Eruption du Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion): Dernières nouvelles // Latest news

 8 heures (heure métropole) : L’éruption continue, avec une forte sismicité toujours enregistrée sous la partie sud-est du cratère Dolomieu. L’OVPF précise que ces séismes témoignent de la fragilisation du milieu, soit par une circulation de fluide ou la vidange d’un réservoir, très certainement en lien avec l’alimentation du site éruptif et son regain d’activité. L’observatoire confirme la crainte que j’exprimais hier, à savoir un risque d’effondrement du cratère Dolomieu, ou d’une partie du cratère. En conséquence, la mission de terrain prévue par une équipe de l’OVPF pour réparer une station de surveillance endommagée par l’éruption est annulée.

La coulée est toujours très active. Alors que la branche nord semblait avoir cessé de progresser hier soir, l’attention se focalise désormais sur la branche la plus au sud. La gendarmerie de Sainte Rose va se rendre sur place pour un suivi régulier de son évolution.

Un fort panache de gaz, surtout de SO2, recouvre actuellement la partie sommitale du Piton de la Fournaise car le vent rabat le panache sur ce secteur où on relève aussi une abondance de cheveux de Pele. .

Source : OVPF.

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 8 a.m. (Paris time): The eruption continues, with a strong seismicity still recorded under the south-eastern part of the Dolomieu Crater. OVPF specifies that these earthquakes testify to the weakening of this area, either by a circulation of fluid or the emptying of a reservoir, most certainly in connection with the supply of the eruptive site and its renewed activity. The observatory confirms the fear that I expressed yesterday, namely a risk of collapse of the Dolomieu Crater, or a part of the crater. As a result, the field mission planned by an OVPF team to repair a monitoring station damaged by the eruption is cancelled.
The lava flow is still very active. While the northern branch seemed to have stopped advancing last night, attention is now focused on the southernmost branch. The gendarmerie of Sainte Rose will go on site for regular monitoring of its progress.
A strong plume of gas, especially SO2, currently covers the summit of the volcano because the wind is sending the plume over this sector where there is also plenty of Pele’s hair. .
Source: OVPF.

Image thermique des coulées de lave le 5 avril 2020 vers 20 heures (Source : OVPF)

Évacuation du Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) : Mode d’emploi

Comme je l’ai écrit dans des notes précédentes, le Piton de la Fournaise montre des signes de réveil et il ne serait pas étonnant d’assister à une éruption dans les prochains jours. Malgré tous les instruments disposés sur le volcan, une éruption peut démarrer soudainement et mettre en danger les randonneurs que se trouvent sur le site à ce moment-là. Ainsi, au mois d’octobre 2019, près de 50 randonneurs ont été évacués en urgence, mais sans encombre, du sommet du volcan, quelques heures avant son entrée en activité.

L’excellent Journal de l’Ile de la Réunion nous explique que l’évacuation des touristes présents sur le Piton de la Fournaise au moment du déclenchement d’une éruption est un rituel fixé dans le dispositif spécifique ORSEC Piton de la Fournaise. Dès que le Peloton de Gendarmerie de Haute Montagne (PGHM) reçoit l’arrêté préfectoral d’alerte 1 [éruption probable ou imminente], l’hélicoptère décolle. La Section aérienne de la gendarmerie (SAG) dispose de deux hélicoptères, dont le fameux EC145 à la capacité d’emport étendue, en service depuis bientôt douze ans.

 

Si les prémices d’une éruption volcanique devaient être détectés lors de votre visite au volcan, voici le déroulement des opérations:

Si la météo le permet, les hommes à bord de l’hélicoptère vont effectuer une reconnaissance des itinéraires balisés, en particulier celui du sommet. C’est la raison pour laquelle, en période de « vigilance volcanique », les randonneurs sont invités à ne pas sortir de ces sentiers, pour faciliter leur repérage et leur éventuelle évacuation. Il s’agit du premier niveau d’alerte du dispositif ORSEC Volcan, en vigueur actuellement. Il correspond notamment à la présence de signes d’agitation du Piton de la Fournaise.

