L’aide humanitaire à St Vincent // Humanitarian aid in St Vincent

Selon les scientifiques de l’Université des Antilles (UWI), l’éruption de La Soufruère de St Vincent est loin d’être terminée. Il faut s’attendre à de nouvelles crises éruptives et leur cortège d’explosions, de panaches et de retombées de cendres. On parle beaucoup des manifestations physiques du volcan mais as assez selon moi, des conséquences pour la population de St Vincent et celle des îles voisines de la Caraïbe.

Au cours de cette crise éruptive, l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale (O.E.C.O)* joue un rôle de soutien important afin d’organiser la solidarité entre les chefs de gouvernements des différents États membres.

Des réunions sont organisées régulièrement pour faire le point sur les actions en cours en fonction des besoins. Sur place, les principales demandes concernent l’eau, la nourriture et l’hébergement pour les évacués voulant rester à Saint-Vincent.

Sur les 20 000 personnes dans la zone rouge à évacuer, il était prévu que 8 000 habitants soient évacuées vers la zone sud de l’île chez de la famille et des amis, et que les 12 000 personnes restantes soient hébergées dans des abris. Le problème, c’est que Saint-Vincent n’a qu’une capacité d’accueil de 5 000 personnes dans ses abris.
Les pays de l’OECO avaient initialement prévu d’évacuer en dehors de St Vincent, mais, comme je l’ai indiqué précédemment, la plupart des personnes se sont montré réticentes et le plan a été revu. En conséquence, il faut aujourd’hui trouver ou créer des abris sur place pour ce nombre les personnes qui ont refusé de quitter l’île. .

Plusieurs pays sont toujours prêts à accueillir les personnes qui souhaitent quitter St Vincent. Pour ceux qui souhaitent rester, l’O.E.C.O. envisage de créer des villages temporaires sur l’île, à partir de structures modulaires.

Sur le court terme, l’O.E.C.O. privilégie une aide de produits de première nécessité coordonnée avec des envois vers Saint-Vincent « via les organisations nationales et les autorités régionales ».

Des solutions sur le long terme sont également à l’étude en collaboration avec l’Union européenne. Il s’agit, comme cela avait été fait à la Dominique après l’ouragan Maria en 2017, que Saint-Vincent assure ses propres besoins en eau grâce à des équipements mobiles de dessalement ou de purification.

Il est très difficile de dire combien de temps cette situation va durer. Cependant l’O.E.C.O. table a priori sur au moins 3 mois et a déjà évalué les besoins financiers à hauteur de 100 millions de dollars américains. Ainsi, l’organisation a lancé une campagne de collecte en ligne pour rassembler cette somme. L’Union Européenne s’est déjà engagée à participer à hauteur de 740 000 euros.

*O.E.C.O. : Créée en 1981, l’Organisation des États de la Caraïbe Orientale, O.E.C.O. en français et O.E.C.S. en anglais (Organisation of Eastern Caribbean States), dont le siège est à Sainte-Lucie, est dédiée à l’intégration régionale, sur le modèle de l’Union européenne.

Source : Martinique la 1ère.

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Scientists at the University of the West Indies (UWI) say the eruption of St Vincent’s La Soufruère is far from being over. They expect new eruptive crises with explosions, ash plumes and ashfall. One can read many articles about the physical events of the eruption but not enough is said, in my opinion, about the consequences for the population of St Vincent and that of the neighboring islands of the Caribbean.

During this eruptive crisis, the Organization of Eastern Caribbean States (O.E.C.O) * plays an important support role in order to organize solidarity between the heads of government of the different Member States.

Meetings are organized regularly to take stock of the actions in progress according to the needs. On site, the main requests concern water, food and accommodation for evacuees wishing to stay in Saint-Vincent.

Out of the 20,000 people in the Red zone who have to be to be evacuated, it was planned that 8,000 inhabitants would be evacuated to the southern part of the island with family and friends, and that the remaining 12,000 people would be accommodated in shelters. The problem is that Saint-Vincent can only accommodate 5,000 people in its shelters.

The OECS countries had originally planned to evacuate people outside of St Vincent, but, as I mentioned earlier, most people were reluctant to do so and the plan had to be revised. As a result, it is now necessary to find or create shelters in place for this number of people who have refused to leave the island.

Several countries are always ready to welcome people who wish to leave St Vincent. For those who wish to stay, the O.E.C.O. plans to create temporary villages on the island with modular structures.

In the short term, the O.E.C.O. favors aid for basic necessities coordinated with shipments to Saint-Vincent « via national organizations and regional authorities ».

