Le lac d’eau du Kilauea (Hawaï) // Kilauea’s water lake (Hawaii)

Bien que le Kilauea ne soit pas actuellement en éruption à Hawaï, le volcan est célèbre pour les lacs de lave qui bouillonnent souvent dans le cratère sommital. Cependant, fin juillet 2019, une pièce d’eau verte a remplacé le lac de lave dans l’Halema’uma’u et elle pu être observée pendant environ 18 mois. Voir les notes que j’ai écrites à propos de ce lac le 6 août et le 12 octobre 2019, ainsi que le 18 août 2020.

Au début, la mare d’eau était relativement petite, d’une dizaine de mètres de diamètre, et peu profond. (Crédit photo : HVO)

Dans un article de la série Volcano Watch, les scientifiques de l’Observatoire Volcanologique d’Hawaï (HVO) expliquent que la surveillance et l’étude du lac étaient importantes car la présence d’eau augmentait le risque d’explosions phréatiques violentes, en sachant que de telles éruptions avaient été observées sur le Kilauea par le passé.
Pendant tout le temps de la présence du lac dans le cratère de l’Halema’uma’u, le HVO a surveillé de près sa couleur, son niveau et sa température. En effet, des phénomènes comme un changement soudain de couleur ou un bouillonnement à la surface peuvent être des précurseurs d’éruptions.

Crédit photo: HVO

Les mesures du niveau de l’eau effectuées par le personnel du HVO ont révélé qu’il montait régulièrement et n’était pas affecté par les précipitations. Cela signifie qu’il était alimenté par les eaux souterraines. Les mesures effectuées par caméra thermique ont également montré que l’eau était très chaude (jusqu’à environ 80 °C), de sorte qu’au moins la moitié des eaux souterraines qui entraient dans le lac s’évacuait par évaporation.

Crédit photo: HVO

Le lac était inaccessible à pied et l’utilisation d’un hélicoptère pour échantillonner l’eau a été jugée trop dangereuse. Le HVO a obtenu des échantillons d’eau du lac à l’aide de drones, la première fois le 26 octobre 2019, puis le 17 janvier 2020. Un troisième échantillonnage a été effectué le 26 octobre 2020. Les échantillons ont révélé que la composition chimique du lac avait très peu changé entre la première et la troisième campagne d’échantillonnage.

 

(Crédit photo : HVO)

L’eau du lac était acide (pH d’environ 4), mais pas aussi acide que la plupart des lacs volcaniques acides dans monde qui présentent souvent un pH d’environ 1, voire moins pour le Kawah Ijen en Indonésie. L’eau du lac du Kilauea contenait de grandes quantités de fer, de magnésium et de soufre dissous. Les géochimistes du HVO ont conclu que le fer et le magnésium provenaient des roches basaltiques du Kilauea. Le fer était également responsable des différentes couleurs du lac. La couleur verdâtre initiale était due à la forme de fer présente dans les basaltes du Kilauea. Au fur et à mesure que le fer séjournait de plus en plus longtemps dans l’eau et entrait en contact avec l’oxygène de l’atmosphère, il se transformait en une autre forme de fer, avec des minéraux de couleur orange et marron, semblables à la rouille qui se forme sur les objets métalliques. Cela explique pourquoi la couleur du lac est passée du vert au marron au fil du temps. L’eau verte visible fréquemment sur les bords du lac était la preuve que le lac était constamment alimenté par les eaux souterraines avec la forme verte du fer. Au début, les scientifiques du HVO ont pensé que le soufre détecté dans l’eau pouvait être dû à la dissolution de gaz sulfureux, comme le SO2, émis par le magma situé sous le lac. Cependant, une étude du type de soufre dans l’eau, ainsi que du niveau d’acidité (pH 4) de cette eau, ont révélé que le soufre du lac provenait plutôt de minéraux d’altération sulfatés, déposés sur les roches voisines pendant de nombreuses années, qui s’étaient dissous dans l’eau.
Le lac n’a montré aucun changement significatif avant l’éruption de décembre 2020. Heureusement, la lave a percé la surface à côté du lac, de sorte qu’aucune explosion phréatique majeure ne s’est produite. Au lieu de cela, en un peu plus d’une heure, toute l’eau qui s’était accumulée au fond du cratère a été vaporisée par la chaleur de la lave.
L’Halemaʻumaʻu a ensuite retrouvé sa lave. Les eaux souterraines au sommet du Kilauea sont nettement plus profondes que le plancher actuel du cratère. En conséquence, si l’apparition d’une nouvelle pièce d’eau ne peut être exclue, le HVO ne s’attend pas à en voir une de sitôt dans le cratère de l’Halema’uma’u.

