Kilauea (Hawaï) : c’est reparti ! // Kilauea (Hawaii) : new eruptive episode !

Comme prévu, l’Épisode 18 de l’éruption du Kilauea (Hawaï) a débuté à 22h01 (heure locale) le 16 avril 2025, lorsque la lave a commencé à s’écouler de la bouche éruptive nord. Comme je l’ai déjà mentionné, l’Épisode 18 a été précédé d’une forte lueur au niveau de la bouche nord, lueur qui s’est intensifiée le 16 avril et a commencé à produire des épisodes de spattering espacées de 10 à 20 secondes. Le phénomène a continué à augmenter en taille et en fréquence jusqu’à environ 21h30, lorsque des fontaines de 3 à 5 mètres de haut ont commencé à apparaître. Actuellement, l’éruption alimente des coulées qui s’étalent sur le plancher du cratère de l’Halemaʻumaʻu.
Source : HVO.

Image webcam de l’Épisode 18

À noter que depuis 23h20 (heure locale) l’éruption est en panne. Le bouillonnement de lave a cessé dans la bouche éruptive nord et la lave ne s’écoule plus sur le plancher de l’Halema’uma’u. Simple pause ou arrêt définitif de l’épisode éruptif? Les prochaines heures nous le diront.

Dans un message diffusé à 9h10 (heure locale) – 10h10 (heure française) le 17 avril, le HVO explique que l’activité a brutalement cessé à 23h21 le 16 avril. La lueur au niveau de la bouche sud a disparu lorsque la lave a débordé de la bouche nord, mais est revenue une fois les coulées de lave terminées. Cette activité devrait annoncer la phase de fontaines de lave de l’Épisode 18, et de nouvelles coulées pourraient précéder cette phase. Les tiltmètres affichent un signal inflationniste permanent depuis la fin de l’épisode 17. Cela indique que le magma est prêt à percer la surface.

Le 17 avril au soir (heure française), la direction prise par les gaz a permis d’observer les chamboulements subis par cette partie du cratère de l’Halema’uma’u et la hauteur du double cône éruptif (image webcam)

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As expected, Episode 18 of the Kilauea eruption (Hawaii) began at 10:01 p.m. (local timr) on April 16, 2025 when lava started overflowing from the north vent. As I put it before, Episode 18 was preceded by glow from the south vent that increased on April 16 and began regular spattering at 10-20 seconds apart. Spatter bursts continued to increase in size and frequency until about 9:30 p.m. when 3-5 meter high dome fountains began. Currently the eruption is feeding lava flows that extend a short distance onto the Halemaʻumaʻu crater floor.

Source : HVO.

It should be noted that since 11:20 p.m. (local time), the eruption has stopped. Lava bubbling has stopped in the northern eruptive vent, and lava is no longer flowing onto the floor of Halema’uma’u. Is this a simple pause or has the eruptive episode ended? The next few hours will tell.

In a message released at 9:10 (local time) – 10:10 (French time) on April 17th,, HVO explains thaactivity ended abruptly at 11:21 p.m. On April 16th. Glow from the south vent disappeared when the north vent had overflows but returned once north vent flows ceased. This is considered precursory activity to the main fountaining phase of Episode 18 and there could be more lava flows preceding the fountaining phase.The tiltmeters continue to show an inflationary signal that has been persistent since the end of episode 17. This shows that more magma is ready to erupt.

Le CO2 de La Palma (Îles Canaries) // Carbon dioxide at La Palma (Canary Islands)

L’éruption de la Cumbre Vieja, sur l’île espagnole de La Palma, aux Canaries, a fait la Une des médias pendant plusieurs semaines, entre le 19 septembre et le 13 décembre 2021. Avec 85 jours d’activité, il s’agit de l’éruption volcanique la plus longue et la plus dévastatrice jamais observée à La Palma. Les dégâts causés par le volcan s’élèvent à 843 millions d’euros. La coulée de lave a recouvert plus de 1 000 hectares et entraîné l’évacuation d’environ 7 000 personnes.

