éruptions phréatiques ou même précéder une éruption de plus grande ampleur. Il est fortement conseillé au public d’être vigilant et de s’abstenir de pénétrer dans la zone de danger permanent (PDZ) d’un rayon de 6 km.
Source : PHIVOLCS.

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The alert level for Mayon (Philippines) was raised from 1 to 2 on October 7th, 2022. Since the alert level was raised from 0 to 1 on August 21st, parameters showing volcanic activity have been generally unremarkable. However, visual and camera monitoring of the summit crater revealed a continued growth of its lava dome.

As of October 4th, 2022, the lava dome has increased in volume by approximately 48 000 m3 since August 20th, 2022.

Visual inspection of the summit during an aerial survey on October 7th confirmed the presence of freshly extruded lava at the base of the summit lava dome.

Short-term ground deformation data relative to August 2022 showed deflation on the eastern to southeastern Mayon edifice, and only slight inflation on the general western to southwestern flanks.

Longer-term ground deformation parameters show that Mayon has been slightly inflating since 2020, especially on the northwest and southeast.

SO2 emissions on October 1st, 2022, averaged 391 t/d, below background levels.

The recent raising of the alert level means that there is current unrest driven by shallow magmatic processes that could eventually lead to phreatic eruptions or even precede hazardous magmatic eruption. The public is strongly advised to be vigilant and desist from entering the 6 km radius Permanent Danger Zone (PDZ).

Source: PHIVOLCS.

Le superbe cône du Mayon cache un redoutable tueur (Crédit photo: Wikipedia)

Sinabung (Indonésie): Vers la fin de l’éruption? Oui mais…

drapeau francaisSi vous voulez observer le déroulement des coulées pyroclastiques, je vous conseille cette vidéo de James Reynolds tournée pendant l’éruption du Sinabung:

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-iSFM-T-F_0

En ce  moment, l’éruption du Sinabung semble marquer le pas et on peut se montrer relativement optimiste pour la suite. Certes, des coulées pyroclastiques continuent à dévaler les flancs du volcan mais elles ne dépassent guère un kilomètre de longueur. De plus, depuis quelques jours, une extrusion de lave est observée au sommet. Selon le site Volcano Discovery, elle a donné naissance à une coulée visqueuse d’une longueur d’environ 800 mètres qui atteint la base du cône volcanique. C’est l’instabilité de cette coulée qui génère les avalanches que je viens de mentionner. Son apparition laisse supposer que le magma a perdu une partie de ses gaz et est donc moins explosif. Dans le passé, on a remarqué que l’apparition d’une coulée visqueuse de ce type sur des volcans explosifs, à la suite d’importantes coulées pyroclastiques, marquait souvent le début de la phase finale de l’éruption. Personnellement, je ne pense pas que cette extrusion magmatique soit un bouchon qui bloquerait des gaz et provoquerait une explosion majeure. Si cette dernière avait dû avoir lieu, elle se serait déjà produite.

Le nombre de personnes évacuées atteint actuellement 30 117. Elles ont été relogées provisoirement dans 42 abris. Le gouvernement indonésien, via l’Agence de Gestion des Catastrophes (BNPB), prévoit d’autoriser 13 828 d’entre elles à regagner leurs habitations dans 16 villages situés dans un rayon de plus de 5 km du Sinabung.

Comme je l’ai écrit précédemment, le gouvernement a prévu de reloger définitivement les personnes qui vivent dans un rayon de moins de 3 km du volcan.

Dernière minute: Trois hommes ont été admis ce samedi dans le service de soins intensifs d’un hôpital pour y être traité suite à des graves brûlures. Ils ont été surpris par une coulée pyroclastique lors d’un violent épisode éruptif du Sinabung qui s’était calmé depuis la mi-janvier. Le volcan a émis des panaches de cendre jusqu’à 2 km de hauteur et recouvert la région de cendre grise.

Un homme et son fils se sont fait surprendre alors qu’ils se rendaient dans le village de Sukameriah, à 2,7 km au sud du cratère du Sinabung (donc en zone interdite) afin de se recueillir devant les tombes de parents. Un autre homme qui était venu dans le village pour s’assurer qu’il n’y avait rien d’anormal dans la maison qu’il avait quittée depuis longtemps fut, lui aussi, victime de la coulée pyroclastique.

Dans la mesure où les victimes se trouvaient à l’intérieur de la zone de danger n°1, on peut penser que cet événement ne perturbera pas le retour chez elles des 13 828 personnes évacuées.  Il rappelle toutefois que l’éruption n’est pas terminée et que la plus grande prudence reste de mise.

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drapeau anglaisIf you want to observe the formation of pyroclastic flows, I recommend this video shot by James Reynolds during the eruption of Sinabung :
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-iSFM-T-F_0

At the moment, the eruption of Sinabung seems to have slowed down and we can be fairly optimistic for the future. Sure, pyroclastic flows are still travelling along the flanks of the volcano but they rarely exceed one kilometre in length. Over the last few days, an extrusion of lava has been observed at the summit. According to the Volcano Discovery website, it gave birth to a viscous lava flow, about 800 metres long, that reached the base of the volcanic cone. It is the instability of this flow that generates the hot avalanches I have just mentioned. Its appearance suggests that the magma has lost much of its gas and is less explosive. In the past, it was noted that the occurrence of similar viscous flows on explosive volcanoes, after large-scale pyroclastic flows, often marked the beginning of the last phase of the eruption. Personally, I do not think that this magma extrusion is a plug that would block the gases and ultimately cause a major explosion. If this was to take place, it would have already occurred.