Source : USGS / HVO.

 

Au mois de décembre 2020, le lac de lave avait fait son retour sur le plancher de l’Halema’uma’u (Crédit photo : HVO)

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Although Kilauea is currently not eruptiing in Hawaii, the volcano is famous for the lava lakes that bubble in the summi crater. However, in late July 2019, a puddle of green water had replaced the lava lake in Halema’uma’u and stayed there for about 18 months. See the posts I wrote about this lake on August 6th, October 12th 2029, and August 18th, 2020.

In a Volcano Watch article, the Hawaiian Volcano Observatory (HVO) scientists explain that monitoring and understanding the lake was important because the presence of water increased the possibility of violent phreatic explosions, without forgetting that such eruptions had been observed at Kilauea in the past.

During the lake’s lifetime, the HVO kept a close eye on the color, level, and temperature of the lake. Indeed, phenomena like a sudden color change or boiling can be precursors to eruptions.

The water level measurements made by HVO staff revealed that the lake rose steadily and was not affected by rainfall, which meant that it was fed by groundwater. Measurements made by thermal camera also showed that the water was so warm (up to about 80°C) that at least half the groundwater flowing into the lake evaporated away rather than remaining in the lake itself.

The lake was inaccessible on foot, and using a helicopter to sample the water was deemed too hazardous. HVO obtained water samples from the lake using drones, first on October 26th, 2019, next on January 17th, 2020. A third sampling was conducted on October 26th, 2020. The samples revealed that the chemical composition of the lake changed very little in the year between the first and third sampling campaigns.

The lake water was acidic (pH of approximately 4), but not as acidic as most acid volcanic lakes around the world (pH of about 1), and it contained large amounts of dissolved iron, magnesium, and sulfur. HVO geochemists concluded that the iron and magnesium were leached from Kilauea’s basaltic rocks. The iron also was responsible for the lake’s many colors. The initial greenish color was due to the form of iron that exists in Kilauea basalts. As that iron in the water spent more and more time in the lake and in contact with oxygen in the atmosphere, it transformed to another form of iron that creates orange- and brown-colored minerals, similar to rust that forms on metal objects. That explains why the lake changed color from green to brown over time. The green water that frequently reappeared at the lake’s edges was a proof that the lake was consistently being fed by groundwater with the green form of iron.

Initially, HVO scientists thought that the sulfur that was detected in the water might be the result of the lake dissolving sulfur gases, like SO2, being released from magma below. However, careful study of the type of sulfur in the water, along with the pH 4 acidic level of this water, revealed that the lake’s sulfur was instead derived from sulfate alteration minerals,deposited on the nearby rocks for years and years, that had dissolved into the water.

The lake didn’t show any changes before the December 2020 eruption. Fortunately, lava erupted adjacent to the lake rather than through it, so no large phreatic explosions occurred. Instead, in just over an hour, all the water accumulated over the past year and a half was boiled away by lava flows.

Halemaʻumaʻu has since been filled by lava, and groundwater in the Kilauea summit is significantly deeper than the current crater floor, well beneath the surface. So, though another water lake is not out of the question in Kilauea’s future, HVO is not expecting one any time soon.

Source : USGS / HVO.

Le procès suite à la catastrophe de White Island // The lawsuit after the White Island disaster

White Island est une île volcanique active située dans la partie nord-est de la Bay of Plenty (Baie de l’Abondance) en Nouvelle-Zélande.
Le 9 décembre 2019, le volcan est entré en éruption et a envoyé une déferlante roches, de cendres et de sédiments chauffés à haute température.
Voici une vidéo tournée par l’un des touristes qui se trouvaient sur l’île et qui a survécu à l’éruption :

https://edition.cnn.com/videos/world/2023/07/13/new-zealand-white-island-volcano-trial-lon-orig.cnn