Le survol de la zone sommitale est prioritaire. Pour mémoire, en février et en juin 2019, c’est ici qu’ont débuté les deux premières des cinq éruptions de l’année dernière. Les fissures éruptives se sont ouvertes à quelques dizaines de mètres du belvédère sur le cratère Dolomieu, au terminus du sentier d’accès au sommet. Les coulées l’ont d’ailleurs coupé lors de l’éruption de février et ont obligé l’ONF à retracer l’itinéraire pour contourner la zone dangereuse.

Il faut compter environ une demi-heure entre le déclenchement de l’alerte et l’arrivée de l’hélicoptère au volcan. Dès qu’il commence à survoler l’Enclos, les gendarmes utilisent le haut-parleur dont il est équipé pour demander aux randonneurs de faire demi-tour et de regagner leur point de départ.

Arrivé à la zone sommitale, l’appareil se pose ou, si la topographie ne le permet pas, prend appui sur patin pour embarquer le plus efficacement possible le maximum de visiteurs. A son approche, il est fortement recommandé de ranger casquettes, chapeaux et tout ce qui peut voler. Il est demandé de tenir fermement les sacs et bâtons de marche et, si possible, de les replier et de les ranger. Le bon comportement à adopter à ce moment est de se regrouper et de s’accroupir, sans oublier de surveiller les enfants. Attention! Le souffle des pales peut projeter des lapilli et scories tant que l’hélicoptère n’est pas posé.

Les gendarmes ne procèdent en principe pas à un hélitreuillage qui demanderait trop de temps, sauf dans les cas extrêmes, et l’hélicoptère ne coupe pas ses turbines. Attention aux pales qui continuent de tourner ainsi qu’au rotor de queue !! Il faut absolument éviter toute approche inconsidérée. Pour des raisons de sécurité, les randonneurs secourus doivent obéir aux consignes transmises par gestes essentiellement, en raison du bruit. Outre le pilote, un homme de la SAG et un du PGHM gèrent les manoeuvres d’embarquement et de débarquement. Ne jamais se diriger seul vers l’hélico sans y être invité.

Le transfert vers l’aire le Pas de Bellecombe où l’hélicoptère va se poser, à proximité du parking, prend moins de trois minutes. L’arrivée sur l’hélisurface est évidemment plus confortable, mais les mêmes consignes de sécurité sont à respecter. Dès la sortie, les passagers sont invités à s’accroupir ou s’asseoir regroupés à quelques mètres devant la porte l’hélicoptère selon les indications données, en tenant leurs affaires et en sécurisant les enfants. Ne pas chercher à s’éloigner de l’appareil tant qu’il n’a pas redécollé.

En octobre dernier, jusqu’à neuf personnes (dont trois jeunes enfants) ont été évacuées en un seul voyage. La durée du débarquement entre le poser et le redécollage de l’hélicoptère a été de trente-neuf secondes exactement !

Une fois le sommet évacué, l’hélicoptère embarque les randonneurs présents plus bas dans la pente et en particulier les plus vulnérables (personnes âgées, enfants). En fonction de la situation, les autres visiteurs finiront de rentrer à pied.

Si la météo ne permet pas le survol du volcan, comme au mois d’août dernier, les gendarmes du PGHM arpentent à pied l’itinéraire du sommet, après avoir gagné le Pas de Bellecombe en voiture depuis leur base si la couche nuageuse interdit une dépose à la Plaine-des-Cafres.

Une évacuation en hélicoptère laisse toujours un souvenir impérissable à ses bénéficiaires. Même s’ils peuvent être déçus de ne pas avoir pu découvrir le gouffre du cratère Dolomieu, l’émerveillement d’un survol non prévu au programme représente un véritable bonus au cours d’un séjour à La Réunion.

