Islande : déclin de l’activité éruptive // Iceland : eruptive activity is decreasing

30 mai 2024 (9 heures, heure française) – 7 heures, heure locale) : Comme cela arrive souvent avec ce type d’éruption effusive, l’activité est intense et spectaculaire dans sa phase initiale, puis diminue lentement avec la baisse de pression dans le réservoir magmatique. L’activité sur la chaîne de cratères de Sundhnjúk a peu évolué au cours de la nuit. L’intensité de l’éruption a considérablement diminué par rapport à son début hier. L’activité la plus importante se limite désormais à quelques bouches le long de la fissure éruptive. En raison de la visibilité réduite dans la zone, il est difficile de dire combien de bouches sont encore actives. Le débit de lave est la plus important au nord de la fissure et au niveau de la bouche de Sýlingarfell qui s’est ouverte hier soir. Il est peu probable que la lave atteigne la mer et toutes les digues de terre ont tenu le coup, ce qui confirme l’efficacité de cette stratégie pour protéger des zones habitées. Grindavik devrait être épargnée par cette éruption.
Source : MetOffice.

Image webcam de l’éruption le 30 mai au matin

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30 mai 2024 (13 heures, heure française – 11 heures (heure locale) : L’éruption se poursuit sur la péninsule de Reykjanes, au niveau de la fracture éruptive dans le secteur de la chaîne de cratères de Sundhnjúk. Toutefois, la longueur de la zone active avec ses fontaines de lave a diminué de plus de moitié par rapport à hier. Le débit éruptif qui a été estimé à 2000 mètres cubes par seconde au tout début de l’éruption a chuté à 30-50 mètres cubes actuellement.

Le niveau du tremor volcanique montre qu’il y a encore de la pression dans les conduits d’alimentation, ce qui est confirmé par la vigueur des fontaines de lave.

A moins que les données n’aient pas été actualisées par le Met Office, il est étonnant de voir que l’éruption ne s’est pas accompagnée d’une déflation significative du sol dans le secteur de Svartsengi. Cela tendrait à montrer que la chambre magmatique est loin de s’être vidée et que l’éruption pourrait durer pas mal de temps. Il faut toutefois attendre le dernier rapport du Met Office pour avoir la confirmation de cette remarque.

S’agissant de Grindavik, la ville a été épargnée par la lave, en grande partie grâce aux digues de terre qui ont été érigée il y a quelques semaines. La lave a recouvert la Grindavíkurvegur et la Nesvegur, mais a épargné la Suðurstrandarveður.

Pour le moment, les gaz émis par l’éruption ne causent pas de désagréments majeurs aux zones habitées.

Cette carte mise en ligne par la BBC montre parfaitement l’emplacement des dernières éruptions et leur concentration dans le même secteur.

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30 mai 2024 19 heures (heure française) – 17 heures (heure locale) : L’éruption se poursuit sur la péninsule de Reykjanes. Le Met Office confirme que depuis hier après-midi, l’activité sur la fracture éruptive au niveau du cratère Sundhnúkur a considérablement diminué. Elle est restée stable hier soir et ce matin et le tremor volcanique n’a pas évolué depuis hier soir. Aucune activité explosive n’a été observée depuis hier après-midi, lorsque des explosions phréatiques se sont produites à cause de l’entrée de la lave dans des fractures, ce qui a provoqué un contact avec les eaux souterraines à Hagafell. L’activité la plus forte se situe à proximité du cratère qui a été actif pendant la période éruptive qui a débuté le 16 mars 2024.

S ‘agissant de la déformation du sol, le Met Office précise que le sol s’est affaissé d’une quinzaine de centimètres dans le secteur de Svartsengi lorsque le magma a quitté la chambre magmatique au début de l’éruption. On estime qu’environ 15 millions de mètres cubes de magma sont sortis de la chambre magmatique.

La carte ci-dessous montre les contours approximatifs du champ de lave tel qu’il était vers 17h00 le 29 mai, alors que l’éruption avait duré environ quatre heures. L’emplacement de la fracture éruptive est également indiqué par des lignes pointillées rouges.
Source : Met Office.

Source: Icelandic Met Office

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May 30, 2024 (9 a.m. French time – 7 a.m. local time) : As often happens with this type of effusive eruption, activity is both intense and spectacular in its initial phase, then slowly declines when pressure in the magma reservoir decreases. Activity at the Sundhnjúk crater series changed little during the night. The power of the eruption has decreased significantly since it started yesterday. The most significant activity is now limited to a few vents along the eruptive fissure. Due to the limited visibility in the area, it is difficult to say how many vents are still active. The lava flow is greatest north of the fissure, and at the vent at Sýlingarfell which opened last night. It is unlikely that the lava will reach the sea in the near future and all defences have held. Grindavik should not be affected by this eruption.

Source : Met Office.

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May 30th, 2024 (1 p.m. French time – 11 a.m. local time): The eruption continues on the Reykjanes Peninsula, at the eruptive fissure in the area of ​​the Sundhnjúk crater row. However, the length of the active area with the lava fountains has decreased by more than half compared to yesterday The eruptive flow which was estimated at 2000 cubic meters per second at the very beginning of the eruption has dropped to 30-50 cubic meters currently.
The volcanic tremor shows that there is still pressure in the supply conduits, which is confirmed by the vigor of the lava fountains.
Unless the data has not been updated by the Met Office, it is surprising to see that the eruption was not accompanied by significant ground deflation in the Svartsengi area. This would tend to show that the magma chamber is far from being emptied and that the eruption could last quite a while. However, one should wait for the latest Met Office report to have confirmation of this remark.
When it comes to Grindavik, the town was spared from the lava, largely thanks to the earthen dikes that were erected a few weeks ago. Lava covered Grindavíkurvegur and Nesvegur, but spared Suðurstrandarveður, the three main access roads to Grindavik.
For the moment, the gases emitted by the eruption are not causing major inconvenience to populated areas.