14 Australiens, cinq Américains, deux Néo-Zélandais et un Allemand ont été tués pendant l’éruption. De nombreuses autres personnes ont subi des blessures horribles,. Il a fallu mettre rapidement sur pied une opération médicale à grande échelle. Les victimes ont été prises en charge par des unités de soins pour grands brûlés à travers la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Il y avait 47 touristes sur White Island lorsque l’éruption volcanique s’est produite. L’île appartient aux frères Andrew, James et Peter Buttle, gestionnaires de la compagnie Whakaari Management Limited (WML).
Six parties, dont deux voyagistes et la WML, ont été accusées d’avoir enfreint les règles de santé et de sécurité avant la catastrophe. Selon les procureurs, les touristes n’ont reçu aucune mise en garde de santé et de sécurité avant de débarquer sur White Island. L’un des procureurs a déclaré : « L’activité touristique sur White Island était une entreprise risquée. Elle supposait la visite d’un volcan actif en conduisant les gens au cœur du cratère dans des circonstances où personne ne pouvait prévoir quand une éruption pourrait se produire. Tout le monde sait que le moment de cette éruption ne pouvait être prévu… mais il était prévisible qu’elle puisse survenir à un moment ou un autre. » Le procureur a fait valoir que la société propriétaire du volcan n’avait pas compris le risque.
Six sociétés, dont White Island Tours, qui a transporté par bateau vers le site volcanique 21 des personnes tuées, ont déjà plaidé coupable. Chacune des sociétés jugées encourt une amende maximale équivalente à 840 000 euros. Chacun des propriétaires de l’île encourt une amende maximale de 170 000 euros. .
Suite à la catastrophe, les touristes ne sont plus autorisés à visiter l’île.
Source : médias néo-zélandais.

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White Island is an active volcanic island in New Zealand’s northeastern Bay of Plenty region.

Here is a video shot by one of the personns on the island at the time of the eruption. On December 9th, 2019, the volcano erupted, releasing a high temperature plume of rock and ash in the air.

Here is a video shot by one of the tourists who were on the island and who survived the eruption:

https://edition.cnn.com/videos/world/2023/07/13/new-zealand-white-island-volcano-trial-lon-orig.cnn

In total, 14 Australians, five Americans, two New Zealanders and one German were killed. Many more people suffered horrific injuries, prompting a massive medical operation that saw victims treated in burns units across New Zealand and Australia. There were 47 tourists on White Island when the volcanic eruption happened. The island was owned by the brothers Andrew, James and Peter Buttle under Whakaari Management Limited (WML).

Six parties, including two tour companies and the WML, have been charged with breaching health and safety regulations in the lead-up to the disaster. According to the prosecutors, the tourists received no health and safety warning before they landed on White Island.  One of the prosecutors said : « The business of tourism on White Island was a risky business. It involved tours to an active volcano, taking people to the heart of the crater in circumstances where no one could predict when an eruption might occur. No one is suggesting that the timing of this eruption could have been predicted… but it was foreseeable that it may erupt at some point. » The prosecutor argued that the company that owned the volcano failed to understand the risk.

Six companies, including White Island Tours, which ferried 21 of those killed to the volcanic site by boat, have already pleaded guilty. Each of the companies on trial faces a maximum fine of 840,000 euros. Each of the brothers charged faces a maximum fine of 170,000 euros. .

Following the disaster, tourists are no longer allowed to visit the island.

Source : New Zealand news media.

White Island en janvier 2009 (Photos: C. Grandpey)

L’éruption de White Island (2019) au cinéma // A movie after the 2019 White Island eruption

