Des squelettes de baleines sous un glacier // Whale skeletons under a glacier

Avec le réchauffement climatique, les glaciers fondent à une vitesse incroyable et ouvrent un nouveau champ de recherche : l’archéologie glaciaire. C’est un sujet que j’ai abordé dans une note publiée le 28 janvier 2018. Des artefacts, corps humains et d’animaux et virus enfouis dans la glace depuis des millions d’années émergent maintenant à la surface. La fonte des glaciers permet également aux archéologues d’explorer des zones autrefois trop dangereuses d’accès.
Les archéologues n’ont pas à s’inquiéter de la décomposition des objets enfouis dans la glace car ils sont bien préservés par cette dernière. Certains des sites les plus riches en découvertes se trouvent en Norvège et en Sibérie.
La découverte en 1991 d’Ötzi (voir ma note du 4 mars 2023) dans un glacier des Alpes italiennes reste la plus spectaculaire de l’archéologie glaciaire. Ce n’est toutefois pas la seule découverte remarquable des deux dernières décennies.

Début 2025, des scientifiques de l’Institut de recherche arctique et antarctique ont découvert qu’un glacier de l’île Wilczek, dans l’Arctique russe, reculait extrêmement rapidement, et que ce recul rapide avait mis au jour un cimetière d’ossements de baleines. La mission scientifique étudiait le dégel du pergélisol dans la région lorsqu’elle a fait cette découverte.
À l’aide d’images satellite, les chercheurs ont comparé la position actuelle et passée du glacier et ont constaté que la calotte glaciaire sur l’île s’était scindée en deux parties en moins de 20 ans. En réalité, le recul du glacier s’inscrit dans un contexte beaucoup plus vaste. Une étude précédente, réalisée en février 2025, a révélé que depuis 2000, les glaciers ont perdu environ 5 % de leur glace à l’échelle mondiale.
La profonde fracture ouverte dans la glace a révélé plusieurs kilomètres carrés de la surface de l’île, et mis au jour un grand nombre d’ossements de baleines. Certains sont encore en assez bon état. Cependant, les chercheurs font remarquer que les carcasses sont moins bien conservées près du littoral, où elles ont eu plus de temps pour se décomposer, et sont mieux conservées au plus près du glacier.
Selon un article publié par l’agence de presse Tass, la découverte paléontologique révèle un épisode de changement extrêmement rapide du niveau de la mer dans la région de l’archipel le plus septentrional d’Eurasie, survenu au cours des derniers millénaires.
Source : Live Science.

Crédit photo: Nikita Demidov, Arctic and Antarctic Research Institute.

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With global warming, glaciers are melting at an incredible speed and have opened up a new field of research : glacial archaeology., a topic I have already developed in a post published on January 28th, 2018. Artifacts, bodies, and viruses frozen deep in ice for millions of years are now emerging to the surface. Melting glaciers are also allowing archaeologists to explore areas that were once too dangerous to reach.

Glacial archaeologists do not have to worry about buried objects decaying as they are well preserved by the ice. Some of the most productive sites include Norway and Siberia.

The 1991 discovery of Ötzi (see my post of March 4th, 2023) in a melting glacier in the Italian Alps currently remains the greatest discovery for glacial archaeology. But it’s not the only noteworthy find of the last two decades.

Earlier in 2025, scientists from the Arctic and Antarctic Research Institute have discovered that a glacier on Wilczek Island, in the Russian Arctic, is retreating extremely quickly and its rapid retreat has exposed a graveyard of ancient whale bones. The research expedition was studying the thawing of permafrost when they made the discovery.

Using satellite imagery, the scientific team compared current and past positions of the glacier. The researchers found that the ice cap on the island had split into two parts over a period of less than 20 years. Actually, the glacier’s decline is part of a wider shift. A previous study performed in February 2025 found that since 2000, glaciers have lost about 5% of their ice globally.

The large fissure in the ice revealed several square kilometers of the island’s surface, which held a large number of whale bones. Some of the skeletons are well preserved. However, the bones are worst preserved near the seashore, where they have had longer to thaw, and are best preserved closest to the glacier.

According to an article released by the Tass press agency, the paleontological find indicates an episode of extremely rapid sea level change in the area of the northernmost archipelago of Eurasia, which occurred in the last few thousand years.

Source : Live Science.

Fonte accélérée des glaciers islandais // Accelerated melting of Icelandic glaciers

Dans une note publiée le 29 mai 2025, j’expliquais que les glaciers islandais continuent de fondre et disparaître à un rythme effréné. 70 des 400 glaciers du pays ont disparu à jamais. Le Met Office islandais explique qu’en seulement un quart de siècle, la couverture de glace a diminué d’environ 10 % et que l’épaisseur des glaciers diminue en moyenne d’un mètre par an. La perte de masse glaciaire en Islande est l’une des plus élevées au monde.
Pour sensibiliser le public à la gravité du problème, les Islandais ont inauguré le premier « cimetière de glaciers » au monde. Ce cimetière commémore les glaciers sur l’île et dans le monde qui ont disparu ou sont menacés par le réchauffement climatique. Le site comprend 15 pierres tombales, sculptées dans la glace par le sculpteur sur glace islandais Ottó Magnússon.