Image webcam de l’éruption

Cependant, la lave n’est pas le seul danger lié à l’éruption. Les concentrations de dioxyde de carbone étaient considérables, menaçant la santé des habitants. Des mois après la fin de l’éruption, les scientifiques ont découvert que le volcan avait provoqué une réaction sismique inattendue qui libérait dans l’air de dangereuses quantités de CO2, jusque là piégé dans le sol. Pendant la période d’évacuation, certaines zones de la ville ont connu des concentrations de CO2 atteignant 480 000 parties par million, soit plus de 400 fois la limite acceptable. On a retrouvé des oiseaux et des chats morts près des garages et des caves. Pendant deux ans, la plage de sable noir de Puerto Naos est restée déserte, avec des panneaux où l’on pouvait lire « Peligro !» (« Danger ! »).
En 2022, des scientifiques et les autorités locales ont lancé Alerta CO2, un projet de 4 millions d’euros financé par le gouvernement espagnol pour surveiller les niveaux de ce gaz à grande échelle. Aujourd’hui, Puerto Naos et La Bombilla sont équipés de plus de 1 300 détecteurs de CO2, faisant de ces villages les plus surveillés au monde.
Le projet a non seulement permis à environ 80 % des propriétaires de revenir, mais pourrait également servir d’exemple à d’autres localités confrontées à des catastrophes environnementales. Après l’éruption et l’évacuation de Puerto Naos, on s’est demandé si le majestueux hôtel Meliá La Palma allait pouvoir reprendre ses activités. Trois ans plus tard, il tourne à plein rendement. L’hôtel compte 55 détecteurs de CO2, discrètement placés dans les couloirs, les restaurants et le salon. La plupart des clients ne les remarqueront même pas. Mais si les concentrations deviennent trop élevées, une alerte se déclenche dans les bureaux voisins d’Alerta CO2.
Sur leurs écrans, les experts qui travaillent à Alerta CO2 peuvent surveiller les données de chaque logement de Puerto Naos et de La Bombilla grâce à leurs détecteurs. Les niveaux normaux doivent être inférieurs à 770 ppm. Si les concentrations de CO2 dépassent 1 000 ppm de manière continue pendant 30 minutes, les pompiers du bureau voisin interviennent auprès du domicile ou du commerce concernés où les habitants sont invités à sortir et à aérer l’espace. Cela peut se traduire par une simple ouverture des fenêtres ou, dans certains bâtiments, par l’utilisation de purificateurs d’air conçus par l’équipe d’Alerta CO2.
Personne ne sait combien de temps il faudra pour que le sol cesse de rejeter du CO2, car il n’existe aucun outil scientifique permettant de prédire la fin du problème. Toutefois, les niveaux ont constamment baissé au cours du second semestre 2024, ce qui a permis aux habitants de retourner chez eux et de travailler. Les 139 premières personnes sont rentrées en décembre 2023, et le nombre a progressivement augmenté depuis. Plus de 900 foyers et entreprises de Puerto Naos et de La Bombilla ont désormais été autorisés à rouvrir.
Des zones sont toujours fermées autour de Puerto Naos et de La Bombilla, et plusieurs parkings souterrains et sous-sols sont toujours fermés, avec des panneaux « Danger !». Le long de la promenade, un voyant vert clignote sur les détecteurs de CO2, rappelant constamment que la zone n’est pas encore totalement sûre. Le gouvernement régional de La Palma a créé l’application Smart Island, qui permet de consulter les niveaux de CO2 en temps réel. De leur côté, les commerçants font de leur mieux pour rassurer leurs clients.
Source : The Christian Science Monitor.

À noter que l’éruption de La Palma figure sur la couverture du livre « Histoire de Volcans – Chroniques d’éruptions ».

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  An eruption at the Cumbre Vieja volcano, on the Spanish island of La Palma in the Canary Islands, took place between 19 September and 13 December 2021. At 85 days, it is the longest known and the most damaging volcanic eruption on La Palma. The total damage caused by the volcano amounts up to 843 million euros. The lava flow covered over 1,000 hectares, prompting the evacuation of around 7,000 people.

However, lava was not the only hazard from the eruption. Concentrations of carbon dioxide spiked as well, threatening locals’ health. Months after the eruption stopped, scientists discovered that the volcano had caused an unexpected seismic reaction that released hazardous levels of CO2, once trapped in the ground, into the air. During the evacuation period, some areas in town had reached air concentrations of CO2 as high as 480,000 parts per million, over 400 times the acceptable limit. There were dead birds and cats on the ground close to garages and basements. For two years, the black sand beach of Puerto Naos on La Palma was deserted, with signs reading “Peligro!” (“Danger!”).

In 2022, scientists and local authorities launched Alerta CO2, a 4 million-euro project funded by Spain’s national government to monitor gas levels on a large scale. Now, there are more than 1,300 CO2 detectors in Puerto Naos and La Bombilla, making the villages the most monitored in the world for the gas.