Le 9 décembre 2019, une explosion soudaine s’est produite à White Island (Nouvelle-Zélande). Elle a tué 21 personnes et blessé 26 autres. Parmi les 47 victimes, il y avait 24 Australiens, 9 Américains, 5 Néo-Zélandais, 4 Allemands, 2 Chinois, 2 Britanniques et un Malaisien. La plupart de ces touristes ne portaient que des T-shirts et des shorts. 38 étaient des passagers d’un navire de croisière – l’Ovation of the Seas – qui effectuait un voyage de 12 jours autour de la Nouvelle-Zélande. Ils avaient acheté l’excursion sur White Island auprès d’une agence de voyage néo-zélandaise. J’ai décrit l’événement et ses conséquences dans plusieurs notes de ce blog. Dans les jours et semaines qui ont suivi la catastrophe, il s’est agi de trouver qui était responsable de la sécurité des touristes et de savoir si des manquements étaient constatés, bref, qui pouvait être tenu pour responsable du drame.
Un film intitulé « The Volcano : Rescue From Whakaari » vient de sortir. Il a été réalisé par Rory Kennedy. Pour autant que je sache, il ne peut être vu que sur Netflix. On peut lire qu’il s’agit d’« un récit précis de l’éruption volcanique de Whakaari / White Island. […] Le film raconte viscéralement une journée où des gens ordinaires ont été appelés à faire des choses extraordinaires, tout en plaçant cet événement tragique dans le contexte plus large de la nature, de la résilience et du pouvoir de notre humanité commune. »
À en juger par la bande-annonce, il s’agit d’un film catastrophe américain typique qui s’appuie sur des événements réels. J’ai décrit avec détail ce qui s’est passé sur l’île que j’ai moi-même visitée en janvier 2009.

Au final, la tragédie a montré qu’on ne sait pas prévoir les éruptions volcaniques, encore moins sur ce type de volcans explosifs de la Ceinture de Feu du Pacifique. Je pense que tenir les volcanologues néo-zélandais responsables de la mort de ces personnes serait un non-sens. De la même manière, le navire de croisière et l’agence de voyage doivent-ils être tenus responsables? Je ne le pense pas. Le niveau d’alerte volcanique n’était pas particulièrement élevé et aucune éruption n’était envisagée par les agences volcanologiques néo-zélandaises. La suite se résume à une bataille d’avocats et une question d’argent. Il était clair que les participants blessés et ceux – ou leurs familles – qui avaient perdu un être cher voulaient des compensations financières.
Voici la bande-annonce du film:
https://youtu.be/hnxGV9RQutE

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On Dcember 9th, 2019, a sudden explosion occurred at White Island (New Zealand). It killed 21 people and injuring 26 others. The 47 people were identified as twenty-four Australians, nine Americans, five New Zealanders, four Germans, two Chinese, two Britons and one Malaysian. Many of them were just wearing T-shirts and shorts for the day. Of these people, 38 were passengers on a shore excursion from the cruise ship Ovation of the Seas which was on a 12-day voyage around New Zealand. I described the event and its consequences in several posts on this blog. Questions were asked about who was responsible for the safety of tourists and, if failings are found, who would be held accountable

A film entitled “The Volcano: Rescue From Whakaari” has just been released. It was directed by Rory Kennedy. As far as I know it can only be seen on Netflix. It is supposed to be « a close examination of the Whakaari / White Island volcanic eruption. […] The film viscerally recounts a day when ordinary people were called upon to do extraordinary things, placing this tragic event within the larger context of nature, resilience, and the power of our shared humanity. »

Judging from the trailer, it is a typical American disaster movie based on real events. I carefully described what happened on this island I personally visited in January 2009. In the end, the tragedy showed that we cannot predict eruptions, even less on this type of explosive volcanoes of the Pacific Ring of Fire. I think that holding NZ volcanologists responsible for these people’s deaths would be a nonsense. In the same way, should the cruise ship and the travel agency be held resposible ? I don’t think so. The alert level for the volcano was not very high and no eruption was predicted by the NZ volcanological agencies. The rest was just battle of lawyers and a matter of money. It was clear to me that the participants who were injured and those – or their families – who lost a dear person wanted financial compensations.

Here is the trailer :

https://youtu.be/hnxGV9RQutE

White Island avant et après l’éruption (Photos: C. Grandpey, GeoNet)

Eruption de White Island (Nouvelle Zélande) : GNS Science devant la justice ! // White Island eruption : GNS Science in court !