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30 May 2024 7:00 pm ( French time) – 5:00 pm (local time) : The eruption continues on the Reykjanes Peninsula. The Met Office confirms that since yesterday afternoon, activity on the eruptive fissure at the Sundhnúkur crater row has decreased significantly. It has remained similar during last night and this morning and the volcanic tremor has been stable since late last evening. No explosive activity has been seen since yesterday afternoon when steam explosions occurred due to lava flowing into fissures and coming into contact with groundwater at Hagafell. The activity is greatest close to the crater which was active for the longest time of the eruption that started on March 16th, 2024.

As far as deformation is concerned, the Met Office specifies that land in Svartsengi sank about 15 centimeters when magma ran from the magma chamber at the start of the eruption. It is estimated that about 15 million cubic meters of magma have been released from the magma chamber.

The map below shows the roughly estimated outlines of the lava field as it was around 5:00 pm on May 29th, or when the eruption had lasted for about four hours. The location of the eruption fissure is also indicated with red dashed lines.

Source : Met Office.

Neige dans les Alpes en 2024 : un pansement pour les glaciers

Le Centre d’études spatiales et de la biosphère (CESBIO) vient d’indiquer que l’enneigement a été excédentaire dans les Alpes depuis le début de l’année 2024. Le manteau neigeux a stocké deux milliards de mètres cubes d’eau supplémentaires par rapport à l’année 2023. C’est une bonne nouvelle pour le bassin du Rhône, avec la garantie d’avoir des ressources en eau abondantes, notamment pour l’agriculture, la production d’hydroélectricité et les écosystèmes.

Photo: C. Grandpey

En revanche, le massif pyrénéen reste déficitaire en neige, et la situation est encore plus préoccupante dans les Pyrénées-Orientales. Cela reflète cette sécheresse qui perdure depuis deux ans. J’ai indiqué dans plusieurs notes que les glaciers pyrénéens sont une espèce en voie d’extinction.

Un peu de neige sur le Pic du Midi de Bigorre (Crédit photo: Météo France)

Il ne faut pas se réjouir trop vite. Si l’enneigement a été satisfaisant dans les Alpes en 2024, il ne s’agit que d’une situation ponctuelle qui ne suffira pas pour que les glaciers reprennent leur marche en avant. Il faudrait plusieurs années d’accumulation satisfaisante de neige à haute altitude pour que les masses glaciaires retrouvent un certain équilibre. Au vu de l’accélération du réchauffement climatique dans le monde, il est peu probable que le rêve devienne réalité. Il ne faudrait pas oublier le rapport de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM) publié le 19 mars 2024 dans lequel on peut lire que la température moyenne de la Terre a dépassé de 1,45°C celle de l’ère préindustrielle, ce qui confirme l’estimation un peu plus élevée de l’agence Copernicus, qui donnait 1,48°C. Selon le texte de l’OMM, « la planète est au bord du gouffre. »

L’année 2023 a été marquée par le réchauffement sans précédent des océans, le recul des glaciers et la perte de glace de mer dans l’Antarctique. Selon des données révélées par l’OMM, les 60 glaciers de référence sur la planète ont subi la perte de glace la plus importante jamais enregistrée depuis 1950. L’équivalent de 1,20 mètre d’eau a disparu à leur surface, soit un peu plus qu’en 2022. Le phénomène a été le plus intense dans l’ouest de l’Amérique du Nord et en Europe. Comme je l’ai indiqué dans une note précédente (30 septembre 2023), les glaciers suisses ont enregistré la deuxième fonte la plus massive en 2023, derrière 2022. Au total, ils ont perdu environ 10 % de leur volume restant en seulement deux ans, « à cause du faible manteau neigeux et des étés chauds chaque année», selon le rapport de l’OMM.

Le Glacier du Rhône est un de ceux qui fondent le plus vite (Photo: C. Grandpey)

Les glaciers de l’ouest de l’Amérique du Nord ont connu un amincissement annuel moyen de plus de 3,5 mètres dans les Rocheuses canadiennes. C’est cinq fois plus que la moyenne 2000-2019. En plus du manque de neige, une «intense vague de chaleur printanière et des températures suffocantes l’été avec des incendies monstres ont aussi contribué au déficit glaciaire. Les cendres des incendies de végétation ont assombri la surface des glaciers et réduit l’albédo.

Dans les Rocheuses canadiennes, le glacier Athabasca recule à une vitesse impressionnante (Photo: C. Grandpey)

Selon l’OMM, une partie de l’explication tient au phénomène El Niño, qui réchauffe les eaux du Pacifique tous les cinq à sept ans. Reste à savoir si l’atténuation du phénomène en 2024 aura des conséquences visibles. On a vu dans les années précédentes que la présence du phénomène de refroidissement La Niña n’avait pas empêché les températures de continuer à grimper.

L’OMM conclut son rapport en expliquant que l’année 2024 pourrait être tout aussi chaotique que 2023. «Il y a une probabilité élevée que 2024 batte à nouveau le record de 2023. »

Source : CESBIO, OMM.