Crédit photo: Nations Unies

La fonte rapide des glaciers met en péril non seulement les paysages naturels du pays, mais aussi son avenir économique. Si l’eau de fonte des glaciers bonifie actuellement la capacité hydroélectrique de l’Islande, fournissant environ 73 % de son électricité, les scientifiques prévoient un pic de fonte d’ici 40 à 50 ans. À ce moment-là, l’eau de fonte diminuera,et réduira inévitablement la production énergétique nationale.
Les scientifiques ont effectué certaines projections qui montrent que l’Islande pourrait ne plus être recouverte de glace d’ici 200 ans.

Le Solheimajöjull, un glacier au recul ultra rapide (Photo : C. Grandpey)

Un article publié fin juillet 2025 dans l’Iceland Monitor nous apprend que de nouvelles images satellites du Skeiðarárjökull, une langue glaciaire du Vatnajökull, révélées par le programme Copernicus, montrent que le glacier a reculé d’environ 500 mètres à un kilomètre au cours des huit dernières années, autrement dit depuis la prise des premières photos.
Une tendance similaire est observée pour l’ensemble des glaciers islandais, qui perdent environ dix milliards de tonnes de masse par an. Le Skeiðarárjökull recule de 50 à 100 mètres chaque année, parfois même davantage.
D’après les données de l’Institut des sciences de la Terre de l’Université d’Islande, basées sur des mesures du bilan de masse concernant l’ensemble de la surface du Skeiðarárjökull, le glacier rétrécit d’un à deux kilomètres cubes par an depuis 1995. Le recul des glaciers s’est considérablement accéléré vers le milieu des années 1990.

Vue du Skeiðarjökull (Photo: C. Grandpey)

Les glaciologues islandais confirment que le réchauffement atmosphérique est le principal facteur de recul des glaciers en Islande. Les chutes de neige hivernales restent à peu près les mêmes, mais la fonte pendant les étés chauds dépasse de loin ce qui était observé auparavant.

Source : Iceland Review, Copernicus, Université d’Islande.

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In a post written on 29 May 2025, I explained that Iceland’s glaciers continue to vanish at a rapid pace, with 70 of the nation’s 400 glaciers lost.

The Icelandic Met Office explains that in just a quarter of a century, ice cover has shrunk by roughly 10%, and glacial thickness is declining by an average of one metre annually. The rate of glacial mass loss is among the highest in the world.

To raise awareness of the severity of the issue, some Icelanders have opened the world’s first “glacier graveyard”. The graveyard commemorates both local and global glaciers lost or endangered by global warming. The site includes 15 tombstones, carved from ice by Icelandic ice sculptor Ottó Magnússon, that pay tribute to Switzerland’s extinct Pizol and Iceland’s Okjökull, among others.

Glaciers melting at such a fast rate does not just jeopardise the country’s natural landscape, but also its economic future. While glacier runoff currently boosts Iceland’s hydroelectric capacity, providing around 73% of its electricity, scientists predict a peak in meltwater within 40–50 years. When that time comes, runoff will decline, reducing energy output nationwide.

Some projections suggest Iceland might become ice-free within 200 years.

An article publised in the Iceland Monitor by the end of July 2025 explains us that striking new satellite images of Skeiðarárjökull, a glacial tongue of Vatnajökull, from the Copernicus program, show that the glacier has retreated by about half a kilometer to one kilometer over the past eight years since earlier images were taken.

A similar trend is evident across Iceland’s glaciers, which are collectively losing about ten billion tonnes of mass annually. Skeiðarárjökull is retreating by 50–100 meters each year, sometimes even more.

According to data from the Institute of Earth Sciences at the University of Iceland, based on mass balance measurements across the entire ice surface of Skeiðarárjökull, the glacier has been shrinking by one to two cubic kilometers per year since 1995. The retreat of glaciers accelerated notably around the mid-1990s.

Icelandic glaciologists do confirm that atmospheric warming is the main factor driving glacier retreat in Iceland. Winter snowfall remains about the same, but melting during warm summers far exceeds what was previously observed.

Source : Iceland Review, Copernicus, University of Iceland.

Réchauffement climatique : des satellites européens pour cartographier la Terre et mesurer le CO2

Alors que les États-Unis de Donald Trump se désengagent des questions climatiques, l’Union Européenne – grâce à l’Agence spatiale européenne (ESA) – prend le chemin inverse. .