En 2019, une soudaine éruption explosive à White Island (Nouvelle-Zélande) a causé la mort de 22 touristes qui visitaient le volcan et en a blessé 25 autres. Aujourd’hui, GNS Science est poursuivie en justice et est accusée de ne pas avoir prédit l’événement. L’agence de recherche scientifique néo-zélandaise plaide non coupable.
Les agences scientifiques ont rarement fait l’objet d’accusations criminelles à la suite de catastrophes naturelles. Certains scientifiques craignent qu’une plainte contre une telle agence à propos des informations qu’elle diffuse ait un effet paralysant sur la capacité des organisations scientifiques à fournir des conseils pour gérer les risques naturels. D’autres scientifiques pensent que l’issue du procès pourrait clarifier le rôle et la responsabilité de GNS Science et de ses coaccusés pour assurer la sécurité des habitants et les informer des dangers potentiels. Un avocat néo-zélandais a déclaré : « L’une des questions que soulève cette affaire est de savoir jusqu’où une organisation scientifique doit aller pour présenter des informations d’une manière accessible au public, et comment évaluer si elle l’a fait correctement. »
Selon un vulcanologue australien, la tragédie de 2019 était « une catastrophe inévitable ». Il signale qu’une éruption semblable s’était produite en avril 2016, mais de nuit, alors que personne n’était présent dans le cratère.
En novembre 2020, WorkSafe New Zealand, organisme qui régit et réglemente la santé et la sécurité au travail en NZ, a porté deux accusations contre GNS Science. Elles couvrent une période allant d’avril 2016 à décembre 2019 et les deux dernières éruptions. Chacune de ces accusations est passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 1,5 million de dollars néo-zélandais (1 million de dollars américains).
C’est la première fois qu’une agence scientifique est inculpée en vertu de la loi néo-zélandaise de 2015 sur la santé et la sécurité au travail. Cette loi s’applique en général aux lieux de travail tels que les usines. Les responsables de WorkSafe New Zealand expliquent que même si l’éruption a été soudaine, elle n’était pas imprévisible. Toute organisation ou personne impliquée dans l’envoi de personnes sur l’île avait le devoir de protéger les personnes dont elle avait la charge.
Les co-accusés dans cette affaire comprennent sept voyagistes et la NEMA (National Emergency Management Agency) qui gère les situations d’urgence en NZ. La première accusation allègue que GNS Science n’a pas assuré la sécurité des pilotes d’hélicoptère embauchés pour conduire son personnel sur l’île. La seconde accusation allègue que GNS Science aurait dû consulter et collaborer avec d’autres agences et voyagistes, et examiner et « analyser le contenu et la diffusion de ses bulletins d’alerte volcanique » pour s’assurer qu’ils « informent réellement sur les conséquences de l’activité volcanique ».
GNS Science publie via le service GeoNet des bulletins d’alerte volcanique pour les 11 volcans actifs de Nouvelle-Zélande et le champ volcanique qui sommeille sous la ville d’ Auckland. GeoNet diffuse ces bulletins auprès des médias et de la NEMA, mais aussi du public. Les bulletins contiennent des observations sur l’activité volcanique et incluent le niveau d’alerte volcanique qui comprend une échelle de 0 à 5.
Le public pense souvent, à tort, que le niveau d’alerte volcanique fournit une prévision éruptive, mais ce n’est pas le cas en Nouvelle-Zélande. Il fournit uniquement une indication sur la situation volcanique à un moment donné. Il n’indique pas de risque futur. On ne sait pas actuellement à qui incombe la responsabilité d’évaluer les risques associés aux visites et aux travaux effectués sur White Island. Ce point va être éclairci devant les tribunaux.
Si GNS Science devait être déclaré coupable, cela pourrait conduire d’autres agences scientifiques qui fournissent des informations sur les risques naturels, tels que les séismes, les inondations et les incendies de forêt, à se demander quelles informations elles peuvent fournir sans être traînées devant la justice, et comment les communiquer.
Ce qui se passe en ce moment en NZ rappelle la situation en Italie à la suite du séisme de L’Aquila qui a fait 309 morts en 2009. Six scientifiques ont été reconnus coupables d’homicide involontaire avant d’être acquittés en appel. L’affaire a conduit la communauté géoscientifique internationale à réfléchir sur la meilleure façon de communiquer les risques au public.
Au Japon, contrairement aux États-Unis, en Nouvelle-Zélande ou en Italie, la Japan Meteorological Agency (JMA) émet des alertes volcaniques qui lient explicitement l’alerte à des niveaux de danger bien précis. Les alertes comprennent également des mesures, telles que l’évacuation, que la population doit respecter.
En Italie, suite à l’affaire de L’Aquila, les rôles et les responsabilités des scientifiques et de la Protection Civile en matière de gestion et communication des risques sont désormais clairement définis.
Les visites de White Island sont suspendues depuis l’éruption de 2019, et il y a un débat sur leur reprise.
Source : Nature.