Long-term solutions are also being explored in collaboration with the European Union. As was done in Dominica after Hurricane Maria in 2017, this involves Saint-Vincent ensuring its own water needs through mobile desalination or purification equipment.

It is very difficult to say how long this situation will last. However the O.E.C.O expects it to last at least 3 months and has already assessed financial needs of 100 million US dollars. The organization has launched an online fundraising campaign to collect this sum. The European Union has already pledged to participate with an amount of 740,000 euros.

* O.E.C.O. : Created in 1981, the Organization of Eastern Caribbean States (O.E.C.S), headquartered in Saint Lucia, is dedicated to regional integration, on the model of the European Union.

Source: Martinique la 1ère.

La Soufrière de St Vincent : pas d’évacuations par la mer // St Vincent’s La Soufriere : no evacuations by the sea

Le gouvernement de Saint-Vincent-et-les Grenadines a déclaré qu’il n’utiliserait pas de navires de croisière de luxe pour évacuer les personnes de la zone rouge de Saint-Vincent, alors même que les scientifiques préviennent que les explosions et les retombées de cendres qui les accompagnent continueront probablement de se produire au cours des prochains jours avec le risque de coulées pyroclastiques.

De nombreux habitants de St Vincent ont exprimé le désir de rester «chez eux» plutôt que d’être évacués vers certaines îles voisines des Caraïbes. En conséquence, le nombre de personnes susceptibles de monter à bord de ces navires est très faible. Si nécessaire, les autorités locales affréteront des navires plus petits, comme ceux qui assurent les liaisons entre les îles.

Les autorités locales insistent sur le fait que les personnes qui entrent dans les abris n’ont pas obligation d’être vaccinées contre le COVID. Lorsqu’elles entrent dans l’abri, elles peuvent être testés mais ce protocole n’est pas obligatoire. Cependant, les personnes vivant dans les abris doivent porter des masques et respecter la distanciation sociale.

Une autre raison pour laquelle les gens veulent rester à St Vincent est que certains pays ont indiqué que s’ils étaient prêts à accueillir des gens, mais ces personnes devraient être vaccinées.

Plus de 17 000 personnes ont dû abandonner leur maison, tandis que 3 200 se trouvent dans les abris mis à disposition par le gouvernement.

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The St. Vincent and the Grenadines government has said it will not use luxury cruise ships to evacuate persons from the Red Zone area in St Vincent, even as scientists warn that explosions and accompanying ashfall are likely to continue to occur over the next few days with the risk of pyroclastic flows.

Many St Vincent residents have expressed a desire to remain “home” rather than be evacuated to some neighbouring Caribbean islands. As a consequence, the number of people likely to go on board ths ships is very small. If necessary, local authorities will charter smaller vessels like those which ply between the islands.

Local authorities insist that people who enter the shelters don’t have to be vaccinated against COVID. When they enter the shelter, they can be tested but this protocol is not compulsory. However, people in the shelters should wear masks and keep social distancing.

Another reason why people do not want to go elsewhere is that some countries have indicated that while they were willing to take people, those persons would have to be vaccinated.

Reports indicate that more than 17,000 people had to abandon their homes, while some 3,200 are said to be in government shelters.

Panache éruptif du 13 avril 2021 (Source : UWI)

La crise éruptive du Sinabung en passe de devenir une crise humanitaire // Mt Sinabung’s eruptive crisis might become a humanitarian crisis