Dans la nuit du 25 au 26 juillet 2025 a eu lieu à Kourou (Guyane) le lancement de plusieurs satellites essentiels pour le suivi du réchauffement climatique et de ses conséquences. Cinq microsatellites placés à bord de la fusée Vega-C ont décollé de la base spatiale européenne et rejoint l’espace. Ils permettront de cartographier la Terre en 3D et d’évaluer les flux de dioxyde de carbone à l’échelle européenne. Les quatre satellites de la constellation CO3D permettront de mieux comprendre à quelle vitesse les glaciers fondent, quel sera le niveau des océans dans les prochaines années et à quel rythme le littoral s’érode. En effet, les quatre satellites ont pour mission de: cartographier la Terre en trois dimensions. Comme l’explique un scientifique, on pourra ainsi reconstruire précisément le relief d’un bassin-versant, on verra les chemins qu’empruntent les eaux de pluie pour rejoindre leur cours d’eau et la modification de ces chemins au cours du temps, Au final, on pourra mieux anticiper les risques d’inondation. La nouvelle constellation satellitaire va répondre à un vrai besoin car on n’a jamais eu la capacité d’obtenir une vision 3D de l’ensemble de la planète à travers des observations spatiales. Sa durée de vie est d’environ huit ans.

Le satellite MicroCarb, lui aussi à bord de la fusée, a pour mission cartographier les sources et puits de dioxyde de carbone à travers la planète. Un tel instrument est nécessaire pour affiner les données sur le réchauffement climatique. Grâce à lui, on pourra mieux comprendre, par exemple, pourquoi certaines années, la végétation absorbe plus de carbone que d’autres, et où sont les principaux puits de carbone ; sont-ils plutôt dans les zones boréales ou au contraire dans les zones de moyennes latitudes ? Comme l’explique un chercheur : « Cela va nous permettre de mieux comprendre l’évolution annuelle du dioxyde de carbone dans l’atmosphère. »

Il s’agit du troisième lancement de l’année depuis le centre spatial guyanais, et le deuxième lancement de Vega C. Un prochain lancement, avec le lanceur Ariane 6, est prévu courant août.

NDLR : Les mesures satellitaires viendront donc en complément de celles effectuées au sommet du Mauna (Loa (Hawaï) et traduites par la Courbe de Keeling à laquelle je fais souvent référence. Là encore, avec la politique climatique de Donald Trump, rien ne dit que la Courbe de Keeling sera éternelle. Il sera donc très utile d’avoir ces mesures satellitaires pour connaître les fluctuations du CO2 dans l’atmosphère..

Source : France Info et ESA.

 

Lancement de la susée Vega-C avec les satellites MicroCarb et CO3D (Source : CNES, ESA).

Islande : l’éruption faiblit mais continue // Iceland : the eruption is declining but continuing

La dernière mise à jour du Met Office islandais (25 juillet 2025) indique que l’activité volcanique a diminué depuis la veille, mais reste actuellement relativement stable, avec des coulées de lave qui se dirigent vers l’est et le sud-est depuis la dernière bouche active sur la fissure éruptive. Le champ de lave couvre une vaste zone et s’épaissit progressivement. Une fine croûte s’est formée à la surface de la lave récemment émise. Elle peut se rompre soudainement et provoquer des sorties de lave rapides et soudaines. Il est donc crucial de maintenir une distance de sécurité avec cette zone et toute visite à proximité du site doit tenir compte de ce risque. Ce danger est particulièrement présent dans la partie sud du champ de lave, près de Sandhóll.

Les mesures de déformation du sol n’indiquent aucun changement ces derniers jours, sans soulèvement ou affaissement sous Svartsengi.

La carte ci-dessous montre l’évolution des contours du nouveau champ de lave entre le 18 et le 23 juillet. La majeure partie de la lave s’est écoulée vers le sud-est en direction de Fagradalsfjall et a progressivement rempli les dépressions à la base de la montagne, au nord et au sud.

Source : Met Office.

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The Icelandic Met Office’s latest update (July 25th, 2025) indicayes that volcanic activity has decreased since the day before but has remained relatively stable since then, with continued lava flow to the east and southeast from the main crater.The lava field covers a large area and is mostly thickening. A thin crust has formed on top of the flowing lava, which may rupture suddenly and cause rapid lava surges without warning. It is therefore crucial to maintain a safe distance from the lava, and any visits near the site should take this hazard into account. This danger is especially present in the southern part of the lava field, near Sandhóll.

Ground deformation measurements indicate no changes in recent days, with no signs of uplift or subsidence beneath Svartsengi.

The map below shows how the outlines of the new lava field changed between July 18 and July 23. Most of the lava has flowed southeast toward Fagradalsfjall and has gradually filled depressions along the base of the mountain, both to the north and south.

Source : Met Office.