NB: Comme je l’ai expliqué dans des notes précédentes (voir en particulier celles du 14 juin et du 3 décembre 2020) , l’affaire de White Island est aussi une affaire de gros sous. Les familles des personnes disparues pendant la catastrophes ainsi que les personnes blessées ont attaqué en justice les différents protagonistes.

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In 2019, a sudden explosive eruption of White Island (New Zealand) caused the deaths of 22 tourists who were visiting the volcano and injured 25 others.Today, GNS Science is going to court and is accused of not having predicting the event. The science research agency has pleaded not guilty to the criminal charges laid in the wake of the eruption.

Science agencies have rarely faced criminal charges following natural disasters. Some experts fear that pressing charges against a science agency in relation to the information it releases could have a chilling effect on the ability of scientific organizations to provide advice used to manage natural hazards. Others say that the trial’s outcome might clarify the roles and responsibilities of GNS Science and its co-defendants in keeping people on the island safe and informed of potential dangers. A NZ lawyer said : “One of the questions this case raises is how far a scientific organization has to go in terms of presenting information in a manner that is accessible to the public, and how you would assess if they have done so.”

According to an Australian volcanologist, the 2019 tragedy was “a disaster waiting to happen”. He points to an eruption in April 2016 that was comparable in size, but happened to occur at night, when no one was present.

In November 2020, the country’s workplace health and safety regulator, WorkSafe New Zealand, laid two charges against GNS Science. They cover a period from April 2016 until December 2019, spanning both recent eruptions. Each carries a penalty of a fine of up to NZ$1.5 million (US$1 million).

This is the first time a scientific agency has been charged under New Zealand’s Health and Safety at Work Act of 2015, which is usually applied in workplaces such as factories. WorkSafe New Zealand officials explain that although the eruption was unexpected, it was not unforeseeable, and any organization or individual involved in getting people to the island had a duty to protect those under their care.

Co-defendants in the case include seven tour operators and the National Emergency Management Agency (NEMA). The first charge alleges that GNS Science failed to ensure the health and safety of helicopter pilots it hired to take its employees to the island. The second alleges that GNS Science should have consulted and coordinated with other agencies and tour operators, and reviewed “the structure, content and delivery of its volcanic alert bulletins” to ensure that they “effectively communicated the implications of volcanic activity”.

GNS Science issues volcanic alert bulletins for New Zealand’s 11 active volcanoes and the volcanic field that sits beneath Auckland, through a service called GeoNet, which disseminates them to registered media and emergency-response agencies and to the public. The bulletins contain observations about volcanic activity and include the volcanic alert level which includes a scale from 0 to 5.

One common public misconception is that volcanic alert level systems provide a forecast, but that’s not the case in New Zealand. They are simply a measure of what’s going on with a volcano at the time. New Zealand’s volcanic alert level system does not indicate future risk, and it is currently unclear where the responsibility lies for assessing risks associated with visiting or working on White Island. This point is going to get tested in court.

A guilty verdict for GNS Science could leave other scientific agencies that provide information about natural hazards, such as earthquakes, floods and wildfires, questioning what information they can provide without incurring liability, and how to communicate it.

The current case brings to mind what happened in Italy following the 2009 L’Aquila earthquake which killed 309 people. Six scientists and one government official were initially convicted of manslaughter. The scientists’ convictions were overturned on appeal, but the case led to a reckoning in the international geoscience community over how best to communicate risk to the public.

In Japan — unlike the United States, New Zealand or Italy — the national meteorological agency issues volcanic warnings that explicitly link the alert to specified danger levels. The warnings also include measures, such as evacuation, that residents and others must take.

In Italy, the upshot of the L’Aquila case was that the roles and responsibilities of scientists and the Department of Civil Protection in regards to managing and communicating risk are now clearly defined, says.

Tours of White Island have been suspended since the 2019 eruption, and there is debate about whether they should resume.

Source : Nature.

NB: As I explained in previous posts (see in particular those of June 14th and December 3rd, 2020), the White Island case is also a matter of big money. The families of people who died during the disaster as well as those injured took legal action against the various protagonists.

Photo: C. Grandpey