drapeau francaisLe Sinabung est en éruption depuis Septembre 2013. Même si les écoulements pyroclastiques sont moins intenses que pendant les premiers mois de l’éruption, ils sont toujours une menace et sont capables de tuer, comme on a pu le voir avec les 16 décès du 1er Février.
En conséquence, les dizaines de milliers de personnes évacuées qui vivent dans 42 abris mis en place dans des zones plus sûres sont peu susceptibles de regagner prochainement leurs domiciles. Pour le moment, la volcanologie est incapable de prédire comment va évoluer une éruption de ce type, avec effondrements du dôme de lave accompagnés d’explosions. Sur la base de ce que l’on a pu observer lors d’éruptions similaires sur d’autres volcans, il semble que l’activité soit susceptible de durer encore longtemps, peut-être des semaines, voire des mois et il serait certainement dangereux de réduire la zone de danger de 5 km de rayon.
Les personnes déplacées auront besoin de moyens de subsistance pour les prochains mois car la plupart de leurs cultures ont été détruites. Depuis le mois de septembre, la Croix-Rouge a distribué de trois millions de litres d’eau potable, de la nourriture et des couvertures, ainsi que 200 000 masques pour éviter l’inhalation de cendres volcaniques ; elle a également fourni un soutien psychologique aux personnes dans les abris. En effet, les personnes qui sont restées dans des centres d’évacuation temporaires pendant des semaines commençaient à être affectées psychologiquement, avec des signes de stress et d’angoisse à la pensée que les récoltes allaient être perdues, ainsi que l’argent qui en découle. La plupart des habitants de la région vivent d’une agriculture de subsistance et tirent leurs revenus de la culture du café, du cacao ou des fruits. Leurs fermes et leurs maisons ont été détruites et ils ne savent pas ce que l’avenir leur réserve.
Les habitants de16 villages situés à plus de 5 kilomètres du cratère ont été autorisés à rentrer chez eux la semaine dernière après une période de nette baisse d’activité du Sinabung, mais des dizaines de milliers de personnes sont encore dans les abris. C’est là que la crise volcanique devient une crise humanitaire. Gérer un grand nombre de personnes évacuées qui doivent rester loin de leurs maisons et leurs moyens de subsistance pendant une période indéterminée est un véritable défi.
Comme je l’ai écrit auparavant, le Président indonésien a visité les camps il y a quelques jours et exhorté les autorités à améliorer l’assainissement, la nourriture et d’autres services à l’attention des personnes vivant dans les abris temporaires.
Un programme « argent contre travail » a été lancé ; chaque famille reçoit 50 000 roupies (environ trois euros) par jour. Plus de 6000 élèves, de l’école primaire à l’université, recevront des bourses afin de pouvoir poursuivre leurs études. Les prêts qui avaient été accordés aux personnes évacuées seront révisés afin qu’elles puissent bénéficier d’une réduction des intérêts.
Malgré tous ces efforts, la vie promet d’être difficile pour tous les villageois qui ont dû quitter leurs fermes, parfois définitivement.

Source: The Jakarta Globe.

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drapeau anglaisMount Sinabung has been erupting since September 2013. Even though the pyroclastic flows are less powerful than during the first months of the eruptions, they are still a menace and are able to kill as could be seen with the 16 deaths of February 1st.

As a consequence, the tens of thousands of evacuees who live in 42 shelters set up in safer zones are unlikely to return home soon. At the moment, volcanology is unable to predict how an eruption of this style, with collapses of the lava dome producing explosions, will progress. Based on what we have observed on similar eruptions on other volcanoes it does seem that the activity could last for quite a long time, which might be weeks or months and it would certainly be hazardous to reduce the 5-km-radius danger zone.

The displaced people will need livelihood support for the next few months, as many of their crops have been destroyed. Since September, the Red Cross has distributed three million litres of clean water, food and blankets, as well as 200,000 face masks to prevent volcanic ash from being inhaled, and has also provided psychological counselling for displaced residents. Indeed, some who had been staying in temporary evacuation centres for weeks had already begun suffering psychologically, showing signs of stress, worrying about the loss of their crops and the income from them. Most residents in the area are subsistence farmers and make their living growing coffee, cocoa or fruit. Their farms and homes have been destroyed and they don’t what they are going to do in the future.

Residents living in 16 villages farther than 5 kilometres from the crater were allowed to return home last week after days of non-activity at Mount Sinabung, but tens of thousands are still in the camps. This is where the volcanic crisis becomes a humanitarian crisis. How to handle the large number of evacuees having to stay away from their homes and livelihoods for an indeterminate amount of time is one of the biggest challenges.

As I put it before, the Indonesian President visited the camps a few days ago and urged the authorities to improve sanitation, food and other services for people living temporary shelters.

A cash-for-work program has been started in which each family receives 50 000 rupees (about three euros) per day. More than 6,000 students from primary school to university level will receive scholarships so they can continue their education. The loans of displaced residents will be restructured with reduced interest.

Despite all these efforts, life promises to be hard for all the villagers who had to leave their farms, sometimes definitely.

Source: The Jakarta Globe.

Les réfugiés du Sinabung // Mount Sinabung’s refugees

drapeau francaisL’éruption du Sinabung a débuté en novembre 2013 et plus de 25000 personnes s’entassent toujours dans des structures mises en place dans des zones censées être plus sures. Comme je l’ai indiqué dans des notes précédentes, si les personnes évacuées ne sont plus sous la menace des coulées pyroclastiques, elles vivent dans un univers de cendre qui pose de sérieux problèmes à leur santé. Les 17 décès recensés jusqu’à présent sont probablement dus à des maladies causées par la mauvaise ventilation à l’intérieur des abris où s’entassent les réfugiés. Des masques de protection contre la cendre ont bien sûr été distribués, mais cela fait plus d’une semaine que la distribution a cessé.