The project has not only allowed around 80% of homeowners to return, but could also provide lessons for other communities facing environmental disaster going forward. After the volcano erupted and the town was evacuated, there were questions about whether the majestic Meliá La Palma hotel in Puerto Naos would get back on its feet. Three years later, it is at full capacity. There are 55 CO2 detectors spread throughout the hotel, discreetly placed in hallways, inside the restaurants, and in the lounge area. Most guests will never even notice them. But if concentration levels get too high, an alert goes off in the nearby offices of Alerta CO2.

On the computer screens, experts can monitor the data from each of the homes in Puerto Naos and La Bombilla using their detectors. Normal levels should be below 770 ppm. If the CO2 concentrations go above 1,000 ppm continuously for 30 minutes, firefighters in the office next door make a call to the home or business where people are encouraged to go outside and air out the space. That can mean simply opening the windows or, in some buildings, using the air purifiers that the Alerta CO2 team devised.

Nobody knows how long it will take for the ground to stop releasing CO2 because there are no scientific tools to forecast the end of the problem. But levels consistently went down in the last half of 2024, which has allowed people to return to their homes and businesses. The first 139 people returned in December 2023, and returnees have progressively increased since then. Over 900 homes and businesses in Puerto Naos and La Bombilla have now been authorized to reopen.

There are still zones closed off around Puerto Naos and La Bombilla, and several underground parking lots and basements remain sectioned off with “Danger!” signs. Along the boardwalk, a green light flashes on the outdoor CO2 detectors, a constant reminder that the area is not 100% safe yet. The La Palma regional government has created the Smart Island app, where people can see outdoor CO2 levels in real time. Local business owners are doing their best to reassure clients.

Source : The Christian Science Monitor.

https://www.csmonitor.com/

14 avril 2010, l’Eyjafjallajökull… !

C’est un anniversaire pour lequel l’Europe ne va pas sabrer le champagne. La presse islandaise nous rappelait ces derniers jours que le 14 avril 2025 marquait les 15 ans de l’éruption de l’Eyjafjallajokull dans le sud du pays. On se souvient que l’éruption a projeté un énorme nuage de cendres dans l’atmosphère, paralysant une grande partie du trafic aérien européen.

Crédit photo: Wikipedia

Les scientifiques nous expliquent aujourd’hui que le magma dans le conduit éruptif s’est solidifié et a formé une sorte de bouchon, qui a interrompu l’activité pendant un certain temps. Puis l’éruption a de nouveau repris. De nouveaux bouchons se formaient constamment, ce qui a donné lieu à une activité pulsée, parfaitement visible dans son déroulement.

L’éruption de 2010 a projeté des cendres volcaniques à plus de 9 kilomètres dans le ciel et plus de 100,000 vols ont été annulés, affectant des millions de passagers à travers le monde. En réalité, l’éruption était relativement mineure d’un point de vue volcanique, mais son impact fut considérable en raison des fines cendres et de leur risque d’interaction avec les réacteurs des aéronefs. Elle fut l’un des premiers événements majeurs de l’ère moderne à mettre en évidence la vulnérabilité des infrastructures islandaises face aux catastrophes naturelles et à susciter une révision en profondeur des protocoles aéronautiques.

En Islande, l’éruption est restée également dans les mémoires pour son impact local. Par exemple, les fermes proches du volcan ont été recouvertes de cendres, mais heureusement, aucune victime n’a été à déplorer.

Source : Iceland Review.

Dans les semaines qui ont suivi l’éruption, il s’est dit que l’événement allait servir de leçon et que des systèmes de détection de cendre volcanique seraient installés à bord des avions. Mais ce ne fut qu’un feu de paille et aujourd’hui aucun tel dispositif n’équipe les aéronefs. Les dernières éruptions de volcans émetteurs de cendres en Indonésie, par exemple, ont cloué les avions au sol. Certes, les Volcanic Ash Advisory Centers (VAAC) se sont dotés d’équipements plus performants pour analyser la trajectoire des panaches de cendres, mais ce n’est pas suffisant pour résoudre le problème.

Des volcans sous-glaciaires islandais comme le Grimsvötn et surtout le Katla sont susceptibles de se réveiller et d’entrer en éruption en émettant de volumineux panaches de cendres. Il est fort à craindre que les conséquences seront les mêmes qu’en 2010…

Le jour où le Katla se réveillera… (Google Maps)