The total number of displaced people has reached 30,117, accommodated in 42 shelters. The government, via the National Disaster Mitigation Board (BNPB), plans to send home 13,828 evacuees from 16 villages whose homes lie beyond a 5-kilometer radius of Mount Sinabung.
As I put it before, the government also plans to relocate residents living within a 3-km radius of the volcano.

Last minute : Three men were treated in the intensive care unit of a hospital for burn injuries on Saturday after being engulfed in a pyroclastic flow from Mount Sinabung in its biggest eruption in recent days. The volcano had shown a reduction of activity since mid-January, but it erupted again on Saturday morning, sending hot rocks and ash up to 2,000 metres into the air, blanketing the surrounding countryside with grey dust.

The man and his son were caught by the clouds when they went to Sukameriah village, 2.7 kilometres south of Sinabung crater (thus within the danger zone) to pay respect at the graves of their relatives. Another man, who came to the village to check his long-abandoned house, was also trapped and injured by the deadly clouds which swamped the village.

In so far as the victims were inside the danger zone, one may think that this event will not postpone the departure of the 13 828 evacuees. However, it should remind people that the eruption is not over and that they should remain very careful.

Nouvelle approche du volcanisme hawaiien // A new approach to Hawaiian volcanism

drapeau francaisUne étude récente menée par des chercheurs des universités d’Hawaï et de Rhode Island donne un nouvel éclairage sur la formation de l’archipel hawaiien. Selon les scientifiques qui ont réalisé cette étude, ce sont les éruptions de surface, autrement dit l’extrusion de lave, qui font grandir les volcans hawaïens, plutôt que la mise en place interne du magma, comme on le pensait auparavant.
Avant cette étude, la plupart des scientifiques pensaient que les volcans hawaïens se développaient principalement en interne, par intrusion du magma dans la roche encaissante et solidification avant qu’il atteigne la surface. Bien que ce phénomène se produise effectivement, par exemple le long de l’East Rift Zone (ERZ) du Kilauea, il ne semble pas être représentatif de l’histoire globale de la formation des îles hawaïennes. Les estimations précédentes (mise en place interne du magma par opposition au débit de lave émise en surface) étaient basées sur des observations sur un laps de temps très court, au sens géologique.
Les chercheurs ont comparé des relevés gravimétriques historiques avec des enquêtes plus récentes effectuées sur la Grande Ile d’Hawaii et sur l’île de Kauai, ainsi que des relevés maritimes fournis par le Centre National de Données Géophysiques. Ces ensembles de données ont permis aux scientifiques d’examiner des processus sur des périodes de temps plus longues.

Il semblerait que les processus à court terme observés actuellement à Hawaii (qui ont tendance à être plus intrusifs) ne représentent pas le caractère prédominant de l’activité volcanique. Cela voudrait dire que, sur le long terme, l’East Rift Zone du Kilauea verra moins d’activité sismique et plus d’activité éruptive qu’on pensait auparavant. L’éruption en cours depuis 30 ans le long de l’ERZ pourrait se prolonger pendant de nombreuses décennies.

Il sera intéressant de savoir comment le rapport intrusif / extrusif influe sur la stabilité des flancs du volcan. On sait que des effondrements se produisent ; ils peuvent aller d’un effondrement de grande ampleur sur le flanc du volcan jusqu’à de simples effondrements de la banquette littorale sur la côte sud de la Grande Ile. Si la majorité des îles se sont formées à partir de flux extrusifs de faible ampleur, alors cela expliquerait certains effondrements qui ont été documentés.
Cette nouvelle approche du volcanisme hawaiien pourrait être utilisée comme point de départ pour d’autres études de la croûte terrestre dans les îles hawaïennes.

Source : Science Daily.

 

drapeau anglaisA recent study by researchers from the Universities of Hawaii and Rhode Island sheds new light on the formation of the Hawaiian Islands . According to the scientists who conducted this study, surface eruptions, i.e. the extrusion of lava, are growing the Hawaiian volcanoes, rather than the internal emplacement of magma , as previously thought.
Before this study, most scientists believed that Hawaiian volcanoes grew mainly internally by intrusion of magma into the surrounding rock and solidification before it reaches the surface. Although this phenomenon actually occurs , for example along the East Rift Zone ( ERZ ) of Kilauea, it does not seem to be representative of the overall history of the formation of the Hawaiian Islands. Previous estimates (internally emplaced magma versus extrusive lava flow) were based on observations over a very short period of time , in the geological sense .
The researchers compared historical gravimetric surveys with more recent surveys on the Big Island of Hawaii and Kauai , as well as marine surveys provided by the National Geophysical Data Center. These data sets have enabled scientists to examine processes on longer periods of time .
It seems that the short-term process currently observed in Hawaii (which tends to be more intrusive ) does not represent the predominant character of volcanic activity . This would mean that, in the long term, the East Rift Zone of Kilauea will show less seismic activity and more eruptive activity than previously thought . The ongoing eruption (30 years long) along the ERZ could last for many more decades .
It will be interesting to see how the intrusive / extrusive ratio affects the stability of the flanks of the volcano. We know that collapses occur; they can range from a large-scale collapses on the flank of the volcano to minor collapses of the coastal bench on the south coast of the Big Island . If the majority of the islands are formed from small-scale extrusive flows, this would explain some collapses that have been documented.
This new approach to Hawaiian volcanism could be used as a starting point for further studies of the crust in the Hawaiian Islands .
Source: Science Daily .

Banquette-littorale

Arrivée de lave sur la banquette littorale  (Photo:  C.  Grandpey)