L’article du Journal de l’Ile se termine par un bémol et un conseil à l’attention des autorités. En effet, un gros effort d’information reste à faire à l’égard des quelque 120 000 randonneurs qui descendent chaque année dans l’Enclos. Très peu – souvent aucun – sont informés de l’état du volcan avant de se mettre en route. Les panneaux affichés au niveau du portail d’accès à l’Enclos, de portée générale, ne font aucune référence à l’actualité volcanique en cours et au comportement à adopter en cas de signes d’une prochaine éruption, avant même l’arrivée des services de secours.

Il serait souhaitable que les autorités prennent ces remarques en compte, dans l’intérêt de tous.

Vous pourrez lire l’article dans son intégralité en cliquant sur ce lien :

https://www.clicanoo.re/Societe/Article/2020/01/14/VIDEO-En-attendant-la-prochaine-eruption-evacuation-du-volcan-mode

Vue de l’Enclos Fouqué, avec le beau cratère du Formica Leo au premier plan

Au moindre signe d’agitation du volcan, les autorités ferment le portail d’accès à l’Enclos

Le cratère du Dolomieu, destination finale pour de très nombreux randonneurs

Photos: C. Grandpey

Le Piton de la Fournaise (Ile de la Réunion) sous haute surveillance // Close monitoring of the Piton de la Fournaise

drapeau francaisEn lisant Le Monde du 14 juillet entre deux séquences de défilé à la télé, j’ai appris que des chercheurs dont Florent Brenguier (membre de l’équipe franco-japonaise  qui a déclaré le Mont Fuji dans un « état critique »*) ont mis en place sur le Piton de la Fournaise un nouveau réseau de surveillance sismique composé de trois ensembles carrés de 500 mètres de côté incluant 100 capteurs chacun. Ces capteurs agiront comme des « télescopes » tournés non pas vers le ciel, mais vers l’intérieur du volcan, en particulier le cratère Dolomieu, jusqu’à trois kilomètres de profondeur, juste au-dessus du niveau de la mer. Selon Florent Brenguier, « avec les techniques de surveillance classiques, basées sur l’analyse directe des ondes sismiques, cette partie du volcan est invisible parce que située sous, et non pas sur la principale source de sismicité. L’idée du projet VolcArray est d’utiliser un signal bien plus ténu, mais aussi bien plus profond, pour visualiser cette région du volcan. » Le Piton de la Fournaise a donc intérêt à bien se tenir !

L’installation des capteurs s’est faite avec une météo exécrable à la fin du mois de juin, ce qui n’a pas facilité le travail des scientifiques. Comme le fait remarquer l’auteur de l’article, c’est le revers de la médaille du contrôle à distance des volcans au 21ème siècle. Il faut tout de même aller sur le terrain comme le faisaient les regrettés Krafft dans les années 1980-90. Belle occasion de penser à eux.

* Voir ma note du 9 juillet dernier.

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drapeau anglaisWhile reading Le Monde on July 14th between two sequences of the military parade on TV, I learned that researchers along whom Florent Brenguier (member of the Franco-Japanese team who said Mount Fuji was in a « critical condition » *) have set up on the Piton de la Fournaise a new seismic monitoring network composed of three sets of 500 square metres including 100 sensors each. These sensors will act as « telescopes » directed not toward sky, but toward the inside of the volcano, especially the Dolomieu crater, as deep as three kilometres, just above the sea level. According to Florent Brenguier, « with traditional monitoring techniques based on the direct analysis of seismic waves, this part of the volcano is invisible because it is located underneath, not above the main source of seismicity. The idea of ​​the VolcArray project is to use a much smaller but also much deeper signal, to view this part of the volcano ». The Piton de la Fournaise had better well behave!
The installation of the new sensors was performed with a very poor weather at the end of June, which did not facilitate the scientists’work. As the author of the article puts it, this is the flip side of the remote control of volcanoes in the 21st century. You still need to go on the field as did the Kraffts in the years 1980-1990. This is an opportunity to think about them.
* See my note of July 9.

Piton-blog

Le Piton de la Fournaise vu depuis l’espace en janvier 2009  (Crédit photo:  NASA)