L’eau potable fait cruellement défaut et la quantité fournie est largement insuffisante pour répondre aux besoins des habitants des abris. Par exemple, deux citernes de 4000 litres alimentent quotidiennement l’un des abris où s’entassent près de 3000 personnes qui, par ailleurs, doivent partager en tout et pour tout quatre toilettes. Les ordures s’entassent devant les abris et sont rarement collectées.

Pourtant, les autorités locales affirment qu’elles font tout leur possible pour venir en aide aux personnes évacuées et leur demandent de ne pas revenir dans leurs villages. Elles indiquent que chaque abri dispose d’une assistance médicale. Les cas les plus graves sont orientés vers l’hôpital où les frais sont pris en charge par le gouvernement.

Contrairement à ces affirmations, les réfugiés se plaignent du manque d’aide médicale et regrettent la passivité du gouvernement, surtout en ce qui concerne l’alimentation en eau. Les occupants des abris restent plusieurs jours sans pouvoir se laver. [A noter que le Président indonésien a donné des instructions, il y a quelques jours, pour que cette situation soit améliorée.]

Alors que l’éruption du Sinabung dure depuis plus de trois mois, des voix se font entendre pour que le gouvernement déclare l’état de catastrophe naturelle, ce qui l’obligerait à apporter une plus grande aide à la région. On reproche au gouvernement, qu’il soit central ou local, de donner plus d’importance à la politique qu’au sort des personnes évacuées. Il faut dire que des élections auront lieu dans trois mois… Comme l’a dit un député à la Chambre des Représentants : « Le gouvernement à tous les niveaux commet une injustice envers ces gens qui souffrent. Ils ont besoin de solutions concrètes, pas de fausses promesses qui sont des expédients politiques ».

Source : Presse indonésienne.

En cliquant sur ce lien, vous verrez un article du journal The Telegraph accompagné d’une vidéo intéressante de l’éruption du Sinabung.

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/indonesia/10587465/Dramatic-footage-of-rare-volcanic-lightning-as-Mt-Sinabung-spews-river-of-fire.html

 

drapeau anglaisThe eruption of Mount Sinabung started in November 2013 and more than 25,000 people are still living in shelters set up in areas that are supposed to be safer. As I put it in a previous note, even though the evacuees are no longer under the threat of pyroclastic flows, they are still affected by the ash of the volcano which poses serious problems to their health. The 17 deaths that have been reported so far were probably due to illnesses caused by the poorly ventilated structures where these people are crammed together. Protective face masks were initially distributed among people coming to the shelters, but have not been handed out for more than a week.

Clean water is also in short supply and not enough to meet even the most basic needs of the shelters’ inhabitants. For instance, two 4,000-litre tanker trucks are coming to one of the shelters daily, but this is not enough for its nearly 3,000 inhabitants who also have to share all of four toilets. Besides, trash is piling up, with no one clearing it away.

Local authorities are saying they are doing all they can to provide the evacuees with assistance, including reminding them not to return to their villages. They also say they have medical personnel at every shelter. Individuals who require more serious treatment are being advised to go to a hospital, and the government will pay for their treatment.

However, the people in the shelters complain that the number of medical workers is not sufficient and that the government is not doing enough, especially about the water supply, with people having to go days without washing. [N.B.: A few days ago, the Indonesian President gave instructions to improve the situation.]

With the eruption dragging on for more than three months now, calls are mounting for the government to declare the situation a national disaster, which would compel it to give greater priority to relief efforts. The local and central government are accused of being more focused on politics than on the plight of the evacuees, given that the elections are just three months away. Said one member of the House of Representatives: “Officials at all levels of government have done an injustice to these people who are suffering. They need concrete solutions, not false promises that are politically expedient.”

Source: Indonesian newspapers.

By clicking on this link, you will find an article of The Telegraph together with an interesting video of the Sinabung eruption:

http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/asia/indonesia/10587465/Dramatic-footage-of-rare-volcanic-lightning-as-Mt-Sinabung-spews-river-of-fire.html

Sinabung-blog

Le panache de cendre du Sinabung vu depuis l’espace le 16 janvier 2014.  (Crédit photo: NASA)